Saturday 28 February 2009

Book 1, chapter 4, paragraph 04

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 83-85]

   Cette dépense pour chaque individu, n’égale pas toujours ce qu’il considère comme étant la sienne; en effet il comprend dans l’état de ses déboursés, non-seulement sa propre consommation, mais encore celle des gens à qui il a fourni la leur; cependant si nous accumulions de cette manière la dépense de tous les membres d’une nation, nous ferions beaucoup de doubles emplois; en effet nous compterions la dépense du riche, dans laquelle seroit [serait] comprise celle de tous ses domestiques, puis de nouveau la dépense de chacun de ses valets, qui font aussi partie de la nation; tandis qu’en ne considérant que la consommation que chacun fait pour soi, il ne peut y avoir aucun double emploi, et la masse de richesse mobiliaire [mobilière] qui est annuellement retirée de la circulation, pour être appliquée à l’usage de tous les citoyens, doit nécessairement être égale à la dépense nationale de l’année.

[Translation]

   This expenditure for each individual is not always equal to what he considers as his own expenditure. Admittedly he puts on the list of his payments not only his own consumption but also that of those for whom he has provided. But totalling up the expenditure of all the members of a nation in this way would lead us to many double counts. Indeed, we would count the expenditure of the rich in such a way that it would include that of all their domestic servants and moreover of all their valets, both of whom also comprise a part of the nation. On the other hand, taking into consideration only the consumption each individual has for himself prevents him from double counts, and the mass of movable wealth which is annually drawn from circulation, to be applied to the use of all the citizens, should necessarily be equal to the national expenditure of the year.

Friday 27 February 2009

Book 1, chapter 4, paragraphs 02-03

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 82-83]

   Nous nous proposons en conséquence d’examiner dans ce chapitre, quelle est la dépensé, et quel est le revenu de la société; comment ce revenu se partage entre ses diverses classes; sur quels principes on en doit calculer la balance; enfin ce que l’on doit penser d’un système trop généralement répandu, selon lequel on considère une grande dépense comme un grand avantage national parce qu’elle répand beaucoup d’argent.
   La dépense réunie de tous les individus n’est point la somme de leurs déboursés en numéraire, mais celle de leur consommation; en effet celui qui se nourrit du blé recueilli chez lui, dépense, quoi qu’il n’achète pas: Cette dépense est égale à la masse de denrées, de marchandises, et de richesse mobiliaire [mobilière] que tous les individus, chacun pour soi, appliquent à leur usage, qu’ils retirent de la circulation, et destinent non plus à de nouveaux échanges, mais à leur consommation, non plus à gagner, mais à vivre, ou à jouir (1).

[Translation]

   In consequence we will examine in this chapter what is the expenditure, and what is the revenue of society; how this revenue is distributed among its different classes; according to what principles the balance should be calculated; and finally what to think of a system too prevalent generally, according to which you consider large expenditure as a great national benefit because it accompanies emission of much money.
   The aggregate expenditure of all the individuals is not the sum total of their pecuniary payments but that of their consumption; indeed, he who eats the wheat collected for him consumes that for which he does not pay. This expenditure is equal to the mass of staples, commodities, and movable wealth, which all the individuals apply to their respective use, which they withdraw from circulation and no longer exchange for another but consume, no longer for gain but for subsistence or enjoyment (1).

Thursday 26 February 2009

Book 1, chapter 4, paragraph 01

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 81-82]

Dans les trois chapitres qui précèdent celui-ci, nous avons examiné successivement l’origine de la richesse nationale, et les deux manières dont elle peut s’accumuler; nous avons vu que soit qu’elle se fixe ou qu’elle circule, il est dans sa nature de produire annuellement une augmentation de valeur, que nous avons déjà pu soupçonner de former le revenu national. Mais il est fort important de s’arrêter davantage sur cet examen, et de résoudre définitivement la question qui se présente à nous: quel est ce revenu national? ou, quelle est la portion de la richesse circulante chez une nation, que les individus qui la composent peuvent consommer dans l’année, sans la faire déchoir de sa prospérité actuelle? Puisqu’une nation comme un particulier a des recettes et des dépenses, elle doit aussi comme un particulier maintenir la balance entr’elles. Si ses dépenses égalent ses revenus, sa fortune demeurera au même point, sans faire de progrès et sans décliner; mais elle s’accroîtra si ses dépenses n’égalent pas ses revenus, et elle se dissipera si les premières surpassent les seconds. Le bilan annuel de ses revenus et de ses dépenses peut donc être considéré comme le thermomètre de sa prospérité.

[Translation]

In the three chapters above we have examined the origin of the national wealth, and successively the two ways it can be accumulated. We have seen that the wealth adds to value annually in nature, whether fixed or circulating, and we have already almost reached the insight that the national revenue derives from the nature of the wealth. But it is very important to dwell longer on this examination and to solve definitely the question which presents itself to us: what is this national revenue? or what is that portion of the wealth circulating at a nation which the individuals which compose it can consume in the year without damaging its present prosperity? Since a nation, like an individual, has revenue and expenditure, it must, like him too, strike the balance between the two. If the revenue equals the expenditure, its fortune will remain the same with no rise or fall. But the fortune will increase if the expenditure is not as large as the revenue, and it will decrease if the former surpasses the latter. The annual account of the revenue and the expenditure can therefore be considered as the standard of the prosperity of the nation.

Wednesday 25 February 2009

Book 1, chapter 3, footnote 05

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 70]

(5) Un lecteur peu attentif croira voir peut-être dans les exemples mêmes que je donne l’indication d’une proportion toute différente; il objectera que dans un pays riche les terres ne rendent que 3 ou 4 p.%, que d’autre part en général l’assurance du contrebandier se paye à raison de 10 p.%, mais c’est qu’il oubliera que le profit doit se calculer par rapport seulement au capital employé. L’agriculteur ne doit point gagner 6 p.% sur la valeur de sa terre, mais seulement sur le capital qu’il consacre â la mettre en culture; le contrebandier ne perçoit que 10 p.% sur le prix des marchandises qu’il fait entrer en fraude, mais son gain s’élève à plus de 30 p.% si on le compare à ses frais, et à la somme qui sert de nantissement aux négocian[t]s qui l’emploient.

[Translation]

(5) A reader, if hardly attentive, will probably believe that the very examples I give indicates an utterly different proportion. He will object that in a rich country land bears as little as 3 or 4%, and, on the other hand, that in general the guarantee of a smuggler is paid at a rate of 10%. However, you must note that he will forget that profit should be calculated only in relation to employed capital. The agriculturist must gain 6% not upon the value of his fields, but only upon the capital he allots for cultivation of them. The smuggler receives only 10% upon the price of illegally imported commodities, but his gain is as high as over 30%, compared with his costs and the sum which serves for mortgage to the merchants which employ it.

Book 1, chapter 3, footnote 04

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 65-66]

(4) Je suis surpris que le cit. Canard ait supposé le contraire (Princ. d’Éc. Polit. §. 49. p. 95.) et annoncé que l’accumulation du capital faisoit [faisait] aller en décroissant le désir ou le besoin d’appliquer ses fonds à l’amélioration des sources de rente. Je relèverai en passant une observation peu exacte du même auteur, qui paroît [paraît] l’avoir conduit à cette supposition; il remarque que les gens industrieux n’accumulent que pour jouir ensuite de leurs richesses et en faite parade; de là il paraît conclure (§. 53.) qu’ils finissent par dépenser tout ce qu’ils ont amassé; ce qui n’arrive point en effet. En général, l’homme industrieux se propose en travaillant d’acquérir une fortune suffisante pour vivre de ses rentes avec une aisance qui le satisfasse. Parvenu au but qu’il se fixoit [fixait] d’avance, il s’y arrête quelquefois; plus souvent son ambition s’étend avec ses revenus, mais quoiqu’on le voie aussi par fois céder à sa vanité, et pousser ses dépenses au-delà de ses moyens, il est presque sans exemple qu’il se soit dit en renonçant à l’ouvrage, je ne travaillerai plus, et je vais, non pas vivre de mes rentes, mais manger le capital que j’ai amassé.

[Translation]

(4) I am surprised that Canard, referred to above, should suppose to the contrary (Principes d'Économie Politique, §. 49, p. 95), and should announced that the accumulation of capital would put on the decline the desire and the want to apply capital stocks to the improvement of the sources of rent. Incidentally I will point out an observation of little exactness by the same author, which appears to have led him to that supposition; he remarks that the industrious accumulate their wealth only in order to enjoy and parade it later. He appears to conclude from this (§ 53.) that they end up spending all they have accumulated, an expenditure which has no effect. In general the industrious intend to acquire the sufficient fortune by labour to live on its rent in satisfactory comfort. Having reached the aim they set before, they do not infrequently stick to it. More often their ambition gets higher as their revenue, and, although you may as often see them yield to vanity and spend more than his means, it is seldom that retiring from their business they declare that they will not work any more, and that they will not live on their rent but eat the capital they have accumulated.

Tuesday 24 February 2009

Book 1, chapter 3, footnote 03

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 63-64]

(3) Dans ce qui est absolument nécessaire à l’ouvrier pour vivre, il faut comprendre non-seulement ce qui est requis pour sa propre subsistance, mais encore les alimen[t]s qu’il doit fournir à ses enfan[t]s. Que la misère occasionne la mortalité parmi les hommes faits, ou qu’elle empêche que les enfan[t]s puissent naître ou puissent vivre, elle détruit également la population.

[Translation]

(3) Those which are absolutely necessary for the labourer to live must include not only those required for his own subsistence but also the foods he should provide to his children. Whether the misery raises the mortality among adults, or it prevents children from being born or surviving, it equally decreases the population.

Book 1, chapter 3, footnote 02

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 60-61]

(2) Cette doctrine est comme l’on voit en contradiction directe avec celle des économistes, qui prétendent que les propriétaires de terres jouissent d’une indépendance absolue à l’égard des capitalistes ou propriétaires de meubles; que la condition de ces derniers est nécessairement précaire, et que tout pouvoir politique est tout aussi nécessairement attaché à la possession de la terre: on pourroit [pourrait], disent-ils, supposer une ligue entre les propriétaires, pour exclure les capitalistes d’un pays, et ceux-ci seroient [seraient] obligée de s’y soumettre, à moins qu’ils ne violassent les loix [lois]; (Garnier, note XXXII. p. 306.) mais on pourroit [pourrait] aussi supposer l’exclusion complète des capitalistes, avec celle de tous leurs meubles, ou seulement l’anéantissement de toute propriété mobilière; et la conséquence nécessaire de cet anéantissement seroit [serait] que tous les propriétaires, soit qu’ils voulussent ou non violer les loix [lois], seroient [seraient] en cinq jours moissonnés par la famine, et que leurs propriétés se trouveroient [trouveraient] tout à coup privées de toute espèce de valeur.

[Translation]

(2) This doctrine is, as you see, in direct contradiction with that of the Economistes, who claim that landowners enjoy an absolutely independent status towards capitalists or owners of movables; that the condition of the latter is of necessity precarious, and that all political power is of equal necessity attached to landownership. You could, say the Economistes, suppose a coalition among landowners in order to exclude capitalists from a country, and the latter would be obliged to subject themselves to the country, if the former had not violated the laws (Garnier, note 32, p. 306). But you could also suppose that the former completely excluded not only the latter but also their movables, or only destroyed all their movables. From this destruction it would inevitably follow that the former would ruin themselves to famine in five days, whether they may or not want to violate the laws, and that their property would suddenly turn out bereft of any sort of value.

Book 1, chapter 3, footnote 01

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 57-58]

(1) Presque tous les ouvriers possèdent quelque petit fonds accumulé, avec lequel ils se font à eux-mêmes l’avance des objets à consommer pendant un jour ou une semaine, jusqu’à ce que leur salaire leur soit payé. Mais ce fonds à l’ordinaire ne leur suffit pas pour attendre que l’échange de l’objet qu’ils ont produit soit accompli: qu’il suffise ou non cependant, sa possession leur fait réunir en eux-mêmes une double capacité, ils sont en même tem[p]s capitalistes et ouvriers productifs, ce qui ne change rien aux principes développés dans le texte.

[Translaiton]

(1) Almost all labourers possess some small accumulated stock, with which they for themselves make an advance on objects to consume for a day or a week until the payment of their wages. But this stock is usually not sufficient to wait for the exchange of their produce to be made. Whether it may be sufficient or not, however, the possession of the stock makes them to have a double capacity; they are at once capitalists and productive labourers, a fact which does not modify at all the principles developed in the text.

Monday 23 February 2009

Book 1, chapter 3, paragraphs 26-27

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 79-80]

   Comme il arrive fréquemment que les diverses causes que nous avons énumérées, et qui déterminent le nombre et les besoins des emprunteurs et des prêteurs, se balancent entr’elles, il en résulte le plus souvent que ces deux classes se partagent par égales portions les profits du commerce, si bien que lorsque l’intérêt est à cinq pour cent, on peut supposer que le profit habituel du manufacturier ou du négociant est de dix pour cent; mais quelques unes des causes morales que nous avons indiquées, se réunissent dans plusieurs pays, en Espagne par exemple, pour rabaisser très-fort l’intérêt du capital relativement au profit du commerce.
   Il convient de rappeler une dernière fois que le capital qui circule aussi bien que celui qui se prête, n’est point de l’argent monnoyé [monnayé], mais des marchandises à l’usage de l’homme, fruit de son travail, échangeables contre un travail nouveau, et qui sont quelquefois, mais pas toujours, représentées par du numéraire. Il arrive très-fréquemment dans le commerce, qu’une commandite, une mise en fonds, un crédit, s’effectuent en marchandises et non pas en argent. Il arrive tout aussi fréquemment chez les cultivateurs, que les avances du propriétaire au colon, se font en grains, en fourrages, en bétail, et en instrumen[t]s aratoires; l’effet est cependant précisément le même; toutes les fois qu’un capital est mis en circulation, peu importe que les espèces en soient ou non le signe, le travail commence, et la production remplace avec bénéfice la consommation.

[Translation]

   Since it frequently happens that the diverse causes which we have enumerated, and which determine the number and the needs of borrowers and lenders, cancel out one another, it the most often leads to the effect that the two classes share the profit of commerce in equal proportion. Therefore, when the interest is 5%, you can suppose that the usual profit of manufacturers and merchants is around 10%. But some of the moral causes we have suggested conspire in several countries such as Spain, to lower the interest of capital sharply in comparison to the profit of commerce.
   It is convenient to remind you once and for all that the circulating capital as well as the loaned capital consists not in money but in commodities for human use, or the produce of human labour, which can be exchanged for new labour, and which is sometimes if not always represented in terms of specie. It is very frequently in commerce that finance, investment, and credit are carried out in form of commodities, not of money. It is precisely as frequently in agriculture that the advance of landowners to cultivators takes form of grains, forage, livestock, and farming tools. Still the effect is precisely the same; every time a capital is put into circulation, irrespective of whether it may take form of sign or not, the business gets started and the production replaces the consumption to benefit.

Sunday 22 February 2009

Book 1, chapter 3, paragraphs 24-25

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 77-79]

   On peut bien en général considérer la diminution de l’intérêt comme un signe de prospérité nationale, soit parce qu’elle indique une augmentation de richesse circulante, soit parce qu’elle donne lieu de supposer que le profit mercantile a diminué dans la même proportion, et que dans le partage qui se fait entre l’ouvrier et celui qui l’employe, le premier a gagné ce que le second a perdu, en sorte que la classe la plus nombreuse et la plus intéressante de la société n’est pas réduite à l’absolu nécessaire par le profit des capitalistes. Cependant il peut fort bien arriver aussi que l’intérêt se soutienne au même taux, ou même qu’il augmente, sans que cette altération soit le signe d’une diminution de valeur des capitaux nationaux; elle indique seulement qu’un marché plus étendu, un commerce plus vaste, se sont ouverts à la nation; qu’appelée à une industrie plus active, il lui faut plus de fonds pour la mettre en mouvement et qu’en conséquence le profit a pu augmenter sans que le salaire ait éprouvé de diminution.
   L’intérêt est resté en France pendant plus d’un siècle, et depuis le tem[p]s de Colbert jusqu’à l’époque de la révolution, aux environs de cinq pour cent. Cependant les capitaux françois [français] s’étoient [étaient] considérablement accrus durant cet intervalle, mais ils étoient [étaient] appelés à maintenir une industrie toujours plus étendue, et à donner de l’activité à un commerce toujours plus vaste: pour que l’intérêt des fonds baissât en France, il auroit [aurait] fallu que l’augmentation de sa richesse fût plus rapide que l’extension donnée à son industrie. Mais lorsqu’un État est encore loin d’arriver au faîte de la prospérité il s’ouvre chaque jour pour lui de nouvelles branches d’industrie et de commerce, et bien que ses capitaux aillent en augmentant, ses besoins augmentent quelquefois plus rapidement encore; or les profits du commerce, et l’intérêt des fonds, suivent la progression de ces derniers. C’est ce qui arrive d’une manière bien évidente dans les États-Unis d’Amérique, où l’intérêt et le profit mercantile n’ont subi aucune diminution, malgré la rapidité extrême de l’accroissement de la fortune publique.

[Translation]

   You may well generally consider a fall in interest as a sign of the national prosperity. This is the case, both when it implies the increase of the circulating wealth, and when it suggests that the mercantile profit has fallen in the same proportion, and that in the division made between labourers and their employers the former have gained what the latter have lost. In the latter instance the class which is larger in number and shares more interests with the whole society lives more or less above the absolute subsistence level with some of the profit capitalists give up. However, it is also likely that the interest rate remains the same, or increases, an alteration which is no sign of fall of value of the national capital; it only suggests that a more extensive market and vaster commerce have been opened to the nation; that, called into more active industry, the nation needs more stock to display the industry, and that consequently the profit has possibly increased with no fall in wages.
   In France the interest was around 5% over a century, since the time of Colbert until that of the revolution. Although the French capital considerably increased in this period, it was appropriated for maintenance of an ever extending industry and activation of an ever extending commerce. To lower the interest of money in France, it would have been necessary that the wealth should grow more rapidly than her industry grew. But when a country is still far from the peak of prosperity, some new branches of industry and commerce emerge before her every day, and even though her capital gradually increases, the needs for it sometimes still more rapidly increase; and then the profit of commerce and the interest of money rise at the same time as commerce and monetary stock make progress. This comes about in a way evidenced in the United States of America, where the interest and the mercantile profit have never fallen, in spite of the extreme rapidity with which the public fortune has been growing.

Saturday 21 February 2009

Book 1, chapter 3, paragraphs 22-23

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 75-77]

   Le nombre et les désirs des emprunteurs peuvent de même être accrus par des causes très-différentes; en effet, tous les emprunteurs ne destinent pas le prêt qu’ils obtiennent à mettre en mouvement un travail productif et à donner de l’activité à l’industrie; les dissipateurs qui empruntent pour subvenir à leurs profusions, le Gouvernement qui fait usage du même expédient pour parer aux dépenses extraordinaires de l’État, font l’un et l’autre concurrence aux emprunteurs industrieux; et comme leurs besoins sont plus urgen[t]s encore, ils ne diminuent pas seulement leurs forces par l’augmentation de leur nombre, mais aussi par leur plus grand désir de contracter.
   Quant aux emprunteurs qui veulent faire usage des fonds qu’ils demandent, pour mettre en mouvement un nouveau travail; leur nombre et leurs désirs sont modifiés, soit par le caractère et les préjugés nationaux, lesquels relèvent ou abaissent le rang de ceux qui se vouent au commerce et aux manufactures, comparativement avec celui des ouvriers improductifs et des oisifs; soit encore plus par le profit qu’ils peuvent attendre des entreprises auxquelles ils veulent se livrer; plus il est considérable, plus le marché pour lequel ils travaillent s’étend devant eux, et plus le désir de partager ce profit doit les rendre coulan[t]s sur les avantages qu’ils accordent aux capitalistes, parce que ces derniers seuls peuvent les mettre en état d’en obtenir pour eux-mêmes.

[Translation]

   The number and the desires on the borrower’s side can likewise be increased due to a variety of causes. Indeed, all borrowers do not allocate the obtained loan for employment of productive labour and promotion of industry. Spendthrifts who borrow money for prodigality, and the government which makes use of the same temporary expedient for extraordinary expenditure of the state, are both in competition with industrious borrowers. Since the former’s needs are still more urgent, they weaken the bargaining powers of the borrowers as a whole, not only due to their larger number, but also due to their more urgent desire to have a loan.
   As for the borrowers who like to allot the stock they demand for employment of new labour, their number and desires vary with some circumstances. One of them is that the national character and prejudices raise or lower the social rank of those engaged in commerce and manufactures in comparison to that of unproductive labourers and leisured class people. Another, which is still more significant, is that they can expect high or low profit from the projects they like to undertake. The higher the profit is (that is, the more open the market towards which they aim is to them), the more concession they must make to the benefits of capitalists with a view to taking part in distribution of this profit. It is because the capitalists are the only ones who enable the borrowers to reap some of the profit for themselves.

Friday 20 February 2009

Book 1, chapter 3, paragraphs 20-21

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 74-75]

   La première cause qui doit augmenter la nombre des prêteurs, et par conséquent diminuer leurs forces, c’est l’augmentation de la richesse mobiliaire [mobilière] de la nation; plus en effet celle-ci va croissant, et plus on a lieu de croire qu’il s’en accumulera une partie entre les mains de gens que leurs inclinations n’appelleront point à en faire usage eux-mêmes: D’autres causes cependant peuvent influer aussi sur leur nombre, telles que le préjugé défavorable qu’un changement dans les mœurs nationales peut attacher aux professions lucratives, les progrès de l’oisiveté de la mollesse et du luxe, qui lors même que le capital de la nation n’éprouve aucune variation, engagent chaque jour un plus grand nombre de riches à renoncer au commerce et aux entreprises, pour entrer dans la classe des capitalistes, et par conséquent augmenter la concurrence qu’ils se font les uns aux autres.
   Le désir de contracter des capitalistes peut d’autre part être diminué par différentes causes; il s’affoiblira [affaiblira] par exemple, si la religion fait considérer le prêt à intérêt comme usuraire, si le Gouvernement ne protège pas les prêteurs, si le recouvrement de leurs fonds n’est pas facilité par l’administration d’une bonne et prompte justice, si les propriétés sont mal assurées, si le commerce est exposé à des avaries fréquentes, qui peuvent ruiner tout ensemble et l’emprunteur et le prêteur; enfin, si la mauvaise foi est commune, et si la plupart des débiteurs inspirent peu de confiance; les capitalistes dégoûtés par toutes ces circonstances, se détermineront plus difficilement à confier leurs fonds, et pour les y engager, il faudra leur assurer une plus grosse part dans les profits qu’on en peut attendre.

[Translaiton]

   The first cause which must increase the number of lenders and consequently decrease their bargaining powers is the growth of movable wealth of the nation. Indeed, you may well believe that, the more movable wealth, the larger part of it will be accumulated in the hands of those who will not at all be inclined to make use of it themselves. However, other causes can also have an influence upon their number; such as the prejudice against lucrative professions introduced by a change in national manners; such as the prevalence of idleness, apathy and luxury, which urges a larger number of the rich to abandon commerce and undertakings every day, to enter the class of capitalists and consequently to intensify the competition they are in with each other, given that the capital of the nation is constant.
   The desire capitalists have to make a loan contract, on the other hand, can be weakened due to different causes. It will be weaker, for example, if the religion makes the loan at interest regarded as usury, if the government does not protect lenders, if the collection of his loans is not made easy by the administration of good and prompt justice, if the property is not well assured, if commerce is exposed to frequent disturbances which can ruin borrowers and lenders altogether, or, finally, if unconfidence is prevalent and most of debtors enjoy little confidence. Capitalists, disgusted with all these circumstances, will find it more difficult to confide their stock to almost anyone, and in order to incline them to, it will is necessary to assure them of higher profit which can be expected from it.

Thursday 19 February 2009

Book 1, chapter 3, paragraph 19

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 72-74]

   Tout contrat qui se stipule entre les hommes est le résultat d’une lutte entre les contractan[t]s; leurs intérêts étant opposés, chacun cherche à pourvoir au sien propre aux dépens de ceux de son adversaire, et les deux parties ne demeurent d’accord que lorsqu’elles ont divisé le différent entr’elles, proportionnellement à leurs forces respectives; or ces forces sont toujours en raison inverse de leur nombre, et de leur désir de contracter; le premier augmente la concurrence que se font les uns aux autres les gens dont l’intérêt est le même, le second les presse de conclure. L’intérêt d’un capital, par exemple, se détermine d’après le résultat d’une lutte entre deux classes de personnes; les prêteurs qui veulent jouir sans travail, et les emprunteurs dont les fonds ne suffisent pas à leur travail, mais qui veulent cependant s’y livrer, et qui sont placés de manière à offrir des sûretés suffisantes pour le capital qu’ils reçoivent; or l’on sent fort bien que plus les emprunteurs seront nombreux proportionnellement aux capitalistes, et plus ces derniers pourront accroître leurs prétentions, à supposer le désir de conclure égal des deux parts; si l’on veut prévoir quel sera le taux moyen de l’intérêt chez chaque peuple, ou expliquer ses variations, d’un pays à l’autre, il convient de chercher à déterminer quelles circonstances influent sur le nombre des contractan[t]s, et sur leur désir de conclure leur marché; en voyant combien elles sont multipliées, on sentira qu’on ne peut prendre le taux de l’intérêt chez une nation pour thermomètre unique de sa prospérité.

[Translation]

   Every contract made between persons is the consequence of bargaining between the contractors. Since their interests are opposed, each tries to satisfy his own interest at the cost of the opposite, and the two parties do not reach an agreement until they have made a concession to each other in proportion to their respective bargaining powers. And yet their powers are in inverse proportion to their number and their desire to make a contract. The former is to intensify the competition among those who share interests, and the latter is to urge them to conclude the negotiation. The interest of capital, for instance, is determined according to the result of bargaining between two classes of persons; lenders, who like to live a joyful life without labour, and borrowers, whose stocks are not sufficient for their labour but who like to depend upon loan, and who are supposed to offer the sufficient certainty for the capital they receive; and yet you may well think that the larger number of borrowers in comparison to that of capitalists, the firmer the latter will be able to make their claim, provided that the desire to conclude the negotiation is equal on both sides. If you like to foresee how high the mean rate of interest will be in each country, or explain its variation from one country to another, it is convenient to try to determine what circumstances have an influence upon the number of contractors, and upon their desire to conclude the negotiation. Seeing how diverse the circumstances are, you will understand that you cannot take the interest rate in a country as the unique standard of its national prosperity.

Wednesday 18 February 2009

Book 1, chapter 3, paragraphs 17-18

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 71-72]

   Les détenteurs de capitaux se distribuent entre ces diverses branches de travail, selon leur inclination, ou selon qu’ils peuvent plus ou moins surmonter la répugnance que quelques-unes leur inspirent. Mais dès l’instant que cette égalité d’avantages est détruite, soit qu’un monopole eu quelqu’autre faveur accordée à l’une d’elles la rende plus profitable, soit au contraire qu’un impôt diminue ses avantages; les propriétaires du capital circulant, qui ne sont nullement attachés à une branche de travail plutôt qu’à une autre, quittent celle qu’ils trouvent ingrate, et se répandent sur les autres, ou au contraire affluent sur la branche privilégiée, jusqu’à ce que par leur concurrence d’une part, et leur abandon de l’autre, l’équilibre soit rétabli.
   Les capitalistes qui veulent s’affranchir absolument de tous les embarras attachés à la circulation de leurs richesses, et qui en cette considération, au lieu de prétendre au revenu entier qu’elles peuvent procurer, se contentent d’une participation dans les profits de ceux à qui ils les prêtent, sont indifféren[t]s aux avantages et aux inconvénien[t]s d’un commerce particulier, c’est sur le profit moyen des entreprises mercantiles qu’ils règlent leurs demandes; ils ne considèrent pas même la sûreté du commerce qu’entreprend l’emprunteur, mais la sûreté du prêt, et la facilité qu’ils auront à se faire rembourser, soit que leur débiteur gagne ou perde à son entreprise.

[Translation]

   Holders of capital are distributed among these diverse branches of labour, according to their propensity, or according as they can more or less overcome the repugnance someone or another inspires to them. But as soon as this equality of advantages is disturbed, either because monopoly or another kind of favour bestowed to one of the branches makes it more profitable, or because, on the contrary, some sort of tax diminishes its advantages, owners of circulating capital, who were not at all attached to one branch of labour rather than to another, quit that which they find fruitless and disperse their capital to the others, or, on the contrary, concentrate it to the privileged branch, until the equilibrium is recovered through their entry on one hand and their withdrawal on the other hand.
   Some capitalists hope to escape completely from all the troubles attached to the circulation of their wealth, and due to this consideration resign themselves to sharing profits with those to whom they lend their wealth, instead of demanding the whole revenue their wealth can bear. They are indifferent to the advantages and the inconveniences of a particular sort of trade. It is by the standard of mean profit of mercantile undertakings that they restrain their demand. They do not consider even the certainty of the trade their borrower undertakes, but they consider the certainty of the loan and the ease with which they will have the loan repaid, whether their debtor wins or loses in his undertakings.

Tuesday 17 February 2009

Book 1, chapter 3, paragraph 16

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 69-71]

   Tous les détenteurs de richesse mobiliaire [mobilière], soit qu’elle leur appartienne en propre, ou qu’ils se la soient procurée par un emprunt, sont constamment animés par le désir de faire valoir leurs capitaux; ils tendent tous à en retirer le plus grand profit possible, ils cherchent dans cette vue à maintenir le travail, ou à faire circuler leur capital dans le commerce, ou les entreprises qui leur paroissent [paraissent] les plus lucratives: ce n’est pas qu’ils considèrent uniquement le profit pécuniaire, mais ils accumulent tous les divers avantages de chaque genre de travail, la considération qui lui est attachée, la sûreté, la promptitude des rentrées, l’agrément d’avoir leurs capitaux rapprochés d’eux, et presque sous leurs yeux; comme d’autre part tous les inconvénien[t]s, la saleté, l’odeur, le bruit, la fatigue, la dépendance, et quelquefois l’infamie. D’après ces considérations réunies ils forment une évaluation moyenne, à laquelle ils rapportent toutes les autres. C’est ainsi que si le profit ordinaire d’une manufacture ou d’un commerce honorable et rapproché, est de dix pour cent par an, celui d’un propriétaire cultivateur, plus heureux, plus tranquille et plus respecté, pourra n’être que de six pour cent, tandis que l’on évaluera à quinze pour cent celui d’un commerçant avec l’Amérique, dont les retours sont plus lents et plus incertains, à vingt-cinq pour cent celui d’un commerçant aux Indes, dont les retours sont plus hasardeux encore, à trente pour cent celui de l’assureur contrebandier, dont le danger est continuel (5), celui du cabaretier qui n’est jamais maître chez lui, et qui se constitue le domestique du public et des ivrognes: D’après les mêmes règles, celui dont les magasins seront remplis de poisson salé ou de houille, aura droit d’exiger en compensation de la puanteur ou de la saleté quelque profit de plus que celui qui négociant sur des toiles, n’aura que des marchandises propres et élégantes entre les mains. Tous ces profits cependant seront considérés comme égaux, les inconvénien[t]s balancés de chaque profession compensant leur disproportion.

[Translaiton]

   All holders of movable wealth, whether they themselves own it or have obtained it on loan, are constantly motivated in desire to make good use of their capital. They all aim to reap the highest profit possible, and, with this view, try to maintain labour or to make their capital circulating in commerce or in projects which appear to them the most lucrative. This is not to say that they only consider pecuniary profit but that they take into consideration all various benefits from each kind of labour (the reputation attached to it, the certainty and promptness of the return, the pleasure in having their capital near them or almost under their eyes) on one hand, and all inconveniences (the filth, the stink, the harshness, the noise, the dependence, and sometimes the disgrace) on the other hand. According to these united considerations, they form an average evaluation, with which they combine all the others. Therefore, if the ordinary profit of a graceful and nearby kind of manufactures or commerce is 10% a year, it is likely that the profit of a better-off, more peaceful and more respectful cultivating landowners will be as low as 6%. In contrast, that of a merchant engaged in American trade, whose return is slower and more uncertain, is evaluated to be 15%; that of one in Indian trade, whose return is still more risky, is to be 25%; that of an insurer of smugglers, whose danger is continual (5), and that of a keeper of a tavern, who is never master of his own house and who is a domestic servant for the public and drunkards, to be 30%. According to the same rules, those whose stores will be full of fish for sale or coal will have a right to demand somewhat higher profit as compensation for filth or stink, than those who, carrying on a business on cloth, deal with nothing but proper and elegant articles. Still, all these profits will be considered as equal, for the comparative costs of each profession compensate the disproportion of the profits.

Monday 16 February 2009

Book 1, chapter 3, paragraphs 14-15

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 67-69]

   Il est vrai que l’accumulation des capitaux occasionne souvent le luxe et la paresse de ceux qui les possèdent, en sorte que si les riches ne pouvoient [pouvaient] se dispenser de faire valoir leurs richesses par eux-mêmes, peut-être que l’inattention et la prodigalité seroient [seraient] les suites immédiates de leurs succès: alors on verroit [verrait] les capitaux décroître après s’être formés, et la société déchoir de sa prospérité d’autant plus vîte [vite], qu’elle l’auroit [aurait] acquise plutôt. Mais les richesses accumulées peuvent fort bien être employées au bénéfice de la société par d’autres mains que par celles des riches, au moyen du prêt à intérêt, et c’est en partie à ce contrat que l’on doit leur conservation.
   Tous les propriétaires et détenteurs de capitaux peuvent d’après cette considération se diviser en deux classes; l’une de ceux qui les font travailler eux-mêmes, l’autre de ceux qui les prêtent à des gens plus actifs qu’eux, lesquels se chargent de les faire circuler, en leur assurant dans les profits de cette circulation, une part que l’on désigne par le nom d’intérêt. L’usage a réservé exclusivement à ceux qui composent cette dernière classe le nom de capitalistes. La première comprend les hommes qui consacrent leurs capitaux au perfectionnement de l’agriculture, ou les fermiers, ceux qui forment une entreprise de manufactures, de mines, de pêche, ou qui mettent en mouvement un travail productif quelconque, et ceux enfin qui facilitent aux autres l’ouvrage qu’ils ont entrepris, en remplaçant les capitaux des fabrican[t]s et des fermiers, ou en destinant les leurs au commerce.

[Translation]

   It is true that the accumulation of capital often causes luxury and idleness among those who possess it, so that if an owner of capital were forced to make use of his wealth by himself, inattention and prodigality would perhaps follow immediately from his success. Then capital would decrease as soon as formed, and the society would lose its property as soon as it has acquired it to a certain amount. But the accumulated wealth can be impeccably well employed in the hands of someone else than its owner for the benefit of the society, by means of loan at interest, and it is partly to that contract that he owes the maintenance of his wealth.
   All owners and holders of capital can be divided into two categories according to this consideration; one is of those who put their capital at work for themselves, the other is of those who loan it to more enterprising persons than themselves, who are engaged in making it circulating, and assure them of a part of the profit from this circulation, a part which is called interest. The word capitalist has been used to exclusively mean the latter. The former contains those who allot their capital for improvement of agriculture or farmers, those who make an undertaking of manufactures, mining, fishery, or who put one or another kind of productive labour at work, and finally those who help others to perform the work they have begun, by supplementing the capital of manufacturers and farmers or by allotting their capital for commerce.

Sunday 15 February 2009

Book 1, chapter 3, paragraphs 12-13

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 65-67]

   Aussi long-tem[p]s que les capitaux destinés à maintenir le travail procurent du profit à leur propriétaire, celui-ci ressent un besoin habituel de les faire circuler, afin de vivre de leur produit, et de pouvoir consacrer à ses jouissances la rente de sa fortune et non pas son principal; il ne se décourage point, encore que le profit qu’il tire de ses fonds diminue, à moins qu’il ne vienne à tomber absolument à rien, parce que jusqu’à cette époque le riche ne peut se déterminer à manger son capital (4).
   Non seulement dans tous les pays les dissipateurs sont bien rares, mais si nous étudions les mœurs de chaque nation, nous observerons par-tout que l’esprit d’économie s’accroît avec la diminution des profits mercantiles; il étoit [était] porté au point le plus élevé en Hollande, où les négocian[t]s se contentoient [contentaient] du profit le plus bas; le luxe et l’amour de l’ostentation étouffoient [étouffaient] au contraire tout esprit d’économie chez les négocian[t]s de Cadix, dont les profits étoient [étaient] assez considérables pour avoir fait monter à dix pour cent le taux de l’intérêt. En France enfin la diminution du capital national, et l’augmentation du profit du commerce, ont accru le luxe et diminué les épargnes des négocian[t]s. Cette marche est dans la nature; en effet lorsque le capitaliste voit diminuer le profit qui forme son revenu, il doit beaucoup plus songer à le maintenir ou à l’accroître, qu’à dissiper le capital d’où il le tire. Lorsqu’au contraire il voit augmenter ses profits et ses revenus, il se livre bien plutôt au désir de se procurer des jouissances, et n’éprouve point autant celui d’accroitre un capital qui suffit déjà à ses besoins.

[Translation]

   As long as the capital employed to maintain labour procures profit for its owner, he usually feels like making it circulating, in order to live on its produce and to be able to buy his enjoyments not with principal but with rent of his fortune. He is not yet discouraged when profit of his stock is in decrease, unless it has fall to zero, because until this time the rich cannot determine to eat his capital (4).
   It is not only that in all countries spendthrifts are very rare, but also if we study the manners of each nation we will observe everywhere that the notion of economy prevails with the diminution of mercantile profit. The notion was carried in Holland to the highest point where merchants were contended with the lowest profit. Luxury and love of ostentation, on the contrary, smothered all the notion of economy among merchants in Cádiz, Spain, where profit was high enough to raise the interest rate to 10%. Finally, in France, the diminution of the national capital and the rise of commercial profit have encouraged luxury and discouraged saving among merchants. This course of affairs is entirely natural; indeed, when a capitalist sees his profit, his revenue, in decrease, he must be much more inclined to maintain or raise it, than to waste his capital from which he gain the profit. When, on the contrary, he sees his profit and revenue in increase, he quite yields to a desire to procure enjoyments, and does not have so much desire to increase his capital, which is already sufficient for his wants.

Saturday 14 February 2009

Book 1, chapter 3, paragraph 11

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 63-65]

   Quel que soit le nombre des ouvriers proportionnellement au capital qui doit les nourrir, ils ne pourront se contenter long-tem[p]s d’un salaire moindre que celui qui leur est absolument nécessaire pour vivre: la misère seroit [serait] bientôt suivie de la mortalité, et l’équilibre seroit [serait] rétabli par ce contrepoids aussi redoutable qu’efficace (3). Quel que soit d’autre part le nombre ou la valeur des capitaux destinés à maintenir le travail, ils ne pourront jamais être réduits à ne donner aucun profit net; car s’il ne restoit [restait] plus dans le pays aucun emplacement où leurs propriétaires les pussent faire circuler avec avantage, ils s’empresseroient [empresseraient] de les faire travailler dans l’étranger, et par l’emploi au dehors d’une partie des richesses de la nation, ils rétabliroient [rétabliraient] l’équilibre intérieur. Si l’on pouvoit [pouvait] supposer que la terre entière ne présentât plus d’emploi profitable, ou si le Gouvernement trouvoit [trouvait] [le] moyen, de mettre obstacle au commerce extérieur, et à l’emploi des capitaux hors des limites de la nation, les propriétaires préféreroient [préféreraient] alors de les dépenser en objets de luxe, de les consommer sans produire mais d’une manière qui flattât leurs sens ou leur vanité, plutôt que de les faire consommer par des ouvriers productifs, qui dans aucun tem[p]s ne peuvent flatter ni leur vanité ni leurs sens; et qui dans le cas supposé ne leur procureroient [procureraient] point de profit. Une masse considérable de capitaux employée dès lors à maintenir un travail improductif seroit [serait] consommée sans remplacement, et sa dissipation rétabliroit [rétablirait] l’équilibre.

[Translation]

   Whatever the number of labourers may be in comparison to the capital which should feed them, they cannot be contended for a long time with lower wages than absolutely necessary for them to live on. Misery would soon give way to mortality, and the equilibrium would be recovered thanks to this effective but formidable counterweight (3). Whatever the amount or value of the capital allocated for maintenance of labour may be, on the other hand, the capital can never fail to bear net profit at all. This is because if it were no longer for any room where capitalists could make their capital circulating to advantage, they would immediately make it at work in a foreign country, and, by employment of part of the national wealth abroad, the domestic equilibrium would be recovered. If you could suppose that no land offered any profitable opportunity to capital, or if the government found the means to put an obstacle to foreign trade and to employment of capital beyond the boundaries of the nation, then capitalists would prefer buying luxuries with their capital to consume it in a not productive but complacent and vain way, to making productive labourers consume it, who cannot satisfy their vanity or sense anytime, and which would not procure them any profit in the supposed case. Therefore, a considerable amount of capital employed to maintain unproductive labour would be consumed with no replacement, and its dissipation would recover the equilibrium.

Friday 13 February 2009

Book 1, chapter 3, paragraph 10

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 62-63]

   Plus il y a en circulation de capitaux destinés à faire travailler, plus les capitalistes élèvent les salaires des ouvriers, en luttant les uns contre les autres pour les attirer à eux; et en se contentant d’une moindre part de leur travail superflu ou du profit, plutôt que de laisser leur capital sans emploi. Plus d’autre part il y a d’ouvriers qui demandent du travail, proportionnellement au capital qui doit les mettre en mouvement, et plus ces ouvriers rabaissent de leurs prétentions, plus la part dans le superflu de leur travail qu’ils consentent à abandonner au capitaliste est grande, plus enfin le salaire qu’ils demandent est restreint, parce qu’ils aiment mieux se réduire à l’étroit nécessaire en travaillant, que d’en rester privés en même tem[p]s que d’ouvrage. La concurrence entre les capitaux détermine donc la proportion du profit au prix total, et la concurrence entre les ouvriers détermine la proportion du salaire au même prix; mais il y a de part et d’autre des bornes immuables, que cette double concurrence ne peut faire passer.

[Translation]

   The more circulating capital is allocated for employment of labour, the higher wages capitalists pay to labourers. For capitalists compete with each other to lure labourers into their respective undertakings, and would rather have a smaller part of their surplus labour or profit than leave their capital unemployed. On the other hand, the more labourers demand for employment in comparison to the capital which should put them at work, the less demand these labourers make for a rise in wage; they consent to yield up to capitalists the more of the surplus of their labour, and finally demand the lower wages. The reason is that they would better live on the necessary minimum as long as employed than to have no minimum or employment. Therefore, the competition among capitals determines the proportion of profit to the whole price, and the competition among labourers determines the proportion of wages to the same price. But there are immutable limits beyond which this double competition cannot make either party go.

Thursday 12 February 2009

Book 1, chapter 3, paragraphs 08-09

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 61-62]

   La Chine et l’Indostan ont souvent éprouvé des invasions semblables; c’est alors que l’argent enfoui dans la terre par leurs habitan[t]s, en est retiré, en sorte qu’après la retraite des Tartares, le numéraire peut être aussi abondant qu’avant leur irruption; mais les métaux précieux ne peuvent non plus que les capitaux fixes [fixés] remplacer la vraie richesse mobiliaire [mobilière], aussi ne saurait-on en faire qu’un seul usage, celui de les exporter en entier, pour racheter au dehors le mobilier de la nation: vouloir empêcher cette exportation du numéraire, ce seroit [serait] condamner tous les habitan[t]s à l’inaction, et à la famine qui en seroit [serait] la suite.
   Tout travail productif dépendant donc des propriétaires de la richesse mobiliaire [mobilière], il ne s’en fera jamais aucun, sans que ceux-ci participent à son produit. Leur portion est ce qu’on appelle le profit, par opposition au salaire, qui est la portion de l’ouvrier. Ces deux parts réunies à la rente de l’immeuble qui a produit la matière première, composent le prix de l’ouvrage; et la proportion entr’elles est fixée par leur concurrence respective.

[Translaiton]

   China and Hindustan have often gone through some similar invasions. It is then that the money buried into the ground by their habitants is dug from there, so that after the withdrawal of Tartars specie can be as abundant as before their invasion. But precious metals cannot compensate any more for the real movable wealth than can fixed capital, and all the habitants can do with precious metals is to export all of them in order to buy movables of the nation from abroad. Any attempt to stop this exportation of specie would force all the habitants into inaction, and into famine which would follow the inaction.
   All productive labour depends therefore upon owners of movable wealth, and no productive labour will be performed without a part of the produce belonging to them. Their share is what we call profit, in contrast to wage, which is labourers’ share. These two parts (plus the rent of the immovable which have produced raw materials) compose the price of the work; and the proportion between the two is determined by their respective competition.

Wednesday 11 February 2009

Book 1, chapter 3, paragraph 07

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 59-60]

   Le capital fixé ne peut point suppléer au défaut de richesse mobiliaire [mobilière]; supposons une nation qui ait été extrêmement riche, qui ait en conséquence fixé un capital immense pour bonifier la terre, construire des habitations, bâtir des usines, et former des ouvriers industrieux. Supposons ensuite qu’une irruption de barbares saisisse immédiatement après la récolte, toute sa richesse mobiliaire [mobilière], tout ce qui est susceptible d’être enlevé: encore que ces barbares en emportant leur butin, ne détruisent point les maisons ni les ateliers, et qu’ils ne puissent ôter aux campagnes leur fertilité, ni aux ouvriers restan[t]s leur industrie; tout travail cessera aussi-tôt; car pour rendre à la terre son activité, il faut des charrues et des bœufs pour la labourer, du grain pour l’ensemencer, et sur-tout du pain pour faire vivre les ouvriers jusqu’à la récolte prochaine. Il faut pour que les usines travaillent, du grain au moulin, du métal à la forge, et par-tout de la nourriture à l’ouvrier; enfin, il faut à la masse des hommes industrieux, des outils, des matières premières, et des vivres. On ne travaillera donc point en raison de l’étendue des champs, du nombre des usines, et de celui des ouvriers, mais en raison du peu de richesse mobiliaire [mobilière] qui aura échappé aux barbares; tous ceux qui ne pourront point en obtenir quelque portion, demanderont en vain du travail, et seront moissonnés par la famine (2).

[Translation]

   Fixed capital cannot compensate for the shortage of movable wealth. Let us suppose that a nation had been extremely rich and had consequently fixed immense capital in improvement of land, building of dwellings and plants, and education of industrious labourers. Let us suppose next that barbarians irrupted immediately after the harvest and took all movable wealth, or all that can be taken; but that these barbarians did not destroy the dwellings and plants in taking the haul, and could not take the fertility from the fields or the industry from the remaining labourers. Then all labour would stop immediately, because there is no plough or ox necessary to cultivate the fields, no grain to sow seeds, and above all no bread to enable labourers to live up to the next harvest. All plants would stop because there is no grain to carry to mills, no metal to forges, and no provisions to labourers anywhere. Finally, there are no tools, raw materials and foods necessary for the industrious mass. Therefore, if labour be performed at all, it will not be due the extent of the fields, the number of the plants, or that of the labourers, but due to what movable wealth will have eluded the barbarians. All those who will have no chance to obtain any movable wealth will expect any labour in vain and will ruin themselves to famine (2).

Tuesday 10 February 2009

Book 1, chapter 3, paragraph 06

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 56-59]

   Plus la population et la richesse font de progrès, plus il devient impossible qu’il se fasse aucun travail, sans qu’un capital le mette en mouvement. Avec l’avancement de la civilisation, les besoins de chaque homme se multiplient; or, il faut un capital pour avancer à l’ouvrier de quoi les satisfaire, jusqu’à ce que les produits de son travail soient vendus; il en faut un second pour lui procurer les matières premières et les outils sans lesquels il ne peut; enfin, il en faut souvent un troisième, pour pourvoir à sa consommation et à son instruction jusqu’à ce qu’il soit rendu capable de faire l’ouvrage dont il s’est chargé. Le capital qui l’a mis en mouvement, n’est donc autre chose que les alimen[t]s, les vêtemen[t]s, les outils, et les matières premières qu’il a consommées; ce n’est point le numéraire qui les représente, et au moyen duquel il les à obtenues; car s’il a toutes ces choses et point d’argent, il travaillera fort bien, mais s’il a de l’argent, et qu’il ne puisse l’échanger contre toutes ces choses il lui sera impossible de travailler. Un homme actif et industrieux, ne pourra donc trouver aucune occupation utile, s’il n’obtient préalablement un capital qui le nourrisse pendant qu’elle dure, et jusqu’à ce qu’elle soit achevée, d’autres capitaux qui aient mis à sa disposition les matières premières, les outils, et même le talent nécessaire à son ouvrage, le capital d’un marchand qui se charge de le porter au consommateur dès qu’il sera achevé, et qui en attendant remplace le sien. (1). L’horloger Genevois qui destine partie de ses montres aux consommateurs des grandes Indes, s’il ne trouvoit [trouvait] pas un capital déjà consacré au commerce d’horlogerie, et tout prêt à remplacer le sien, seroit [serait] obligé au moment où il auroit [aurait] terminé ses montres, de s’en procurer un pour faire les frais nécessaires à leur envoi aux Indes, et un second pour continuer l’ouvrage pendant leur voyage, jusqu’à ce qu’elles fussent vendues, payées, et que la valeur du payement fût rentrée entre ses mains: or, comme ce retour se fait attendre au moins deux ou trois ans, quoiqu’il eût les fonds nécessaires pour faire une première montre, il seroit [serait] obligé de fermer son atelier, s’il n’en avoit [avait] pas toujours de nouveaux, pour continuer pendant ce long espace de tem[p]s. Tout travail est donc le fruit d’un capital; aussi seroit-il [serait-il] fort inutile d’augmenter le besoin du premier chez une nation, si l’on n’augmentoit [augmentait] en même tem[p]s le second, qui seul peut appeler les gens industrieux à l’ouvrage; maxime importante, souvent oubliée, et que nous aurons lieu de rappeler plusieurs fois.

[Translation]

   The more progress the population and wealth make, the more impossible it is that a capitalist obtains any labour without capital to employ it. According to advancement of civilisation, wants of each human being multiply. A portion of capital is necessary to advance a labourer as much as to satisfy his wants until the produce of his labour has been sold. Another portion is necessary to procure him raw materials and tools without which he cannot labour. Finally, still another portion is often necessary to satisfy his consumption and instruction, until he is enabled to achieve the tasks of which he is in charge. The capital which has put him at work therefore consists of nothing but foods, clothing, tools, and raw materials all of which he has consumed. It does not consist of specie which represents them and by means of which he has obtained them. The reason is that he will labour properly if he has all these and has no money, but that it will be impossible for him to labour if he has some money but cannot exchange it for all these. A practical and industrious man will try in vain to find any useful occupation if he does not have a form of capital in advance which would feed him while it lasts and until it has been finished, some other forms of capital which would have put at his disposition raw materials, tools and even talent necessary for his work, and the capital of a merchant which carries on the traspoart to consumers as soon as it is finished, and which supplements his capital for the time being (1). Let us suppose that a Genevan watchmaker, who distributes some of his watches to consumers in India, did not find any capital already allocated for the trade of watches and ready to supplement his capital. Then, the moment he has completed his watches, he would be obliged to use a part of his capital in order to pay the cost necessary to send them to India, and another part in order to continue the work during the transport, until the watches have been sold and paid for and the value of the payment has got in his hands. And yet this return takes at least two or three years. He would be obliged to close his shop, if he had the stocks necessary to make a watch at first, but if he did not always had some new stocks in order to continue during this long time. Every portion of labour is therefore the fruitage of capital; so it would be useless to increase the demand for labour among a nation, if you did not increase capital at the same time, which is the only way in which you can put the industrious at work. This is an important maxim, which we have often forgotten and of which we will have every reason to be reminded repeatedly.

Monday 9 February 2009

Book 1, chapter 3, paragraphs 04-05

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 55-56]

   C’est au profit que retire le capitaliste, qu’il faut attribuer la conservation de la richesse nationale; car s’il n’en trouve aucun à faire travailler des gens industrieux, il ne chercheroit [chercherait] à faire d’autres échanges, que ceux qui conviendroient [conviendraient] à sa consommation; il employeroit [emploierait] successivement à son usage tout ce qu’il posséderoit [posséderait], sans rien produire, jusqu’a ce qu’il eût tout consommé.
   Le profit du capitaliste doit toujours être proportionné au capital qu’il emploie; car de même qu’il n’auroit [aurait] aucun avantage à faire travailler des ouvriers, si les marchandises que produiront ceux-ci ne valoient [valaient] pas plus que celles qu’il leur donne à consommer, il n’en auroit [aurait] aucun à mettre en œuvre un capital considérable plutôt qu’un petit, si le profit ne se proportionnoit [proportionnait] pas à la somme qu’il destine à son entreprise.

[Translation]

   It is to the profit gained by the capitalist that the maintenance of the national capital must be attributed. The reason is that he would try to make no other exchange than would satisfy his consumption if he had no means to make the industrious people perform labour. He would successively put all his possessions to personal use without producing anything until he has consumed all.
   The profit of the capitalist must always be proportional to the capital he employs. The reason is that, as he would not expect any advantage from employment of labourers if the commodities produced by them were of no more value than those which he provides to them for consumption, so he would not from employment of a large capital, rather than a small, if the profit were not proportional to the sum allocated for his undertaking.

Sunday 8 February 2009

Book 1, chapter 3, paragraph 03

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 54-55]

   Or l’ouvrier qui n’a point de travail accumulé, point de capital à lui, rien enfin pour se nourrir ou se vêtir, non-seulement trouve un avantage à échanger ce qu’il peut faire et qu’il n’a point encore, contre ce dont il a besoin, et qu’un autre possède actuellement; bien plus, c’est pour lui le seul moyen d’exister. Du côté du capitaliste, au contraire, non-seulement il n’y a point d’avantage à échanger un sac de blé, par exemple, cette année, contre un sac de blé à recevoir l’année prochaine; il y a même des inconvénien[t]s, puisqu’en le faisant il se sépare de sa propriété, s’en ôte la libre disposition, et court peut-être même quelque risques. Pour qu’il se conclue un accord entre ces deux classes d’hommes, il faut que celle qui en retire tous les avantages, les partage avec celle qui n’y trouve que des inconvénien[t]s. Les ouvriers peuvent le faire aisément, nous avons vu que plus la société acquéroit [acquérait] de population et de richesses, plus au moyen de la division des métiers, le travail de chaque ouvrier produisoit [produisait] de superflu au-delà de sa propre consommation; celui-ci doit donc céder une partie de ce superflu à celui qui le met à l’ouvrage et le nourrit: il arrivera même quelquefois qu’il le lui cédera tout entier, trop content de se procurer le nécessaire à ce prix. Les deux classes de la société trouvant dès lors un avantage mutuel à contracter ensemble, se recherchent de part et d’autre; les capitalistes s’empressent de donner ce qu’ils ont aujourd’hui contre ce qu’ils auront bientôt, et les ouvriers de prendre ce dont ils ont besoin actuellement contre ce qu’ils produiront par la suite.

[Translaiton]

   Now a labourer, who has no accumulated labour, no capital in hand, no food or clothing, does not only find it advantageous to exchange what he can make but has not made yet for what he wants and another has, but also finds it to be the only means for him to live. On the side of the capitalist, on the contrary, it is not only that he takes no advantage from the exchange of a bushel of corn, for example, of this year for a bushel to receive next year, but that he even suffers some inconveniences, in that in so doing he is kept from his property, is kept from freely disposing of it, and is even exposed to some risk. So that the persons on the both sides may conclude to an agreement, it is necessary that the one who takes all the advantages from it should share them with the other who expects only inconveniences from it. The labourer can do it easily, since, as we have seen, the more population and wealth the society had, the more surplus the labour of each labourer produced over his own consumption due to the division of professions. He should, therefore, yield a part of this surplus to someone who put him at work and feed him. It will sometimes happen even that he will get satisfied enough with procurement of the necessaries at that price to yield the whole surplus to the latter. By then the two classes of the society find it mutually advantageous to contract with each other, and need each other. The capitalist is anxious to give what he has today in exchange for what he will have soon, and the labourer to take what he wants now in exchange for what he will produce later.

Saturday 7 February 2009

Book 1, chapter 3, paragraphs 01-02

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 52-54]

Nous avons vu plus haut qu’il y a deux manières de tirer parti d’un capital accumulé: l’une en le fixant, que nous avons examinée dans le chapitre précédent, l’autre en le faisant circuler, et nous l’examinerons dans celui-ci.
   Le propriétaire d’un capital peut donner en échange à un ouvrier les fruits d’un travail achevé, consistan[t]s en effets applicables à l’usage et à la consommation des hommes, contre un travail à faire, avec un profit proportionné à l’étendue de ses avances; c’est lé contrat que l’on exprime beaucoup plus simplement, en disant que le capitaliste fournit le nécessaire à un ouvrier productif qui travaille pour lui, ou plus simplement encore, en disant qu’il lui paye son salaire; mais il est fort important de remarquer que toutes les fois qu’on met à l’ouvrage un ouvrier productif, et qu’on lui paye un salaire, on échange le présent contré l’avenir, les choses qu’on a contré celles qu’on aura, l’aliment et le vêtement qu’on fournit à l’ouvrier, contre le produit prochain de son travail. L’argent n’entre dans ce marché que comme signe; il représente toujours une richesse mobiliaire [mobilière], applicable à l’usage et à la consommation de l’homme, c’est cette dernière qui est le vrai capital circulant. Le numéraire est comme une assignation, que le capitaliste donne à l’ouvrier, sur le boulanger, le boucher et le tailleur, pour qu’ils lui livrent les denrées consommables qui appartenoient [appartenaient] déjà en quelque sorte au capitaliste, puisqu’il en possédoit [possédait] le signe: l’ouvrier porte cette assignation à une boutique, rechange contre ce dont il a besoin pour vivre; celui qui lui a payé son salaire, s’est tout simplement dispensé, en lui donnant de l’argent, du soin de faire lui-même ses provisions, mais l’effet est précisément le même, c’est toujours lui qui lui fournit sa nourriture, et ce dont il a besoin, en échange d’un travail à faire qu’il attend de lui.

[Translaiton]

We have seen above that there are two ways to make use of accumulated capital; one is by fixing it, which we have examined in the previous chapter, and the other is by keeping it circulating, which we will examine in this chapter.
   Owners of capital can give labourers that produce of performed labour which consists of effects applicable to human use and consumption, in exchange for labour yet to perform, and can consequently gain profit proportional to the amount of their advance. This contract can be much more simply described by saying that capitalists provide necessaries to productive labourers who work for them, or be still more simply described by saying that capitalists pay wages to labourers. But it is extremely important to note that every time capitalists puts labourers at work, and every time they pay wages, they exchange the present for the future, what they have for what they will have, the food and clothing provided to the labourers for the next produce of labour by the labourers. Money comes into this deal only as sign. It always represents a certain amount of movable wealth applicable to human use and consumption. This wealth is the true circulating capital. Species are like bills of collection, negotiated by capitalists to their labourers, upon bakers, butchers, and tailors, so that they supply the labourers with consumable commodities, which once belonged to the capitalists in the sense that they possessed the sign. The labourers take these bills to a shop, where they exchanges it for that which they want for their life. The capitalists who have paid wages for them have all with ease spared themselves the care of providing them with provisions for themselves, by providing them with some money. Nevertheless the effect is exactly the same; in both cases it is the capitalists that provide the labourers with food and what they want, in exchange for the labour the capitalists expects them to perform.

Friday 6 February 2009

Book 1, chapter 2, footnote 02

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 49-50]

(2) Cette partie de la rente foncière est celle que les économistes ont décorée du nom de produit net, comme étant le seul fruit du travail qui ajoutât quelque chose à la richesse nationale. On pourroit [pourrait] au contraire soutenir contre eux, que c’est la seule partie du produit du travail, dont la valeur soit purement nominale; et n’ait rien de réel; c’est en effet le résultat de l’augmentation de prix qu’obtient un vendeur en vertu de son privilége [privilège], sans que la chose vendue en vaille réellement davantage. Ainsi cent minots de sel, dans un pays de grande gabelle, se vendoient [vendaient] beaucoup plus que dans un pays franc, et le surplus du premier prix étoit [était] une valeur de convention, analogue à celle qu’on ajoute aux fruits de la terre, pour trouver dessus de quoi payer la rente. Dans le fait le sel n’avoit [avait] pas cependant une valeur intrinsèque plus considérable dans un pays de gabelle que dans un pays franc également éloigné des salines. Mais il y a une différence importante entre les deux monopoles que nous comparons, c’est que celui qui est accordé aux propriétaires de terres, ne leur est pas utile à eux seulement, il est utile et même nécessaire à la communauté, les terres ne pouvant être bien cultivées que lorsqu’elles sont changées en propriétés, tandis que le privilége [privilège] des gabelles ne profitoit [profitait] qu’au monopoleur. Il est important de relever en toute occasion les principes des économistes, on les a trouvé faux à l’épreuve, et cependant bien des gens les croient encore incontestables en théorie, ce qui jette de la défaveur sur toute la science. On les confond aussi avec ceux d’Adam Smith, et Mr. Garnier en les représentant de nouveau, (note XXIX de sa traduction, et ailleurs) attaque par la base, peut-être même sans y songer, le système de l’auteur qu’il traduit.

[Translaiton]

(2) To this part of fundamental rent the Economistes give the name produit net, as the only produce of labour that adds somewhat to the national wealth. You could object to them, on the contrary, that this is the only part of the produce of labour whose value would be utterly nominal and would not be real at all; this is indeed a result of the rise of a price, which is obtained by a seller thanks to his privilege though the sold thing is not of more value in real terms. A hundred bushels of salt, for example, were sold at a higher price in a country with heavy salt tax than without it, and the premium was a conventional value, like that which is placed on the produce of land to make the price high enough to pay the rent. Yet, in fact, salt did not have a higher intrinsic value in a country with salt tax than in a one without it, both of which were equally far from salina. However, there is an important difference between the two kinds of monopoly we compare. That which is given to landowners is not only useful to them but useful and even necessary to the community (land cannot be well cultivated before turned into private property), while the privilege of salt tax only benefited monopolists. It is important to note the principles of the Economistes on every occasion, for they, though already found false on the test, are believed to be still incontestable in theory among many people, a situation which throws discredit upon the science. The principles of the Economistes are thus confused with those of Adam Smith, and, representing them again, Mr Garneir thoroughly attacks the system of the author whose work he translates, perhaps even with no intention to do so (note 29 in his translation, and elsewhere).

Thursday 5 February 2009

Book 1, chapter 2, footnote 01

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 47]

(1) L’habileté acquise par les ouvriers improductifs fait aussi partie du capital fixe, car un moyen de procurer des jouissances, ou de rendre service aux hommes, doit être compté comme une richesse nationale: si l’on faisoit [faisait] donc un inventaire de là richesse d’une nation, on placeroit [placerait] l’habileté de ses jurisconsultes, de ses médecins, de ses comédiens, de ses musiciens, sur une même ligne avec celle de ses artisans de tout genre. Cela ne détruit point la distinction entre les deux classes d’ouvriers, car en continuant le même inventaire, on placeroit [placerait] dans le mobilier, ou dans le capital circulant, les produits des artisans, et jusqu’aux vivres non consommés qui sortent de leurs boutiques, mais on n’y mettroit [mettrait] certainement pas les sentences rendues, les consultations, et les visites médicales, non plus que les spectacles et les concerts dont le peuple a joui.

[Translation]

(1) The skill acquired by unproductive labourers also forms part of fixed capital, because a means to procure some pleasure for or to offer service to persons must be counted among the national wealth. Therefore, if you made an item list of the wealth of a nation, you would put the skill of jurisconsults, physicians, actors, musicians in the same entry as that of all kinds of artisans. This does not invalidate the distinction between the two categories of labourers, because, if you should extend the item list, you would put in the entry of movables or circulating capital the produce of artisans and even the provisions not consumed which come from their workshop, but would certainly leave out pronounced judicial sentences, medical examinations, and medical visits, like shows and concerts in which people find pleasure.

Wednesday 4 February 2009

Book 1, chapter 2, paragraph 13

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 49-51]

   De toutes les sources de rente que nous venons d’énumérer, il n’y en a qu’une seule qui par sa nature soit intarissable, et d’où le travail accumulé par l’homme ne puisse point ressortir tout entier, au bout d’un tem[p]s plus ou moins long: c’est celle qui représente la propriété virtuelle qu’a la terre de produire, dès qu’elle est convenablement mise en action: Cette partie de la rente, comme nous l’avons vu, n’est pas précisément un fruit du travail humain; elle est la compensation d’un privilége [privilège], elle résulte de l’espèce de monopole dont jouissent les propriétaires de terre contre tous leurs concitoyens (2). Les ouvriers, et ceux qui possèdent du travail accumulé, ne pourroient [pourraient] jamais obtenir de récoltes, si les maîtres du sol ne leur louoient [louaient] pas le travail de la terre, pour concourir avec le leur. De cette espèce de monopole il résulte que le loyer du travail de la terre n’est pas tant proportionné à sa force productive, comme à la recherche qu’on en fait, et que la rente d’une campagne fertile est nulle dans un désert, tandis que celle d’une campagne stérile est considérable auprès d’une ville populeuse et riche. Le monopole est donc la base de la partie de la rente que l’on payeroit [payera] pour la terre inculte, tandis que l’autre partie qui représente le travail que le propriétaire a accumulé sur son sol, suit la même marche, et est soumise aux mêmes règles, que la rente des autres capitaux fixes.

[Translation]

   Among all the sources of rent we have enumerated, there is only a source which would never be exhaustible in nature, and from which all of the accumulated labour by man could not be withdrawn sooner or later. This is what represents the potential of land to produce, a potential which becomes conspicuous as soon as land is adequately put into operation. This part of rent, as we have seen, is not the fruitage of human labour; it is the compensation of a privilege, and results from that kind of monopoly which is enjoyed by landowners against all their fellow-citizens (2). Neither labourers nor those who possess the accumulated labour could obtain any of the harvest, if masters of land did not allow them to make use of the labour of land to combine it with their own labour. This kind of monopoly results in the fact that rent of the labour of land is not so much proportional to its productive power as to the demand made of it, and that the rent of a fertile country is null in a desert while that of a sterile country is considerable in the neighbourhood of a populous and rich town. Monopoly is therefore an essential for that part of rent which is paid for the uncultivated land, while the other part, which represents the labour accumulated by the landowner on his soil, takes the same path, and is subjected to the same rules, as the rent of the other kinds of fixed capital.

Tuesday 3 February 2009

Book 1, chapter 2, paragraph 12

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 47-49]

   La valeur réelle du capital fixe, c’est le travail qui est actuellement accumulé en lui; et sa rente, c’est la quantité dont il augmente la valeur annuelle du travail humain; mais comme le capital fixe ne peut point se détacher à volonté des objets sur lesquels il est accumulé, qu’il y demeure pour toujours, ou qu’il en ressort graduellement selon une proportion invariable pour chaque objet, on considère en l’évaluant, bien moins ce qu’il a coûté, que ce qu’il peut rendre. Or le rapport entre la rente et le capital fixe qu’elle suppose, dépend, comme nous le verrons par la suite, du rapport entre le profit et le capital circulant, en sorte que la valeur foncière des immeubles varie avec les profits du commerce, et que s’il arrive par exemple, que par une suite des progrès de la richesse nationale, le profit du capital circulant s’abaisse, de vingt pour cent à dix pour cent par année, la valeur capitale des immeubles comparée à la rente qu’ils donnent sera doublée, non qu’ils contiennent réellement plus de capital accumulé, mais parce que leur rente d’après la proportion admise dans ce période de la société, en représentera davantage.

[Translation]

   The real value of the fixed capital is the labour which is accumulated in it at the moment; and rent of it is the quantity by which it increases the annual value of human labour. Yet, since the fixed capital cannot be detached at will from the objects upon which it is accumulated, and since it remains there almost for ever, or rather it is gradually withdrawn from them at an invariable rate each object has, it is even less significant in its evaluation how much it has cost than how much it can return. But the relation between the rent and the fixed capital, which the evaluation presupposes, depends upon the relation between profit and circulating capital, as we will see later, so that the fundamental value of immovables varies with profit of commerce, and that, if we suppose, for example, that as a result of the progress of the national wealth the profit of circulating capital falls from 20 percent to 10 percent, the capital value of immovables in comparison to the rent of them will double. The reason is not that they contain more of accumulated capital in real terms, but that their rent will represent more of it according to the admitted rate in this stage of the society.

Monday 2 February 2009

Book 1, chapter 2, paragraphs 10-11

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 45-47]

   Une nation est riche en raison du nombre d’ouvriers productifs qu’elle possède; et c’est une dernière espèce de capital fixe. Il faut que le travail de l’âge viril d’un ouvrier compense la consommation de toute sa vie; car il a dépensé dans son enfance, beaucoup, et long-tem[p]s avant que d’être capable d’aucun travail, ou du moins avant que d’en faire un qui fut équivalent à sa dépense: Il a consommé les denrées et les marchandises qui avoient été produites par le travail d’autres ouvriers. Tous ceux qui existent aujourd’hui ont été élevés et ont vécu des labeurs de leurs prédécesseurs: si leur nombre s’est augmenté, il a fallu qu’il y eût préalablement une accumulation de travail pour les nourrir; cette accumulation s’est fixée et réalisée dans leur existence; à mesure que leurs forces vitales se consument, elle en ressort dans le produit de leur travail; à la mort de tous ceux qui forment la génération actuelle, s’ils sont restés pendant leur vie assidus à leurs ateliers, elle en sera toute ressortie, et a n’y aura rien eu de perdu.
   Ceux d’entre les ouvriers qui ont acquis une habileté particulière pour le travail, soit en consacrant à s’approprier une industrie plus productive les années pendant lesquelles ils auroient [auraient] pu travailler, soit en employant au même objet un capital, c’est-à-dire la somme du travail des autres, ceux-là ont fixé sur leur propre vie une plus grande masse de travail accumulé; aussi là nation peut-elle être plus enrichie par la possession d’un mécanicien distingué que par celle de dix ou de cent ouvriers ordinaires; non-seulement parce qu’il lui produira plus annuellement, mais aussi parce qu’il lui a plus coûté à former (1).

[Translation]

   A nation is rich for the reason of the number of productive labourers among them, and this is the last category of fixed capital. It is necessary that the labour of a labourer of full age should compensate for consumption of all his life, because he spent much cost and time in his childhood, before he became capable of labour at all, or, at least, before he came to perform any labour equivalent to his expenditure. He consumed foods and commodities which had been produced by the labour of other labourers. All those who exist today have been raised and have lived on the labour of his predecessors. If their number has increased, there must have been in advance an accumulation of labour to feed them. This accumulation has been fixed and realised in their existence. According as their vital forces are exhausted, the accumulation is withdrawn from them and transferred to the produce of their labour. If all those who form the present generation have been diligent in their workplace during his lifetime, all the accumulation will be withdrawn and there will be nothing to lose at their death.
   Among the labourers who have acquired a particular skill in labour, either by spending the years that they could have laboured in adapting themselves to more productive industry, or by employing a capital (i.e. a sum of labour by others) for the same purpose, some have fixed a larger amount of accumulated labour on their own life. Therefore, the nation can be more enriched due to the possession of a distinguished mechanic than to that of ten or a hundred ordinary labourers; not only because he will produce more annually for the nation but also because it has cost the nation more to train him (1).

Sunday 1 February 2009

Book 1, chapter 2, paragraphs 07-09

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 44-45]

   D’autres édifices produisent par eux-mêmes, dès qu’ils sont mis en action; ce sont des ouvriers matériels créés par l’industrie humaine; leur travail, de même que celui de la nature, se réalise dans la valeur des objets qu’ils créent ou qu’ils modifient; les moulins, les forges, les scies, les fours, et en général toutes les usines, appartiennent à cette classe: une fois qu[’]elles sont construites, leur rente ou leur loyer représente la valeur que le travail accumulé en elles, ajoute au travail annuel de l’homme.
   Le capital fixé sur les bâtimen[t]s ou les usines, n’y demeure pas constamment, comme celui fixé sur la terre; il en ressort graduellement à mesure que le bâtiment se consomme, et il se retrouve dans les objets produits par l’industrie de ceux qui l’ont habité; le capital fixé dans les outils et les instrumen[t]s des métiers ou de l’agriculture, en ressort plus vîte [vite] encore; il n’y demeure que peu d’années, souvent peu de mois, et e passe de là dans la valeur de toutes les marchandises qui sont créées par ces outils; en sorte qu’eux-mêmes tiennent le milieu entre les objets destinés à la consommation, et les capitaux fixes.
   Comme la valeur des mêmes objets est plus considérable, lorsqu’ils sont à la portée de leurs consommateurs, que lorsqu’ils en sont éloignés, il a convenu à la société de fixer une partie de son capital pour faciliter les transports: A cette classe de travaux accumulés appartiennent d’une part les chemins, les canaux, et les ports; de l’autre les voitures et les vaisseaux: la rente des uns et des autres se retrouve sur l’augmentation de valeur de la marchandise parvenue par leur moyen au lieu où elle doit être consommée.

[Translation]

   Other buildings make a production for themselves, as soon as put into operation. They are, as it were, material labourers created by the human industry; their labour, like that of nature, is realised in the value of the objects they create and modify. Mills, forges, saws, furnace, and in general all the plants belong to this category. Once they are constructed, their rent or fees represent the value added by the accumulated labour in them to the annual labour of humans.
   The capital fixed in buildings or plants does not remain as constant as that fixed on land. It is gradually withdrawn from them according as they are consumed, and reappears in the produce raised by the industry of those who have lived there. The capital fixed in tools and instruments of trade and agriculture is withdrawn still more quickly from them. It remains only few years and can often remain few months, and it passes from them into the value of all the commodities which are created with these tools. Consequently they themselves take a middle position between the objects appropriated for consumption on one hand and the fixed capital on the other hand.
   As the value of one object is higher when it is within the reach of consumers than when it is far from them, it has been convenient for the society to fix a part of its capital in order to facilitate transportation. To this category of accumulated labour belong roads, canals, and ports on one hand, and carriages and vessels on the other hand. The rent of both sorts turns out to increase the value of commodities transported by their means to the place where they should be consumed.