Saturday 15 January 2011

Book 3, chapter 9, paragraph 05

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 421-423]

   Le commerce de transport peut bien se faire en droiture, par les Hollandais par exemple, des ports de la mer Baltique à ceux de l’Italie, sans décharger les marchandises nulle part sur la route, cependant le marchand qui l’entreprendrait, se trouverait ainsi dans l’impossibilité de voir jamais la denrée sur laquelle il trafiquerait. Il ne pourrait que plus difficilement faire des achats, dans le dessein d’attendre que ses marchandises eussent haussé de prix pour les revendre, ou veiller l’occasion de les envoyer dans celles des contrées où cette hausse serait le plus considérable. C’est d’après ces considérations, que les marchands Hollandais, qui faisaient le plus grand commerce de transport de l’Univers, déchargeaient dans les magasins de la Hollande, un si grand nombre d’entre les marchandises qu’ils transportaient d’une contrée à une autre, qu’on pouvait à bon droit appeler les ports de leur République, marché général du monde commerçant. L’étape des marchandises des Indes, du Levant, de l’Espagne et de la mer Baltique se trouvait à Amsterdam, celle de l’Amérique à Flessingue; celle des vins de France à Middelbourg et Rotterdam; celle des manufactures Anglaises, aussi à Rotterdam; et celle du commerce d’Allemagne à Dordrecht. Toutes ces marchandises étrangères étaient bientôt réexportées à l’étranger, pour pourvoir aux besoins des autres nations; et les négociants Hollandais, pour avoir l’avantage de posséder leurs marchandises sous leurs yeux, et dans leurs magasins; pour y attendre ensuite l’occasion favorable de les vendre, se soumettaient à payer les droits d’entrée et de sortie qu’on exigeait en Hollande; toutes ces marchandises avaient payé en effet, deux pour cent de leur valeur, lors de leur introduction dans le port, et elles devaient payer encore un pour cent, lors de leur réexportation: cependant leur valeur n’était point augmentée aux yeux du consommateur étranger, pour avoir été déposées dans les magasins des Hollandais, il ne les payait pas plus cher pour cela, que si elles étaient venues en droiture de leur lieu natal; il fallait donc que cette différence de trois pour cent, ainsi que les frais de chargement et déchargement, se retrouvât sur la facilité que donnait au marchand, pour profiter des occasions, et attendre les bonnes chances, la division du commerce en deux branches indépendantes, l’une de la Hollande à la Baltique, l’autre de la Hollande à l’Italie.

[Translation]

   The Dutch merchant, for example, can put shipping trade into good practice, by making their way directly from ports along the Baltic Sea to those in Italy, without unloading commodities along the way. However, the merchant engaged in it might, then, be incapable of examining commodities with which he would deal. He could make purchases only with more difficulty, with the intention to wait for his commodities to rise in price to resell them, or to watch for the occasion to send them to the countries where this rise in price would be the largest. According to these considerations, Dutch merchants, engaged in the largest magnitude of shipping trade in the world, unloaded at repositories in Holland such a large number of commodities that they transferred from one country to another, that the ports of their republic could rightly be called “the general market of the commercial world.” Commodities from the Indies, the Levant, Spain and the Baltic Sea were seen coming to Amsterdam, and those from America were to Flushing; wine from France was seen coming to Middelburg and Rotterdam; manufactured goods from England were also to Rotterdam; and commodities from Germany were to Dordrecht. All these foreign commodities were soon re-exported to foreigners, to meet the needs of other nations. The Dutch merchants, having the advantage of possessing their commodities under their eye and in their stores, and waiting there for the good chance for their sales, obediently paid the import and export taxes that were demanded in Holland. In fact, all these commodities had paid two per cent of their value at the time of their introduction into the port, and were forced to pay one per cent again at the time of their re-exportation. However, their value did not rise in the eye of the foreign consumer, and he paid no more for the commodities if deposited in Dutch stores than if imported directly from the place of their production. It was necessary, therefore, that this difference of three per cent, along with the costs of loading and unloading, should be reflected in the ease with which the merchant could take advantage of these occasions and wait for the good chances, thanks to division of labour in the two independent branches, one of which was from Holland to the Baltic Sea, and the other from Holland to Italy.