Thursday 20 May 2010

Book 3, chapter 2, paragraph 64

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 218-220]

   Un seul accident, peut-être inévitable, excitera sans doute encore quelques murmures. Il y a, ce semble, quelques Départements où aucune industrie ne peut prospérer; le mauvais état des routes, la difficulté de toutes les communications, l’éloignement des consommateurs, la cherté des matières premières, et le manque de capitaux, conjurent contre tous les ateliers qu’on y a établis, comme contre ceux qu’on pourrait leur substituer. Il est possible que dans quelqu’un de ces Départements, il y ait actuellement une manufacture perdante que le monopole soutient; lorsque la liberté du commerce l’aura fait fermer, il ne pourra s’en élever aucune autre; ce Département croira avoir fait des pas rétrogrades, quoique dans le fait ce ne soit pas en faire que de renoncer, non pas à un revenu, mais à une dépense. Il est possible qu’à cette époque quelques capitaux circulants et quelques artisans quittent ce Département pour chercher de l’ouvrage dans un autre, dont la position paraîtra plus favorable, ce qui redoublera encore les murmures; il est plus probable cependant que les capitaux retirés d’un commerce perdant, seront consacrés à l’agriculture, leurs propriétaires ne se souciant pas de s’en trop séparer. Les productions de la terre seront donc augmentées par eux, sa population croîtra avec elles, le commerce des denrées appellera l’attention publique sur l’état des chemins et les fera réparer, en sorte que le Département se trouvera bientôt en état de supporter une manufacture pour laquelle il n’est point propre aujourd’hui; mais vouloir la maintenir en dépit de la nature des choses, c’est un projet aussi insensé que de vouloir enrichir un homme en le forçant à tenir un équipage, et lui remboursant la moitié des frais qu’il occasionne; c’est prendre le signe de la richesse pour la richesse elle-même, et l’apparence pour la réalité.

[Translation]

   Still, there can be one circumstance, accidental but probably inevitable, which will undoubtedly provoke some complaints. That circumstance seems to be that there are some departments where no industry can prosper; the bad condition of roads, the difficulty of all communications, the long distance from consumers, the expensiveness of law materials, and the shortage of capital, conspire to put at a disadvantage all workshops established there, as well as those which could substitute for them. Suppose that one of these departments should have a manufactory now at a loss but supported through monopoly. If free trade should have thrown it into bankruptcy, it is impossible that another one will be established. This department will believe that it has taken a retrogressive course, though, in fact, giving up expenditure, not revenue, does not mean any retrogression. It is possible that, at this time, some circulating capitals and some artisans will leave this department to find employment in another department which seems to be more favourably situated. This will provoke complaints again. However, it is more probable that the capitals withdrawn from a declining trade will be allotted to agriculture, their masters averse to being too separated from them. Thus, the produce of the earth will increase thank to them, the population will grow with it, and the trade of staple foods will draw the public attention to the state of highways and will lead to their repair. As a consequence, the department will soon be able to support a manufactory for which the department is not adequate today. But an attempt to maintain it in spite of the nature of things is as absurd as to enrich a man by ordering him to keep an equipage and refunding him a half of what it costs him. That means taking the sign of wealth for the wealth itself, and taking appearance for reality.