Sunday 26 December 2010

Book 3, chapter 8, paragraph 21

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 405-408]

   La France peut produire une quantité prodigieuse de vin au delà de sa consommation; elle en produit souvent au delà de ce que le commerce en peut placer, au point de faire baisser le prix relatif de cette denrée au-dessous de son prix intrinsèque, et c’est ce qui a fréquemment réduit à la misère les vignerons et les propriétaires de vignobles; mais si la vaste et riche contrée qui avoisine la France, et qui pourrait avec tant d’avantage profiter de ses vins, lui était ouverte, leur prix relatif se soutiendrait toujours, et la culture de la vigne, qui est celle de toutes où le produit brut est le plus considérable, proportionnellement à l’étendue du terrain, celle qui met en mouvement le plus de main d’œuvre, qui fait vivre la population la plus nombreuse, serait encouragée, parce qu’elle rendrait un profit net au moins égal à celui d’aucune autre culture; tous les coteaux qui ne sont aujourd’hui couverts que de broussailles, pourraient être convertis en vignobles, et peuplés d’habitations; une plus grande demande de blé pour nourrir tant de vignerons, encouragerait aussi la culture de cette denrée, et les landes ni les jachères ne feraient plus honte à notre système d’agriculture. La population de la France s’accroitrait, mais ce ne serait qu’en raison de l’accroissement de son revenu, et par conséquent d’une manière qui ne pourrait être à charge. Telles sont les espérances que l’on pourrait fonder sur l’affranchissement de notre commerce avec l’Angleterre, comme aussi sur l’augmentation de notre exportation de vins en Amérique, jusqu’à ce que ce vaste continent soit assez peuplé, pour que le prix excessif de la main d’œuvre, n’y empêche pas la culture de la vigne: tel était le bénéfice que nous pouvions recueillir du traité de commerce de 1786. Mais les Gouvernements ont toujours donné moins d’attention aux réclamations des paysans et des propriétaires de terre, qu’à celles des marchands; soit parce que les premiers n’étant point animés par un esprit de corps, se forment plus difficilement une idée de leurs propres intérêts, soit parce qu’ils mettent moins de chaleur à les poursuivre, et se distinguent par un plus grand désintéressement, dont ils donnent tous les jours des preuves, en sacrifiant leur propre avantage à ce qu’ils croient être celui du commerce.

[Translation]

   France can produce a remarkable quantity of wine, beyond her own consumption; she often produces more wine than commerce can deal with, so that the relative price of this drink is lower than its intrinsic price. This depression in price has frequently reduced grape growers and landlords of vineyards to misery. However, if the vast and rich country which is a neighbouring one of France, and which could profit as much advantage from her wine, were open to France, its relative price would always be maintained. The cultivation of grapes, which yields the largest gross produce of all in proportion to the extent of land, employs the largest amount of labour, and lets the largest number of population subsist, would be encouraged, for it would bear a net profit at least as much as any other cultivation. All the hillsides that are today covered only with bushes could be converted into vineyards, and crowded with people. A larger demand for corn to feed many grape farmers would also encourage the cultivation of this crop, and the wilderness or the weald would no longer bring shame on our agricultural system. The population of France would grow, but this growth would be only at the rate of that of her revenue, and, consequently, in a way which could not be troublesome. Such are the hopes that people could put on liberation of our trade with England, as well as on increase of our exportation of wine into America, until that vast continent is populous enough for the excessive price of labour not to obstruct the cultivation of grapes. Such was the benefit that we were able to grain from the treaty of commerce in 1786. However, the governments have always paid less attention to claims of peasants and landlords than those of merchants. This may be either because it is more difficult for the former to have an idea of their own interests for lack of inclination towards alliance, or because they are less eager to pursue the interests, and are distinguished by more indifference. Every day, they prove their indifference by sacrificing their own advantage for what they believe is that of commerce.