Friday 31 December 2010

Book 3, chapter 8, paragraph 26

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 415-416]

   Le commerce intérieur, dont l’importance est si grande, et qu’on n’estime jamais à sa vraie valeur, est porté en Suisse au plus haut degré d’activité. Quel doit être l’étonnement du voyageur qui suit pour la première fois les bords du lac Léman, et qui rencontre de deux lieues en deux lieues, des petites villes, toutes florissantes, où tous les habitants respirent l’aisance, sont bien nourris, bien vêtus, bien logés, et où presque toutes les maisons contiennent des magasins et des boutiques, qui ne redouteraient point la comparaison avec celles des villes les plus marchandes de la France. Tout commerce y est également libre, celui d’importation n’est point regardé de mauvais œil; aussi le consommateur Suisse peut-il obtenir à meilleur marché ses habits, ses instruments, et tout ce qui lui vient du dehors, qu’aucun autre peuple de la terre.

[Translation]

   Home trade, which is of so high importance, and whose true value is not appreciated, is brought in Switzerland to the highest degree of liveliness. What should surprise the traveller who goes along the shore of Lake Léman for the first time is the sight of a small but flourishing city every eight kilometres, where all habitants enjoy a high standard of living, well fed, dressed and lodged, and where all buildings contain stores and shops comparable to those in the most commercial city in France. All trade there is also free, and import trade is not given a suspicious eye. Therefore, consumers in Switzerland can obtain clothes, instruments and all others brought from outside, at a lower price than any other nation in the world.

Thursday 30 December 2010

Book 3, chapter 8, paragraph 25

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 414-415]

   Pour faciliter les transports, les Suisses ont ouvert dans tous les sens, des chemins au travers de leurs montagnes; on ne peut les traverser, sans admirer l’immensité du travail qui les a tracés, et leur parfaite conservation; mais ces industrieux montagnards ne pouvaient vaincre complètement la nature; plusieurs de leurs chemins ne sont point praticables pour des chars; cette difficulté a renchéri les frais de voiture. Les marchandises les plus précieuses sont celles qui peuvent le mieux supporter ces frais considérables, et c’est sans doute pour cette raison, qu’il a convenu aux Suisses, lorsqu’ils ont entrepris des manufactures, de s’attacher à celles d’un prix élevé, et qu’on pouvait transporter plus au loin: les montres et la joaillerie du Locle et de la Chaux-de-Fond, les indiennes et les toiles de coton d’Appenzell, de Saint-Gall, de Zurich, etc. vont chercher des consommateurs jusqu’aux extrémités de l’Europe.

[Translation]

   For the purpose of making transportation easier, the Swiss have constructed highways across mountains in all directions; it is impossible to pass on them without admiring the immensities of the labour for the construction, and their perfect maintenance. However, these industrious mountain tribes were not able to win a complete triumph over nature; some of their highways are unpractical for coaches. This difficulty has made the carriage more expensive. The most precious commodities can support this more expensive carriage the best, and this is undoubtedly why it was appropriate for the Swiss, when they undertook manufactures, to choose those which demanded a higher price and which could be carried further: watches and jewellery of Le Locle and La Chaux-de-Fonds, india print and cotton textiles of Appenzell, St. Gallen, Zurich, and others, goes out for consumers up to the remotest regions of Europe.

Wednesday 29 December 2010

Book 3, chapter 8, paragraph 24

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 413-414]

   Après que la plus productive de toutes les industries, l’agriculture, a été complètement saturée de capitaux, les Suisses ont destiné les leurs à commercer sur ses produits; un fonds très considérable est consacré à ce négoce; on en pourra juger en apprenant que le seul petit Canton de Schwitz, qui n’a pas quinze lieues quarrées de superficie, dont près de la moitié peut-être est occupée par des rochers stériles, ou des glaces éternelles, exporte chaque année par son port de Brunnen, trois mille vaches d’une si belle race, qu’elles ne se vendent pas moins de quinze louis, l’une dans l’autre; en sorte que son exportation en bétail seulement, qui passe presque tout en Italie, s’élève à 1.080000 fr. Il faut y ajouter celle en fromages, en bois et en merrains, qui est aussi très considérable. Les autres Cantons font aussi bien que celui-là un commerce immense sur les productions de la terre.

[Translation]

   After agriculture, the most productive of all industries, was entirely full of capitals, the Swiss allocated their capitals to trading the agricultural produce. A very large sum of fund is allotted to this trade. We can make this judgement from the knowledge that the small canton of Schwyz alone, which is fifteen square leagues large, and almost a half of which sterile rocky mountains and the eternal ices account for, exports three thousand cows of such good pedigree from its port of Brunnen, that one of them is sold, on average, for fifteen or more louis d’or. Consequently, its exportation of livestock alone amounts to 1,080,000 francs, beyond that of Italy as a whole. In addition, there is a huge amount of exportation of cheese, woods and antlers. The other cantons also do an immense trade in the produce of the earth.

Tuesday 28 December 2010

Book 3, chapter 8, paragraph 23

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 411-413]

   Il faut espérer que le moment n’est pas éloigné, où la France donnera aux autres nations, l’exemple d’affranchir tout ensemble leur commerce et le sien; où elle les appellera sans scrupule dans ses ports, et où elle ne demandera d’autre faveur aux nations voisines ou rivales, que celle de ne pas se refuser à leur propre avantage, en lui fermant les leurs. La Suisse est jusqu’à ce jour la seule nation un peu considérable, qui ait adopté constamment pour règle de conduite, cette politique philanthrope. Jamais il n’a existé de tarif des douanes dans les bureaux des divers États de la Suisse; jamais on n’a cherché à y protéger l’industrie nationale, par l’exclusion de l’industrie étrangère, et aux dépens dés consommateurs. Toutes les portes de l’État sont ouvertes, et si l’on y perçoit des droits, ce sont des péages pour la réparation des chemins, et non point des douanes. On n’y a jamais fondé aucune manufacture qui ne pût soutenir la plus libre concurrence, mais aussi toutes celles que la Suisse possède sont prospérantes, et ne contribuent pas moins à l’avantage du consommateur, qu’à celui du fabricant. Les capitaux de la Suisse ont suivi la direction naturelle que nous avons indiquée dans le premier livre. Ils ont avant toute chose alimenté l’agriculture, et l’ont portée au plus haut point de perfection peut-être, où elle soit arrivée dans aucun pays du monde. Il faut se rappeler quel rude climat habitent les Helvétiens, et combien d’obstacles ils rencontrent, dans la rigueur des frimas, et dans l’âpreté du sol. Ils n’ont point pu, comme dans les belles plaines de la Lombardie, ou les heureuses collines de la Toscane, faire succéder une récolte à une autre; mais ils ont toujours se connaître ce qui était le plus propre à leur terre, ils ne lui ont demandé, que cela, et ils l’ont obtenu avec un degré de perfection qu’aucun autre peuple n’a su atteindre. Plus de la moitié de la Suisse ne peut produire que de l’herbe, mais nulle part on n’a mieux entendu l’art de faire produire en abondance à la terre de la bonne herbe, de conserver aux foins toute leur saveur et toute leur vertu, d’élever de beau bétail, et de tirer un grand parti de son laitage. Quelques collines d’un sol stérile d’ailleurs, se sont trouvées propres à la vigne, on les en a couvertes, et il n’existe pas dans l’Univers de plus beau vignoble, dont la culture soit mieux entendue, dont le produit soit plus prodigieux, et rembourse plus régulièrement les frais exorbitants qu’on ne regrette point de faire pour son exploitation, que celui des bords du lac Léman, et surtout de la Vaux. Peu de terres sont propres au blé; on n’a point cherché à en faire produire à celles qui s’y refusent, mais toutes les fois qu’on leur en demande, on leur prodigue tant de soins, qu’on est assuré d’obtenir d’elles d’abondantes récoltes.

[Translation]

   We must hope that it will not be long before France provides other nations with the example of freeing both their and her trade altogether. Then, she will unhesitatingly attract other nations to her ports, and will demand no other favour from neighbouring and rival nations than not to refuse their own advantage by closing their ports to her. Switzerland is thus far the only nation, with a little large magnitude, who has adopted this philanthropic policy constantly as rule of conduct. There is no tariff of customs in the offices of various states of Switzerland; they do not seek to protect the national industry by excluding foreign industry or at the cost of consumers. All ports of the state are open, and, if taxes are collected there at all, they are not customs duties but tolls for maintenance of loads. No manufacture has been founded unless it can withstand the freest competition, but also those extant in Switzerland are all prosperous, and contribute no less to the advantage of consumers than to that of manufacturers. The capitals of Switzerland have followed the natural direction that we have indicated in the first book. In the first place, they have supplied agriculture, and have brought it to the highest degree of improvement, probably, that any country has ever seen in her agriculture. It is to be remembered that the Swiss live in so harsh climate, and that they face so many obstacles in the rough winter and harsh land. They were not allowed, as in the beautiful plains of Lombardy or the blessed hills of Tuscany, to gather one harvest after another. However, they were able to recognise what was the most adequate for their land; they demanded nothing but that from their land, and improved its cultivation to the highest degree where any other nation ever reached. More than a half of the Swiss territory can provide nothing but pasture, but nowhere can we see more extension of the art of making land fertile in good pasture, of conserving all their taste and virtue in the hay, and of raising good livestock and obtaining a large amount of milk. Moreover, several hillsides of sterile soil have turned out appropriate for grapes, and, in fact, they have been converted into vineyards. The world knows no better land of grapes, where cultivation is more extensive and where the produce is larger and repays more regularly the extraordinary transport costs generously expended upon their exportation, than that on the lakesides of Leman and, above all, in Vaud. Little land is appropriate for corn; people have not endeavoured to grow corn on inappropriate soils, but, whenever they demand corn from land, they exercise so extreme care as to obtain an abundant harvest from there.

Monday 27 December 2010

Book 3, chapter 8, paragraph 22

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 408-411]

   Les entrepreneurs de plusieurs manufactures se plaignirent amèrement, de ce qu’en ouvrant l’entrée de la France aux produits de l’Angleterre, on faisait tomber les profits qu’ils ne devaient qu’au monopole. Tous ceux des ateliers dont l’existence était artificielle, qui travaillaient chèrement, et dont le prix intrinsèque était plus élevé que le prix relatif libre, furent en effet ou fermés, ou du moins ralentis. Quoique ces ateliers ne fussent pas nombreux, et que leurs produits ne fussent que très peu de chose, comparés au produit total de l’industrie Française, leurs clameurs se firent entendre d’un bout de l’Empire à l’autre. Si l’on avait comparé l’industrie en souffrance, avec celle dont on avait augmenté la prospérité, on aurait trouvé que les fabricants qui réclamaient, ne produisaient pas dans l’année pour quinze millions de marchandises; tandis que la France produit, année commune, par le calcul le plus modéré, au moins pour trois cent millions de vin (6); et que cette production était bien autant favorisée, que la première était découragée. Au reste, nous avons examiné dans le Chapitre second de ce livre les réclamations de ces fabricants, et nous avons fait voir, que loin qu’il fallût s’étudier à leur conserver l’avantage que leur donnait notre tarif des douanes, cet avantage était une perte pour toute la nation, et qu’il fallait le détruire, non-seulement si par là on pouvait obtenir une faveur pour une industrie infiniment plus étendue; mais encore, lors même qu’on n’obtiendrait point de retour, et seulement en considération du mal qu’il occasionne à nos consommateurs, dont l’intérêt, ainsi que nous l’avons démontré, est le même que celui de la nation.

[Translation]

   Entrepreneurs of several manufactures complained bitterly that the permission of the English produce to enter into France reduced their profits that they owed to the monopoly alone. All the workshops whose existence was artificial, whose cost was high, and whose intrinsic price was higher than the free relative price, were, in fact, closed or, at least, sluggish. Although these workshops were not large in number, and their produce was only small, in comparison to the total produce of the French industry, yet their complaints extended from one end of the Empire to the other. If we had compared the declining industry with the increasingly prospering industry, we would have found that the complaining manufacturers did not produce fifteen million of commodities in the year, while France produces at least three hundred million of wine in the average year according to the most moderate calculation (6). Moreover, we would have found that the production of manufactures was as much favoured as the production of wine was discouraged. In addition, we have examined in the second chapter of this book the complaints of these manufacturers, and have shown that it is not necessary at all to endeavour to maintain for them the advantage accorded by mean of our tariff of customs, that this advantage is a loss for the entire nation, and that it is necessary to abolish it, not only if we could thereby promote by far more extensive industry, but also even if we would obtain no return, and if we would only consider the loss it makes consumers to incur. The consumers’ interest, as we have shown, is the same as that of the nation.

Sunday 26 December 2010

Book 3, chapter 8, paragraph 21

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 405-408]

   La France peut produire une quantité prodigieuse de vin au delà de sa consommation; elle en produit souvent au delà de ce que le commerce en peut placer, au point de faire baisser le prix relatif de cette denrée au-dessous de son prix intrinsèque, et c’est ce qui a fréquemment réduit à la misère les vignerons et les propriétaires de vignobles; mais si la vaste et riche contrée qui avoisine la France, et qui pourrait avec tant d’avantage profiter de ses vins, lui était ouverte, leur prix relatif se soutiendrait toujours, et la culture de la vigne, qui est celle de toutes où le produit brut est le plus considérable, proportionnellement à l’étendue du terrain, celle qui met en mouvement le plus de main d’œuvre, qui fait vivre la population la plus nombreuse, serait encouragée, parce qu’elle rendrait un profit net au moins égal à celui d’aucune autre culture; tous les coteaux qui ne sont aujourd’hui couverts que de broussailles, pourraient être convertis en vignobles, et peuplés d’habitations; une plus grande demande de blé pour nourrir tant de vignerons, encouragerait aussi la culture de cette denrée, et les landes ni les jachères ne feraient plus honte à notre système d’agriculture. La population de la France s’accroitrait, mais ce ne serait qu’en raison de l’accroissement de son revenu, et par conséquent d’une manière qui ne pourrait être à charge. Telles sont les espérances que l’on pourrait fonder sur l’affranchissement de notre commerce avec l’Angleterre, comme aussi sur l’augmentation de notre exportation de vins en Amérique, jusqu’à ce que ce vaste continent soit assez peuplé, pour que le prix excessif de la main d’œuvre, n’y empêche pas la culture de la vigne: tel était le bénéfice que nous pouvions recueillir du traité de commerce de 1786. Mais les Gouvernements ont toujours donné moins d’attention aux réclamations des paysans et des propriétaires de terre, qu’à celles des marchands; soit parce que les premiers n’étant point animés par un esprit de corps, se forment plus difficilement une idée de leurs propres intérêts, soit parce qu’ils mettent moins de chaleur à les poursuivre, et se distinguent par un plus grand désintéressement, dont ils donnent tous les jours des preuves, en sacrifiant leur propre avantage à ce qu’ils croient être celui du commerce.

[Translation]

   France can produce a remarkable quantity of wine, beyond her own consumption; she often produces more wine than commerce can deal with, so that the relative price of this drink is lower than its intrinsic price. This depression in price has frequently reduced grape growers and landlords of vineyards to misery. However, if the vast and rich country which is a neighbouring one of France, and which could profit as much advantage from her wine, were open to France, its relative price would always be maintained. The cultivation of grapes, which yields the largest gross produce of all in proportion to the extent of land, employs the largest amount of labour, and lets the largest number of population subsist, would be encouraged, for it would bear a net profit at least as much as any other cultivation. All the hillsides that are today covered only with bushes could be converted into vineyards, and crowded with people. A larger demand for corn to feed many grape farmers would also encourage the cultivation of this crop, and the wilderness or the weald would no longer bring shame on our agricultural system. The population of France would grow, but this growth would be only at the rate of that of her revenue, and, consequently, in a way which could not be troublesome. Such are the hopes that people could put on liberation of our trade with England, as well as on increase of our exportation of wine into America, until that vast continent is populous enough for the excessive price of labour not to obstruct the cultivation of grapes. Such was the benefit that we were able to grain from the treaty of commerce in 1786. However, the governments have always paid less attention to claims of peasants and landlords than those of merchants. This may be either because it is more difficult for the former to have an idea of their own interests for lack of inclination towards alliance, or because they are less eager to pursue the interests, and are distinguished by more indifference. Every day, they prove their indifference by sacrificing their own advantage for what they believe is that of commerce.

Saturday 25 December 2010

Book 3, chapter 8, paragraph 20

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 404-405]

   M.r Pitt en exposant les avantages comparés du traité de commerce, pour l’Angleterre et pour la France, s’était étudié à relever les premiers, à diminuer les derniers; il ne voyait d’un côté que huit millions de consommateurs, et de l’autre vingt-quatre millions. Dans le fait, la France obtenait un marché tout aussi avantageux que la Grande-Bretagne; outre que l’on ne voit pas trop pourquoi il ne faisait entrer dans son calcul que l’Angleterre seule, d’entre les trois Royaumes unis, le marché ouvert à la France était bien plus riche que celui qu’elle offrait. Les consommateurs riches ont des besoins beaucoup plus étendus que les consommateurs pauvres, et font des achats beaucoup plus considérables. De plus, tous les sujets de la Grande-Bretagne dans l’un et l’autre hémisphère, devenaient indirectement les consommateurs de la France; car tous les produits de notre industrie peuvent convenir à l’Inde ou aux Colonies Anglaises, auraient été achetés peur elles par les Anglais, dès l’instant qu’ils n’auraient plus été accablés de droits.

[Translation]

   When he presented the comparative advantages for both England and France, Mr Pitt devoted himself to overestimating those for the former and underestimating those for the latter. He saw only eight million consumers on the one side, and as many as twenty-four million on the other side. In fact, France obtained exactly as advantageous a market as does Great Britain. It is not clear at all why he took into account only England of the three united kingdoms, and, moreover, the market open to France was much richer that that offered by France. Rich consumers have much more extensive needs than poor consumers, and make much enormous purchases. Furthermore, all the subjects of Great Britain in both hemispheres became indirect consumers of France. This is because all the produce of our industry, which is of service to India or the English colonies, would soon have been bought for them by the English, if it had no longer been for too heavy taxes.

Friday 24 December 2010

Book 3, chapter 8, paragraph 19

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 402-404]

   Le traité de commerce signé le 26 Sept 1786 était en effet, quelques réclamations qu’il ait excitées, avantageux pour les deux nations; et il l’était pour les producteurs de chacune, comme le remarque M.r Pitt, (qui, ainsi que les autres politiques, compte ici pour rien l’intérêt des consommateurs) en raison de l’étendue du marché qu’il offrait à l’une chez l’autre; c’est-à-dire, en raison de la population et de la richesse de la nation avec laquelle elle contractait. Le principe général de ce traité, était d’admettre mutuellement l’importation et l’exportation des marchandises de l’un et de l’autre pays, moyennant une contribution modique, et proportionnée à leur valeur, qu’elles paieraient à leur entrée (5). Les Français avaient eu la condescendance de consentir à ce que les Anglais; pour maintenir le traité de Methuen, ne fissent payer aux vins de Portugal, que les deux tiers des droits d’entrée qu’ils leur faisaient payer à eux-mêmes; ce qui n’était pas juste, mais ne leur devenait défavorable, qu’autant que ces droite étaient fort élevés.

[Translation]

   The treaty of commerce signed on 26 September, 1786, whatever complaints it might provoke, was in fact advantageous to the two nations. And it was so to producers of each country, as Mr Pitt notes (who slights the interest of consumers here as well as in other policies), in proportion to the extent of the market offered by it to one nation in the other’s country; that is to say, in proportion to the population and the wealth of the nation with whom she contracted. The general principle of this treaty was for both the countries to allow each other to import and export commodities, on the condition of a tax slight and proportional to their value to be levied upon their entry (5). The French had been generous to consent that the English, in order to maintain the treaty of Methuen, subjected the Portuguese wine to only two thirds of the import tax levied upon the French wine. This was not just but was only unfavourable to them when these taxes were much raised.

Thursday 23 December 2010

Book 3, chapter 8, paragraph 18

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 399-401]

   Je ne puis me refuser à extraire à cette occasion, le discours par lequel M.r Pitt défendit en Parlement le 12 Février 1787, le traité de commerce qu’il venait de conclure avec la France: ce discours est également curieux par sa bonne logique, et par la comparaison qu’on en peut faire avec la conduite subséquente de ce Ministre, alors tout fraîchement entré dans l’administration. «Il n’est point vrai, disait-il, qu’une nation doive être l’ennemie naturelle et inaltérable d’une autre, cette inimitié n’est point confirmée par l’expérience des nations ou l’histoire des hommes; c’est calomnier la constitution des sociétés politiques, et supposer l’existence d’une malignité infernale dans le caractère humain. Les Français dans la plupart de nos guerres avec eux, ont été il est vrai, les agresseurs, mais leur franchise dans la négociation actuelle, mérite de notre part une égale confiance. Il serait ridicule d’espérer que les Français consentissent à nous céder des avantages, sans obtenir de compensation; aussi le traité conclu avec eux, leur sera-t-il sans doute avantageux, mais il le sera plus encore à nous-mêmes. La France obtient pour ses vins et pour ses autres productions, l’entrée d’un riche et vaste marché; nous obtenons pour nos manufactures le même avantage, mais dans un degré bien supérieur. La France acquiert huit millions de consommateurs, nous en acquérons vingt-quatre millions; il faut profiter du moment où les deux nations sont disposées à former des relations si avantageuses. La France doit aux bienfaits de la Providence, le meilleur sol, le plus beau climat, les plus riches productions; elle possède plus qu’aucune autre contrée, dans ses fertiles vignobles et ses abondantes moissons, tout ce qui peut rendre la vie heureuse. L’Angleterre d’autre part, moins favorisée par la nature, doit à son heureuse liberté, à sa constitution, à l’égalité de ses loir, et à la sûreté qu’elles procurent, de s’être élevée au plus haut degré de grandeur commerciale, et de s’être mise en état de fournir à la France, les commodités de la vie, en échange des précieuses productions de son sol (4).»

[Translation]

    I cannot help quoting on this occasion the speech that Mr Pitt gave in Parliament on 12 February, 1787, to justify the treaty of commerce just concluded by him with France. This speech is interesting both in its good logic and in its possible comparison to the subsequent conduct of this minister, who had just entered into the administration. He said: “It is not true that a nation must be a natural and consistent enemy of another, and this enmity is not confirmed by experiences of nations or human history. This is a slander against the constitution of political society, and is a supposition of the existence of infernal malignancy in the human nature. Admittedly, The French people have been invasive in most of our wars against them, but their honesty in the current negotiation deserves an equal confidence on our side. It would be ridiculous to hope that the French will consent to give up advantages to us without compensation. As a result, the treaty concluded with them will undoubtedly be advantageous to them, but, at the same time, more so to us. France has been allowed to bring her wine and other produce into a rich and extensive market; we have gained the advantage of the same kind but of much higher degree, for our manufactures. France acquires eight million consumers, and we acquire twenty-four million. Now that the two nations are inclined to form such advantageous relations, we must grab this chance. To the benevolence of Providence France owes the better soils, milder climate, and richer produce; she possesses all that can make it possible to live a happy life, enjoying more fertile vineyards and more abundant harvests than any other country. England, on the other hand, less favoured by nature, owes her highest commercial prosperity and her capacity to provide France with everyday conveniences in exchange for the precious produce of France, to her happy freedom, constitution, equality under laws, and security given by laws.” (4)

Wednesday 22 December 2010

Book 3, chapter 8, paragraph 17

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 396-399]

   Lorsque deux Peuples en contractant un traité de commerce, conviennent d’abolir les entraves, qui gênent leur communication, sans profit pour le fisc, ils font à tout prendre un bénéfice égal, encore que l’un des deux achète beaucoup plus de l’autre qu’il ne lui vend. Dans ce cas, le bénéfice du premier sera surtout à l’avantage du consommateur, et en diminution de dépenses, et le bénéfice du second sera principalement à l’avantage du producteur, et en augmentation de revenu (3): mais à ne considérer que l’extension donnée au marché du vendeur, tout traité de commerce dont la liberté est la base, est encore constamment avantageux aux producteurs des deux nations qui contractent parce qu’il n’arrive jamais qu’une nation achète d’une autre uniquement à crédit ou en numéraire, et sans lui vendre quelque chose en retour. Quant aux producteurs cependant, ceux-là y trouvent le plus grand avantage, qui appartiennent à la nation la plus petite et la plus pauvre des deux, parce que le marché qui leur est ouvert, est d’autant plus avantageux, qu’il est plus vaste et plus riche.

[Translation]

   When two nations contracting a treaty of commerce consent to abolish the restraints upon their communication without profit for the treasury, they end up having an equal benefit, though one of them purchases much more from the other than the one sells to the other. In this case, the benefit of the first nation will, above all, go to consumers in the form of diminution of expenses, and that of the second will principally go to producers in the form of increase of revenue (3). However, considering nothing but the extension given to the market for the seller, every commercial treaty based on freedom is also constantly advantageous to producers of both the nations in contract, because it is improbable that a nation buys from another, exclusively on credit or in specie, and without selling the latter anything in return. As for producers, however, the former find the larger advantage there, which belongs to the smaller and poorer nation of the two, because the market open to them is all the more advantageous in that it is more extensive and richer.

Tuesday 21 December 2010

Book 3, chapter 8, paragraph 16

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 394-396]

   Le projet d’affranchir le commerce, est celui que s’est proposé la troisième classe de négociateurs, dont nous avons encore à parler. Le commerce est un avantage pour chaque particulier ainsi que pour chaque Peuple, soit au moment où il achète, soit en celui où il vend: dans le premier cas, il lui procure ce dont il a besoin, à un plus bas prix relatif qu’il ne l’auroit eu sans le commerce, dans le second, il lui fait vendre ce qu’il a de trop, à un plus haut prix relatif qu’il ne l’aurait fait sans son secours; la première opération diminue ses dépenses, la seconde augmente ses revenus. Plus le commerce sera libre et étendu, et plus la France pourra acheter à bon marché des autres nations ce dont elle a besoin pour sa consommation, ou ce qu’elle peut appliquer à son usage, plus par conséquent les épargnes qu’elle pourra faire sur ses dépenses seront grandes. Plus d’autre part sera multiplié le nombre des chalands qui achèteront d’elle ce qu’elle produit de superflu à sa consommation, plus elle produira pour eux, en raison de l’augmentation de leur demande, et plus elle pourra en même temps hausser son prix relatif, en raison de l’augmentation du nombre des acheteurs, comparé à celui des producteurs; en sorte que son revenu sera augmenté, soit par une production plus considérable, soit par un plus grand profit sur cette production. C’est parce que le commerce fait l’avantage des deux parties contractantes, que la suppression de toutes les entraves qui gênaient la circulation d’une province à l’autre, contribue puissamment à la prospérité de toutes deux. Si l’on supprimait les obstacles qui gênent le passage des marchandises d’un Etat dans un autre, on rendrait au commerce de l’Europe, le même service qu’on a rendu au commerce intérieur de la France, en portant aux frontières tous les bureaux des fermes, qui arrêtaient la circulation intérieure des Provinces.

[Translation]

   We have yet to discuss the third of negotiations, who have intended to free trade. Trade is an advantage for each individual as well as each nation, whether he or she is a purchaser or a seller. In the first case, trade gives him what he needs at a lower relative price than he would have obtained it without trade; in the second case, it enables him to sell what he has beyond his own needs, at a higher relative price than he would have with no aid of it. The first operation diminishes his expense, and the second increases his revenue. The freer and more extensive trade will be, the cheaper France is likely to buy from other nations what she needs for consumption, or what she can apply to use, and, as a result, the more expense she will be allowed to save. On the other hand, the more customers will buy from her what she produces beyond her consumption, the more she will be able to produce for them, in proportion to the rise of their demand, and, at the same time, the higher she will be able to make her relative price, in proportion to the rise of the number of buyers, in relation to that of producers. As a result, her revenue will be increased, whether with more production or with more profit upon this production. Since trade gives advantage to both parties in contract, the abolition of all restraints upon circulation from one province to another greatly contributes to the prosperity of both the provinces. If the restraints upon passage of commodities from one state to another were lifted, this would be of as much service to international trade within Europe as it was to home trade within France to move all taxation bureaus, which halted home circulation among provinces, onto the borders.

Monday 20 December 2010

Book 3, chapter 8, paragraph 15

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 394]

   Le Gouvernement Français a annoncé aux négociants, qu’il n’était point encore disposé à conclure des traités de commerce; sans doute il a raison de différer, pour se donner le temps de connaître les vrais besoins de la France, et de distinguer les clabauderies de quelques fabricants, d’avec le vœu général du commerce et des consommateurs: mais si après cette étude préalable, il vient à en conclure, il faut espérer que ce ne sera point sur les bases étroites et mesquines dont nous venons de rendre compte, et que la faveur qu’il procurera au commerce, ce sera celle d’être libre, et rendu à ses propres forces.

[Translation]

   The French government announced to merchants that it was not yet ready to conclude treaties of commerce. No doubt, there is good reason to stall for a time to think of the true needs of France, and to distinguish calumnies of several manufacturers from the general wish of trade and consumers. However, if, after this preparatory examination, it has concluded treaties of commerce, we must hope that this conclusion will not be on the narrow-minded and short-sighted grounds for which we have accounted, and that it will give trade the preferential treatment of leaving it free and of letting it go at will.

Sunday 19 December 2010

Book 3, chapter 8, paragraph 14

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 391-393]

   Le Gouvernement Français sera peut-être appelé à négocier quelque traité de commerce avec l’Espagne; ce pays ainsi que le Portugal, distribue du numéraire à toute l’Europe, et lorsqu’il aura revu celui qui s’accumule pour lui en Amérique, il en aura une très grande quantité à exporter (1). Si le Ministère Français prête l’oreille aux fauteurs du système mercantile, il ne s’occupera peut-être que des moyens de favoriser l’entrée des piastres Espagnoles dans notre pays. Nous avons vu que la surabondance des espèces en Espagne, y avait fait baisser leur valeur relative, ce qui est la même chose que de renchérir tout ce qui peut s’échanger contr’elles; en sorte que la prohibition d’exporter le numéraire, lui avait occasionné une perte habituelle, sur la valeur avec laquelle elle paye la plus grande partie de ses achats, sur le numéraire, qui est la principale marchandise qu’elle destina à l’exportation. En engageant l’Espagne à abolir cette prohibition, on procurerait l’avantage de cette nation alliée, sans causer à la France ni lucre ni préjudice; mais si l’on s’efforçait ensuite de retenir à nos autres frontières le numéraire qui serait entré par celle-là, on faisait à la France le mal que la même prohibition a fait à l’Espagne; on faisait baisser le prix de l’argent, ce qui est la même chose que de faire hausser le prix de la main d’œuvre, et celui de toutes les marchandises qui s’échangent contre cet argent, et l’on partagerait avec l’Espagne, une perte qu’elle fait aujourd’hui toute seule (2).

[Translation]

   The French government will probably be called on to negotiate some treaty of commerce with Spain; this country, like Portugal, distributes specie to all over Europe, and when Spain has reconsidered the specie accumulated for her in America, she will have a large amount of specie to export (1). If the French minister lends an ear to adherents of the mercantile system, he will probably be devoted to ways to promote the inflow of Spanish piastres into our country. We have seen that the plethora of these coins in Spain made their relative value lower there, a fact which means a rise in price of all that can be exchanged for them. As a result, the prohibition from exporting specie has occasioned regular losses to her, on the most of her purchases for which she pays in specie, which is the principal commodity destined for exportation. The abolition of this prohibition on the side of Spain would lead to the advantage of this allied nation, without causing profit or obstacle to France. Then, however, if efforts were made not to allow the specie imported from Spain to France to go beyond our other borders, France would suffer from the loss that the same prohibition has given to Spain. The price of money would be lowered, a change which means a rise in price of labour, and of all commodities exchangeable for money, and the loss today incurred by Spain alone would be shared between Spain and France (2).

Saturday 18 December 2010

Book 3, chapter 8, paragraph 13

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 391]

   Le commerce des matières fines ne mérite donc pas plus qu’un autre les faveurs, du Gouvernement, car il ne procure pas plus d’avantages à la nation qu’un autre, et n’augmente pas plus ses revenus. Au contraire, comme ce n’est jamais qu’un commerce de transport, qui consiste à tirer les métaux d’un pays, pour les réexporter dans un autre, sans jamais les appliquer à l’usage propre du pays commerçant; il est dans la classe de ceux qui contribuent le moins à la prospérité d’un État, puisque les deux capitaux qu’il remplace alternativement, sont tous deux étrangers, et qu’il met en mouvement moins d’industrie nationale qu’aucun autre.

[Translation]

   The trade of fine materials, therefore, does not merit more of preferential treatment by the government than any other, because it does not procure more advantage for the nation than any other, and does not increase her revenue more. On the contrary, since it is nothing but shipping trade, which consists of bringing metals from a country in order to re-export them to another, without applying them to the use of the trading country, it is among those which contribute the least to the prosperity of a state, because the two capitals which it replaces alternately are both foreign, and because it sets a smaller amount of national industry in motion than any other.

Friday 17 December 2010

Book 3, chapter 8, paragraph 12

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 389-390]

   L’or que les Anglais exportent de Lisbonne, n’est point un profit qu’ils fassent sur le Portugal, c’est une marchandise qu’ils ont achetée, et aussi bien payée qu’aucune autre que le commerce puisse procurer en échange; ils n’ont certainement pas donné moins de leurs étoffes, ou de leur quincaillerie, pour avoir mille livres sterling en or, que pour en avoir la valeur dans le même lieu, en vins, en oranges, ou en autres marchandises du cru du Portugal; leur bénéfice sur la vente est précisément le même. Mais à leur retour en Angleterre, ils font un bénéfice sur la vente des vins qu’ils rapportent, il convient donc qu’ils en fassent aussi un, sur le numéraire, lorsqu’ils en forment leur cargaison, autrement ils perdraient à se charger de ce retour-là, plutôt que de tout autre. En effet, l’or obtenu en Portugal de la première main, y vaut moins qu’ailleurs, et il y a un bénéfice à faire sur son exportation, qui se proportionne exactement au bénéfice qu’on peut faire sur celle de toute autre marchandise du pays. On cesserait de faire un pareil commerce, si ce profit n’était pas égal à celui que procure toute autre cargaison; on ne faisait plus d’autre exportation que celle-là, si ce profit était plus considérable que les autres. Dès l’instant qu’on trouverait moyen d’empêcher la réexportation de l’or qui vient aux Anglais de Lisbonne, son importation cesserait aussitôt, parce qu’au lieu d’y avoir du profit à faire un pareil commerce, il n’y aurait plus que da la perte.

[Translation]

   The gold taken away by the English from Lisbon is not a profit that they gain from Portugal, but a commodity that they have bought and have paid for like any other commodity that an exchange can procure in return. Certainly, they have given no smaller amount of textile or ironmongery, in order to have 1,000 pounds sterling in gold, than in order to have the same value in the same place in wine, oranges, or other commodities indigenous to Portugal. In either case, there is the same profit accruing from the sale of textile or ironmongery. But back to England they gain a profit from the sale of the wine that they bring back, and it is necessary, therefore, that they should gain a profit from specie if they loaded vessels with it. Otherwise, they would incur a loss from their return with gold, rather than with any other. In fact, the gold directly obtained in Portugal is of less value there than anywhere else, and there is a profit accruing from its exportation which is in exact proportion to the profit accruing from that from any other commodity from the country. Such a trade would come to an end if this profit were not equal to that accruing to that from any other cargo. Nothing else would any longer be exported if this profit were more than that from any other. If the re-exportation of the gold coming to England from Lisbon were prohibited anyhow or other, its importation would cease before long, because, instead of some profit from such a trade, there would be no longer anything but loss.

Thursday 16 December 2010

Book 3, chapter 8, paragraph 11

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 387-389]

   Nous avons vu également que par une conséquence nécessaire de l’empressement de tout détenteur de numéraire à ne point le laisser chômer entre ses mains, il n’en restait jamais dans un pays au delà de la quantité requise pour faciliter la circulation de sa richesse, et de plus que cette quanttité ne changeant qu’imperceptiblement; lors même que la richesse totale change beaucoup, il devait ressortir chaque année de chaque pays, à très peu de chose près, autant de numéraire qu’il en entrait; en sorte que si on ne s’occupe que du numéraire dans la balance du commerce, elle doit toujours être égale, chaque pays en exportant, à très peu de chose près, autant qu’il en importe; d’où vient que si l’on en importe beaucoup d’un pays particulier, on en exportera beaucoup à tous les autres. Si par exemple l’Angleterre recevait, comme on l’a prétendu, 50,000 liv. sterl. chaque semaine en or par le paquebot de Lisbonne, elle devait exporter chaque semaine 50,000 liv. sterl. entre les Indes, l’Amérique, le Levant, l’Allemagne, l’Italie, et la France. En effet, comme on a donné le nom de balance favorable, au résultat d’un commerce qui produit un retour en numéraire, et de balance défavorable, à celui d’un commerce qui occasionne une exportation d’espèces; ceux qui se sont occupés de ce futile calcul ont constamment déclaré en Angleterre, que la balance de son commerce avec le Portugal était favorable, et celle du commerce avec toutes les autres nations défavorable. Remarquons en passant que ces calculs sont aussi inexacts qu’inutiles; les Anglais ont toujours cru que la balance était contr’eux dans leur commerce avec la France, et les Français n’ont pas vu de meilleur oeil leur commerce avec l’Angleterre. D’après les principes du système mercantile, il est cependant impossible que ces deux nations y perdissent toutes deux; d’après celui de la raison, on ne peut douter que toutes deux n’y gagnassent.

[Translation]

   We have also seen that, as a necessary result of the eagerness of every holder of specie not to leave it unemployed in his hands, there is no more specie in a country than needed to promote the circulation of her wealth, and, moreover, that this quantity of specie is subject to little perceptible change. Even when the total wealth goes through substantial change, there should be almost as much amount of outflow of specie every year from every country as of inflow into it. As a result, if we consider specie alone in the balance of trade, the balance should always be zero, with exports almost equal to imports in every country. It follows that, if a country imports much specie from a particular country, she will export much to all other countries. If England, for example, received 50,000 pounds sterling every week in gold by the packet from Lisbon, as has been claimed, then she must have exported 50,000 pounds sterling every week to the Indies, America, the Levant, Germany, Italy or France. In fact, as the name ‘favourable balance’ has been given to the result of an exchange which yields a return in specie, and ‘unfavourable balance’ to that which occasions exportation of specie, the adherents to this futile calculation in England have always declared that the balance of her trade with Portugal is favourable, and that the balance with all other nations is unfavourable. Let us note in passing that these calculations are as inexact as useless; the English have always believed that the balance is against them in their trade with France, and the French have seen their trade with England as no better. According to the principles of the mercantile system, however, it is impossible that both of these two nations lose there; according to the principle of reason, there is no doubt that both win there.

Wednesday 15 December 2010

Book 3, chapter 8, paragraph 10

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 386-387]

   De tous les avantages cependant que l’on peut rechercher dans le commerce, le plus futile, le plus vain, c’est celui de vendre à une nation qui paye en numéraire, et non par d’autres marchandises. Je crois avoir suffisamment démontré dans le premier livre de cet ouvrage, que l’or n’était point ce qui constituait la richesse réelle d’une nation, mais qu’il était seulement le signe de cette richesse, signe au moyen duquel elle était transportée d’une main à une autre, et mise en activité; que si l’on pouvait entasser sur un seul pays tout le numéraire de l’Univers, et l’empêcher d’en sortir, ce numéraire ne le rendrait pas plus riche; que si pour l’obtenir, on l’avait échangé contre la richesse réelle, ou les objets servants à la consommation des hommes, le pays serait fort appauvri par un pareil échange, puisque la valeur du numéraire ne se proportionne ni à son poids, ni à sa quantité, mais à la valeur de la richesse mobiliaire qu’il fait circuler; qu’une nation qui serait privée de la richesse réelle, et n’en aurait que le signe, si elle ne pouvait échanger ce signe chez les nations voisines, verrait cesser son industrie et ses moyens d’exister; qu’enfin le numéraire n’avait de valeur, qu’autant qu’on s’en défaisait, puisqu’on ne pouvait le garder sans perte, ni l’employer à son propre usage.

[Translation]

   Of all the advantages that trade can offer, however, the most futile and vain is to sell to a nation who pays in specie, and does not pay by means of any other commodity. I believe that I have sufficiently demonstrated in the first book of this work, that gold does not constitute the real wealth of a nation, but is only the sign of this wealth, a sign by means of which the wealth is transferred from hand to hand, and is set in motion; that, if one country were able to accumulate all specie in the Universe, and to keep it from going out, this specie would not render her any richer; that, if, in order to obtain specie, the country had exchanged the real wealth, or objects useful to human consumption, for specie, then she would be much impoverished with such an exchange, because the value of specie is not in proportion to its weight or quantity but to the movable wealth to which it give circulation; that, if a nation were deprived of the real wealth and had its sign alone, but could not exchange this sign with neighbouring nations, she would see her industry and means to disappear; finally, that specie is of no value until it is alienated, because it is impossible to keep it without loss, and to employ it in its own use.

Tuesday 14 December 2010

Book 3, chapter 8, paragraph 09

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 385-386]

   Ce traité que M.r Methuen conclut avec le Portugal en 1703, est cependant considéré par quelques personnes, comme le fruit de la plus admirable politique de la part de l’Angleterre, laquelle obtint à cette occasion, que la prohibition de ses draps seront supprimée, et qu’on les admettrait en Portugal sur le même pied que ceux de toute autre nation. Ceux qui en jugent ainsi, n’estiment dans le commerce, que l’avantage de traiter avec des nations qui payent en or ou en argent, et dont la balance est par conséquent à leurs yeux toujours favorable; tel est le Portugal, qui n’a pour principale marchandise que les métaux précieux qu’il tire du Brésil. A quelque prix qu’on pût s’assurer une aussi excellente pratique, on ne croyait pas devoir marchander avec elle.

[Translation]

   Some people, however, consider the treaty concluded by Mr Methuen with Portugal in 1703 as the fruit of the most admirable politics on the part of England, which on that occasion got Portugal to abandon the prohibition of her woollen textiles, and to admit them into Portugal on the same condition as those from any other nation. These admirers of this treaty take nothing about trade into consideration, except the advantage of trading with nations who pay in gold or silver, and with whom the balance is, therefore, always favourable in their eye. Portugal is a case in point, for she has no principal commodity but precious metals brought from Brazil. They did not mind paying any price to ensure such an excellent regular customer, nor did they believe that they should bargain with the customer over the price.

Monday 13 December 2010

Book 3, chapter 8, paragraph 08

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 384-385]

   L’avantage que le traité négocié par M.r Methuen a procuré aux Portugais sur les Anglais, est d’une autre nature. Ce ne sont pas les marchands Portugais qui sont favorisés, mais les marchandises de leur pays, en sorte qu’au lieu d’attirer leurs capitaux hors de Portugal, on les fixe en plus grand nombre chez eux, en y favorisant la culture de la vigne. L’animosité des Anglais contre les Français, leur a fait outrepasser la promesse qu’ils avaient faite au Portugal; car en réunissant tous les subsides sur le vin, celui de Portugal entré au port de Londres sur un vaisseau Anglais, y paye à peine la moitié de ce que paye le vin Français; et ces impôts sont si exorbitants, qu’ils ne laissent plus de choix au consommateur entre les vins des deux pays: l’impôt seul est si fort supérieur au prix d’achat, et aux frais de port de l’un et l’autre vin, que ces dernières circonstances sont celles qui influent le moins sur la vente. Les Anglais pour favoriser le Portugal ont donc pris l’engagement de payer à un plus haut prix, un vin qu’en général ils estiment moins, et de le transporter chez eux à plus grands frais, plutôt que d’admettre celui qu’ils ont à leur porte. Toute la perte que fait à cet égard l’Angleterre, ne tourne pas au profit du Portugal; le seul avantage réel que celui-ci recueille du traité, c’est que la demande de l’Angleterre faisant hausser le prix relatif de ses vins, au-dessus de l’intrinsèque, ses marchands obtiennent sur les Anglais le bénéfice du monopoleur, et trouvent, ou du moins peuvent trouver, un plus grand profit dans la culture de la vigne, que dans le déploiement d’une autre branche d’industrie.

[Translation]

   The advantage that the Portuguese have enjoyed over the English, due to the treaty negotiated by Mr Methuen, is of different nature. It is not the Portuguese merchants but the commodities from their country that are favoured, so that, instead of going out of Portugal, a larger amount of their capital remains at home, with cultivation of vineyards promoted. The animosity of the English against the French led them to do more than they had promised Portugal to do, because, due to the conjunction of all the subsidies upon wine, the Portugal wine, carried into the ports of London by an English vessel, is charged with, at most, half as much as the French wine. Moreover, this tax is so exorbitant that they leave no choice for consumers between the wines from the two countries any longer. The tax alone is so much higher than the purchase price or than the transport cost of both the wines, that the last two costs have the least effect upon the sale. In order to favour Portugal, therefore, the English took a commitment to pay a higher price for the wine that they generally estimate as lower, and to transport it to their country at a higher cost, rather than to admit that which they have at their port. All the loss that England incurs in this regard does not turn to the profit of Portugal. The only real advantage that Portugal gains from the treaty is that the demand of England raises the relative price of her wines beyond the intrinsic price, and, therefore, that her merchants obtain the monopoly profit on the English market, and find, or at least can find, more profit in cultivation of vineyards than in any other branch of industry.

Sunday 12 December 2010

Book 3, chapter 8, paragraph 07

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 383-384]

   Il n’est pas douteux que les marchands suisses ne gagnassent à une exemption qui augmentait leur profits, mais pour savoir si leur nation y trouvait elle-même son avantage, il faudrait connaître quelle était à cette époque l’état de ses capitaux, et s’assurer qu’elle en eût déjà alors de surabondants à sa circulation intérieure; autrement, en attirant vers un commerce étranger plus de fonds qu’il n’en aurait admis sans cette faveur, on pouvait faire un plus grand mal au gros de la nation, qu’on ne faisait de bien à quelques particuliers; car on pouvait faire languir les manufactures et l’agriculture du pays, où le capital suisse ne maintenait que des ouvriers suisses pour mettre en activité par une circulation plus lente, un plus petit nombre d’ouvriers moitié Suisses moitié Français.

[Translation]

   There is no doubt that the Swiss merchants gained by that exemption from taxes which increased their profits, but, to know whether or not their nation as a whole found an advantage there, it would be necessary to understand how her capitals were at that time, and to ascertain that then the nation already had sufficient capitals for her home circulation. Otherwise, drawing more capitals to foreign trade, than it would have admitted without this preferential treatment, may have led to more harm to the majority of the nation, than good to several individuals. This is because it may have led to a slump in manufactures and agriculture in the country, where the Swiss capital maintained only Swiss labourers, to set a smaller number of labourers in motion by slower circulation, half of whom were Swiss and the rest of whom were French.

Saturday 11 December 2010

Book 3, chapter 8, paragraph 06

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 382-383]

   Si la nation favorisée est absolument affranchie de l’impôt que payent les autres, comme l’étaient les Suisses par leur capitulation avec la France; le Fisc perd tout l’impôt qu’il aurait pu percevoir sur le commerce de cette nation; le prix des marchandises pour les Suisses, se trouvant alors moins élevé, que le prix des mêmes marchandises importées par des Allemands ou d’autres étrangers, les premiers pouvaient les céder au consommateur à meilleur compte: ce n’est pas cependant qu’ils les cédassent au prix intrinsèque, car leur nombre ni leurs capitaux n’étant pas proportionnés au nombre des consommateurs, ils ne pouvaient suffire seuls à les fournir. Ils forçaient donc les autres marchands à rabattre quelque chose de leur prix, tandis qu’ils élevaient le leur au même niveau; tout ce qu’eux-mêmes faisaient payer aux Français de plus que le prix intrinsèque, pour les marchandises qu’ils leur vendaient, était une perte pour ceux-ci, car c’était un profit de monopoleur, qui parvenait aux marchands suisses, au lieu de parvenir au fisc.

[Translation]

   If a most favoured nation is completely free from the tax levied upon the others, as was the case with the Swiss nation after her capitulation to France, then the treasury loses all the tax which it could have collected from the trade of this nation. Then, the price of commodities for the Swiss merchants becomes less high than that of the same commodities imported by the Germans or other foreigners, and, therefore, they were able to offer these commodities to consumers at a lower price. This is not to say, however, that they offered the commodities at the intrinsic price, because, with their number and capital out of proportion to the number of consumers, they alone were not able to supply a sufficient amount of the commodities. Therefore, other merchants were forced to give some discount to their price, while they increased their price to the same level. All by which they made the French pay more than the intrinsic price for the commodities they sold to the French was a loss for the French, because it was a monopoly profit that did not go to the Treasury but to the Swiss merchants.

Friday 10 December 2010

Book 3, chapter 8, paragraph 05

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 382]

   Une pareille stipulation, dérange l’équilibre du commerce, et établit une espèce de monopole; elle enlève aux uns ce dont elle fait un profit pour les autres, et elle cause à tout prendre, plus de perte que d’avantage.

[Translation]

   Such a stipulation disturbs the balance of trade, and establishes a kind of monopoly. That strips some merchants of those from which they make a profit, for the sake of others, and ends up causing more of loss than of advantage.

Thursday 9 December 2010

Book 3, chapter 8, paragraph 04

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 381-382]

   Pour procurer aux marchands nationaux le monopole d’un pays étranger, l’on n’ira pas jusqu’à demander que la nation avec laquelle l’on traite, exclue de ses marchés tout autre négociant; mais l’on a obtenu, et l’on peut obtenir encore, qu’elle exempte les premiers des droits que payent toutes les autres nations, ou qu’elle surcharge les autres nations de droits supérieurs à ceux que paye la plus favorisée. C’est ainsi que les marchands Suisses obtinrent dès l’année 1571, par le traité du corps Helvétique avec Charles IX, d’être exemptés de tous les droits de la douane du Roi, pour toutes, ou presque toutes les marchandises sur lesquelles ils négociaient; c’est de même, que les Portugais obtinrent par leur traité de 1703 avec l’Angleterre, lequel sera bientôt examiné sous un autre rapport, que les vins de France paieraient toujours à leur entrée en Angleterre, un tiers de plus que ceux de Portugal.

[Translation]

   In order to secure the monopoly in a foreign country for the home merchants, a negotiator will seldom go so far as to demand that the nation with whom he negotiates should exclude all others from her markets. However, he has got, and can still get, her to exempt his fellow countrymen from taxes levied upon all others, or to levy heavier taxes upon all others than the most preferential nation. Thus, the Swiss merchants was authorised, as early as 1571 by the treaty of the Swiss confederation with Charles IX, to be exempted from all customs duties levied by the King upon all, or almost all, commodities dealt in by them. Likewise, the Portuguese merchants were accorded a preferential treatment by their treaty of 1703 with England, a treaty which will be examined below from another viewpoint. This provided that the French wine should pay a higher tax, every time entering England, by a third than the Portuguese wine.

Wednesday 8 December 2010

Book 3, chapter 8, paragraph 03

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 380-381]

   Les négociateurs qui ont conclu des traités de commerce, ne se sont pas tous proposé le même but; les uns ont procuré à leurs marchands un monopole, dans le pays avec lequel ils traitaient; les autres sans considérer autant l’intérêt des marchands, ont voulu s’assurer la pratique des pays, avec lesquels la balance du commerce était supposée favorable; d’autres enfin plus raisonnables, ne se sont proposé que d’ouvrir aux productions de leur pays, un marché libre et étendu dans un pays voisin, de manière à multiplier les échanges, et à animer l’industrie. Examinons l’effet de ces trois sortes de traités.

[Translation]

   All negotiators who have concluded treaties of commerce have not taken the same aim. Some of these have secured a monopoly for their merchants in the country with which they negotiated; others have not so much considered interest of merchants but wanted to secure regular customers in the countries with which the balance of trade was supposed to be favourable; finally, still others, being more sensible, have only endeavoured to open a free and extensive market in a neighbouring country for the produce of their country, in order to promote trade and animate industry. Let us examine the effect of these three species of treaties.

Tuesday 7 December 2010

Book 3, chapter 8, paragraph 02

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 379-380]

   Ce n’est pas que la Législation commerciale d’une nation, ne puisse devenir préjudiciable à ses voisines; surtout lorsque celles-ci sont déjà arrivées au degré d’opulence, où il serait désirable pour elles de pouvoir se livrer au commerce extérieur. Comme le commerce libre est avantageux pour les deux personnes qui contractent, toutes les fois qu’on les empêche de contracter, on nuit à l’une et à l’autre: tous les règlements des nations Européennes qui sont désavantageux à leurs sujets, le sont aussi par contrecoup à ceux qui négocieraient avec eux. Ainsi, lorsque les Espagnols ont exclu les nations Européennes de leurs colonies d’Amérique, ils n’ont pas seulement fait du tort à leurs colons et à eux-mêmes, ils en ont fait aussi aux fabricants étrangers, qui auraient travaillé pour eux, avec plus d’activité, et pour de plus fortes sommes, qu’ils ne le font aujourd’hui. Ce profit qu’on leur enlève n’est pas compensé par le profit supérieur que font les interlopes, dans leur commerce de contrebande. Mais outre qu’on peut douter si ces inconvénients sont égaux à ceux qu’entraîne une guerre de commerce, ce n’est pas pour soutenir une demande aussi raisonnable que celle de la liberté du négoce, qu’on a livré des batailles, ou négocié des traités; c’est pour extorquer des autres Peuples, des avantages déraisonnables, et souvent onéreux pour celui qui les accorde, en même temps qu’inutiles pour celui qui les obtient.

[Translation]

   It is not impossible for the commercial legislation of a nation to be detrimental to her neighbouring nations; it may be possible, especially when they have already come so opulent that it would be safely desired for the nations to devote themselves to foreign trade. Since free trade is advantageous to the two persons in contract, whatever keeps them from making a contract is to be detrimental to both parties. All the regulations of European nations that are disadvantageous to their subjects are, as a roundabout result, as disadvantageous to those who would deal with them. When the Spaniards excluded other European nations from their colonies in America, therefore, they did not only do harm to the habitants of their colonies and to themselves, but also to foreign manufacturers, who would have worked for them with more briskness and for larger sum of money than they do today. This profit taken away from them is not compensated for by the higher profit accruing to smugglers, dealing with the contraband. However, not only can there be some doubts as to whether these inconveniences are comparable to those occasioned by a commercial war; nations have given battle or negotiated for treaties, not in order to meet a reasonable demand such as that for freedom of commerce, but in order to extort from other nations advantages which are unreasonable, and often costly to those who accord them, and, at the same time, useless to those who obtain them.

Monday 6 December 2010

Book 3, chapter 8, paragraph 01

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 378-379]

Depuis que pour le malheur du commerce et de l’industrie, aussi bien que pour celui du consommateur, chaque Gouvernement de l’Europe a pris la manie de vouloir favoriser les négociants; la principale étude des hommes d’État, cessant de se diriger vers les moyens d’augmenter la force de la nation, et le bonheur des citoyens, s’est limitée à trouver ceux d’acheter bon marché, et de vendre chèrement. L’on a vu entreprendre des guerres de commerce, pour obtenir par leur moyen des traités de commerce; l’on a vu prodiguer le sang et les trésors des nations, pour que quelques particuliers trouvassent plus de profit dans leurs spéculations; l’on a vu de graves personnages, des Ambassadeurs respectables, jouer un rôle que les bons négocions regardent comme fort au dessous d’eux; celui de courtiser leurs pratiques pour les engager à acheter de leur nation; et par une suite de ce même esprit de nôtre siècle, qui admire toujours ce qui est extraordinaire, on a trouvé je ne sais, quelle grandeur, à l’attention minutieuse que les Gouvernements donnaient à des vétilles.

[Translation]

Since every government in Europe came to have a mania for favouring merchants, a mania which is detrimental to trade and industry as well as to consumers, the principal study of statesmen has ceased to be directed to ways to increase the national power and happiness, and has been confined to quests for ways to buy cheap and sell dear. Commercial wars have been seen waged for the purpose of thereby winning commercial treaties; blood and treasury of nations have been seen wasted in order for several individuals to gain more profits from their speculation; grave personages and honourable ambassadors have been seen to play a rôle that decent merchants would not regard as their business: that of flattering their customers with a view to getting them to buy from their nation. As a consequence of the same mentality of our century, which always admires anything extraordinary, people have regarded governments paying close attention to trivia as grave.

Sunday 5 December 2010

Book 3, chapter 7, footnote 10

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 374-375]

(10) Une si grande disproportion entre la valeur des importations, et celle des exportations de l’Amérique Espagnole, peut être aisément expliquée. D’abord il faut remarquer que l’on comprend parmi les retours en Espagne, 50 millions pour montant des contributions, que le Roi retire de ses domaines d’outremer, et une somme peut-être égale, qui est due annuellement à un très grand nombre de propriétaires fonciers, de Seigneurs, et de petits Princes, tous domiciliés en Espagne, et dont les immenses possessions sont situées en Amérique. Ensuite, ainsi que nous l’avons vu, Liv. I. Ch. VII. tout commerce produisant un avantage aux deux pays qui négocient ensemble, et les frais de port unis à ceux de douane, étant compris avec les profits des négociants, dans le prix des marchandises importées en retour, toutes les fois que l’on évalue les objets échangés selon leur prix au lieu du chargement, l’on trouve que l’importation surpasse de beaucoup l’exportation. Le chargement fait à Cadix pour l’Amérique, vaut dans cette ville 76 millions; mais si l’on y ajoute le profit mercantile, augmenté par le monopole, les frais de port et les douanes Espagnoles, dont le tarif est très élevé, et monte même pour quelques objets à 70 pour cent de la valeur; on verra que ces marchandises vendues sur les ports d’Amérique, valent au moins l’une portant l’autre, 50 pour cent de plus, soit 114 millions, avec lesquels on achètera un retour pour l’Europe, qui lorsqu’il y sera rendu, vaudrait aussi 50 pour cent de plus, n’était qu’une grande partie de ce retour sera en numéraire, dont l’augmentation de valeur, quoique réelle, ne peut s’exprimer par des nombres, et doit se trouver toute entière sur la première opération, ou la cession à un prix plus élevé des marchandises avec lesquelles on l’achète.
   Au reste, les relevés de bureau, ainsi que les autres bases numériques de l’arithmétique politique, sont sujets à tant d’erreurs et d’inexactitudes, qu’il faut les considérer plutôt comme des hypothèses, que comme des faits.

[Translation]

(10) Such a large imbalance in value between imports and exports of Spanish America can be easily accounted for. In the first place, we should note that the returns to Spain include 50 million as the sum total of contributions that the King takes back from his overseas domains, and an almost equal sum that is going annually to a large number of landowners, Lords and Small Kings, who all live in Spain, and whose immense possessions are situated in America. Moreover, as we have seen in book 1, chapter 7, any trade is to the advantage of both the countries trading with each other, and the cost of transport including that of customs duties, along with the profit of merchants, comprises the price of commodities imported by return. Therefore, if we evaluate the exchanged goods according to the price in the place of loading, we inevitably find that the importation exceeds exportation by far. The loading in Cadiz for America is of 76 million in value in this city, but if we add to that value the mercantile profit swollen by the monopoly, the cost of transport, and Spanish customs duties, whose tariff is hiked up to be as high as 70 per cent for some goods, we shall see that those commodities sold on the ports of America, at least on average, are 50 per cent higher in value (that is, 114 million), with which we shall buy a return cargo for Europe, which, when back there, would also be 50 per cent higher in value if a large part of this return cargo were not in specie, whose rise in value, though real, cannot be expressed in number, and should be all found on the first operation, or on the alienation at a higher price of the commodities with which we buy it.
   In addition, the official statements, and other numerical foundations of political arithmetic, are subject to so much error and incorrectness that it is necessary to consider them as hypothetical rather than as factual.

Saturday 4 December 2010

Book 3, chapter 7, footnote 09

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 373]

(9) De Pradt, trois âges des Colonies. Vol. I. p. 219.

[Translation]

(9) De Pradt, Trios Âges des Colonies, volume 1, p. 219.

Friday 3 December 2010

Book 3, chapter 7, footnote 08

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 360]

(8) Dict. du comm. T. IV. p. 1016.

[Translation]

(8) Dictionnaire de commerce, volume 4, p. 1016.

Thursday 2 December 2010

Book 3, chapter 7, footnote 07

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 359-360]

(7)

La colonie de St. Domingue payait de contributionsL. 5,000,000.
Celle de la Martinique800,000
Celle de la. Guadeloupe800,000
Total.L. 6,600,000.
   Cayenne, Ste. Lucie, les Isles de France, et de Bourbon, ne payaient aucune contribution. (Neck. Adm. des Fin. T. I. Ch. XIII. ) Mais le renchérissement occasionné par le régime exclusif sur les marchandises importées pour la consommation des colonies, allait bien, au moins, à vingt cinq pour cent de leur valeur, dont une partie seulement tournait au profit du marchand, et le reste se perdait en frais de transport inutiles. Les planteurs éprouvaient d’autre part, à cause du même régime, une perte très considérable sur les marchandises coloniales qu’ils vendaient. On peut donc évaluer au tiers du capital sur lequel routait leur commerce extérieur, le dommage que le régime exclusif causait aux colonies, ou l’impôt mis en faveur du commerçant monopoleur; ce tiers allait annuellement à environ 50,000,000 Tournois pour les Isles Françaises.

[Translation]

(7)

The colony of Santo Domingo paid taxes…L. 5,000,000.
That of Martinique…800,000.
That of Guadeloupe…800,000.
Total.L. 6,600,000.
   Cayenne, Saint Lucia, the islands of France and of Bourbon paid no tax (Necker, Administration des finances, volume 1, chapter 13). But the rise in price, due to the exclusive regime of the commodities imported for consumption of the colonies, amounted at least to 25 per cent of their value, only a part of which turned to the profit of the merchant, and the rest of which was lost as cost of useless transportation. Planters suffered, on the other hand, thanks to the same regime, from a huge loss upon the colonial commodities which they sold. Therefore, we can estimate the damage caused by exclusive regime to the colonies, or the tax levied in favour of the monopoly merchant, at a third of the capital upon which their foreign trade was run. This third annually amounted to about 50,000 tournois livres for the French islands.

Wednesday 1 December 2010

Book 3, chapter 7, footnote 06

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 357-358]

(6) Immédiatement avant la révolution, il entrait annuellement au port du Cap Français 160 bâtiments, jaugeant depuis 150 jusqu’à 4 et 500 tonneaux; il en entrait autant entre les divers autres ports de St. Domingue: 200 touchaient chaque année à la Martinique, etc., en sorte que le commerce total des Isles Françaises occupait environ sept à huit cents vaisseaux. Dict, de la Géog. comm. de J. Peuchet.

[Translation]

(6) Shortly before the revolution, 160 vessels annually entered the port of Cap-Français [Cap-Haïtien], estimated from 150 to 400 or 500 tons. As many vessels entered other ports of Santo Domingo, 200 vessels arrived every year to Martinique and others, so that all the trade of the French islands engaged about 700 or 800 vessels. Dictionnaire universel de la géographie commerçante, by J. Peuchet.

Tuesday 30 November 2010

Book 3, chapter 7, footnote 05

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 356]

(5) Voyez les lettres patentes du 11 Juillet 1664.

[Translation]

(5) See the charters on 11 July, 1664.

Monday 29 November 2010

Book 3, chapter 7, footnote 04

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 354]

(4) Necker. Administration des Finances. Vol. I. Chap. 13. La population de l’Isle Tabago n’y est pas portée.

[Translation]

(4) Necker, Administration des Finances, volume 1, chapter 13. The population of the island of Tobago is not presented there.

Sunday 28 November 2010

Book 3, chapter 7, footnote 03

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 341-342]

(3) Les Carthaginois dont l’esprit était tout-à-fait mercantile, paraissent avoir eu l’intention de s’attribuer le monopole du marché de leurs colonies, et des pays barbares soumis à leur puissance. Polybe nous a conservé tous leurs traités avec les Romains, depuis l’origine de ces deux Républiques, et l’on y voit que la cité marchande prenait un soin tout particulier d’exclure les négociants Romains de la Sardaigne et de la Lybie, tandis qu’elle les admettait dans son propre port, à Carthage, comme aussi dans ses possessions de Sicile. Par le premier traité conclu l’an de Rome 245, avant J. C. 509, sous le Consulat du premier Brutus; les Carthaginois n’interdisaient aux Romains que l’approche de la petite Syrte, et des environs de Bysacium; (lieux situés au delà du beau Promontoire) ce traité porte: [Greek] Polybius, Libro tertio, Capite vigesimo-secundo. Mais par un autre traité postérieur quoique conclu long-temps avant a première guerre entre ces deux Peuples, le monopole des Carthaginois est étendu plus loin. Il porte: [Greek] Polyb. ib. Cap. XXIV. Ces premiers symptômes de l’influence de l’esprit mercantile sur la diplomatie, m’ont paru mériter d’être mis sous les yeux du lecteur.

[Translation]

(3) The Carthaginians, whose mind was entirely mercantile, seem to have had the intention to capture the monopoly of the market of their colonies and barbarous countries subjected to their power. Polybius filed all their treaties with the Romans, concluded since the origin of these two Republics, and we can find there that the commercial city-state took particular care to exclude the Roman merchants from Sardinia and Libya, while she admitted them into her own ports at Cartago, as well as in her possessions in Sicily. By the first treaty concluded in the Roman year 245 (b. c. 509), under the consulate of the First Brutus, the Carthaginians kept the Romans from the Syrtis Minor and the neighbourhood of Byzantium (areas situated beyond the Beautiful Promontory). This treaty reads: [Greek passages]. Polybius, book 3, chapter 22. However, by another treaty concluded later but long before the first war between these two peoples, the monopoly of the Carthaginians was extended further. It reads: [Greek passages]. Polybius, ibid., chapter 24. These earliest symptoms of the influence of the mercantile mind upon diplomacy appeared to me worth catching the eyes of the reader.

Saturday 27 November 2010

Book 3, chapter 7, footnote 02

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 339]

(2) Ceci ne peut s’appliquer aux Colonies des Antilles, où le travail étant fait par des esclaves, il ne reste point d’énergie dans les hommes libres: aussi leur prospérité n’a-t-elle jamais été complète; on n’y a vu ni accroissement de population, ni déploiement d’industrie; leur richesse ne tient qu’à l’emploi d’un capital Européen sur les campagnes désertes du pays du monde le plus fertile: c’est toujours cependant comme l’on voit, l’union des avantages d’une vieille et d’une nouvelle nation.

[Translation]

(2) This cannot apply to the colonies of the Antilles, where slaves perform labour, and free men have no energy. Therefore, their prosperity has not been realised. No growth of population or display of industry has been seen. Their wealth relies exclusively upon employment of a European capital on the wilderness in the most fertile county in the world. However, this is always the union of the advantages of an old nation and a young nation, as is seen.

Friday 26 November 2010

Book 3, chapter 7, footnote 01

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 334]

(1) Le commerce avec les Isles du Golfe du Mexique a toujours présente, soit à la France soit à l’Angleterre, une balance très défavorable; celui avec les colonies Continentales, a toujours présenté au contraire une balance très favorable, conformément aux notions des mercantiles; c’est-à-dire, une grande supériorité de valeur dans les envois sur les retours. Voyez la note 1. Liv. 1. Ch. VII.

[Translation]

(1) France and England respectively have always recorded an unfavourable balance of trade with the islands of the Gulf of Mexico. They have, on the contrary, recorded a favourable balance of trade with the continental colonies, a fact which is in consistence with mercantile notions. That means a large surplus in value of outward cargos over return cargos. See note 1, book 1, chapter 7.

Thursday 25 November 2010

Book 3, chapter 7, paragraph 44

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 376-377]

   La nation qui pourrait le plus gagner à affranchir le commerce de ses colonies, c’est l’Espagnole. Si elle substituait des droits d’entrée modérés, à la prohibition qu’elle s’efforce de maintenir, elle retirerait de ses États du Nouveau Monde un revenu si considérable, qu’il suffirait seul pour rendre toute sa vigueur à ce Gouvernement dès long-temps épuisé. Mais l’Espagne a prodigieusement de chemin à faire, avant d’avoir réglé son économie politique sur les principes de la raison.

[Translation]

   No other nation could gain more by opening her trade with her colonies to other nations than the Spaniards. If they placed moderate import taxes instead of the prohibition they are trying to maintain, they would expect enormous revenue from their states in the New World. This revenue alone would be sufficient to restore that government so long exhausted to its former vigour. However, Spain has a surprisingly long way to go before she comes to govern her political economy according to the principles of reason.

Wednesday 24 November 2010

Book 3, chapter 7, paragraph 43

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 375-376]

   Comme les mêmes causes d’inexactitude et d’erreur, doivent avoir influé sur l’un et l’autre calcul; comme tout au moins celui du produit des douanes, doit être fondé sur des faits positifs; cette comparaison, sans nous donner la mesure du commerce de l’Espagne, nous donne une approximation de l’influence qu’a eu sur sa prospérité la liberté qu’on lui a accordée, quelque circonscrite qu’elle soit. L’accroissement que lui donnerait une entière liberté de commerce, serait encore bien plus considérable, non-seulement en raison du peu d’activité de la marine Espagnole, et du peu de capitaux dont dispose cette nation, mais plus encore, en raison du caractère de lenteur et de nonchalance, que le Gouvernement et la religion lui ont imprimé, dans les colonies comme dans la métropole, et qui ne peut être détruit que par son mélange avec d’autres nations, ou par l’activité des commerçants aventuriers, qui parcourraient ces vastes contrées, pour découvrir les trésors qu’elles recèlent, et appeler leurs habitons, par l’offre de jouissances et de richesses, à les exploiter pour le exploiter pour le service de l’Univers. Le génie des Anglais et des Hollandais, porté au Pérou et au Mexique, ferait plus pour ces deux contrées, que les capitaux mercantiles de ces deux Peuples opulents.

[Translation]

   Since the same causes of incorrectness and error must have influence both of the calculations, since at least the calculation of the produce of customs duties must be grounded upon positive facts, this comparison does not give us the measure of the Spanish trade but an approximation of the effect that the freedom accorded to her trade has exerted upon her prosperity, however limited the freedom mamy be. The boost of her trade due to completely free trade would be all the more, not only for lack of activity in the Spanish navy, and of capital at her disposal, but also for the character of slowness and nonchalance which her government and her religion have implanted in the colonies as well as the home country, and which can be extinguished only by her contacts with other nations, or by the activity of adventurous merchants, who would struggle through these vast countries to discover treasures hold there, and to call on their habitants, by offering enjoyments and riches, to exploit them at the service of the Universe. The genius of the English and Dutch nations, brought to Peru and Mexico, would do more for these two countries than mercantile capitals of these two opulent peoples.

Tuesday 23 November 2010

Book 3, chapter 7, paragraph 42

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 373-374]

   Ce n’est pas que le changement introduit, en 1778 dans le régime des colonies Espagnoles, ne leur ait été extrêmement favorable, et n’ait fort accru leur prospérité, dans le court espace de temps qui s’est écoulé depuis lors jusqu’à la guerre maritime. Autant que l’on peut prêter de foi à ces registres fastueux des importations et exportations, et à ces relevés de bureaux, que l’on donne comme des faits irrécusables, la différence entre l’année 1773, et l’année 1788, est comme suit (9).

Exportation de l’Espagne en Amérique en 1778. Argt. de France. L. 19,000,000.
Idem. en 178876,000,000
Retours de l’Amérique en Espagne en 177818,000,000
Idem. en 1788 (10)201,000,000
Droits à l’entrée et à la sortie en 17782,000,000
Idem. en 178815,000,000

[Translation]

   The change introduced in 1778 in the regime of the Spanish colonies was not extremely favourable to them, nor did it promote their prosperity in the short space of time which passed since then until the maritime war. As far as we can have trust in those seemingly swollen records of imports and exports, and in those official statements, as indisputable facts, the difference between the year 1778 and 1788 is as follows (9).

Exports from Spain to America in 1778 (in terms of French currency)L. 19,000,000
Idem. in 178876,000,000
Returns from America to Spain in 177818,000,000
Idem. in 1788 (10)201,000,000
Import and export taxes in 17782,000,000
Idem. in 178815,000,000

Monday 22 November 2010

Book 3, chapter 7, paragraph 41

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 372-373]

   Il résulte de cette disproportion entre les besoins du commerce, et son état actuel, que toutes les marchandises de l’Amérique destinées pour l’Europe; l’or, l’argent, les perles, le cacao; l’indigo, la cochenille, etc. sont infiniment au-dessous de leur prix dans les établissements Espagnols; que toutes celles de l’Europe, dont les consommateurs Américains ont besoin, se vendent beaucoup plus qu’elles ne valent; et que des vaisseaux interlopes, qui font le commerce de contrebande entre les nations de l’Europe et les colons Espagnols, font un bénéfice de cent et deux-cents pour cent. Il est vrai que leur métier est rendu dangereux par la vigilance des Gardes-côtes, ou dispendieux par la nécessité de les corrompre, ainsi que les Gouverneurs des Porte de mer; mais en toute occasion, c’est toujours le consommateur qui paye l’assurance de la contrebande; aussi la nation qui s’attribue un monopole, accorde-t-elle par cette imprudence, des bénéfices encore plus considérables aux marchands des nations rivales, qu’elle n’en réserve aux siens propres.

[Translation]

   As a result from this disproportion between the needs of trade and its current state, all American commodities for Europe, such as gold, silver, pearl, cocoa, indigo, cochineals, and others, are infinitely below their price in the Spanish settlements; all those the European commodities demanded by American consumers are for sale at a still higher price than it is worth; and the interloping vessels which did an illegal trade between European nations and Spanish colonies gain 100 or 200 per cent of profits. It is true that their trade is rendered risky due to the vigilance of coastguard ships, and expensive due to the necessity to bribe them as well as that the governors of seaports. But on each occasion it is always the consumer that pays the guarantee of smuggling. Thus, the nation who establishes a monopoly gives up still more profits to merchants of rival nations by this imprudence, than she reserves for her own merchants.

Sunday 21 November 2010

Book 3, chapter 7, paragraph 40

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 371-372]

   Ce n’est qu’en 1778 que la liberté du commerce fut accordée aux colonies continentales de l’Espagne. Porto-Rico commença à en jouir dès 1765, et les autres possessions Espagnoles à différentes époques, toutes postérieures à celle-là. Cette liberté n’est autre chose que la suppression des entraves, mises dès le temps de Philippe second, sur le commerce entre la métropole et ses colonies; la communication de ces dernières avec tous les autres États, n’en est pas moins sévèrement interdite; le pourvoyeur du marché le plus riche et le plus vaste de l’Univers, n’en est pas moins le peuple le plus dépourvu de capitaux, de manufactures, et d’activité de l’Europe; en sorte qu’il est de toute impossibilité que son commerce soit aucunement proportionné, à l’étendue des États qu’il devrait vivifier.

[Translation]

   Only in 1778 was free trade accorded to the continental colonies of Spain. Puerto Rico started to enjoy it as early as 1765, and other possessions did at different times after that. This freedom is nothing but the abolition of the restraints placed in the time of Philippe II upon trade between the home country and her colonies. The communication of these colonies with all other states is nonetheless severely prohibited. The provider of the richest and vastest market in the Universe is nonetheless the people who are the shortest in capital, manufactures, and activity in Europe. As a consequence, it is not possible at all that her trade will be in proportion to the extent of the states that it would be obliged to animate.

Saturday 20 November 2010

Book 3, chapter 7, paragraph 39

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 369-371]

   L’abandon du système exclusif procurerait aux colonies Françaises un autre avantage; elles sont parfaitement à portée de faire le commerce interlope des colonies Espagnoles, l’un des plus riches et des plus lucratifs de l’Univers. Des régions immenses, d’une fertilité admirable, et qui, quoique moins prospérantes que les autres colonies du Nouveau Monde, sont cependant peuplées de riches habitants, appartiennent en Amérique à la couronne d’Espagne; celle-ci maintient son monopole avec plus de sévérité qu’aucun autre Gouvernement de l’Europe, et cependant le capital ni l’industrie de l’Espagne, ne sont nullement proportionnés au commerce qu’elle veut s’arroger exclusivement. Tous les échanges de cet Empire immense avec l’Orient et les Philippines, se sont faits pendant long-temps, par deux galions seulement, qui partaient chaque année d’Acapulco pour Manille; presque tous ceux du Mexique avec le Pérou, se faisaient par un seul galion, qui partait d’Acapulco pour Lima; enfin le commerce entre l’Europe et l’Amérique Espagnole, se faisait par huit galions, et douze ou seize vaisseaux marchands, ou de registre, qui partaient de Cadix pour le Pérou, et quatre galions, avec douze ou quinze vaisseaux marchands, qui partaient chaque année de Cadix pour le Mexique. Si le commerce était libre, deux mille vaisseaux suffiraient à peine pour faire tous les échanges de ces vastes et riches régions. Nous avons vu qu’on pouvait trouver des sophismes pour justifier tous les autres monopoles, et que les Gouvernements pouvaient être induits en erreur par des raisonnements captieux, sur un sujet qu’ils n’entendent pas, et qui de sa nature est abstrait; mais la politique de l’Espagne, qui pendant trois siècles s’est obstinée à écraser le commerce, et à ruiner ses sujets dans les deux mondes, sans profit ni pour le fisc, ni pour aucune classe de particuliers, est une chose absolument inexplicable.

[Translation]

   The abandonment of the exclusive system would procure another advantage for the French colonies. They are completely capable of doing an interlope trade with the Spanish, one of the richest and most lucrative trades in the Universe. Immense regions which are of admirable fertility, and which, though less prosperous than any other colony in the New World, are crowded with rich habitants, and belong in America to the Spanish crown. Spain maintains her monopoly with more severity than any other government in Europe, and yet the capital or industry of Spain is not in proportion to the trade that she wants to enjoy exclusively. All trades of this immense Empire with the Orient and the Philippines were carried out for a long time by two galleons alone, which every year left Acapulco for Manila. Almost all the trades of Mexico with Peru were carried out by only one galleon, which left Acapulco for Lima. Finally, trade between Europe and Spanish America was carried out by eight galleons, and by twelve or sixteen merchant or register vessels, which left Cadiz for Peru, and four galleons, with twelve or fifteen merchant vessels, which every year left Cadiz for Mexico. With free trade, two thousand vessels were barely sufficient to do all trades with these vast and rich regions. We have seen that we can find sophisms to justify all other monopolies, and that the governments can be led into error by fallacious reasoning on a subject that they do not understand, and that is abstract by nature. But the policy of Spain, which for three centuries has persisted in crushing trade, and in ruining her subjects in the two worlds, without benefiting the treasury or any class of individuals, is completely impossible to explain.

Friday 19 November 2010

Book 3, chapter 7, paragraph 38

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 367-369]

   L’on a découragé de même autant qu’on l’a pu l’établissement des manufactures dans les colonies, on aurait même été charmé d’empêcher qu’elles produisissent du blé ou du vin, afin de les tenir dans une dépendance absolue de la métropole, et d’augmenter le nombre des objets que ces deux pays pourraient échanger ensemble; comme si un pays n’offrait pas d’autant plus d’occasions d’échanges, qu’il est plus riche et plus peuplé, et comme si la colonie de Saint-Domingue par exemple, devait faire un moindre commerce avec la France, lorsqu’elle sera arrivée au point de prospérité auquel l’appellent l’étendue et la fertilité de ses terres, qu’elle ne fait aujourd’hui. Au reste, lors même que cela devrait arriver, puisque Saint Domingue fait partie de la République Française, il est à désirer que ses habitants se multiplient et s’enrichissent, et pour cela, qu’ils ne tirent pas de loin ce qu’ils peuvent obtenir à meilleur marché près d’eux, comme aussi qu’ils ne cherchent point à faire chez eux, ce qu’ils peuvent obtenir à meilleur marché du dehors. Le même système d’économie politique doit s’étendre sur les colonies comme sur la métropole; liberté entière du commerce, pour que le vendeur se contente du prix relatif libre, l’acheteur du prix intrinsèque et que tous les deux y trouvent leur avantage; le premier faisant entrer dans le prix, un profit qui fait partie du revenu national, et le second épargnant sur ce prix, une dépense qui fait partie de la dépense nationale, Mais c’est en partant de ces principes mêmes que l’on sent la nécessité de modifier selon les circonstances les lois financières. Les colonies peuvent supporter des impôts plus considérables peut-être que la métropole, mais ceux qu’on assied sur leur consommation, ne peuvent être les mêmes, que ceux qu’on assied sur la nôtre, vu que les objets qui chez nous sont susceptibles de douane, ne sont souvent chez elles susceptibles que d’excise, et vice versa; ce que leur climat produit étant justement ce qui manque au nôtre. Il conviendrait donc que l’Assemblée de chaque colonie, indiquât les objets les plus susceptibles d’être taxés à leur importation, et qu’à ce prix elle achetât une liberté absolue pour le commerce.

[Translation]

   Likewise, we have tried our utmost to discourage the establishment of manufactures in the colonies, and have been pleased even to keep them from producing corn or wine, in order to subject them to complete dependence upon the home country, and to increase the number of objects exchanged by these two countries with each other. It looks as if a country offered none the more occasions for trade as it is richer and more populous, and as if the colony of Santo Domingo, for example, were supposed to do a less trade with France when the colony has arrived at the degree of prosperity allowed by the extent and fertility of its land, than it does today. In addition, even when it would be supposed to arrive there, since Santo Domingo comprises a part of the French Republic, it is desirable that its people should be larger in number and wealth, and, therefore, that they should not bring from a distance what they can obtain at a lower price in their neighbourhood, just as they do not take the trouble to manufacture what they can obtain at a lower price abroad. The same system of political economy should apply to both the colonies and the home country; completely free trade, for sellers to be contented with the free relative price, for buyers to be contented with the intrinsic price, and for both of them to find their respective advantages there. The former include their profits, a part of the national revenue, in the price, and the latter save their expenses, a part of the national expenditure, in their price. By starting with these same principles, however, we feel it necessary to modify financial laws according to circumstances. The colonies can probably pay higher taxes than the home country, but those levied on their consumption cannot be the same as those levied on ours, considering that the goods which are subject to customs duties in our country, are often not subject to excise in their country, and vice versa; that what their climate produces is just what our climate cannot produce. Therefore, it would be adequate that the assembly of each colony should specify what goods are taxable on their importation, and that the colony should pay the price for complete freedom of trade.