Sunday 22 August 2010

Book 3, chapter 5, paragraph 02

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 276-278]

   Une ligue entre des acheteurs ou des vendeurs, dont le nombre ou les besoins sont invariables et absolus, n’augmenterait pas pour long-temps leurs forces, mais une ligue entre des gens qui disposent de leur propre nombre, et qui peuvent régler leurs besoins, les augmente considérablement. Si des marchands prennent la résolution de ne pas vendre ou de ne pas acheter au delà d’un certain prix, ils peuvent la tenir sans perte pour chaque branche de commerce en particulier, mais des propriétaires de terre ne peuvent tenir celle de ne pas affermer leurs terres, sans perdre leur revenu, ni des ouvriers celle de ne pas travailler, sans perdre leur subsistance, ni enfin des consommateurs celle de ne pas acheter, sans se priver de ce qui leur est le plus nécessaire. Une ligue entre des marchands pour faire hausser les prix, peut donc se tramer lentement, et se continuer pendant des années, tandis qu’une ligue d’ouvriers pour faire hausser les salaires, ou une ligue de consommateurs pour faire baisser les prix peut être qu’une effervescence momentanée, que les besoins de chaque individu doivent calmer. Il est vrai que pour cette raison même, les ligueurs se trouvant dans un état violent, et qu’ils sentent ne pouvoir durer, donnent à leur coalition tous les caractères du tumulte et de la sédition; tandis que les marchands peuvent masquer la leur de tous les dehors de la tranquillité et de l’ordre; mais puisque les unes et les autres de ces combinaisons, tendent également à altérer l’équilibre naturel entre les acheteurs et les vendeurs, à dénaturer les prix, et à augmenter les dépenses, ou deminuer les revenus nationaux, un Gouvernement juste doit les réprimer également, et se tenir plus en garde peut-être, contre celles qui s’enveloppent d’un voile, et n’excitent point de trouble dans l’État, comme étant ordinairement les plus puissantes et les plus dangereuses, que contre celles que le désordre qui les accompagne démasque au premier coup d’œil.

[Translation]

   A league among purchasers or sellers whose number or needs are invariable and absolute would not increase their powers in the long run. However, a league among men who can change their number at their will and can control their needs increases their powers to a considerable degree. If merchants decide not to sell or not to buy at any higher than a certain price, they can stick to the decision without loss for any branch of commerce in particular, but landlords cannot stick to the decision not to rent their estates without losing their revenue, nor can labourers that not to work without losing their subsistence, nor can consumers that not to buy without being depriving of what is the most necessary for them. A league among merchants for higher prices can, therefore, be slowly hatched, and be maintained for some years, while a league among labourers for higher wages, or among consumers for lower prices, can be only a temporary enthusiasm, which must soon clam down due to the needs of each individual. It is true that, for the very reason, members of the league, finding themselves in a situation which is violent and which they feel cannot last for so long, attach all characters of turmoil and sedition to their coalition, while merchants can make theirs look tranquil and orderly. However, since both these combinations tend equally to change the natural balance between purchasers and sellers, to divert prices from their natural level, and to increase expenses or decrease national revenues, the just government should suppress both these combinations equally, and should be on its guard, probably, more against those which are veiled and do not make trouble for the state, as being ordinarily the most powerful and dangerous, than against those which are debunked at first sight from the disorder accompanying them.