Sunday 12 April 2009

Book 1, chapter 5, paragraphs 23-24

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 142-44]

   Quand on considère le monde entier, on ne peut douter qu’il ne s’enfouisse chaque année pour une somme très considérable d’espèces, par des propriétaires qui laissent périr leur secret avec eux. Cette manie n’est pas connue dans les pays libres; personne n’en étoit [était] atteint, ni en Suisse, ni en Angleterre; Adam Smith observe quant au dernier pays que tous les trésors qu’on y trouve suffiroient [suffiraient] à peine pour donner un revenu à un particulier, tandis que c’étoit [était] il y a quelques siècles une branche importante du revenu national. En France des impôts oppressifs, comme la taille personnelle, avoient [avaient] inspiré la crainte de paroitre [paraitre] riche, et tout l’argent que pouvoient [pouvaient] accumuler les fermiers et les petits propriétaires, étoit [était] enfoui. Mr. Necker remarque (Adm. des Fin. T. III. Ch. xxi.) que l’extrême rareté des espèces d’or en France ne pouvoit [pouvait] être expliquée que par cette manie de thésauriser, puisque d’après les calculs de fabrication, il en devoit [devait] exister pour plus de huit cents millions dans le Royaume, c’est-à-dire, deux fois plus que dans la Grande-Bretagne, où l’on ne voit presque que des espèces d’or.
   Cette habitude de thésauriser a été en augmentant pendant l’anarchie révolutionnaire; il paroit [parait] qu’elle diminue aujourd’hui, à en juger par la quantité d’espèces hors de cours que l’on présente actuellement sur le marché des matières fines. Les longues et fréquentes guerres de l’Allemagne y ont fait de tout tem[p]s dominer le même esprit; il est universel en Italie comme on en peut juger d’après l’extrême crédulité avec laquelle le public adopte tous les récits de trésors découverts. D’ailleurs, comme dans ce pays là, et dans plusieurs autres États catholiques, un grand nombre de gens riches se font scrupule de prêter à intérêt, ils trouvent moins de désavantage que partout ailleurs à enfouir leurs trésors. Mais c’est surtout dans les États despotiques de l’Asie, en Turquie, en Perse, au Mogol, dans l’Inde et à la Chine, comme aussi chez les Peuples pasteurs de la Tar tarie et de l’Arabie, que chaque homme riche fait consister sa principale ressource, dans un trésor enlevé à la circulation, et que chaque pauvre confie à la terre tous ceux [(1)] des fruits de ses sueurs qu’il peut soustraire à l’avarice de ses maîtres.

[Translaiton]

   Considering the world as a whole, there is no doubt that coins are hoarded every year in very large amount by owners who leave their secret perishing with them. This practice is not familiar in the liberal countries; no one was suffering from it in Switzerland or in England. As for the latter, Adam Smith observes that all the treasure found there would be barely sufficient to provide revenue to an individual, while some centuries ago this was important branch of the national revenue. In France oppressive taxes, such as a poll tax (taille), had inspired people with cautiousness not to look rich, and what money farmers and small landlords could accumulate was hoarded. Mr Necker notes (De l’administration des finances de la France, vol.3, chap. 21) that extreme rarity of gold coins in France could be only explained by this way of hoarding, because, according to calculations of coinage, there should be more than 800 million gold coins in the kingdom, that is, twice as much as in Great Britain, where you can see hardly anything but gold coins.
   This practice of hoarding was growing in the period of revolutionary anarchy; today it seems that it is waning, judging from the quantity of those coins out of circulation which are offered in dealing in fine materials today. The long and frequent wars in Germany has made the same mind dominate all ages there; it is universal in Italy, as you can judge from the extreme credulity with which Italians listen to stories of discovered treasure. Elsewhere, as in the countries above and in some other Catholic countries, a large number of rich people are reluctant to lend money at interest, and they find it less disadvantageous in hoarding their treasure than elsewhere. But, above all, in despotic states in Asia, such as Turk, Persia, Mongol, India, and China, as among pastoral peoples of the Arabs and the Tartars, all the rich make principal resource of treasure excised from the circulation, and all the poor entrust to land all the treasure [(1)] of fruits of their toil which can be subject to the avarice of their masters.

[Translator's note]

(1) I have no idea what this pronoun "ceux" refers to, though interpreting it as refering to "trésors" for the time being. Any suggestion would be much appreciated.