Saturday 31 January 2009

Book 1, chapter 2, paragraphs 05-06

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 42-44]

   Celui que l’agriculteur fait ensuite pour mettre immédiatement la terre en action, ne s’accumule que sur la récolte d’une ou d’un petit nombre d’années; et s’il se fixe sur le sol, ce n’est que momentanément, jusqu’à ce qu’il en soit tout ressorti avec ses productions. Il appartient donc à la classe des capitaux circulan[t]s.
   Après le travail fixé dans le défrichement de la terre, l’un des plus considérables et des plus apparen[t]s d’entre les capitaux nationaux, est fixé dans la construction des habitations: Ce n’est pas que les maisons ne puissent à bien des égards être considérées comme un objet de consommation plutôt qu’un capital fixe: le logement est un des besoins de l’homme, c’est pour lui une dépense aussi bien que la nourriture, plutôt qu’un moyen de produire; mais comme l’agriculture, les arts, et le commerce, ne pourroient [pourraient] subsister sans les édifices destinés à mettre à couvert les agriculteurs, les artisans, les commerçan[t]s, leurs instrumen[t]s, et leurs produits; la valeur de leur logement, la rente du travail employé à le construire, s’ajoute naturellement à la valeur du produit de leur industrie, en serte que cette partie des édifices qui est destinée à l’habitation et aux ateliers des ouvriers productifs, forme une portion du capital rixe national, et contribue à augmenter la valeur du travail que la nation fera par la suite.

[Translation]

   The accumulation thereafter made by husbandmen in order to immediately put land into operation consists only of a year’s or a few years’ harvest. If it is laid down in the soil, only a moment later is it all withdrawn again from the soil with the produce of it. Therefore, it belongs to the category of circulating capital.
   One of the next most significant and remarkable of all the kinds of national capital, next to the labour fixed in enclosure of land, is that fixed in construction of dwellings. Admittedly, a house could be thought of in many aspects as an object of consumption rather than a fixed capital; lodging is one of human wants, and is the same kind of expenditure as food for anyone, rather than one of the means of production. But agriculture, arts, or commerce could not exist with no buildings employed to keep secure husbandmen, artisans, merchants, their tools, their produce, and therefore the value of their buildings, the rent of the labour expended upon its construction, adds naturally to the value of the produce of their industry. Consequently, that part of the buildings where the productive labourer lives and works forms a portion of the national fixed capital, and help to increase the value of labour the nation will perform later.

Friday 30 January 2009

Book 1, chapter 2, paragraphs 03-04

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 40-42]

   La terre depuis le moment de cette première découverte, peut être considérée comme une ouvrière productive, l’homme la met à l’œuvre, elle agit, et la valeur de son travail est accumulée dans la valeur de ses productions. Le droit d’appeler à l’ouvrage une ouvrière si utile, est la même chose que la propriété du sol: La valeur de son travail, première origine de la rente des immeubles, appartient à celui qui se trouve saisi de la surface d’un terrain, et dont le droit est reconnu par ses concitoyens. Lorsque la population s’est augmentée, tout le territoire des nations civilisées s’est trouvé approprié, avant que chaque individu en ait eu obtenu une portion: ceux qui sont intervenus au premier partage ont eu un avantage sur les autres, et lors-même qu’ils n’ont pas cultivé la terre qui leur étoit [était] échue en lot, cette terre a été appréciée en raison de sa propriété virtuelle de faire un travail productif, dès qu’elle seroit [serait] mise en action: C’est ainsi que chez les nations civilisées, la terre vague ou inculte n’est pas sans valeur.
   Il y a loin cependant du prix de cette terre inculte à celui du sol défriché; c’est dans ce dernier que commence l’accumulation réelle du travail productif de l’homme. Il faut pour rendre fertile un terrain sauvage, pour le miner, l’enclore, et y faire des plantations, un travail d’autant plus considérable que l’agriculture est plus perfectionnée: c’est par le propriétaire, ou pour son compte qu’il est fait, et sa valeur entière est ajoutée à celle de l’immeuble. Comme son efficacité ne se borne pas à une seule année, mais que pendant long-tem[p]s, et presque à perpétuité, les récoltes qui viennent ensuite en sont augmentées, le droit de faire travailler la terre améliorée devient plus précieux que celui de faire travailler la terre vierge; il est plus profitable pour celui qui l’exerce, et si le propriétaire vient à le céder, c’est à un plus haut prix. La rétribution moyennant laquelle le propriétaire du sol abandonne ce droit à son fermier, est ce que l’on appelle la rente des terres, ou le profit net de la culture: c’est donc en partie une compensation pour le droit de propriété sur la terre inculte, et en partie une production du travail accumulé sur elle pour la cultiver.

[Translation]

   Since the moment of this first discovery, land can be considered as a productive labourer; man puts land into operation, land works, and the value of its labour is accumulated in the value of its produce. The ownership of land means a right to call such a useful labourer into operation. The value of labour of land, which is the first origin of rent of immovables, belongs to that man who owns the surface of a plot of land, and whose right is approved by his fellow-citizens. When the population rose, all the territory of the civilised nations was appropriated before every individual had obtained a plot of land. Those who took part in this early distribution of land had an advantage over those who did not, and even though they did not cultivate the plot of land which was distributed to them, this plot was valued due to its potential quality to perform productive labour as soon as put into operation. In the civilised nations, therefore, no plot is valueless even if featureless or uncultivated.
   However, there is a wide difference between the price of the uncultivated plot and that of the reclaimed one. Only in the latter does the real accumulation of productive labour of mankind take place. In order to make a plot of wild land fertile, to delve in it, to enclose it, and to establish plantations on it, what is needed is all the more significant labour as agriculture is more improved. This labour is expended by the owner of the plot or at his cost, and the whole value of the labour is added to that of the plot. Since its effect does not last for as a short time as one year, but for a long time and almost forever, the future harvest is more plentiful, and the right to employ an improved plot of land is more precious than that to employ a wild plot. The former right is more profitable for those who exercise it, and if a landowner has yield up the right, he has done so just at a higher price. The remuneration in return for which the landowner yield up this right to his farmer is what we call rent of land, or net profit of cultivation. Therefore, this is partly a compensation for the right of property of uncultivated land, and partly a production of accumulated labour on land to cultivate it.

Thursday 29 January 2009

Book 1, chapter 2, paragraphs 01-02

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 39-40]

Nous venons de dire que la première manière dont les riches peuvent employer avec profit leurs capitaux, c’est en les fixant de telle sorte qu’ils aident les pouvoirs productifs du travail. Toute nation civilisée possède des capitaux fixés ainsi pour une valeur considérable, et c’est une des causes auxquelles il faut attribuer la supériorité des produits de son industrie, sur ceux d’une nation sauvage.
   C’est à bonifier la terre qu’a été destiné le premier travail productif que l’homme ait fixé. Sa fécondité est une source d’autant plus abondante de richesses, que l’homme sait mieux lui demander ce dont il a besoin. L’on peut avec Mr. Canard considérer la découverte de l’art d’obtenir des récoltes, comme le résultat du travail de l’homme; c’est le fruit des premières expériences du premier cultivateur; jamais travail dans cette hypothèse ne fut plus productif que le sien, puisque son invention qui tint peut-être autant au hasard qu’à l’étude, créa la valeur de la terre entière. L’homme actif fait quelquefois de ces découvertes heureuses qui changent le sort de l’humanité, et comme c’est par son travail qu’il y est amené, on peut les regarder comme en étant le fruit; mais ce fruit est comme on voit, d’une nature différente de celui qui se proportionnant au tem[p]s et aux moyens employés par l’ouvrier, se retrouve réellement dans la valeur des objets produits.

[Translation]

We have just said that the first way the rich can employ their capital to profit is by fixing it so that it aids the productive powers of labour. Every civilised nation possesses, therefore, fixed capital to a considerable value, and this fact is one of those to which you should attribute the larger amount of the produce of a civilised nation’s industry than that of a barbarous nation’s.
   It is in improvement of land that the earliest productive labour that man has ever fixed was employed. The fertility of land is an abundant source of wealth, all the more abundant as man know better how to demand what he wants of land. You can agree with Mr. Canard, who considers the discovery of the art of reaping the harvest as a result of human labour, or assumes that this discovery is the fruitage of pioneering trials of a leading cultivator. According to this assumption, no labour was more productive than his labour, because his invention, which was realised possibly by chance as well as thanks to his study, created the value of the whole land. A practical man sometimes makes some of those happy discoveries which change the fate of mankind, and they can be regarded as the fruitage of his labour since his labour leads him to them. But this fruitage is, as you see, different in nature from that which, in proportion to the time and means employed by the workmen, is really found in the form of value in produced objects.

Wednesday 28 January 2009

Book 1, chapter 1, footnote 1

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 31-34]

(1) [(1)] Un traducteur d’Adam Smith (Mr. Garnier dans sa note XX. T. v. p. 169.) a attaqué la distinction entre le travail productif et le travail improductif, et il a cherché à rétablir à sa place celle qu’avoient [avaient] imaginé les économistes François [Français], entre le travail de l’agriculture et celui des manufactures, dont le premier seul occasionne à leurs yeux une production, et le second un échange; nous reviendrons dans plus d’un endroit de cet ouvrage à appuyer la distinction qu’il combat, et qui fait la base de tout le système d’Adam Smith; aussi éviterons nous d’entrer, dès le premier chapitre, dans une discussion en forme avec l’habile économiste que nous venons de citer. Nous remarquerons seulement que la distinction que nous énonçons est assez frappante pour devoir être admise par tous ceux qu’un esprit de système n’a point prévenu[s]. Chacun voit au premier coup d’œil que certains travaux sont susceptibles d’accumulation, et que d’autres ne le sont pas: un peu de réflexion suffit ensuite pour faire comprendre que la société ne peut être enrichie que par les travaux dont les fruits s’accumulent, qu’eux seuls sont l’origine d’une propriété. Mais dit Mr. Garnier, le musicien, l’orateur, le poète sont aussi utiles à la société que la marchande de modes, la bouquetière, le limonadier; cela peut être, et leur utilité n’est point ici l’objet en question: si nous le traitions, nous dirions que les richesses ne sont utiles qu’autant qu’elles procurent des jouissances, qu’il faut distinguer dans la société les métiers qui font naître les richesses, d’avec ceux qui les échangent contre ces mêmes jouissances qu’elles doivent procurer, que les derniers ont leur utilité comme les premiers, et qu’ils en ont d’autant plus qu’ils procurent une plus grande masse de jouissances, ou des jouissances plus appropriées au goût de la nation chez qui on les exerce: il n’en est pas moins vrai qu’une portion de la richesse nationale ne peut pas consister en sons ni en déclamations, tandis que nous concevons fort bien comment des sucres, des boissons, des dentelles et des soieries, ou d’autres marchandises qui remplissent la boutique, soit du limonadier, soit de la marchande de mode, peuvent en faire partie; parce que ceux-ci s’accumulent, et que les premiers ne s’accumulent pas. Mais dit encore Mr. Garnier, la distinction est souvent bien difficile à maintenir; tel ouvrier, tantôt travaille sur le neuf, tantôt ne fait que réparer ou conserver d’anciens produits du travail: le tapissier, le pelletier, et la lingère, rendent le plus souvent des services du même genre que le valet-de-chambre; sont-ils des ouvriers productifs ou ne le sont-ils pas? Ils sont avec bien d’autres, répondrai-je, sur les confins des deux classes, et appartiennent tantôt à l’une tantôt à l’autre. De ce que les extrémités de deux classes se touchent, en conclura-t-on qu’elles ne diffèrent point? Les économistes en faisant toujours usage d’abstractions, ont considéré chaque classe comme composée d’une seule espèce; les vrais observateurs reconnoissent [reconnaissent] au contraire que toutes les choses soumises à l’étude et à l’inspection des hommes forment une chaîne, que toutes les divisions dans toutes les sciences sont artificielles, et qu’elles séparent souvent des chaînons faits pour se toucher, sans en être pour cela moins utiles. Il a fallu toute l’habileté de Trembley pour reconnoître [reconnaître] que let polypes étoient [étaient] des animaux, Vaucher n’en déploye pas moins pour montrer que les conferves sont des plantes, en conclura-t-on qu’un chêne ne diffère point d’un cheval? La classe des ouvriers productifs touche à la classe improductive par deux points différeren[t]s; premièrement le même ouvrier appartient tour-à-tour à l’une puis à l’autre; selon qu’il s’occupe de produire ou de conserver, selon qu’il augmente, ou n’augmente pas la valeur échangeable de la chose sur laquelle il travaille, ce qui s’applique au pelletier, au tapissier, à la lingère, que cite Mr. Garnier: secondement, les fruits du travail de quelques ouvriers productifs, ont une existence si courte, si éphémère, qu’eux-mêmes se trouvent dans une situation équivoque entre les deux classes. La valeur qu’ils produisent devant être consommée en très-peu de tem[p]s n’est pas susceptible d’accumulation; or cet intervalle de tem[p]s entre la production et la consommation, qui est nul dans les métiers improductifs, assez long et susceptible de se prolonger à volonté dans les métiers vraiment productifs, et fort court dans les équivoques, est la seule origine à laquelle on puisse rapporter la propriété mobiliaire [mobilière]. Le fruit du travail du musicien se dissipe à l’instant même; celui du travail du traiteur, du patissier [pâtissier], du cuisinier, se consomme au bout de peu d’heures; si les marchandises produites par le tisserand et le forgeron n’avoient [avaient] pas plus de durée, il n’auroit [aurait] pas valu la peine d’établir la distinction que nous maintenons, car dès l’instant que le fruit du travail est consommé, qu’il est appliqué à la jouissance, peu importe que ce travail ait été productif ou non.

[Translation]

(1) A translator of Adam Smith (Mr. Garnier in his note 20, vol. 5, p. 169) has attacked his distinction between productive and unproductive labour, and has tried to return to its place what the French Economistes invented, a distinction between the agricultural labour and that of manufactures; in their eyes the former is the only cause of production, and the latter is just that of exchange. We will come again, in some places of this work, to espouse the distinction which the translator attacks and on which the whole system of Adam Smith is founded. Therefore, as early as the first chapter, we will avoid entering into definite argument with the learned economist we has just referred to. Now we will just note that the distinction we expound is so remarkable that it should be accepted by all those discontented with a sprit of system. Everyone recognises, at first sight, that some kinds of labour are capable of accumulation, and that others are not. And then a little reflection suffices to understand that the society can only be enriched by those kinds of labour whose fruits are accumulated, or that they are the only origin of property. Yet Mr. Garnier says that the musician, the orator, the poet are of as much utility to the society as the tailor, the florist, the café owner. This may be the case, but their utility is not that of which we make an issue here. If we dealt with utility in that sense, we would argue that the wealth is of utility only as long as it procures us some pleasure; that it is necessary to distinguish in the society those businesses which yield the wealth from those which exchange it for the very pleasure they should procure us; that the latter have their utility like the former; and that the latter have all the more utility in that they procure us more pleasure, or pleasure more to the taste of the nation some members of whom are engaged in them. It is nonetheless true that no part of the national wealth can consist in sound or in oratory, though we understand utterly well how sugar, beverage, lace and silk, or other commodities which fill the café or the shop can comprise part of the wealth. The reason is that the latter are accumulated and that the former are not. Still Mr Garnier says again that the distinction is often very difficult to maintain; one workman sometimes labours at something new, and sometimes does nothing but repair or maintain some produce of labour expended in the past. The tapestry-maker, the furrier, and the cleaner most often do the same services as the domestic servant. Are these services of productive labour or not? I will answer that they adjoin many other kinds of labour on the border between the two classes, and belong sometimes to one and sometimes to the other. Do you conclude that the extreme of one class and that of the other class are not different at all because they adjoin each other? The Economites, always making use of abstractions, considered each class as composed of a single kind. The true observers, on the contrary, recognise that all objects of human study and inspection form a chain, that any classification in any science is arbitrary, and that the sciences often separate chains between two objects which adjoin each other, without being less useful due to the separation. Trembley [Jean Trembley 1749-1811] needed all his genius in recognising that the polyp is a kind of animal, and Vaucher [Jean Pierre Étienne Vaucher, 1763-1841] displayed no less genius in showing that the cladophora is a kind of plant. Then do you conclude from these discoveries that the oak is not different at all from the horse? The class of productive labourers adjoins that of unproductive ones in two different points. First of both, one labourer belongs to the one class and the other class by turns, according as he is engaged in production or maintenance, according as he increases or does not increase the exchangeable value of the thing at which he labours (a point which is the case with the furrier, the tapestry-maker, and the cleaner, which Mr. Garnier refers to). Secondly, the fruits of labour by some productive workmen are so short-lived and so temporary, that they are found in an ambiguous situation between the two classes. The value produced by them shortly before being consumed is not capable of accumulation. This interval between the production and consumption is the only origin to which the movable property could be related; it is null in the unproductive businesses, is long enough and capable of being prolonged at the will of the really productive labourer, and is very short-lived in ambiguous situations. While the fruitage of labour by the musician vanishes at the very instant, that of labour by the caterer, the confectioner, the chef is consumed shortly after its production. If the commodities produced by the weaver and the blacksmith had no longer lasted, establishing the distinction we maintain would not have been worth while, because, as soon as the fruitage of labour is consumed, as soon as appropriated for pleasure, it does not matter whether the labour may have been productive or not.

[Translator's note]

(1) This chapter has two footnotes numbered 1. The other one is in this paragraph.

Tuesday 27 January 2009

Book 1, chapter 1, paragraph 15

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 37-38]

   Dès que les propriétaires du superflu accumulé que nous appellerons désormais capital, ont pu l’accroître en l’échangeant contre un travail à faire, ils ont multiplié autant qu’ils ont pu de pareils échanges, et ils se sont bien gardés de suspendre la faculté productive de leurs capitaux, en les laissant chômer. Or ils ont deux manières de les mettre à profit: la première c’est de les fixer en créant ou perfectionnant une machine quelconque au moyen de laquelle ils facilitent ou multiplient le travail humain. Jamais le mot de machine n’avoit [avait] reçu une acception plus étendue que celle que je voudrois [voudrais] lui donner ici, car je désirerois [désirerais] comprendre sous ce nom, depuis la charrue jusqu’à l’usine la plus vaste, jusqu’au mécanisme le plus compliqué, jusqu’à la terre cultivée, qui entre les mains de l’homme est une machine productive, jusqu’à l’artisan lui-même, qui lorsqu’il est formé par une instruction appropriée à son état, au moyen d’une avance de capitaux, peut être comparé à un métier vivant, parce qu’il fait deux fois plus d’ouvrage qu’un autre. La seconde manière dont les propriétaires de capitaux peuvent tirer avantage de leurs richesses, c’est de les faire circuler sous la forme de marchandises applicables à l’usage des hommes: ils les livrent au consommateur en retour d’un travail dont ils pourront de nouveau échanger le fruit, et chacun de ces marchés produit une augmentation de leur richesse qui constitue leur revenu. C’est de ces deux manières de placer les capitaux que nous allons nous occuper.

[Translation]

   Hardly were owners of accumulated surplus (we call capital hereafter) able to multiply it by exchanging it for some labour yet to expend before they came to make as many exchanges as they could, and to feel free to exercise the productive faculties of their capital, without leaving it unemployed. Then they have two ways to make it bear profit. The first is by fixing it in creation and improvement of a certain machine by means of which to facilitate or amplify the human labour. The word machine did not have so extensive a meaning as I should like to give to it here, for I would like to mean a variety of things by this word; a plough; the largest-scale plant; the most complicated machine; the cultivated field, which is a productive machine in the hands of mankind; and the artisan himself, who can be compared to a living loom if given instruction and made ready for his trade by means of advanced capital, for the reason that he performs twice as much work as if not. The second way, in which the owner of capital can derive benefit from his wealth, is by making capital circulating in the form of commodities applicable to the human use. He delivers these kinds of commodities to the consumer in return for some labour, the produce of which he will exchange again. Each of these deals produces an increase of his wealth which constitutes his revenue. We will deal with these two ways to invest capital [in the next two chapters].

Monday 26 January 2009

Book 1, chapter 1, paragraph 14

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 36-37]

   Dans le premier période de la civilisation, lors qu’une nation n’est composée que de chasseurs, on ne distingue chez elle ni riches, ni pauvres, et chacun de ses membres pourvoit par soi-même à ses propres besoins: la division des professions, en rendant possible l’accumulation des richesses, a introduit pour la première fois cette inégalité dans la société. Lorsqu’elle a commencé, celui-là a été riche, qui après avoir pourvu à sa consommation par l’échange des fruits de son travail, a eu encore du superflu; et celui-là a été pauvre, qui n’a pas eu en avance et par devers [par-devers] lui, dequoi [de quoi] subsister pendant qu’il travailloit [travaillait], jusqu’à ce que son ouvrage fut achevé et susceptible d’être échangé. Comme tout homme est forcé de consommer avant de produire, l’ouvrier pauvre se trouve dans la dépendance du riche, et ne peut ni vivre ni travailler, s’il n’obtient de lui des denrées et des marchandises déjà existantes, en retour de celles qu’il promet de produire par son travail. Ce marché ne peut être gratuit, car l’avantage en seroit [serait] tout du coté de l’ouvrier, tandisque [tandis que] le riche ne seroit [serait] point intéressé à le conclure: pour l’y faire consentir, il a fallu convenir que toutes les fois qu’il échangeroit [échangerait] du travail fait contre du travail à faire, le dernier auroit [aurait] une valeur supérieure au premier, ou en d’autres termes, que le propriétaire du superflu accumulé, retireroit [retirerait] un profit proportionné à ses avances.

[Translation]

   In the first stage of civilisation, when a nation is composed only of hunters, you cannot tell rich from poor among them. Each of them could satisfy their own wants for themselves. The division of professions, by making possible the accumulation of wealth, introduced that inequality in the society for the first time. When the division took place, the rich were those who, after having satisfied their consumption by exchanging fruits of their labour, had still some surplus, and the poor were those who did not have in hand and in advance what is needed for their subsistence during their labour, until their labour had been completed and capable of being exchanged. As everyone is forced to consume before to produce, the poor labourer finds himself dependent upon the rich, and he cannot live or work unless he obtains some foods and commodities which has already existed in the hands of the rich, in return for those which he promises to produce by means of his labour. This deal cannot be gratuitous, because all the advantage of it would be on the side of the labourer, while the rich would not be interested in conducting the deal. In order to make the rich agree to the deal, the necessary condition was that, whenever labour already expended would be exchanged for labour yet to expend, the latter would be of more value than the former; in other words, that the owner of accumulated surplus would derive profit proportional to his advances.

Sunday 25 January 2009

Book 1, chapter 1, paragraph 13

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 32-36]

   Aucun animal n’est doué de cette disposition à faire des échanges, elle est particulière à l’homme, et comme nous l’avons vu plus haut elle est la cause du perfectionnement de son travail, puisqu’elle a occasionné la division des professions. En conséquence de cette division, cent hommes qui se sont partagé les métiers de laboureur, de berger, de meunier, de boulanger; de tisserand, de charpentier, de maçon produisent en un an plus de nourriture, de vêtemen[t]s et de logement, que les mêmes cent hommes n’en peuvent employer dans le même espace de tem[p]s: S’ils n’abandonnent pas le travail, après avoir pourvu à tous leurs besoins, il leur reste un superflu qu’ils ne peuvent destiner à leur usage, ce qui les engage à en disposer en faveur des autres à de certaines conditions. Rien ne leur manqué aujourd’hui, mais ils peuvent avoir des besoins par la suite, et il peut leur convenir d’échanger le produit d’un travail fait contre un travail à faire; le blé par exemple de cette année, contre celui de l’année prochaine; ou lors qu’une fois on a eu introduit dans le commerce pour le faciliter, une marchandise bannale [banale] qu’on nomme numéraire, il peut leur convenir d’échanger leur superflu contre cette marchandise bannale [banale], parcequ’elle pourra dans toute occasion équivaloir pour eux à une assignation sur tout homme industrieux, soit pour le mettre à l’ouvrage, soit pour obtenir le fruit de son travail.

[Translation]

   No animal is gifted with this propensity to make an exchange. This propensity is uniquely human, and, as we has seen it above, it is the cause of improvement of human labour, since it has caused the division of professions. As a result of this division, a hundred men who have divided trades, so that each of them has professed himself a cultivator, a shepherd, a miller, a baker, a weaver, a carpenter, a bricklayer, produce more food, clothing and lodging in a year than the same hundred men can use up in the same period. If they do not quit their labour after satisfying their wants, they are left a surplus they cannot appropriate for their use, a surplus which inclines them to dispose of it in favour of other people in some certain conditions. Even though they have run out of nothing at the present, they can want something later, and it can be convenient for them to exchange the produce of the labour expended for that of the labour yet to expend; the corn reaped this year, for example, for that of the next year, or, once a commonplace commodity called specie has been introduced to commerce in order to facilitate it, it can be convenient for them to exchange their surplus for this commodity, because it will possibly on every occasion mean, for them, a letter of collection to every industrious man, either in the form of making him work or of obtaining the fruits of his labour.

Saturday 24 January 2009

Book 1, chapter 1, paragraph 12

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 29-31]

   Il existe un signe certain et invariable auquel on peut reconnoître [reconnaître] si un travail est productif ou ne l’est pas: le premier, lorsqu’il est fait, peut toujours être échangé contre un travail à faire; le second ne le peut jamais. Avant qu’il soit fait, le travail de l’un et de l’autre ouvrier peut souvent être considéré comme de même valeur, le musicien peut gagner autant que l’horloger, et le salaire de l’un et de l’autre peut s’échanger contre un nouveau travail; mais celui qui a payé à l’horloger son salaire, a en mains une montre qu’il peut donner à tout autre contre le même prix, celui qui a payé le musicien, n’a plus rien entre ses mains. Dans le premier cas il y a deux valeurs pour un travail, savoir: le prix de la montre qu’a reçu l’horloger, et la montre qu’a reçu l’acheteur; dans le second il n’y en a qu’une seule, le payement qu’a reçu le musicien, car les sons que l’auditeur a reçu en retour, une fois qu’ils sont produits n’ont plus de valeur. Le premier payeur a fait un échange, et le second une dépense: La même règle peut s’appliquer aux travaux des maçons, des charpentiers, des ouvriers de terre, qui se fixent sur un immeuble; ceux qui ajoutent à la valeur de cet meuble, sont productifs; ceux qu’a dicté la fantaisie, et qui n’ajoutent rien à sa valeur échangeable, ne le sont point (1).

[Translation]

   There is an invariable and certain criterion by which you can tell whether a kind of labour is productive or unproductive. The former, when expended, can be exchanged for some labour yet to expend; the latter can never. Before expended, both can often be considered as of the same value; the musician can gain as much as the watchmaker, and the wages of the two labourers can be equally exchanged for a certain quantity of new labour. But the payer of wages to the watchmaker has a watch in hand which can be given to anyone else at the same price, while the payer to the musician gets his hand on nothing. In the former case, there are two sorts of value for the same labour; say, the price of the watch the watchmaker has received, and the watch the buyer has. In the latter case, there is only one sort of value; the payment the musician has received, because the sounds the auditor has received for it have no longer any value once they are produced. The former payer has carries out an action of exchange, the latter has of expenditure. The same rule can be true of the labour of the bricklayer, the carpenter, the husbandman, whose labour is fixed in an immovable. Those who add to the value of this immovable are productive; those who have excited imagination but add nothing to exchangeable value are not so (1).

Friday 23 January 2009

Book 1, chapter 1, paragraphs 10-11

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 28-29]

   Si les productions de la terre elle-même ne tiennent leur valeur que du travail, à plus forte raison la valeur des productions des arts n’a-t-elle point d’autre origine: retranchez des unes et des autres les travaux qu’y ont accumulé les ages [âges] antérieurs, et il ne restera rien qui puisse être considéré comme une richesse parmi les hommes.
   Mais tous les travaux sont-ils susceptibles d’accumulation? Non: il y en a plusieurs qui ne portent point sur un objet matériel, ou qui du moins ne le changent point de manière à en augmenter le prix. Où chercheroit-on [chercherait-on] par exemple la valeur accumulée des marches et contremarches d’une armée, des études d’un jurisconsulte ou d’un médecin, des discours d’un prédicateur, des sons agréables d’un musicien? et lors même que l’ouvrier travaille sur quelque chose de matériel, le barbier, le coeffeur, le valet-de-chambre, ajoutent-ils par leur labeur quelque valeur à ce qu’ils ont préparé ou accommodé? tandis que l’horloger ajoute le prix de son travail à celui des matières premières d’une montre, le tisserand à celui de son fil, le cordonnier à celui de son cuir, et ainsi des autres. On peut donc appeler à bon droit productif, le travail qui se paye lui même, qui produit sous une forme nouvelle le prix qu’il a couté; et improductif, celui qui, ne laissant après lui aucune trace, doit être constamment payé par le produit d’un autre travail.

[Translation]

   If the produce of land derives its value exclusively from labour, it is more certain that the value of the produce of arts does not have any other origin. Deduct all kinds of labour which have accumulated the previous times in the produce, and there will be left nothing that could be considered as part of wealth among human beings.
   But are all kinds of labour capable of accumulation? No. Some kinds of labour do not deal with a material object and nevertheless raise the price in the same way. Nowhere, say, in the marching forth and back of an army, in the work of a jurisconsult or a doctor, in the discourses of a preacher, or in the good sounds of a musician can you find any accumulated value. Even though every kind of labourer expends labour upon some material objects, none of barbers, hairdressers, and room servants add any value to what they have prepared or arranged, while watchmakers add the price of their labour to that of the raw materials of a watch, weavers to that of thread, cobblers to that of leather, and so on. Therefore, you may with justice call with the adjective productive that kind of labour which pays itself, or which produces, in another form, the price it has cost; and you may call with unproductive that which, leaving no trace behind it, should be constantly paid by the produce of other labour.

Thursday 22 January 2009

Book 1, chapter 1, paragraphs 08-09

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 27-28]

   Dès que l’homme par cette répartition de ses travaux a pu produire plus que dans l’état sauvage, où toute son industrie ne suffisoit [suffisait] qu’à peine à le faire exister, il a pu économiser et accumuler une partie des fruits de ses sueurs, ou de son revenu; en jetant les yeux sur la terre que nous habitons, et en la comparant à la terre sauvage, nous jugerons s’il l’a fait réellement.
   Retranchons dans notre imagination du pain que nous mangeons, tout le travail qu’il a fallu pour le produire, celui du boulanger, du meunier, du cultivateur, celui des hommes qui ont inventé et perfectionné la science de l’agriculture, de ceux qui ont découvert dans les déserts où le froment croissoit [croissait] inconnu, la propriété nutritive de son grain, il ne restera plus qu’une plante sauvage et de nulle valeur, seul présent que la terre fasse à l’espèce humaine (1). Chacun de ceux dont le travail a concouru à nous procurer du pain, a donc laissé après lui une trace de son ouvrage dont nous profitons; chacun d’eux a créé une valeur, ou l’a accumulée sur sa production. Celui qui découvrit les propriétés du blé et inventa sa culture, donna une valeur à la terre inculte, parce qu’il la rendit susceptible de se couvrir d’un produit utile; celui qui défricha le champ même où le blé fut récolté, réalisa de même son travail, et sa valeur se retrouve dans le prix augmenté de la terre améliorée. Le fermier qui ensemença cette terre défrichée, ajouta le prix de ses peines à celui de celles de ses prédécesseurs; et la moisson qu’il obtint dut contenir une rétribution pour le propriétaire du sol défriché, et une pour lui comme laboureur. Le blé qu’il porta au marché représentoit [représentait] donc tous ces travaux accumulés, et le pain comprend de plus la compensation de ceux du meunier et du boulanger. C’est ainsi que les travaux se réalisent, et qu’on voit les uns s’accumuler et se fixer sur un immeuble, comme les deux premiers, les autres accroître la valeur des meubles que l’immeuble a produit, comme les trois derniers.
(1) Voyez N. F. Canard, principes d’économie politique, chap. 1.

[Translation]

   As soon as man had the ability to produce more due to this division of labour than in the barbaric state, where all his industry was just sufficient to let him barely subsist, he could save and accumulate a part of the fruits of his toil, or his revenue. Let us cast our eyes over the land where we dwell, and compare it with that where barbarians do, and we can tell if man has really made it.
   Let us think of bread we eat, and suppose that it had not been for any kind of labour needed to produce it; that of the baker, of the miller, of the cultivator, or that of those who have invented and improved the science of agriculture, of those who have discovered the nutritive property of corn in the wilderness where wheat grows naturally. Then there would be only wild and valueless plants, only gifts that the land may give to human race (1). Each of those who cooperated in labour to procure bread for us, therefore, left a trace of his labour behind him, from which we benefit. Each of them created value, or accumulated value in his production. He who discovered the properties of corn and invented its cultivation gave value to the uncultivated land, for he made it capable of being full of a useful cereal. He who reclaimed the very field where corn was yielded realised his labour in the same way, and its value is found in the price raised due to the improved land. The farmer who sown this reclaimed land added the price of his pains to that of his predecessors’ pains, and the harvest he gathered had to contain the remuneration at once for the owner of the reclaimed land and for him as labourer. Therefore, the corn carried to the market represented all this accumulated labour. Besides, the bread comprehends all the more compensation for that of the miller and the baker. This is how a variety of labour is realised, and some kinds of labour are accumulated and fixed on an immovable as the first two [discovery and invention, and reclamation], while the other kinds of labour raise the value of movables which the immovable has produced as the last three [farming, milling, and baking].
(1) See N. F. Canard, principes d’économie politique, Chapter 1.

Wednesday 21 January 2009

Book 1, chapter 1, paragraph 07

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 24-26]

   La division des métiers commence dans le second ou le troisième période de la société; chez les peuples pasteurs, ou chez les peuples agriculteurs; elle existe dès que le même homme n’est plus laboureur, artisan et berger; mais elle se multiplie à l’infini à mesure que la société fait des progrès; chaque métier se subdivise, et chaque ouvrier fait d’autant plus d’ouvrage que son opération est plus simplifiée. Chez les peuples qui ne font que sortir de la barbarie le même ouvrier travaille souvent tous les métaux, et son habileté à manier le marteau et à faire usage du feu pour forger et couler, est le fruit d’une première division du travail; le chasseur sauvage qui doit avant tout penser chaque jour à sa nourriture, quelque besoin qu’il ait d’armes et d’outils, n’apprendra jamais de lui-même à arracher les métaux à la terre, bien moins encore à les forger et à les mettre en œuvre. Comme les hommes se multiplient et s’enrichissent, le même artisan cesse de travailler tous les métaux; bientôt parmi ceux qui forgent le fer, les maréchaux, les serruriers, les armuriers, les couteliers, se séparent pour former autant de professions indépendantes, et l’on en vient enfin à voir vingt-cinq ouvriers différen[t]s concourir pour fabriquer une épingle, de telle sorte que celui qui tourne la tête ne la coupe jamais, ne fasse jamais la pointe, et ne la piqué point sur le papier: or à chaque fois qu’un métier se subdivise, chaque ouvrier acquiert un nouveau degré de dextérité dans la partie dont il reste exclusivement chargé, chacun épargne sur le tem[p]s qu’il auroit [aurait] perdu en passant d’une occupation à une autre, et chacun Perfectionne ses outils, ou même se trouvant réduit à l’opération la plus simple, découvre un mécanisme qui peut remplacer absolument son travail, et faire d’une machine inanimée un ouvrier productif. C’est ainsi que dans la manufacture d’épingles, le travail a été tellement facilité par sa division, que tandis qu’un homme qui n’entendroit [entendrait] rien à cet art, pourroit [pourrait] sans être maladroit, se trouver fort embarrassé pour faire une épingle par jour, vingt épingliers en font facilement cent ou cent vingt mille. Il en est de même dans toutes les autres professions où le travail a été réparti entre un grand nombre d’ouvriers, et le produit de l’industrie humaine déjà prodigieusement multiplié par la division des métiers, est susceptible d’être multiplié encore.

[Translation]

   The division of trades begins at the second or third stage of the society, namely the stage of shepherds or husbandmen. This comes into being as soon as one person is no longer at once a labourer, artisan, and shepherd, but it infinitely develops according as the society makes progress: each kind of work is subdivided, and each labourer performs the more work in that his work is simpler. At the stage where people have just got out of the barbaric state, one labourer is usually engaged in all metalworking processes and nothing else, and his skills in hammering and making use of fire for forging and moulding are the fruits yielded by the first division of labour. Savage hunters, who must think of, above all, their provisions everyday, even if they may be in any want of arms and instruments, never learn to attain metals from land, let alone to forge metals and make anything from them. As human beings are ascending in number and wealth, one artisan is no longer engaged in all metalworking processes. Soon those who forge iron are divided into blacksmiths, locksmiths, gunsmiths, and knifesmiths to be as many independent professionals, and you finally come to see twenty five different professionals cooperate in order to make a pin, so that those who grind it at the top never cut it, point it, or put it into the paper. Nevertheless, every time a kind of work is subdivided, each labourer acquires a new degree of dexterity in the operation in which he is exclusively engaged, saves the time which he would have wasted from one operation to another, and improves his instruments; or, finding himself engaged in the simplest operation, he does so much as discover a mechanism which can completely replace his labour and can turn an unanimated machine to a productive labourer. This is how the labour of pin-making has been made so easy by its division that twenty pin-makers make 100,000 or 120,000 pins easily, while he who knows nothing of this art could find himself, if not clumsy, in bad trouble in making a pin a day. This is the case with any other trade where the labour has been divided into the hands of innumerable labourers, and the produce of human industry surprisingly multiplied by the division of trades is capable of being further multiplied.

Tuesday 20 January 2009

Book 1, chapter 1, paragraphs 05-06

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 22-24]

   Lorsque les membres d’une société encouragés par la facilité qu’ils trouvent à faire ces échanges, prennent la détermination de se répartir entre différentes professions, ils produisent la révolution la plus importante de toutes celles que doit subir un peuple dans ses progrès vers la civilisation. C’est elle qui fixe la première époque de l’accumulation du travail, parce qu’elle donne pour la première fois à l’ouvrier le désir et les moyens de produire un superflu au delà de sa consommation. Le désir n’en existoit [existait] pas pour lui aussi long-tem[p]s qu’il ne connoissoit [connaissait] pas les échanges, parce qu’il ne voyoit [voyait] rien au delà de ses besoins actuels, et que lors même qu’il auroit [aurait] pu faire des provisions, de gibier par exemple, pour plusieurs semaines, ces provisions lui seroient [seraient] devenues inutiles, si elles ne lui avoient servi à acheter le repos pendant qu’il les consommeroit [consommerait]: mais dès l’instant que par une seule espèce de travail il a pu pourvoir à tous ses besoins, il a dû désirer d’accumuler à l’infini les produits de ce travail, comme il voyoit [voyait] la possibilité de le faire, soit pour se mettre à jamais à l’abri d’un dénuement absolu, soit pour se donner des jouissances, en satisfaisant les besoins artificiels qu’il a bientôt appris à se créer.
   L’ouvrier acquiert avec le désir de travailler davantage, les moyens de le faire plus profitablement; car, dès qu’il s’est voué non plus pour son propre service, mais pour celui des autres, à une seule opération; les pouvoirs productifs de son industrie ont été augmentés. Trois causes diverses paroissent [paraissent] y concourir; 1°. chaque ouvrier acquiert une plus grande dextérité dans le travail auquel il se destine uniquement. 2°. Il ne perd plus de tem[p]s en passant d’un ouvrage à un autre. 3°. La simplification de l’opération dont il se charge lui donne lieu d’inventer des machines qui puissent la faciliter, ou même qui le dispensent d’une partie de son travail.

[Translation]

   When the members of a society, encouraged by that ease of these exchanges they find, make the decision to allocate themselves respectively one of diverse professions, they produce the most important revolution of all a nation must experience in the course of progress towards civilisation. This makes the first epoch of the accumulation of labour, because it is the first to provide the labourer with the desire and the means to produce a surplus over his consumption. That desire did not appear to him until he came to know the exchange, because he had seen nothing beyond his present wants, and because, even though he could have produced provisions, say by hunting, for some coming weeks, these provisions would have become useless to him had they not helped him to buy some leisure during his consumption of them. But, no sooner had he got able to satisfy all his wants by means of only one kind of labour than he must have desired to infinitely accumulate the produce of this labour, when he found it possible to, either in order to set himself forever free from absolute misery or in order to provide himself with enjoyments, satisfying his artificial wants he would soon learn to bear.
   The labourer acquires, with the desire to perform more labour, the means to do it more profitably; for he has devoted himself to one kind of business for others’ sake, not for his own sake any longer, and consequently the productive power of his industry has increased. Three different causes conspire there. First of all, each labourer acquires more dexterity in a particular kind of labour he is exclusively engaged in. Secondly, he no longer loses time in passing from one species to another species of work. Thirdly, the simplification of the operation in which he is engaged gives him room for invention of machines which could make it easy, or which even save him part of his labour.

Monday 19 January 2009

Book 1, chapter 1, paragraph 04

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 21-22]

   Quelle est la richesse de ces peuples misérables? ce n’est point leur terre qui pourroit [pourrait] avoir une valeur bien supérieure à celle de la notre, mais leur travail: ils chassent, et le produit de leur chasse les nourrit, les habille, leur fournit dans les tendons et les os du gibier leurs meilleurs outils et leurs meilleures armes, enfin il les fait vivre et constitue leur revenu. Cependant comme chaque sauvage ne songe qu’à soi, comme il fait tout pour soi, et rien pour les autres, comme il se repose dès qu’il a satisfait à ses premiers besoins, ces peuples consomment chaque année tout ce qu’ils produisent ou qu’ils atteignent, ils n’économisent point, et ne s’enrichissent jamais. Ce n’est que lorsque les hommes ont commencé à pourvoir à leurs besoins par des échanges, et que chacun se vouant à un genre particulier d’industrie a fourni aux autres ce qu’il faisoit [faisait] mieux qu’eux, en retour de ce qu’eux faisoient [faisaient] mieux que lui, qu’ils ont porté leur ambition au delà du moment présent, et produit par leurs travaux plus qu’ils ne vouloient [voulaient] actuellement consommer.

[Translation]

   What is the wealth of these miserable nations? It is not their land but their labour that could have much more value than ours. They hunt, and the produce of their hunting provides them with food and clothing, and with better instruments and better arms of tendon and bone. Finally the produce makes them alive, and constitutes their revenue. However, these savage nations consume all they produce or attain every year, and do not save anything or enrich themselves, since each individual of them thinks only of himself, does all for himself and nothing for anyone else, and takes some rest as soon as he satisfies his first wants. Only when man began to satisfy his wants by means of exchanges, and when anyone, who devoted himself to a particular kind of industry, provided someone else with what the former made better, in exchange for what the latter made better, did he carry his ambition beyond the present moment, and produce more by means of labour than he wanted to consume at that moment.

Sunday 18 January 2009

Book 1, chapter 1, paragraph 03

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 20-21]

   Que seroit [serait] la terre? que seroient [seraient] ses habitan[t]s sans le travail accumulé de l’homme? Nous pouvons observer la première encore vierge, dans l’un des plus beaux climats de l’univers: Le continent austral qu’on nomme nouvelle Hollande, est tel qu’il est sorti des mains de la nature; ses habitan[t]s n’en ont point changé l’aspect; nuds [nus], clairsemés, craintifs, ils errent poursuivis par la faim sur une terre inculte, quoique propre à se couvrir des fruits les plus exquis, des plus riches moissons; au lieu de les obtenir d’elle, ils ne fondent l’espoir de leur subsistance que sur le produit de la chasse; ils poursuivent et détruisent sans cesse le gibier qui fait leur seule ressource, et en empêchant sa reproduction, ils rendent inutile le seul présent que la fécondité de la terre puisse leur faire, lorsqu’elle n’est assistée d’aucune culture: en vain elle se couvre de végétaux, en vain les hommes sont ensevelis dans l’herbe des prairies, le gibier sauvage n’y est jamais proportionne à la nourriture qui lui est offerte, il décroît comme la population s’augmente, il met par-là des bornes à la multiplication de l’espèce humaine, comme celle-ci en met constamment à la sienne.

[Translation]

   But for the accumulated human labour what would become of land and what would become of its habitants? We can see the most fertile land still uncultivated on one of the best climates of the universe. The austral continent named New Holland remains the same as it was when created by nature. Its habitants have not changed its appearance. Necessitous, sparse, and timid, they wander obsessed with hunger on the uncultivated land, though it is potentially able to yield the tastiest fruits and the richest harvests. Instead of obtaining them from the land, they put hope of their subsistence only upon the produce of hunting. They continually pursue and kill wildlife which provides them with the only resource, and, failing in reproduction of wildlife, they make no use of the only gift the fertility of land could give them, as they are not assisted from any cultivation. Land fails to cover itself with vegetables, and man fails to bury himself under herbs of grassy plains. Wildlife thereon is never in proportion to the foods which are offered to man; it decreases as the human population increases, and thereby it puts some limits to the multiplication of the human race, as the human race constantly puts some limits to the multiplication of wildlife.

Saturday 17 January 2009

Book 1, chapter 1, paragraphs 01-02

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 19-20]

La source commune de toutes les richesses des hommes, c’est le travail; il a créé les unes, il a donné de la valeur aux autres. L’accumulation du travail productif d’une nation forme donc son capital, et lui donne en même tem[p] le droit, ou plutôt le moyen, de faire exécuter un nouveau travail égal en valeur au premier; en sorte qu’une nation est riche, en raison de l’ouvrage qu’elle fait, ou de celui qu’elle peut exiger, ce qui est la même chose.
   Cette définition de la richesse nationale qui sert de fondement à tout le système d’Adam Smith, a besoin d’être éclaircie. Nous perdons facilement de vue dans les biens dont nous faisons usage, l’industrie qui les a créés: il faut donc montrer qu’il y a un travail susceptible d’accumulation, qu’un autre ne l’est point, et que le premier qui porte le nom de productif, est réellement accumulé dans les objets auxquels nous reconnoissons [reconnaissons] quelque valeur.

[Translation]

The common source of all the wealth of man is labour. Labour has created some pieces of the wealth, and has given value to the others. Therefore, the accumulation of productive labour of a nation forms its capital, and at the same time gives it the right, or rather the means, to impose some new labour on the nation itself or other nations, which is equal in value to the previous labour; consequently, a nation is enriched by the work it has performed, or, in other words, by the work it can command.
   This definition of the national wealth, which serves for the foundation of all the system of Adam Smith, needs explaining. Having our eyes caught by the goods of which we make use, we easily lose sight of the industry which has created them. We should, therefore, show that there is a kind of labour capable of accumulation, that another kind of labour is not so, and that the former kind of labour, which carries the name of productive, is indeed accumulated in the objects in which we find some value.

Friday 16 January 2009

Table of Contents

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, xxv-lxxxv]

Libre premier. Des capitaux.

Chapitre premier. Origine de la richesse nationale.

Chapitre II. Des capitaux fixes.

Chapitre III. Des capitaux en circulation.

Chapitre IV. Revenus et dépenses de la société; leur balance

Chapitre V. Du numéraire.

Chapitre VI. Du capital immatériel ou des créances.

[Translation]

Book 1: Of Capital.

Chapter 1: Origin of the National Wealth.

Chapter 2: Of Fixed Capital.

Chapter 3: Of Circulating Capital.

Chapter 4: Revenue and Expenditure of Society; their Balance.

Chapter 5: Of Specie.

Chapter 6: Of Intangible Capital, or Credit.

Chapter 7: Balance between Imports and Exports.

Chapter 8: Comparative Rapidity of the Circulation of Movables.

Chapter 9: Natural Direction of Capitals.

Book 2: Of Price.

Chapter 1: What is the Origin of the Price of Things?

Seller Price.

Purchaser Price.

Chapter 2: Of Nominal Price and Real Price of Things.

Chapter 3: Conformity of the Interest of Consumers with the National Interest.

Chapter 4: Of Taxes which do not change the Price, but are levied on the Rent of Immovable.

Chapter 5: Of Taxes which change the Price and are paid by the Consumer.

Chapter 6: Of Taxes on Goods of the First Necessity.

Chapter 7: Of Influences of other Taxes upon the National Wealth.

Chapter 8: Of Laws erected for the Purpose of Raising the Price.

Chapter 9: Of Laws erected for the Purpose of Lowering the Price.

Book 3: Of Monopoly.

Chapter 1: Of the Legislation of Commerce.

Chapter 2: Of the Influence of Customs upon French Manufactures.

Chapter 3: How to attain the Purpose for which the Legislator has established the Customs.

Chapter 4: Apprenticeship.

Chapter 5: Of Masters, of Trade Unions and of their Status.

Chapter 6: Of Companies of Commerce.

Chapter 7: Of Colonies.

Chapter 8: Of Treaties of Commerce.

Chapter 9: Of Free Ports.

Introduction, footnote 01

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 5]

   (1) Adam Smith donna ses premières leçons sur l’économie politique en 1752 ou 1753, mais il ne publia son ouvrage qu’au commencement de 1776. Le docteur Quesnay et Mr. Turgot fondèrent la secte des économistes vers 1760.

[Translation]

   (1) Adam Smith delivered his first course of lectures on political economy in 1752 or 1753, but only at the beginning of 1776 did he publish his work on it. Dr Quesnay and Mr Turgot founded the school of ‘Economistes’ around 1760.

Introduction, paragraph 20

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 17]

   L’on me reprochera peut-être d’avoir fait entrer dans ce plan quelques discussions concernant les impôts, qui bien que du ressort du Législateur, ne sont pas de celui du commerce; mais j’ai cru qu’il ne falloit [fallait] point, par une sévérité mal entendue, tronquer les sujets que je traitois [traitais], et exclure de mon ouvrage les développemen[t]s du système que j’exposois [exposais], dès qu’ils en altéroient [altéraient] tant soit peu l’unité; si je ne suis pas à cet égard absolument exempt de blâme, tout au moins espérai-je pouvoir obtenir l’indulgence de mes lecteurs, à laquelle je sens bien que je serai souvent forcé d’avoir recours.

[Translation]

   I may be accused of having made some arguments upon taxation in this work, a theme which is out of the domain of commerce though in the domain of legislation. However, I have believed it unnecessary to be rigorous enough to omit some subjects of my scrutiny and enough to give up more detailed accounts of the system of my own expounding in my work, in fear of demolishing any of the unity of the work. If I am accused at all in this respect, I hope to be allowed to ask for the reader’s generosity, to which I will often be forced to have resort.

Thursday 15 January 2009

Introduction, paragraph 19

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 15-17]

   Toute l’économie politique dans ses rapports avec le commerce est donc réduite ici à trois titres principaux, les capitaux, les prix, les monopoles. Je ne me suis point dissimulé qu’il manque à cette division le caractère essentiel d’être complète. En prenant le corps dans son entier, tout ce qui lui appartient ne se trouve pas nécessairement compris dans l’une ou dans l’autre partie, tout ce qui entre dans l’une n’est pas nécessairement exclu de l’autre; mais il faut se rappeler que je n’ai point entrepris de traiter de toute l’économie politique, bien que toutes ses branches soient liées. M’appliquant uniquement à la richesse commerciale, j’ai choisi au milieu du nombre infini de fils entremêlés qui se présentoient [présentaient] à moi, les trois écheveaux qui tenoient [tenaient] de plus près à cette partie de la science et je me suis étudié à les suivre jusqu’au bout. Au reste cet ouvrage peut être soumis encore à une autre division qui n’échappera sans doute pas au lecteur. Le premier volume qui contient le premier livre et trois chapitres du second, en comprend toute la partie théorique, c’est dans celui-là que sont développés tous les principes de la science, tandis que l’usage qu’on en peut faire est plutôt, indiqué que démontré. D’autre part le second volume est consacré à en faire l’application habituelle, à passer en revue les loix [lois] de la France et l’état actuel de son commerce, à solliciter les changemen[t]s que la liberté et la prospérité de ce commerce réclament, et à ramener sans cesse les faits sous les yeux du lecteur. Le premier volume est donc plus particulièrement destiné aux principes de l’économie politique, et le second à la législation commerciale.

[Translation]

   All political economy, as far as commerce is concerned, is thus divided here under the three principal titles of capital, price, and monopoly. To be honest, I am afraid this division does not guarantee this work to be complete. All branches of political economy, whose assemblage makes the entire body of the science, are not necessarily found in any section of this work, and all branches dealt with in a section are not necessarily excluded from any other section. But you should remember that I do not attempt to deal with all the branches of political economy, even though they may be connected. I have chosen to devote myself only to commercial wealth; as it were, I have chosen three skeins twined more firmly around this part of the science, instead of an uncountable number of entangled threads before my very eyes, and I have been devoted to reeling the three in. In addition, this work can still be subjected to another division, which the reader will undoubtedly approve. The first volume which contains the first book and three chapters of the second book comprises all the theoretical part, and this is where all the principles of the science is developed, though the possible use made of these is showed implicitly rather than explicitly. On the other hand, the second volume of this work is allotted for the following four themes: the general application of political economy, the scrutiny of French laws and of the present state of her commerce, the petition for reforms necessary for commercial freedom and prosperity, and the continual exposition of affairs before our eyes to the reader. More particularly, therefore, the first volume is concerned with the principles of political economy and the second with the commercial legislation.

Wednesday 14 January 2009

Introduction, paragraphs 16-18

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 14-15]

   Trois séries de questions se présentent à lui lorsqu’il examine les rapports de l’économie politique avec la législation du commerce, et c’est aussi en trois livres que nous diviserons cet ouvrage. Dans le premier intitulé DES CAPITAUX, nous examinerons en quoi consiste la richesse d’une nation, quels sont ses divers capitaux, comment ils fournissent un revenu à chaque citoyen, comment ils circulent, comment enfin et dans quel ordre ils s’accroissent.
   Dans le second intitulé DES PRIX, nous rechercherons d’après quelles bases se fixe le prix de chaque chose, comment il est susceptible de diverses évaluations, quel est l’intérêt national dans la détermination des prix; et comment le Législateur les altère soit pour procurer un revenu au Gouvernement, soit d’après le système qu’il à adopté en croyant servir le public.
   Dans le troisième livre enfin nous chercherons à apprécier les divers expédions par lesquels des Législateurs modernes ont cru favoriser le commerce, soit à l’intérieur, soit entre une dation et ses colonies, soit enfin entre elle et des étrangers; comme en dernière analyse ils n’ont fait autre chose qu’assurer à leurs marchands un privilége [privilège] exclusif pour les aider à mieux acheter et mieux vendre, le troisième et dernier livre sera intitulé DES MONOPOLES.

[Translation]

   The legislator faces three series of problems when he inquires into the relations of political economy to the commercial legislation, and we will divide this work correspondingly into three books. In the first book, entitled Of Capital, we will examine what the wealth of a nation consists in, what kinds of capital are for it, how capital provides revenue to each citizen, how it circulates, how and, finally, in what order it increases.
   In the second book, entitled Of Price, we will examine what the determinants of the price of each goods are, how a price is compatible with different evaluations, what is the national interest in price determination, and how the legislator changes a price, whether for purpose of procuring revenue for the government or with intention of serving the public under the system he has adopted.
   In the third, and last, book, we will attempt to appraise a variety of expedients which modern legislators have believed would promote commerce, whether inland trade, colonial trade, or foreign trade. As, in the end, they have done nothing but to bestow upon their merchants an exclusive privilege in order to help the merchants to make better sales and better purchases, the third and last book will be entitled Of Monopoly.

Tuesday 13 January 2009

Introduction, paragraph 15

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 13-14]

   L’économie politique est la science du Législateur, s’il n’en posséde [possède] pas l’ensemble il court risque de contrarier par ses loix [lois] les progrès de la prospérité nationale. Mais toutes ses parties ne sont pas d’une égale importance pour lui, il en [(1)] est qu’il peut ne considérer que comme une belle théorie servant à éclairer les faits qu’il a sous les yeux; c’est pour lui une étude contemplative qui développe les facultés de son esprit, sans être d’un usage direct et pratique; l’application de quelques autres ne se présente que rarement et pour des cas particuliers; mais il en est aussi qu’il peut à peine perdre de vue un moment sans s’exposer à des erreurs dangereuses. Celle que nous avons entrepris de traiter, est de ce genre. Tous les États de l’Europe ont des loix [lois] dispositives et générales sur le commerce portées dans le but d’accroître la richesse nationale; il faut donc que le Législateur, soit qu’il veuille les maintenir ou les corriger, se fasse une idée précise de la nature et des causes de cette richesse.

[Translation]

   Political economy is the science of the legislator. If he is not well informed of it as a whole, he runs the risk of obstructing the progress of the national prosperity by means of his legislation. Nevertheless all branches of political economy are not of equal importance for him, and he can only consider some branches [(1)] as good theories, useful in exposition of the affaires he sees; for him they are speculative studies which develop the faculties of his mind, without being of direct or practical use. Some other branches are applied only to a few cases and only to particular cases. However, yet other branches are what he has hardly lost sight of in a moment without being exposed to dangerous errors. It is this kind of branches of political economy that we have tried to deal with. All of the European states have dispositive and general laws on commerce with the view to increasing the national wealth. It is, therefore, necessary that the legislator should have a precise idea of the nature and causes of this wealth, whether he will maintain or amend the laws.

[Translator's note]

(1) Judging from the semantic context, the word "en" seems to me to be a pronoun for "de ses parties," (the direct object of the verb "considérer"), but this interpretation may not be right in that it is to be referred to thereafter by singular nouns such as "une théorie" and "une étude." Your suggestion would be much appreciated.

[13/01/2009 22:10]

According to Mr. MichelHOTE, my interpretation is right, and the fact that some parts are later specified as a theory and a study is not important (merci beaucoup!). The revised version of my translation is as below.

Nevertheless all parts of political economy are not of equal importance for him, and he can only consider some parts as a good theory, useful in exposition of the affaires he sees; the theory, for him, is a speculative study which develops the faculties of his mind, without being of direct or practical use. Some other parts are applied only to a few cases and only to particular cases. However, yet other parts are what he has hardly lost sight of in a moment without being exposed to dangerous errors. It is this kind of parts of political economy that we have tried to deal with.

Monday 12 January 2009

Introduction, paragraph 14

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 12-13]

   En marchant sur les traces de cet homme célèbre, et en développant les principes qu’il a posé le premier, je puis donc encore espérer d’être utile, si je réussis à profiter des travaux de mes prédécesseurs, de manière à répandre plus de jour sur la science qu’ils ont professée, à approprier à la France et à sa législation, les conseils qu’Adam Smith destinoit [destinait] surtout à l’Angleterre, enfin à présenter l’économie politique dans un ordre plus régulier, et qui n’exige pas de la part des lecteurs de si grands efforts d’attention. Si je puis être compris sans fatigue, je ne doute guère de convaincre; la doctrine du philosophe anglois [anglais] est si parfaitement liée, elle est si étrangère à toute espèce d’exagération, elle répond si clairement à toutes les questions qui se présentent, elle a été si bien confirmée par tous les événemen[t]s postérieurs à son auteur, événemen[t]s dont il semble avoir prévu les suites, qu’on ne peut la bien connoître [connaître] sans céder à son évidence.

[Translation]

   Following in the footsteps of this famous writer and developing the principles whose first presenter he is, furthermore, I can hope to help, if I succeed in adding any to the achievements of my precursors, to shed a more light upon the science professed by them, to apply to France and to her legislation the advices given by Adam Smith particularly to England, and finally to present political economy in more regular order and without demanding so much concentration of the reader. If he understands without effort what I will show, there is little doubt that he will be convinced of it. The doctrine of the English philosopher is so perfectly connected, is so far from all sorts of exaggeration, answers so clearly to all the asked questions, and is so conforming with all the events after its author’s lifetime, of which he seems to have expected the course, that no one can realise it well without accepting its truth.

Sunday 11 January 2009

Introduction, paragraph 13

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 11-12]

   Les faux raisonnemen[t]s des nouveaux adeptes, les erreurs des économistes, la marche incertaine, embarrassée, et contradictoire de tous les Gouvernemen[t]s de l’Europe, convaincu de la nécessité de poser encore une fois tous les principes fondamentaux de l’économie politique, d’en faire voir clairement l’enchaînement, et de les appuyer sur nouvelles preuves, avant que de prétendre en faire l’application. C’est en vain que le profond auteur du traité sur la richesse des nations a reconnu toutes les vérités fondamentales qui devroient [devraient] servir de règle aux Législateurs; son livre qui manque, il est vrai, de méthode, n’est compris presque de personne, on le cite sans l’entendre, peut-être sans le lire, et le trésor de connoissances [connaissances] qu’il renferme est perdu pour les Gouvernemen[t]s.

[Translation]

   The false reasoning of new advocates, the errors of the Econoimstes, and the series of uncertain, comfused and contradictory conducts of all the governments in Europe, have convinced us of the necessity to lay once again all the fundamental principles of political economy, to show their relations to each other clearly, and to prove them on some new data, before aspiring to its application. The profound author of the treatise of the wealth of nations recognised all the fundamental truths which would surely serve for the rules of legislator, but his recognitions have been made no use of. His work, whose contents are arranged, admittedly, without method, is hardly understood. Those who refer to the work may not have ever read it, let alone understand it. The treasure of wisdom held in it is not familiar to any government.

Saturday 10 January 2009

Introduction, paragraph 12

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 10-11]

   Il y a peu d’années que le Dr. Herrenschwand a annoncé une quatrième théorie différente de toutes celles de ses prédécesseurs: cependant comme il n’a point abordé la question fondamentale, en quoi consiste la richesse d’une notion? nous pourrions presque nous dispenser de parler de lui: Son système qui n’est pas facile à saisir est fondé sur la supposition que le numéraire est essentiellement possédé tout entier par le Gouvernement, et qu’il est donné ensuite par lui en échange aux artisans et aux agriculteurs, contre les produits de leur travail. Pour fournir à ce courant continuel d’espèces qui peut seul selon lui animer l’industrie d’un peuple, il propose d’autoriser le Gouvernement à émettre chaque année, du papier de crédit pour une somme toujours plus forte, lequel aura les mêmes effets que le numéraire: si c’est d’après cette nouvelle doctrine que nous devons juger des progrès qu’a fait de nos jours la science de l’économie politique, il faut convenir qu’ils ne sont pas flatteurs pour l’entendement humain.

[Translation]

   It is only a few years since Dr Herrenschwand brought up the fourth theory, different from any of the theories of his precursors. But, since he did not tackle the fundamental question of what the wealth of a nation consists in, we might hardly have to explain it. His system is not easy to understand, and is built upon the assumption that specie is essentially in the entire possession of the government and that it is allocated by it to artisans and agriculturists in exchange for the produce of their labour. In order to put money in continual currency, which he thinks to be the only means to excite the industry of a nation, he suggests authorising the government to issue paper credits every year in continually increasing amount. This will have the same effect as in the form of specie. If by the standard of this new doctrine we are told to appraise the progress the science of political economy has made in our days, we need to admit that the progress is not satisfactory for the human intellectual capacity.

Friday 9 January 2009

Introduction, paragraph 11

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 9-10]

   La richesse d’une nation, répond Adam Smith, c’est l’accumulation du travail productif: or, comme les fruits d’un travail de ce genre peuvent toujours s’échanger contre un nouveau travail d’une valeur égale, une nation est riche en raison du travail productif qu’elle a fait, ou du travail peut exiger en retour, ce qui est la même chose. Cette réponse suppose qu’on a admis une distinction entre le travail productif dont les traces sont matérielles, lequel ajoute à la valeur de la chose qui en est l’objet une autre valeur proportionnée à la peine qu’elle a coûté, et le travail improductif, lequel ne porte sur rien de matériel, et ne laisse derrière lui aucune trace susceptible d’être donnée ou reçue en échange. Fondée sur une distinction difficile à saisir, la réponse paroît [paraît] moins frappante et moins simple que celle qui sert de base aux deux autres systèmes, et le peu de clarté de ces premiers principes a rebuté bien des commençan[t]s.

[Translation]

   The wealth of a nation, according to Adam Smith, consists in accumulation of productive labour, since the produce of this kind of labour can be exchanged for new labour of the same value, a nation is rich for productive labour expended by the nation, or, in other words, for labour commanded by it in return. His view assumes that there has been admitted a distinction between productive and unproductive labour; the former materialises something and adds the value proportional to the cost pains to that of an object upon which the labour has been expended; the latter does not materialise anything and leaves behind nothing capable of being given or taken in exchange. Since it assumes a difficult distinction to understand, Smith’s argument appears to less outstanding and less simple than either of those on which the two other systems are founded, and the lack of clarity in the first principles has kept the beginner from it.

Thursday 8 January 2009

Introduction, paragraph 10

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 8-9]

   La richesse d’une nation, répondent les Économistes, n’est point le numéraire; celui-ci n’en est qu’un signe, souvent très-disproportionné avec la masse totale; mais cette vraie richesse, c’est le produit annuel de la terre; elle seule en effet est productive; les arts et le commerce transforment et dénaturent les présen[t]s qu’elle fait à l’homme sans les augmenter; ils accumulent sur une petite quantité de matière manufacturée, les moissons de plusieurs campagnes, consommées par ceux qui l’ont travaillée: cependant tous les produits de l’art ne peuvent qu’être égaux au produit de la terre qui a nourri les artisans. Cette seconde théorie plus ingénieuse que la première sans être plus vraie, a quelque chose de philosophique qui séduit sur son simple énoncé et ce n’est pas sans une étude approfondie que l’on démêle à quelles erreurs elle peut conduire.

[Translation]

   The wealth of a nation, according to the Economistes, does not consist in specie; this is only a sign, and its amount is usually out of proportion to the total amount of the wealth. Rather the true wealth consists in the annual produce of land, which is indeed the only productive factor. Manufactures and commerce transform and deteriorate the gifts which are endowed with mankind by land, without increasing them. In return for a small quantity of manufactured goods, these sectors receive rich harvests from rural areas, and have their labourers consume them. Nevertheless all the product of manufactures can be only equal to the produce of land on which the artisans have lived. This second theory, which is more ingenious but no truer than the first, is somewhat philosophical since it is fascinating in simplicity of its exposition. It is not without a deep reflection that you see what errors this theory can lead to.

Wednesday 7 January 2009

Introduction, paragraphs 08-09

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 7-8]

   On peut regarder comme servant de base à tout système d’économie politique, la décision de cette question importante, en quoi consiste la richesse d’une nation? C’est la règle d’après laquelle on doit juger toutes les loix [lois] destinées à l’accroître ou à la conserver.
   La richesse d’une nation, répondent les Mercantiles, c’est l’argent, ou le numéraire accumulé chez elle; comme avec lui tout s’achète, plus une nation aura d’argent, plus elle sera riche: cette opinion qui est absolument erronée, est d’autre part parfaitement facile à saisir: elle s’accorde avec les préjugés de tous les hommes, aussi la prennent-ils volontiers pour point de ralliement. Il arrivera même peut-être que plus les argumen[t]s qu’il faudra employer ensuite pour la soutenir, seront inintelligibles, moins ils seront contestés: celui qui les expose aime faire juger de sa capacité d’après la profondeur apparente des idées qu’il développe, et son auditeur se donne bien de garde d’élever des doutes qui sembleroient [sembleraient] indiquer les bornes de son intelligence: En énonçant le premier axiome, on l’a plus qu’à moitié persuadé, et la vanité fait tout le reste de l’ouvragé de la conviction.

[Translation]

   The answer to the following important question can be thought to be useful as the foundation of the whole system of political economy; in what does the wealth of a nation consist? This is the standard by which you should appraise all the laws which regulate the increase or the maintenance of the wealth.
   The wealth of a nation, according to mercantilism, consists in money, or in specie accumulated in its hands; since money can buy everything, the more money a nation will have, the richer it will be. While this opinion is absolutely erroneous, it is completely easy to understand. It is in accord with prejudices of all mankind, which easily make it unanimous. There may be even a possibility that, the less intelligible arguments will be further needed in support of it, the less disputed they will be. Those who make these arguments like to have their ability appraised by the standard of the esoteric appearance of the ideas of their own developing, and their audience never dare to entertain doubts which would seem to point to the limitedness of their intelligence. Presentation of the first axiom forms more than half of their task of persuading the audience, and the vanity on the audience’s side carries out all the rest of the task.

Tuesday 6 January 2009

Introduction, paragraph 07

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 6-7]

   Les progrès de l’économie politique ont été arrêtés par un autre obstacle encore, c’est l’esprit de système qui a dominé sur cette science plus que sur toute autre: les théories ont régné sur elle avec une puissance d’autant plus absolue que sa difficulté et son obscurité laissoient [laissaient] moins de moyens de les combattre: on se rallie autour des mots lorsqu’on ne peut le faire autour des idées. Deux sectes diamétralement opposées, telle des Mercantiles, et celle des Economistes se sont élevées l’une contre l’autre, chacune a triomphé à son tour, et chacune a fait pâtir la société de sa victoire: cependant les nations alternativement victimes de l’une et de l’autre, n’ont point encore appris à se tenir en garde contre des exagérations toujours ennemies la vérité. Les opinions d’Adam Smith gardent un milieu entre les deux extrêmes, et cette circonstance suffirait seule pour leur faire trouver peu de partisans ailleurs que chez les vrais penseurs: de plus elles n’ont rien de ce qui assure des succès auprès du vulgaire; elles ne peuvent non plus captiver ces demi-savans [savants] qui ne cherchent qu’à prendre un parti, et qui veulent juger l’économie politique sans l’avoir étudiée, parce que les idées fondamentales sur lesquelles elles reposent ne sont ni simples ni frappantes, que l’on ne peut les bien saisir que par l’étude de tout le système, ni se convaincre des principes que quand on en connoît [connaît] les conséquences.

[Translation]

   Another obstacle has been still to the progress of political economy. This is the spirit of system, which has been more dominant in this science than any other. Theory has reigned over this science with all the more absolute power since its difficulty and abstruseness made it less disprovable. The science dazzles the reader with the terminology when it cannot with the thought. The two directly opposed sects of mercantilists and of Economistes have grown in conflict with eath other; each of them has made its own way, and has annoyed the society with its avowed victory. However, no nation, alternately victimised by the one and the other, has yet learned to keep guard over exaggerations, which are always enemies to the truth. Adam Smith’s opinions are the mean between the two extremes, and this circumstance alone is sufficient to explain why they have found little advocacy except among true philosophers. In addition, his opinions are none of those which are surely popular among ignoramuses; nor do they interest those half-learned men who search them only for easy aphorisms and who try to judge of political economy without having studied it. This is because the fundamental ideas on which Smith’s opinions are founded are neither simple nor outstanding; not until having studied the whole system can anyone understand them so well, and not until having understood their consequences can anyone be convinced of any of the principles.

Monday 5 January 2009

Introduction, paragraph 06

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 4-6]

   Je sens bien que lorsque l’on met l’autorité d’un seul homme en opposition avec celle de tout l’univers, on excite une juste défiance, et que les gens sensés se refusent à croire qu’une seule tête ait réuni des connoissances [connaissances] qui auroient [auraient] échappé à tous les esprits; aussi n’est-ce pas sous ce point de vue qu’on doit présenter Adam Smith, la science qu’il a le premier professé avec succès est nouvelle: il n’y a guère que cent trente à cent quarante ans que Colbert se figura qu’il appartenoit [appartenait] aux Gouvernemen[t]s d’enrichir les peuples soumis à leur empire: jusqu’à lui on avoit [avait] laissé les intérêts particuliers suivre leur pente naturelle, et l’on s’en étoit [était] remis à leur activité du soin d’élever des fortunes. Le système mercantile qu’embrassa Colbert fut depuis adopté par d’autres Gouvernemen[t]s, il fut soutenu et développé par des négocian[t]s intéressés justifier les faveurs qu’on leur accordoit [accordait]; mais il se passa long-tem[p]s encore avant que d’autres qu’eux portassent sur cette matière le flambeau de la critique (1). Les expériences de la politique sont plus lentes que celles de la physique ou de la chimie, il n’est pas permis en tout tem[p]s et en tout lieu d’occuper le public de leurs résultats, et si nous réfléchissons aux événemen[t]s qui ont troublé l’Europe, depuis que les économistes en France, et Adam Smith en Angleterre, ont attaqué le système mercantile, nous cesserons de nous étonner que leurs discussions et les lumières répandues par le dernier n’aient pas produit plus d’effet.

[Translation]

   I think it reasonable that it seems duly incredible that the authority of a single person is opposed to that of the rest of the world, and that a sensible man cannot believe that a single person understood what no one else could. Therefore, it is not from this viewpoint that Adam Smith should be introduced, but it is from the viewpoint of the newness of the science of which he is the first successful professor. It is only 130 or 140 years since Colbert felt that governments were responsible for making their imperial subjects wealthy: until his time particular interests had been left to take their own course, and had been left with the task of increasing the fortune in the course. The mercantile system including Colbert’s was ever since adopted by other governments, and was supported and developed by merchants anxious to justify the favour bestowed upon them, but it was long again before this was harshly criticised from another camp (1). The experiment in politics takes longer than in physics or chemistry, and its results cannot be applied to every nation irrespective of space and time. If you reflect upon those events which have troubled the whole of Europe since the Economistes in France and Adam Smith in Britain attacked the mercantile system, it does not come as a surprise that the Economistes’ discussions and Smith’s enlightening explanations have been no more influential.

Sunday 4 January 2009

Introduction, paragraph 05

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 4]

   Un seul homme a mesuré dans l’étendue de son esprit toutes les profondeurs de l’économie politique, il s’est avancé à pas de géant dans la carrière, tandis que tous ses rivaux se combattoient [combattaient] et se combattent encore autour du point de départ; il a étonné par la force de ses conceptions, il a recueilli des applaudissemen[t]s universels, mais au moment même où l’on lui a décerné le prix de la course, on a perdu de vue la route qu’il avoit [avait] parcourue, et ses succès n’ont encouragé presque personne à suivre ses traces: le nom d’Adam Smith n’est jamais prononcé sans un juste tribut d’éloges, mais son autorité est méconnue, et ses leçons restent sans fruit.

[Translation]

   There once came a man alone exploring the deepest fields of political economy with all his energies. He made rapid progress with the subject, while all his rivals were fighting (and still are fighting) against one another around the fundamental point. He surprised the world by the robustness of his conceptions, and got a round of applause. However, while he won the prize of the competition, all sight was lost of the route of his own taking, and his victory hardly encouraged anyone to follow in his footsteps. Although the name of Adam Smith never fails to remind us of due respect for him, his authority is neglected and his lessons remain to be learned.

Saturday 3 January 2009

Introduction, paragraph 04

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 3-4]

   Mais, quelque limité que soit le plan que j’ai dessein de suivre, il faut le rattacher au système général de la science, pour déduire de ses vrais principes les conséquences que je devrai en tirer: il est nécessaire pour cela que le lecteur remonte avec moi aux bases fondamentales de l’économie politique, et cherche à les reconnoître [reconnaître], ou plutôt à les fixer invariablement. On peut s’étonner de ce qu’on les regarde encore comme incertaines; mais les progrès qu’on a fait dans cette étude ne sont point proportionnés au nombre des écrivains qui s’y sont livrés depuis peu. On les voit élever système contre système, se contredire, se combattre, fermer les yeux à l’évidence, méconnoître [méconnaître] l’autorité de l’expérience lorsqu’elle se refuse à justifier leurs théories, et toujours perdus dans un monde imaginaire, demeurer étrangers à celui auquel ils dictent sans cesse des loix [lois]. Les Gouvernemen[t]s témoins de leurs controverses, et les entendant invoquer de part et d’autre le raisonnement, le calcul, et la théorie, regardent en pitié leurs contradictions, les traitent presque de visionnaires et se refusent également à adopter et les erreurs et les vérités qu’ils publient.

[Translation]

   Whatever a limited plan I may have expected to follow, it is nevertheless necessary to put it in the generally systematic form of science, in order to deduce due conclusions from true principles. This makes it necessary that the reader should turn back with me to fundamental principles of political economy, and should attempt not to lose sight of them, or rather, consistently to stare at them. It may be surprising that they are still regarded as uncertain. But the rate of the progress of this study has not been as high as that of the number of the authors who have recently written on the subject. You see the writers coming up with one system after another, in contradiction with one another, in conflict with one another, keeping eyes shut to the evidence, and negligent of the authority of experience when it refuses to justify their theories. Moreover, you see them forever lost in an imaginary world, and still unfamiliar with the world where they always behave insolently. Witnessing their controversies and hearing them invoke reasoning, calculation, and theory against one another, governments regard their contradictions as pitiable, make no better than illusionists of them, and refuse to adopt their right ideas as well as their wrong ones.