Tuesday 3 August 2010

Book 3, chapter 4, paragraph 02

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 251-252]

   Dans chaque métier, les statuts d’apprentissage ont été faits originairement par ceux qui étaient déjà reçus maîtres; il n’est point étrange que ceux-ci cherchassent à écarter de nouveaux venus, qui pouvaient leur faire concurrence, et diminuer leurs profits en les partageant: aussi tous les métiers ont-ils cherché à rendre difficile l’entrée de leurs corps. Ils ont fait choix pour cela de deux expédients, celui d’empêcher tout homme d’exercer leur profession, s’il n’avait pas dûment accompli toutes les conditions qu’il leur plairait de lui prescrire, et celui de rendre ces conditions aussi dures et aussi pénibles qu’ils le pourraient. Comme il n’y a point d’école pour les arts mécaniques, ni pour le commerce, ces maîtres se trouvaient déjà avoir le pouvoir de repousser tous ceux qui pourraient par la suite rivaliser avec eux, en leur refusant l’instruction qu’eux seuls étaient en état de leur donner. Cependant, comme d’une part les gens à talent, pouvaient par la seule force de leur esprit, et leur constante application, suppléer à l’instruction qu’on leur refusait; et comme de l’autre, l’intérêt d’éloigner des concurrents n’était pour les marchands qu’un intérêt de corps, qui chez chacun d’eux pouvait être étouffé par l’intérêt particulier; ils jugèrent à propos de se lier par des règles communes, de les faire sanctionner par l’autorité souveraine, et d’exclure au moyen de cette même autorité, de toute participation aux métiers qu’ils exerçaient, ceux qui pourraient leur faire concurrence par leurs seuls talents naturels.

[Translation]

   In every trade, the statutes of apprenticeship were originally erected by those already recognised as masters. It is not absurd that they seek to oust new comers who might compete with them and might fetch their profits down by taking a part from them. Thus, in all trades they sought to make it difficult for any other person to entry into their trade associations. For this purpose, they chose from two expedients, one of which was to forbid every man from engaging in their business if he did not properly meet all conditions arbitrarily imposed upon him, and the other of which was to make the conditions as tough and bothersome as they could. Since there is no school for these technical arts or commerce, it transpired that these masters were already entitled to reject those who could soon be their rivals, by denying them the instruction that the masters are alone able to give them. However, talented men were able to supply their lack of instruction with all their own intellect and constant application, on the one hand, and it was only in the interest of their association for the merchants to escape competition, with the result that the association might be broken up due to their different individual interests, on the other hand. Therefore, the masters felt more like being under general regulations, having the regulations sanctioned by the sovereign authority, and wishing this authority to exclude every one who could compete with them with all his own natural talents, from any participation in the trades in which they were engaged.