Tuesday 30 November 2010

Book 3, chapter 7, footnote 05

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 356]

(5) Voyez les lettres patentes du 11 Juillet 1664.

[Translation]

(5) See the charters on 11 July, 1664.

Monday 29 November 2010

Book 3, chapter 7, footnote 04

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 354]

(4) Necker. Administration des Finances. Vol. I. Chap. 13. La population de l’Isle Tabago n’y est pas portée.

[Translation]

(4) Necker, Administration des Finances, volume 1, chapter 13. The population of the island of Tobago is not presented there.

Sunday 28 November 2010

Book 3, chapter 7, footnote 03

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 341-342]

(3) Les Carthaginois dont l’esprit était tout-à-fait mercantile, paraissent avoir eu l’intention de s’attribuer le monopole du marché de leurs colonies, et des pays barbares soumis à leur puissance. Polybe nous a conservé tous leurs traités avec les Romains, depuis l’origine de ces deux Républiques, et l’on y voit que la cité marchande prenait un soin tout particulier d’exclure les négociants Romains de la Sardaigne et de la Lybie, tandis qu’elle les admettait dans son propre port, à Carthage, comme aussi dans ses possessions de Sicile. Par le premier traité conclu l’an de Rome 245, avant J. C. 509, sous le Consulat du premier Brutus; les Carthaginois n’interdisaient aux Romains que l’approche de la petite Syrte, et des environs de Bysacium; (lieux situés au delà du beau Promontoire) ce traité porte: [Greek] Polybius, Libro tertio, Capite vigesimo-secundo. Mais par un autre traité postérieur quoique conclu long-temps avant a première guerre entre ces deux Peuples, le monopole des Carthaginois est étendu plus loin. Il porte: [Greek] Polyb. ib. Cap. XXIV. Ces premiers symptômes de l’influence de l’esprit mercantile sur la diplomatie, m’ont paru mériter d’être mis sous les yeux du lecteur.

[Translation]

(3) The Carthaginians, whose mind was entirely mercantile, seem to have had the intention to capture the monopoly of the market of their colonies and barbarous countries subjected to their power. Polybius filed all their treaties with the Romans, concluded since the origin of these two Republics, and we can find there that the commercial city-state took particular care to exclude the Roman merchants from Sardinia and Libya, while she admitted them into her own ports at Cartago, as well as in her possessions in Sicily. By the first treaty concluded in the Roman year 245 (b. c. 509), under the consulate of the First Brutus, the Carthaginians kept the Romans from the Syrtis Minor and the neighbourhood of Byzantium (areas situated beyond the Beautiful Promontory). This treaty reads: [Greek passages]. Polybius, book 3, chapter 22. However, by another treaty concluded later but long before the first war between these two peoples, the monopoly of the Carthaginians was extended further. It reads: [Greek passages]. Polybius, ibid., chapter 24. These earliest symptoms of the influence of the mercantile mind upon diplomacy appeared to me worth catching the eyes of the reader.

Saturday 27 November 2010

Book 3, chapter 7, footnote 02

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 339]

(2) Ceci ne peut s’appliquer aux Colonies des Antilles, où le travail étant fait par des esclaves, il ne reste point d’énergie dans les hommes libres: aussi leur prospérité n’a-t-elle jamais été complète; on n’y a vu ni accroissement de population, ni déploiement d’industrie; leur richesse ne tient qu’à l’emploi d’un capital Européen sur les campagnes désertes du pays du monde le plus fertile: c’est toujours cependant comme l’on voit, l’union des avantages d’une vieille et d’une nouvelle nation.

[Translation]

(2) This cannot apply to the colonies of the Antilles, where slaves perform labour, and free men have no energy. Therefore, their prosperity has not been realised. No growth of population or display of industry has been seen. Their wealth relies exclusively upon employment of a European capital on the wilderness in the most fertile county in the world. However, this is always the union of the advantages of an old nation and a young nation, as is seen.

Friday 26 November 2010

Book 3, chapter 7, footnote 01

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 334]

(1) Le commerce avec les Isles du Golfe du Mexique a toujours présente, soit à la France soit à l’Angleterre, une balance très défavorable; celui avec les colonies Continentales, a toujours présenté au contraire une balance très favorable, conformément aux notions des mercantiles; c’est-à-dire, une grande supériorité de valeur dans les envois sur les retours. Voyez la note 1. Liv. 1. Ch. VII.

[Translation]

(1) France and England respectively have always recorded an unfavourable balance of trade with the islands of the Gulf of Mexico. They have, on the contrary, recorded a favourable balance of trade with the continental colonies, a fact which is in consistence with mercantile notions. That means a large surplus in value of outward cargos over return cargos. See note 1, book 1, chapter 7.

Thursday 25 November 2010

Book 3, chapter 7, paragraph 44

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 376-377]

   La nation qui pourrait le plus gagner à affranchir le commerce de ses colonies, c’est l’Espagnole. Si elle substituait des droits d’entrée modérés, à la prohibition qu’elle s’efforce de maintenir, elle retirerait de ses États du Nouveau Monde un revenu si considérable, qu’il suffirait seul pour rendre toute sa vigueur à ce Gouvernement dès long-temps épuisé. Mais l’Espagne a prodigieusement de chemin à faire, avant d’avoir réglé son économie politique sur les principes de la raison.

[Translation]

   No other nation could gain more by opening her trade with her colonies to other nations than the Spaniards. If they placed moderate import taxes instead of the prohibition they are trying to maintain, they would expect enormous revenue from their states in the New World. This revenue alone would be sufficient to restore that government so long exhausted to its former vigour. However, Spain has a surprisingly long way to go before she comes to govern her political economy according to the principles of reason.

Wednesday 24 November 2010

Book 3, chapter 7, paragraph 43

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 375-376]

   Comme les mêmes causes d’inexactitude et d’erreur, doivent avoir influé sur l’un et l’autre calcul; comme tout au moins celui du produit des douanes, doit être fondé sur des faits positifs; cette comparaison, sans nous donner la mesure du commerce de l’Espagne, nous donne une approximation de l’influence qu’a eu sur sa prospérité la liberté qu’on lui a accordée, quelque circonscrite qu’elle soit. L’accroissement que lui donnerait une entière liberté de commerce, serait encore bien plus considérable, non-seulement en raison du peu d’activité de la marine Espagnole, et du peu de capitaux dont dispose cette nation, mais plus encore, en raison du caractère de lenteur et de nonchalance, que le Gouvernement et la religion lui ont imprimé, dans les colonies comme dans la métropole, et qui ne peut être détruit que par son mélange avec d’autres nations, ou par l’activité des commerçants aventuriers, qui parcourraient ces vastes contrées, pour découvrir les trésors qu’elles recèlent, et appeler leurs habitons, par l’offre de jouissances et de richesses, à les exploiter pour le exploiter pour le service de l’Univers. Le génie des Anglais et des Hollandais, porté au Pérou et au Mexique, ferait plus pour ces deux contrées, que les capitaux mercantiles de ces deux Peuples opulents.

[Translation]

   Since the same causes of incorrectness and error must have influence both of the calculations, since at least the calculation of the produce of customs duties must be grounded upon positive facts, this comparison does not give us the measure of the Spanish trade but an approximation of the effect that the freedom accorded to her trade has exerted upon her prosperity, however limited the freedom mamy be. The boost of her trade due to completely free trade would be all the more, not only for lack of activity in the Spanish navy, and of capital at her disposal, but also for the character of slowness and nonchalance which her government and her religion have implanted in the colonies as well as the home country, and which can be extinguished only by her contacts with other nations, or by the activity of adventurous merchants, who would struggle through these vast countries to discover treasures hold there, and to call on their habitants, by offering enjoyments and riches, to exploit them at the service of the Universe. The genius of the English and Dutch nations, brought to Peru and Mexico, would do more for these two countries than mercantile capitals of these two opulent peoples.

Tuesday 23 November 2010

Book 3, chapter 7, paragraph 42

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 373-374]

   Ce n’est pas que le changement introduit, en 1778 dans le régime des colonies Espagnoles, ne leur ait été extrêmement favorable, et n’ait fort accru leur prospérité, dans le court espace de temps qui s’est écoulé depuis lors jusqu’à la guerre maritime. Autant que l’on peut prêter de foi à ces registres fastueux des importations et exportations, et à ces relevés de bureaux, que l’on donne comme des faits irrécusables, la différence entre l’année 1773, et l’année 1788, est comme suit (9).

Exportation de l’Espagne en Amérique en 1778. Argt. de France. L. 19,000,000.
Idem. en 178876,000,000
Retours de l’Amérique en Espagne en 177818,000,000
Idem. en 1788 (10)201,000,000
Droits à l’entrée et à la sortie en 17782,000,000
Idem. en 178815,000,000

[Translation]

   The change introduced in 1778 in the regime of the Spanish colonies was not extremely favourable to them, nor did it promote their prosperity in the short space of time which passed since then until the maritime war. As far as we can have trust in those seemingly swollen records of imports and exports, and in those official statements, as indisputable facts, the difference between the year 1778 and 1788 is as follows (9).

Exports from Spain to America in 1778 (in terms of French currency)L. 19,000,000
Idem. in 178876,000,000
Returns from America to Spain in 177818,000,000
Idem. in 1788 (10)201,000,000
Import and export taxes in 17782,000,000
Idem. in 178815,000,000

Monday 22 November 2010

Book 3, chapter 7, paragraph 41

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 372-373]

   Il résulte de cette disproportion entre les besoins du commerce, et son état actuel, que toutes les marchandises de l’Amérique destinées pour l’Europe; l’or, l’argent, les perles, le cacao; l’indigo, la cochenille, etc. sont infiniment au-dessous de leur prix dans les établissements Espagnols; que toutes celles de l’Europe, dont les consommateurs Américains ont besoin, se vendent beaucoup plus qu’elles ne valent; et que des vaisseaux interlopes, qui font le commerce de contrebande entre les nations de l’Europe et les colons Espagnols, font un bénéfice de cent et deux-cents pour cent. Il est vrai que leur métier est rendu dangereux par la vigilance des Gardes-côtes, ou dispendieux par la nécessité de les corrompre, ainsi que les Gouverneurs des Porte de mer; mais en toute occasion, c’est toujours le consommateur qui paye l’assurance de la contrebande; aussi la nation qui s’attribue un monopole, accorde-t-elle par cette imprudence, des bénéfices encore plus considérables aux marchands des nations rivales, qu’elle n’en réserve aux siens propres.

[Translation]

   As a result from this disproportion between the needs of trade and its current state, all American commodities for Europe, such as gold, silver, pearl, cocoa, indigo, cochineals, and others, are infinitely below their price in the Spanish settlements; all those the European commodities demanded by American consumers are for sale at a still higher price than it is worth; and the interloping vessels which did an illegal trade between European nations and Spanish colonies gain 100 or 200 per cent of profits. It is true that their trade is rendered risky due to the vigilance of coastguard ships, and expensive due to the necessity to bribe them as well as that the governors of seaports. But on each occasion it is always the consumer that pays the guarantee of smuggling. Thus, the nation who establishes a monopoly gives up still more profits to merchants of rival nations by this imprudence, than she reserves for her own merchants.

Sunday 21 November 2010

Book 3, chapter 7, paragraph 40

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 371-372]

   Ce n’est qu’en 1778 que la liberté du commerce fut accordée aux colonies continentales de l’Espagne. Porto-Rico commença à en jouir dès 1765, et les autres possessions Espagnoles à différentes époques, toutes postérieures à celle-là. Cette liberté n’est autre chose que la suppression des entraves, mises dès le temps de Philippe second, sur le commerce entre la métropole et ses colonies; la communication de ces dernières avec tous les autres États, n’en est pas moins sévèrement interdite; le pourvoyeur du marché le plus riche et le plus vaste de l’Univers, n’en est pas moins le peuple le plus dépourvu de capitaux, de manufactures, et d’activité de l’Europe; en sorte qu’il est de toute impossibilité que son commerce soit aucunement proportionné, à l’étendue des États qu’il devrait vivifier.

[Translation]

   Only in 1778 was free trade accorded to the continental colonies of Spain. Puerto Rico started to enjoy it as early as 1765, and other possessions did at different times after that. This freedom is nothing but the abolition of the restraints placed in the time of Philippe II upon trade between the home country and her colonies. The communication of these colonies with all other states is nonetheless severely prohibited. The provider of the richest and vastest market in the Universe is nonetheless the people who are the shortest in capital, manufactures, and activity in Europe. As a consequence, it is not possible at all that her trade will be in proportion to the extent of the states that it would be obliged to animate.

Saturday 20 November 2010

Book 3, chapter 7, paragraph 39

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 369-371]

   L’abandon du système exclusif procurerait aux colonies Françaises un autre avantage; elles sont parfaitement à portée de faire le commerce interlope des colonies Espagnoles, l’un des plus riches et des plus lucratifs de l’Univers. Des régions immenses, d’une fertilité admirable, et qui, quoique moins prospérantes que les autres colonies du Nouveau Monde, sont cependant peuplées de riches habitants, appartiennent en Amérique à la couronne d’Espagne; celle-ci maintient son monopole avec plus de sévérité qu’aucun autre Gouvernement de l’Europe, et cependant le capital ni l’industrie de l’Espagne, ne sont nullement proportionnés au commerce qu’elle veut s’arroger exclusivement. Tous les échanges de cet Empire immense avec l’Orient et les Philippines, se sont faits pendant long-temps, par deux galions seulement, qui partaient chaque année d’Acapulco pour Manille; presque tous ceux du Mexique avec le Pérou, se faisaient par un seul galion, qui partait d’Acapulco pour Lima; enfin le commerce entre l’Europe et l’Amérique Espagnole, se faisait par huit galions, et douze ou seize vaisseaux marchands, ou de registre, qui partaient de Cadix pour le Pérou, et quatre galions, avec douze ou quinze vaisseaux marchands, qui partaient chaque année de Cadix pour le Mexique. Si le commerce était libre, deux mille vaisseaux suffiraient à peine pour faire tous les échanges de ces vastes et riches régions. Nous avons vu qu’on pouvait trouver des sophismes pour justifier tous les autres monopoles, et que les Gouvernements pouvaient être induits en erreur par des raisonnements captieux, sur un sujet qu’ils n’entendent pas, et qui de sa nature est abstrait; mais la politique de l’Espagne, qui pendant trois siècles s’est obstinée à écraser le commerce, et à ruiner ses sujets dans les deux mondes, sans profit ni pour le fisc, ni pour aucune classe de particuliers, est une chose absolument inexplicable.

[Translation]

   The abandonment of the exclusive system would procure another advantage for the French colonies. They are completely capable of doing an interlope trade with the Spanish, one of the richest and most lucrative trades in the Universe. Immense regions which are of admirable fertility, and which, though less prosperous than any other colony in the New World, are crowded with rich habitants, and belong in America to the Spanish crown. Spain maintains her monopoly with more severity than any other government in Europe, and yet the capital or industry of Spain is not in proportion to the trade that she wants to enjoy exclusively. All trades of this immense Empire with the Orient and the Philippines were carried out for a long time by two galleons alone, which every year left Acapulco for Manila. Almost all the trades of Mexico with Peru were carried out by only one galleon, which left Acapulco for Lima. Finally, trade between Europe and Spanish America was carried out by eight galleons, and by twelve or sixteen merchant or register vessels, which left Cadiz for Peru, and four galleons, with twelve or fifteen merchant vessels, which every year left Cadiz for Mexico. With free trade, two thousand vessels were barely sufficient to do all trades with these vast and rich regions. We have seen that we can find sophisms to justify all other monopolies, and that the governments can be led into error by fallacious reasoning on a subject that they do not understand, and that is abstract by nature. But the policy of Spain, which for three centuries has persisted in crushing trade, and in ruining her subjects in the two worlds, without benefiting the treasury or any class of individuals, is completely impossible to explain.

Friday 19 November 2010

Book 3, chapter 7, paragraph 38

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 367-369]

   L’on a découragé de même autant qu’on l’a pu l’établissement des manufactures dans les colonies, on aurait même été charmé d’empêcher qu’elles produisissent du blé ou du vin, afin de les tenir dans une dépendance absolue de la métropole, et d’augmenter le nombre des objets que ces deux pays pourraient échanger ensemble; comme si un pays n’offrait pas d’autant plus d’occasions d’échanges, qu’il est plus riche et plus peuplé, et comme si la colonie de Saint-Domingue par exemple, devait faire un moindre commerce avec la France, lorsqu’elle sera arrivée au point de prospérité auquel l’appellent l’étendue et la fertilité de ses terres, qu’elle ne fait aujourd’hui. Au reste, lors même que cela devrait arriver, puisque Saint Domingue fait partie de la République Française, il est à désirer que ses habitants se multiplient et s’enrichissent, et pour cela, qu’ils ne tirent pas de loin ce qu’ils peuvent obtenir à meilleur marché près d’eux, comme aussi qu’ils ne cherchent point à faire chez eux, ce qu’ils peuvent obtenir à meilleur marché du dehors. Le même système d’économie politique doit s’étendre sur les colonies comme sur la métropole; liberté entière du commerce, pour que le vendeur se contente du prix relatif libre, l’acheteur du prix intrinsèque et que tous les deux y trouvent leur avantage; le premier faisant entrer dans le prix, un profit qui fait partie du revenu national, et le second épargnant sur ce prix, une dépense qui fait partie de la dépense nationale, Mais c’est en partant de ces principes mêmes que l’on sent la nécessité de modifier selon les circonstances les lois financières. Les colonies peuvent supporter des impôts plus considérables peut-être que la métropole, mais ceux qu’on assied sur leur consommation, ne peuvent être les mêmes, que ceux qu’on assied sur la nôtre, vu que les objets qui chez nous sont susceptibles de douane, ne sont souvent chez elles susceptibles que d’excise, et vice versa; ce que leur climat produit étant justement ce qui manque au nôtre. Il conviendrait donc que l’Assemblée de chaque colonie, indiquât les objets les plus susceptibles d’être taxés à leur importation, et qu’à ce prix elle achetât une liberté absolue pour le commerce.

[Translation]

   Likewise, we have tried our utmost to discourage the establishment of manufactures in the colonies, and have been pleased even to keep them from producing corn or wine, in order to subject them to complete dependence upon the home country, and to increase the number of objects exchanged by these two countries with each other. It looks as if a country offered none the more occasions for trade as it is richer and more populous, and as if the colony of Santo Domingo, for example, were supposed to do a less trade with France when the colony has arrived at the degree of prosperity allowed by the extent and fertility of its land, than it does today. In addition, even when it would be supposed to arrive there, since Santo Domingo comprises a part of the French Republic, it is desirable that its people should be larger in number and wealth, and, therefore, that they should not bring from a distance what they can obtain at a lower price in their neighbourhood, just as they do not take the trouble to manufacture what they can obtain at a lower price abroad. The same system of political economy should apply to both the colonies and the home country; completely free trade, for sellers to be contented with the free relative price, for buyers to be contented with the intrinsic price, and for both of them to find their respective advantages there. The former include their profits, a part of the national revenue, in the price, and the latter save their expenses, a part of the national expenditure, in their price. By starting with these same principles, however, we feel it necessary to modify financial laws according to circumstances. The colonies can probably pay higher taxes than the home country, but those levied on their consumption cannot be the same as those levied on ours, considering that the goods which are subject to customs duties in our country, are often not subject to excise in their country, and vice versa; that what their climate produces is just what our climate cannot produce. Therefore, it would be adequate that the assembly of each colony should specify what goods are taxable on their importation, and that the colony should pay the price for complete freedom of trade.

Thursday 18 November 2010

Book 3, chapter 7, paragraph 37

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 366-367]

   Outre le monopole qu’on a assuré aux marchands nationaux contre les colons, on a de plus prétendu régler leur commerce d’une manière désavantageuse; c’est ainsi qu’on a souvent prohibé aux vaisseaux négriers, de prendre en retour des marchandises pour l’Europe, et qu’on s’est étudié en plusieurs occasions, à interdire aux marchands, le commerce d’une colonie à l’autre, les forçant de cette manière à revenir à vide, après avoir déposé leur cargaison. Toutes les fois cependant qu’un vaisseau revient à vide, après avoir fait un transport quelconque, le consommateur qui a acheté les marchandises qu’il a apportées, est obligé de payer double fret, celui de l’allée, et celui du retour; c’est pour lui une augmentation de dépense, qui ne tourne à l’avantage de personne, ni à celui du marchand, qui n’exige que le rembours de ses frais de double voiture, ni à celui des matelots, qui ne reçoivent leur solde qu’en raison du travail inutile qu’ils ont fait, et non point gratuitement.

[Translation]

   In addition to the monopoly that is secured against settlers for merchants from the home country, we have often tried to regulate their trade in another disadvantageous way; we have often prohibited slave trading vessels from bringing commodities to Europe by return, and, on several occasions, we have been devoted to keeping merchants from trading from one colony to another, thereby forcing them to return with no cargo after having unloaded their cargo in a colony. However, every time a vessel returns with no cargo after having made a certain transport, the consumer who has bought the commodities brought by it is obliged to pay a double shipping charge: the cost of outward and of return freights. This increase of his expenditure turns to no advantage of any one, neither of the merchant, who asks only for the payment of his cost of return trip, nor of the crew, who receive their salary not gratuitously but only in proportion to the useless labour that they have performed.

Wednesday 17 November 2010

Book 3, chapter 7, paragraph 36

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 366]

   Si l’on veut donc que nos Colonies se relèvent rapidement des désastres que leur a causé la guerre civile, que leur population s’accroisse, et qu’elles ajoutent réellement à la force et à la richesse de la France, on doit rendre le commerce libre dans tous leurs ports, et y admettre les vaisseaux de toutes les nations; mais l’on peut sans crainte d’être oppressif, faire payer un droit d’entrée assez considérable aux marchandises qu’on y introduira, sur quelques vaisseaux qu’elles y arrivent; cette taxe ne fera pas autant de tort à leur industrie que ne lui en faisait le monopole national, et elle sera bien plus profitable.

[Translation]

   Therefore, if we want to see our colonies recover rapidly from disastrous consequences of the civil war, grow in population, and add really to the power and wealth of France, then we should make trade free in all their ports, and admit vessels of any nationality into them. Nevertheless, we can (without fear of being oppressive) levy a considerable sum of tax upon entrance of commodities imported there, no matter what vessels may carry the commodities. This tax will not do so much harm to their industry as did the national monopoly, and will be still more beneficent.

Tuesday 16 November 2010

Book 3, chapter 7, paragraph 35

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 364-365]

   Si nous considérons la position de chacune de nos colonies, nous verrons que la politique nous conseille de renoncer avec elles au système exclusif. Il faut user de ménagements avec la Martinique, la seule qui échappée aux convulsions révolutionnaires, soit demeurée riche; autrement elle regrettera d’être retournée sous la domination de la France, et les plus riches planteurs la quitteront, pour suivre les Anglais sous lesquels ils prospéraient. La Guadeloupe et St. Domingue, ruinées par les suites d’une émancipation exécutée avec autant de démence, qu’on avait mis de barbarie à rassembler les esclaves qu’elle affranchissait, n’auront de long-temps des consommateurs riches; mais ces isles seraient heureuses de former des relations de commerce avec les étrangers, et de trouver chez eux les capitaux nécessaires pour fermer les plaies que leur a fait la guerre. La constance des Français des isles de la Réunion, mérite la reconnaissance nationale: c’est la leur prouver, et pourvoir en même temps aux intérêts de la République sur les mers de l’Inde, que de faire fleurir le cabotage parmi eux. Le moyen le plus sûr d’y trouver de bons corsaires dans une nouvelle guerre, c’est de lent laisser exercer librement, le commerce pendant la paix.

[Translation]

   Consider the position in which each of our colonies is placed, and we will see that it is politic for us to give up the exclusive system along with the colonies. We must treat Martinique gently, which is the only colony which, escaping revolutionary convulsions, remains rich. Otherwise, this colony will regret falling again under the French domination, and the richest planters will leave it to follow the English domination, under which they would prosper. Guadeloupe and Santo Domingo, ruined in the aftermath of an emancipa¬tion executed with such lunacy, that there took place atrocities in assembling the eman¬cipated slaves, will not have rich consumers soon. But these islands would be fortunate to form commercial relations with foreigners, and to find necessary capital in their interior to close the wounds which were given to them during the war. The consistent presence of the French in the islands of Réunion is worth the national recognition. To prove it to them, and, at the same time, to serve the interest of the Republic in the seas of India, is to make cabotage roaring among them. The most certain way to find good corsairs in a new war there is by leaving them doing a free trade in peacetime.

Monday 15 November 2010

Book 3, chapter 7, paragraph 34

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 364]

   Lors même que le commerce serait parfaitement libre, nous vendrions toujours aux Colonies, nos vins et nos eaux de vie, les draps de ceux de nos Départements qui travaillent meilleur marché que l’Angleterre, nos modes, nos soieries, nos montres, et tant d’autres marchandises pour lesquelles nous avons l’avantage sur les étrangers. D’autre part les colons tireront leur blé et leur bétail en droiture de l’Amérique, sur des vaisseaux Américains, et continueront d’acheter des Anglais, plusieurs marchandises qu’ils trouvent meilleur marché chez eux que chez nous.

[Translation]

   Even if trade were to be perfectly free, we should always sell the colonies our wine and whisky, textile from those departments which produce at a lower cost than England, our clothes, silk, watches, and many other commodities for which we have an advantage over foreigners. On the other hand, the settlers would obtain their corn and livestock at first hand from America, by American vessels, and would continue to buy from the English merchants several commodities that they find lower-priced in their market than in ours.

Sunday 14 November 2010

Book 3, chapter 7, paragraph 33

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 363-364]

   Lorsque le commerce entre la métropole, et les Colonies s’exerçait avec la plus grande activité, sur un capital circulant de plus de 150 millions, quoique la perte résultant du monopole fut plus considérable pour les Colonies, qu’elle ne le serait aujourd’hui que leur production et leur consommation sont si prodigieusement réduites, cependant l’on aurait pu hésiter à conseiller d’y renoncer, dans la crainte de paralyser, du moins momentanément, les nombreuses manufactures qui travaillaient pour elles, et qui n’auraient peut-être pas pu supporter la rivalité libre des étrangers. Mais aujourd’hui nos manufactures ne travaillent plus pour les Isles, une longue guerre a suspendu leurs relations, et lorsque ce marché ne se rouvrira que pour les marchandises françaises qui peuvent se vendre au prix relatif libre, aucun artisan n’y perdra son gagne-pain, aucun atelier en activité ne se fermera, seulement il ne s’en ouvrira aucun mal à propos; la France ne prendra point l’engagement onéreux de faire ce à quoi elle ne peut pas suffire; et n’ôtera point aux arts et à l’agriculture, les capitaux qu’ils emploient plus utilement, et qui ne suffisent pas aux besoins actuels des manufactures qui travaillent déjà.

[Translation]

   When trade between the home country and her colonies was carried out with the most activity, employing more than 150 million of circulating capital, even if the loss resulting from the monopoly had been larger for the colonies than it would be today that their production and consumption are so surprisingly reduced, then we might have hesitated to suggest abandoning this trade, in fear of paralysing, at least temporarily, various manufactures which were run for the colonies, and which probably could not have survived free competition with foreigners. Today, however, our manufactures are no longer run for the islands (a long war suspended their relations) and, if this market is open only to French commodities which can be sold at the free relative price, then no artisan will lose his means of subsistence there, no workshop in activity will be closed, and yet no workshop will be opened inopportunely. France will not make the costly commitment to do that for which she cannot be sufficient, and will not deprive arts and agriculture of the capitals which are employed more usefully, and which are not sufficient for the current needs of manufactures already in operation.

Saturday 13 November 2010

Book 3, chapter 7, paragraph 32

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 362-363]

   Le monopole du commerce de l’Amerique, faisait également tort à la nation qui se l’était attribué, parcequ’en assurant à un commerce éloigné cent pour cent de profit au moyen du monopole, on attirait vers lui beaucoup plus de capitaux, qu’il n’en aurait admis sans cela; on enlevait donc aux manufactures, à l’agriculture, au commerce intérieur, une partie des fonds qui leur donnaient de la vigueur; on changeait le profit légitime que faisaient ces capitaux, en une extorsion arrachée à des Français; enfin on les chassait dans une voie où la circulation était beaucoup plus lente, et où, à égalité de sommes, ils maintenaient beaucoup moins de travail productif.

[Translation]

   The monopoly of trade with America also did harm to the nation who has been attributed to it, because, with 100 per cent of profit for a long-distance trade secured by means of the monopoly, much more capitals were attracted to it than it could have admitted without the monopoly. Therefore, manufactures, agriculture, and home trade lost a part of money which gave them vigour. The legitimate profit borne by these capitals was turned into a kind of extortion for the French nation. Finally, these capitals entered in a channel where circulation was still less rapid, and where the same sum of capital would maintain a still less amount of productive labour.

Friday 12 November 2010

Book 3, chapter 7, paragraph 31

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 361-362]

   Les colonies du Continent de l’Amérique peuvent supporter les profits exorbitants du monopoleur Européen, parcequ’à bien des égards elles peuvent se passer de lui; presque tout ce qui est nécessaire à la vie se recueille sur le Continent, et quant aux objets de luxe, les habitons n’en font qu’une consommation modérée; encore donc que l’on causât un dommage très considérable à ces colonies, soit en excluant de leur commerce toutes les autres nations, soit en soumettant le Canada, la Louisiane, et Cayenne, au monopole plus oppressif encore d’une Compagnie, le premier de ces trois pays ne laissait pas que de prospérer, et les deux autres ne succombaient point sous ce régime destructeur. Il n’en aurait pas été de même, si l’on lui avait soumis pendant long-temps les Antilles et St. Dommingue: ces isles tirant de l’Europe les objets de première nécessité, et ayant besoin d’un commerce maritime beaucoup plus actif, payent beaucoup plus fréquemment le profit du monopoleur, proportionnellement à leur richesse.

[Translation]

   The colonies on the Continent of America can support the exorbitant profits of the European monopoliser, because, in many ways, they can dispense with him. Almost all that is necessary for life is collected on the continent, and as for luxurious objects, the habitants consume a moderate quantity of them. Therefore, though it is greatly detrimental to these colonies either to exclude all other nations of all their trade, or to subject Canada, Louisiana, and Cayenne to the still more oppressive monopoly of a company, the first of these three countries continued her prosperity, and the two other nations did not collapse under this destructive regime. It would not have been true, if we had subjected the Antilles and Santo Domingo to it for a long time. These islands, drawing objects of the first necessity from Europe, and needing a still more active maritime trade, pay the monopoly profit, still more frequently, in proportion to their wealth.

Thursday 11 November 2010

Book 3, chapter 7, paragraph 30

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 358-361]

   Une colonie nouvelle est douée d’une si grande vigueur, qu’elle se relève le plus souvent en dépit des erreurs de ceux qui lui donnent des lois: elle peut presque toujours payer des impôts très considérables, sans qu’ils absorbent la totalité du surplus de ses revenus sur ses dépenses, ou de ses épargnes annuelles. Cependant on n’a levé sur les colonies, et surtout sur celles de la France, que des impôts tout à fait modérés au profit du fisc (7); mais l’on en a levé d’exorbitants au profit des marchands, en donnant à ceux-ci le double monopole, et de la consommation de la colonie, et de l’achat de ses productions. Pendant assez long-temps, et jusqu’en 1722 au moins, le commerce des colonies Françaises en Amérique rapportait un bénéfice de cent pour cent, et même davantage. Savary auteur du Dictionnaire du commerce, le plus judicieux et le plus exact écrivain qu’ait la France sur ce sujet, assure que de son temps il y avait 400 pour cent à gagner sur la rubanerie et les modes qu’on portait à Québec (8). Or les colonies Françaises n’étaient point assez éloignées, pour que leur distance pût légitimer un profit si prodigieux. Si le négoce avait été absolument libre, il serait probablement tombé entre 20 et 25 pour cent. Je ne crois pas que le bénéfice que font les Anglais dans leur commerce au Canada arrive à beaucoup près à 20 pour cent. Un impôt sur la consommation, qui s’élève à trois fois la valeur de la chose importée, est sans doute le plus exorbitant qu’on ait jamais payé: puisque les consommateurs pouvaient le supporter sans se miner, il est factieux qu’ils ne le payassent pas au fisc, plutôt qu’à des marchands, qui n’avaient aucun droit pour le percevoir.

[Translation]

   A new colony is endowed with such vigour that it grows the most often in spite of errors committed by those who rule it. It can almost always pay enormous taxes without drying up all the surplus of its revenue over its expenditure, or its annual savings. Nonetheless, colonies, and the French ones in particular, were charged only with impeccably moderate taxes to the profit of the treasury (7). However, they were charged with exorbitant taxes to the profit of merchants, who are given the double monopoly: for consumption in the colony, and for purchase of its produce. For a sufficiently long time, and until 1722, at the earliest, the trade of the French colonies in America bore 100 per cent of profit, and ever more. Savary, the author of the dictionary of commerce, and the wisest and most accurate writer that France has seen on this subject, argues that, at his time, the ribbon and fashion industries that were introduced to Quebec gained 400 per cent of profit (8). And yet the French colonies were not so far that their distance can justify such a staggering profit. If trade had been completely free, the profit would have fallen between 20 and 25 per cent. I do not believe that the profit gained by the English from their trade with Canada amounts to more than 20 per cent, but rather much less. A tax upon consumption, which has increased to be three times as high as the value of the goods imported, is no doubt the most exorbitant of all that have even been paid. Since consumers could support it without being ruined, it is inadequate that they did not pay to the treasury but to the merchants, who did not have any right to collect it.

Wednesday 10 November 2010

Book 3, chapter 7, paragraph 29

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 358]

   Le commerce avec les Isles fut rendu libre pour tous les Français en Décembre 1674. La France qui se relevait alors de l’épuisement où ses longues guerres civiles l’avaient jetée, faisait des pas rapides vers la richesse, et se trouvait dès cette époque, en état d’embrasser le commerce auquel on l’appelait: quarante ans plus tard elle faisait déjà celui des Antilles avec deux cents vaisseaux. L’exclusion des étrangers néanmoins, diminuait considérablement l’échange des marchandises entre l’Amérique et l’Europe, au grand préjudice de l’une et de l’autre. Quant à l’Amérique, en réduisant le nombre des acheteurs, on restreignit certainement sa production, et l’on mit obstacle aux nouveaux défrichements, aux nouvelles plantations, et à la multiplication des colons; quant à l’Europe, on la priva d’une partie de ses jouissances, et on lui fit payer l’autre bien plus chèrement.

[Translation]

   Trade with these islands was rendered free for all the French in December 1674. France, then recovering from the exhaustion in which her long civil wars had placed her, and making rapid progress towards opulence, now was able to do the trade for which she was called on. Forty years later, France began to trade with the Antilles, with two hundred vessels. The exclusion of foreigners nevertheless diminished the exchanges of commodities between America and Europe to the great detriment to both of them. On the side of America, it diminished the number of buyers and certainly checked production, only to place obstacle in the way to new clearance, new plantations, and multiplication of settlers. On the side of Europe, it deprived the nation of some part of enjoyments, and made her pay a much higher price for other part.

Tuesday 9 November 2010

Book 3, chapter 7, paragraph 28

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 356-357]

   Les colons Français ne purent plus dès lors négocier, ni avec leurs anciens correspondants les Hollandais, ni avec tout le reste de leurs compatriotes Français, à l’exception des vaisseaux de la Compagnie. Celle-ci entreprit un commerce aussi vaste, avec quarante-cinq navires, et alla même bientôt en déclinant. Nous avons vu que les Hollandais en envoyaient cent dans les Antilles seules; l’on peut comprendre combien la Compagnie profita de la diminution de concurrence, pour augmenter le prix relatif de toutes les marchandises qu’elle vendait, et diminuer celui de toutes celles qu’elle achetait; c’est-à-dire, augmenter les dépenses, et diminuer les revenus de la colonie. Mais ce mal, quelque prodigieux qu’il fût, ne pouvait se comparer à celui qu’occasionnait la privation absolue d’écoulement, pour les marchandises coloniales, et d’importation, pour celles dont l’Amérique avait besoin. Cent vaisseaux ne suffisaient pas à ce double transport dans l’enfance des colonies; des quarante-cinq de la Compagnie, il n’y en avait probablement pas vingt qui touchassent aux Isles, à l’époque qu’elles prenaient de la vigueur. Heureusement que cette Compagnie fut dissoute au bout de neuf ans; autrement on ne peut guère douter qu’elle n’eût absolument ruiné nos établissements dans le Golfe du Mexique (6).

[Translation]

   From then on, the French settlers were prohibited from trading with their former correspondents, the Dutch, or with the rest of the French nation, except vessels of the company. The company carried out such an extensive trade with forty-five vessels, and was soon on the gradual decline. We have seen that the Dutch sent one hundred vessels to the Antilles alone. We can understand how the company profited from milder competition to increase the relative price of all commodities that it would sell, and to diminish that of all it would buy: that is to say, to increase the expenses and to diminish the revenues of the colony. However, this evil, no matter how enormous it might be, could not be compared to that done by complete slump in circulation for commodities produced in the colonies and in importation for commodities demanded in America. One hundred vessels were not sufficient to this double transport in the infancy of the colonies. Of forty-five vessels of the company, there were probably less than twenty which reached the islands, in the period when the colonies were vigorous. Fortunately, this company was dissolved only nine years after its foundation. Otherwise, there is no doubt that it would have ruined our settlements in the Gulf of Mexico (6).

Monday 8 November 2010

Book 3, chapter 7, paragraph 27

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 355-356]

   Mais la même jalousie qui a constamment dicté tous les monopoles, engagea Louis XIV à créer en 1664, pour chasser les Hollandais de ces parages, une Compagnie Royale des Indes Occidentales, à laquelle il accorda en toute propriété, le Canada, les Antilles, l’Acadie, les isles de Terre-Neuve, l’isle de Cayenne, la Terre-Ferme de l’Amérique méridionale depuis le Marignon à l’Orénoque, et les côtes de Sénégal et de Guinée, avec le privilège exclusif de commercer dans tous ces parages, soit directement de l’Europe à l’Amérique, soit pour la traite des nègres, de l’Afrique à l’Amérique (5).

[Translation]

   However, the very jealousy that has constantly dictated all monopolies drove Louis XIV to found a Royal Company of West Indies in 1664 in order to expel the Dutch from these areas of sea. He accorded this company full ownership of Canada, the Antilles, Acadia, the islands of Newfoundland, the mainland of South America from Marignon to the River Orinoco, and the Coats of Senegal and Guinea, along with the exclusive privilege to trade in these areas, either directly from Europe to America, or for the slave trade from Africa to America (5).

Sunday 7 November 2010

Book 3, chapter 7, paragraph 26

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 355]

   Depuis 1625, époque de la première fondation des colonies des Antilles, jusqu’en 1664, les colons Français furent presque abandonnés par la métropole; et c’est peut-être en partie à cet abandon, et à l’absolue liberté de commerce qui en était une conséquence, qu’ils durent leur première prospérité. Les Hollandais faisaient alors presque tout le commerce des isles Françaises, les villes de Flessingue et de Middelbourg y envoyaient dès cette époque plus de cent bâtiments.

[Translation]

   Since 1625, the year of the first foundation of colonies in the Antilles, until 1664, the French settlers were almost abandoned by the home country. It may be partly to this abandonment, and to the complete freedom of trade which resulted from that, that they owed their prosperity in their earliest times. In those days, the Dutch did almost all trades with the French islands, and the cities of Flushing and Middelburg sent more than one hundred vessels from then on.

Saturday 6 November 2010

Book 3, chapter 7, paragraph 25

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 354-355]

   On n’examinera pas même si les travaux des plantations sont au-dessus des forces des Européens; après avoir vu les Français et les Anglais triompher des sables brûlants de l’Egypte, on ne peut plus regarder comme trop violent pour eux le travail des champs, dans un climat bien plus tempéré. Rendre la paix aux Colonies, anéantir le préjugé qui y avilit le cultivateur, voilà la tâche vraiment difficile; trouver ensuite des cultivateurs libres, en serait une bien moins pénible.

[Translation]

   We shall not examine whether labour on plantations is beyond the powers of the Europeans. After having seen the French and the English overcome burning hot sands in Egypt, we can no longer think it too tough for them to work on farms in a more temperate climate. It is a really difficult task to return peace to the colonies, and to wipe out the prejudice against cultivators there. With this task accomplished, it would be even less difficult to find free cultivators.

Friday 5 November 2010

Book 3, chapter 7, paragraph 24

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 354]

   La totalité des blancs établis dans ces isles fertiles, et dont le climat n’est point partout mal sain, n’arrivait pas avant leurs désastres à 60,000; tandis que l’Amérique libre compte cinq millions d’habitants originaires d’Europe, que le Canada en possède 200,000 sortis de France, et que la Louisiane en 1793 en comptait 50,000. Ni les inondations du Meschacébé, ni les exhalaisons des Marais de la Caroline, ni les guerres sanguinaires et toujours renaissantes des sauvages, ni celle pour la liberté de l’Amérique, n’ont pu arrêter la population, dans des pays où l’esclavage n’était point assez commun, pour rendre le travail honteux aux yeux des hommes libres; tandis que la paix et la fertilité des Antilles n’ont pu leur conserver qu’une faible partie de la population qu’elles avaient reçue d’Europe, lorsque la mollesse se reposant sur l’esclavage, eut tari la source de la reproduction.

[Translation]

   The total number of the whites settled in those fertile islands where the climate is not everywhere unhealthful had not amounted to 60,000 before their disasters. Meanwhile, America counts 6,000,000 habitants of European origin, Canada possesses 200,000 habitants from France, and Louisiana had 50,000 in 1793. Floods in the River Mississippi, sultriness of swamps in Carolina, bloody and periodic battles against savages, or the war for the independence of America, put no end to population growth in the country where slavery was not common enough to make labour disgraceful in the eye of free men. By contrast, peace and fertility in the Antilles were able to secure the islands only a small part of the population received from Europe, when effeminacy resulting from slavery had dried up the source of reproduction.

Thursday 4 November 2010

Book 3, chapter 7, paragraph 23

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 350-352]

   La traite et l’esclavage des Nègres, qui n’ont pas été attaqués seulement avec les armes de la philosophie, et d’après les principes de la révolution, mais qui sont également contraires à la religion, à la justice éternelle, à la politique, et à la raison, ont amené sur les Colonies la situation critique où elles se trouvent aujourd’hui, et d’où il est difficile de les tirer. En écartant les Créoles d’un travail bien moins rude que celui que faisaient leurs ancêtres les boucaniers, on a arrêté la multiplication de leur race, car d’après un ordre immuable établi dans l’Univers, la mollesse et la fainéantise mettent un obstacle insurmontable à la multiplication de l’espèce humaine; ordre maintenu par cette Providence bienfaisante, qui a constamment allié les intérêts bien entendus des hommes, à l’exercice des vertus qu’elle leur prescrit, qui venge les souffrances des opprimés sur la race des oppresseurs, et qui n’a pas voulu que l’homme féroce ou tyrannique inspirât jamais de la crainte, sans sentir l’effroi qu’il occasionne, répercuté dans son propre cœur. D’un bout à l’autre de l’Univers on a vu prospérer le sang du laboureur libre, et déchoir avec une effrayante rapidité la race du maître, avec celle de l’esclave qu’il opprime. Comparez Sparte écrasant ses Hilotes d’un sceptre de fer, à l’antique et libre Etrurie; Rome libre, agricole, et guerrière, à Rome maîtresse du monde, qui se dépeuplait sous son joug; le Germain libre, au Musulman qui ne connaît que la servitude; le planteur laborieux de l’Amérique libre, aux orgueilleux et efféminés Européens établis dans les deux Indes. Partout la même cause morale produit les mêmes effets; dans les climats les plus éloignés; dans tous les périodes de la société humaine, la servitude, l’oisiveté, les vices et la dépopulation ont marché ensemble, comme d’autre part la liberté, l’industrie, la tempérance et la population. La comparaison entre les colonies d’Amérique, fondées en même temps, par les mêmes moyens, et qui ne diffèrent entr’elles que pour avoir attendu leur richesse, les unes du travail des citoyens, les autres de celui des esclaves, fait ressortir plus qu’aucune autre, l’effet de ces deux systèmes.

[Translation]

   The Negro slave trade, which has not only been attacked by the arms of philosophy and according to the principles of the revolution, but which is also contrary to religion, eternal justice, polity, and reason, has led to the critical situation where the colonies are found today, and from which it is difficult for them to extricate themselves. Kept from a labour much less rude than that in which their buccaneering ancestors were engaged, the Creoles ceased to grow in number. This is because effeminacy and indolence place an insurmountable obstacle to multiplication of the human race, according to an invariable order established in the universe. That benevolent Providence, maintaining this order, has always allied extensive interests of men to the exercise of virtues that she prescribes them, revenges sufferings of the oppressed upon the oppressing race, and has never hoped that the fierce or tyran¬nical person would inspire fear without feeling the terror that it causes echoed back to his own heart. From one pole to the other of the universe, we have seen offsprings of free farmers prosperous, and the race of masters declining with surprising rapidity, along with the slaves oppressed by them. Let us compare Sparta, tormenting Helots with tyranny, to the ancient and free Etruria; free Rome, agricultural, and warlike, to Rome the master of the world, which was depopulated under tyranny; the free Germanics to the Muslims who know nothing but servitude; laborious planters in free America, to the arrogant and feeble Europeans established in the East and West Indies. Above all, the same moral cause produces the same effects. For all climatic differences, in the all stages of human society, servitude, indolence, vice and depopulation have gone hand in hand, as have freedom, industry, temperance, and population. A comparison between two colonies in America, which were founded at the same time, by the same means, and which differ only in sources of wealth (labour of citizens for one, and that of slaves for the other), makes the effect of these two systems more remarkable than any other does.

Wednesday 3 November 2010

Book 3, chapter 7, paragraph 22

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 349-350]

   Un ami de l’humanité doit regretter bien amèrement, que cette première population des Antilles, composée de boucaniers et de flibustiers, ait été dégoûtée de la vie active et laborieuse à laquelle elle s’était vouée, et repoussée vers l’oisiveté et la mollesse qui distinguent les Créoles, par l’introduction de l’esclavage dans les Isles. Dès l’instant où le travail de l’agriculture devint le partage d’une race asservie et dégradée, il fut impossible que des hommes libres, enorgueillis par leurs succès dans la carrière militaire, suivissent la même vocation: ce n’était que par une rigueur égale à celle que l’on exerçait contre les Nègres, que l’on pouvait attacher à la culture de la terre, les malheureux Européens qui s’étaient engagés pour ce service, et que l’on connaissait aux Colonies sous le nom de Trente-six mois. Bientôt même l’usage de ces engagements cessa, et le travail tout entier fut fait par des Nègres; non que le soin qu’exigent les plantations soit aucunement au dessus des forces d’un Européen, ou que le climat leur fit perdre leur vigueur, mais parce qu’il n’y en avait pas un qui ne se crut déshonoré, s’il avait fait un ouvrage réservé aux seuls esclaves.

[Translation]

   A friend of humanity must acutely regret that this first population of the Antilles, comprised of buccaneers and freebooters, were discouraged from living an active and laborious life to which they had been devoted, and were pressed toward indolence and laxity which distinguish the Creoles by introduction of slavery into islands. As soon as agricultural labour was allocated to an enslaved and degraded race, it was impossible that free men, proud of their success in their military careers, would follow the same vocation. Only with resort to a rigour comparable to that with which Negros were treated was it probable to attach to land cultivation the bad-off Europeans who had been engaged in that service, and who were known by the name of Trente-six mois. Soon, however, the use of this kind of employment ceased, and agricultural labour as a whole came to be imposed on the Negros. The reason is not that plantations demanded more carefulness than Europeans were capable of, or that the climate deprived them of vigour, but that all of them believed it to dishonour them to do a work allocated to slaves alone.

Tuesday 2 November 2010

Book 3, chapter 7, paragraph 21

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 349]

   Le goût pour les entreprises hasardeuses avait fait passer de France en Amérique un grand nombre d’aventuriers, qui y signalèrent leur valeur contre les Espagnols, et qui leur enlevèrent la plupart des établissements qu’y possède aujourd’hui la France, dans un temps où celle-ci était bien loin d’être assez riche et assez peuplée, pour que la nature l’appelât à fonder des colonies, ou à maintenir avec elles sur son capital, un commerce aussi éloigné, et dont les retours étaient aussi lents.

[Translation]

   A leaning to risky undertakings took a large number of adventurers from France to America, who proved their value there against the Spaniards, and who expelled them from the most part of the settlements now possessed by France. In those days, France was far from being rich and populous enough for her to be called on by nature to found colonies, or to do a continual trade with them upon her own capital, which was such a long-distance trade, and the returns of which took such a long time.

Monday 1 November 2010

Book 3, chapter 7, paragraph 20

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 348-349]

   Sans le régime exclusif, ne cesse de répéter de Pradt, il n’y a pas de Colonies: non, il n’y en a pas en effet dans le système mercantile, mais il peut fort bien y avoir des Provinces; plus une Colonie trouverait de moyens de se soutenir par elle-même et plus devenue Province, traitée à l’égal de toutes les autres parties de l’Etat, et ne se croyant plus sacrifiée à l’intérêt de ses concitoyens, elle aurait des moyens de prouver son dévouement à la métropole, et de lui rester attachée, en dépit d’une puissance maritime prépondérante. Si la belle Isle de St. Domingue peut être rendue à l’ordre et à la prospérité, telle est sa grandeur, et l’étendue de son marché intérieur, qu’elle n’aurait guère plus à souffrir d’une guerre maritime, que n’en souffrait la Bretagne: une Colonie continentale, si la France vient à en posséder une de florissante, en souffrirait moins encore: les neutres viendraient au secours de l’une et de l’autre, et pourvu que des lois absurdes ne poussassent pas forcément les Colons vers l’indépendance, en ne leur laissant pour subsister d’autre ressource que la violation et le renversement du régime exclusif, ils resteraient tout aussi fidèles à leur métropole, que les habitants des Provinces les plus rapprochées du centre de l’autorité.

[Translation]

   De Pradt incessantly repeats that without the exclusive regime there is no colony. In fact, there is no colony in the mercantile system but may well be provinces. The more means a colony would find to support itself for itself, the more capable it would be of becoming a province. Treated on equal terms to the other parts of the state, and no longer believing itself sacrificed in the interest of its fellow-countrymen, the colony would have means to prove its loyalty to the home country, and to be attached to it, in spite of a preponderant maritime power. If the beautiful island of Santo Domingo can be restored to order and prosperity, such are its grandeur and the extent of its interior market that it might no more have to suffer from a maritime war than Britain. If France came to possess a flourishing continental colony, the colony would suffer much less from war; neutral countries would come to the aid of both of them. If absurd laws did not forcefully press the colonies towards independence by leaving them no other resource for living on than violation and overthrow of the exclusive regime, the colonies would remain exactly as loyal to their home country, as the habitants of the provinces which are the nearest to the centre of the authority.