Monday 2 February 2009

Book 1, chapter 2, paragraphs 10-11

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 45-47]

   Une nation est riche en raison du nombre d’ouvriers productifs qu’elle possède; et c’est une dernière espèce de capital fixe. Il faut que le travail de l’âge viril d’un ouvrier compense la consommation de toute sa vie; car il a dépensé dans son enfance, beaucoup, et long-tem[p]s avant que d’être capable d’aucun travail, ou du moins avant que d’en faire un qui fut équivalent à sa dépense: Il a consommé les denrées et les marchandises qui avoient été produites par le travail d’autres ouvriers. Tous ceux qui existent aujourd’hui ont été élevés et ont vécu des labeurs de leurs prédécesseurs: si leur nombre s’est augmenté, il a fallu qu’il y eût préalablement une accumulation de travail pour les nourrir; cette accumulation s’est fixée et réalisée dans leur existence; à mesure que leurs forces vitales se consument, elle en ressort dans le produit de leur travail; à la mort de tous ceux qui forment la génération actuelle, s’ils sont restés pendant leur vie assidus à leurs ateliers, elle en sera toute ressortie, et a n’y aura rien eu de perdu.
   Ceux d’entre les ouvriers qui ont acquis une habileté particulière pour le travail, soit en consacrant à s’approprier une industrie plus productive les années pendant lesquelles ils auroient [auraient] pu travailler, soit en employant au même objet un capital, c’est-à-dire la somme du travail des autres, ceux-là ont fixé sur leur propre vie une plus grande masse de travail accumulé; aussi là nation peut-elle être plus enrichie par la possession d’un mécanicien distingué que par celle de dix ou de cent ouvriers ordinaires; non-seulement parce qu’il lui produira plus annuellement, mais aussi parce qu’il lui a plus coûté à former (1).

[Translation]

   A nation is rich for the reason of the number of productive labourers among them, and this is the last category of fixed capital. It is necessary that the labour of a labourer of full age should compensate for consumption of all his life, because he spent much cost and time in his childhood, before he became capable of labour at all, or, at least, before he came to perform any labour equivalent to his expenditure. He consumed foods and commodities which had been produced by the labour of other labourers. All those who exist today have been raised and have lived on the labour of his predecessors. If their number has increased, there must have been in advance an accumulation of labour to feed them. This accumulation has been fixed and realised in their existence. According as their vital forces are exhausted, the accumulation is withdrawn from them and transferred to the produce of their labour. If all those who form the present generation have been diligent in their workplace during his lifetime, all the accumulation will be withdrawn and there will be nothing to lose at their death.
   Among the labourers who have acquired a particular skill in labour, either by spending the years that they could have laboured in adapting themselves to more productive industry, or by employing a capital (i.e. a sum of labour by others) for the same purpose, some have fixed a larger amount of accumulated labour on their own life. Therefore, the nation can be more enriched due to the possession of a distinguished mechanic than to that of ten or a hundred ordinary labourers; not only because he will produce more annually for the nation but also because it has cost the nation more to train him (1).