Saturday 20 November 2010

Book 3, chapter 7, paragraph 39

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 369-371]

   L’abandon du système exclusif procurerait aux colonies Françaises un autre avantage; elles sont parfaitement à portée de faire le commerce interlope des colonies Espagnoles, l’un des plus riches et des plus lucratifs de l’Univers. Des régions immenses, d’une fertilité admirable, et qui, quoique moins prospérantes que les autres colonies du Nouveau Monde, sont cependant peuplées de riches habitants, appartiennent en Amérique à la couronne d’Espagne; celle-ci maintient son monopole avec plus de sévérité qu’aucun autre Gouvernement de l’Europe, et cependant le capital ni l’industrie de l’Espagne, ne sont nullement proportionnés au commerce qu’elle veut s’arroger exclusivement. Tous les échanges de cet Empire immense avec l’Orient et les Philippines, se sont faits pendant long-temps, par deux galions seulement, qui partaient chaque année d’Acapulco pour Manille; presque tous ceux du Mexique avec le Pérou, se faisaient par un seul galion, qui partait d’Acapulco pour Lima; enfin le commerce entre l’Europe et l’Amérique Espagnole, se faisait par huit galions, et douze ou seize vaisseaux marchands, ou de registre, qui partaient de Cadix pour le Pérou, et quatre galions, avec douze ou quinze vaisseaux marchands, qui partaient chaque année de Cadix pour le Mexique. Si le commerce était libre, deux mille vaisseaux suffiraient à peine pour faire tous les échanges de ces vastes et riches régions. Nous avons vu qu’on pouvait trouver des sophismes pour justifier tous les autres monopoles, et que les Gouvernements pouvaient être induits en erreur par des raisonnements captieux, sur un sujet qu’ils n’entendent pas, et qui de sa nature est abstrait; mais la politique de l’Espagne, qui pendant trois siècles s’est obstinée à écraser le commerce, et à ruiner ses sujets dans les deux mondes, sans profit ni pour le fisc, ni pour aucune classe de particuliers, est une chose absolument inexplicable.

[Translation]

   The abandonment of the exclusive system would procure another advantage for the French colonies. They are completely capable of doing an interlope trade with the Spanish, one of the richest and most lucrative trades in the Universe. Immense regions which are of admirable fertility, and which, though less prosperous than any other colony in the New World, are crowded with rich habitants, and belong in America to the Spanish crown. Spain maintains her monopoly with more severity than any other government in Europe, and yet the capital or industry of Spain is not in proportion to the trade that she wants to enjoy exclusively. All trades of this immense Empire with the Orient and the Philippines were carried out for a long time by two galleons alone, which every year left Acapulco for Manila. Almost all the trades of Mexico with Peru were carried out by only one galleon, which left Acapulco for Lima. Finally, trade between Europe and Spanish America was carried out by eight galleons, and by twelve or sixteen merchant or register vessels, which left Cadiz for Peru, and four galleons, with twelve or fifteen merchant vessels, which every year left Cadiz for Mexico. With free trade, two thousand vessels were barely sufficient to do all trades with these vast and rich regions. We have seen that we can find sophisms to justify all other monopolies, and that the governments can be led into error by fallacious reasoning on a subject that they do not understand, and that is abstract by nature. But the policy of Spain, which for three centuries has persisted in crushing trade, and in ruining her subjects in the two worlds, without benefiting the treasury or any class of individuals, is completely impossible to explain.