Saturday 13 June 2009

Book 1, chapter 7, footnote 03

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 203-04]

(3) Les nations qui s’enrichissent le plus rapidement sont souvent celles qui font les emprunts les plus considérables, parce que ce sont aussi celles qui trouvent chez elles à faire les placemen[t]s de capitaux les plus avantageux. La balance du commerce de ces nations paroît [paraît] en général défavorable, c’est-à-dire que leurs importations surpassent de beaucoup en valeur leurs exportations, au moment où leur richesse prend les accroissemen[t]s les plus rapides. C’est ce que l’on peut surtout observer dans les colonies du Nord de l’Amérique. D’après les tables publiées par Lord Sheffield, le Canada, la baie d’Hudson, et les autres possessions Britanniques dans le continent de l’Amérique septentrionale, jointes aux États-Unis, tiroient [tiraient] d’Angleterre, année commune des dix qui s’écoulèrent de 1770 à 1780, pour L. 2,156,479, st. et ne renvoyaient en payement que pour L. 877,442, st. de marchandises coloniales. Cependant comme l’Angleterre s’étoit [était] réservé le commerce presque exclusif de ces vastes régions, la balance entre la métropole et la colonie devoit [devait] pour cette dernière être conforme à la balance générale de son commerce extérieur.
   Quant aux commerce particulier des Anglais avec les États-Unis, ils leur fournissaient par année pour 1,331,206l. à la même époque, et n’en retiroient [retiraient] que pour 743,560l. st. de marchandises. Le commerce entre la France et les Anglo-Américains présentoit [présentait] une balance dans le même sens; les importations en Amérique de marchandises de France s’élevèrent (année moyenne d’entre les trois qui suivirent le traité de Janvier 1778) à 3,203,000 francs, et les exportations, d’Amérique, à 2,393,000 francs seulement. Dans les trois années qui suivirent, la disproportion fut plus grande encore; les importations des marchandises françaises en Amérique montèrent à la valeur de 11,460,000 l. tournois, et, les exportations d’Amérique pour la France ne passèrent pas 3,494,000 l. A la paix de 1783, la France, l’Angleterre, la Hollande, les Pays-Bas Autrichiens et l’Allemagne, s’empressèrent d’expédier des marchandises en Amérique. Dans la seule année 1784, et dans les seuls ports de Charles-Town, Philadelphie et New-Yorck [sic] les importations s’élevèrent à la valeur de 100 millions tournois. Cette masse d’importations si supérieure à celle des exportations, loin d’avoir ruiné les États-Unis, comme les mercantiles devroient [devraient] le conclure d’après leur système, y a multiplié rapidement les capitaux, et y a accéléré les développemen[t]s de l’industrie. (Peuchet. Dict. de la Géog. comm. art. Angleterre, et art. France.)
   Les Bermudes sont aujourd’hui dans le même cas que les colonies continentales, la balance de leur commerce extérieur qui est limité à celui qu’elles font avec l’Angleterre est constamment défavorable, et cet état de leur balance, loin de mettre obstacle à leur prospérité, est précisément un effet de l’accroissement de leurs richesses. De 1770 à 1780 l’exportation annuelle pour l’Angleterre montoit [montait] à la valeur de 1,882 liv. et l’importation à 13,024. liv. sterl.

[Translation]

(3) The nations who get richer the most rapidly are often those who make the largest loans, because they also offer the most advantageous opportunities of investment. The balance of trade of these nations seems generally unfavourable; that is to say, their imports are far over their exports in value, when their wealth is increasing the most rapidly. This is what can be observed, above all, in the colonies of North America. According to the tables published by Lord Sheffield, Canada, Hudson Bay and the other British possessions in the continent of North America, in addition to the United States, took 2,156,479l. sterling from England, in the ordinary ten years from 1770 to 1780, and sent only 877,422l. sterling in colonial commodities in return. However, the balance between the home country and the colonies must conform to the general balance of foreign trade for the colonies, since England had monopolised almost all trade with these vast regions.
   As for the particular trade of the Englishmen with the United States, they gave it 1,331,206l. per year in the same period, and took only commodities of 743,560l. Trade between France and the British possessions in America presented a balance in the same direction. Imports to America of French commodities amounted (average of the three years which followed the treaty of January 1778) to 3,203,000 francs, and exports from America to no more than 2,393,000 francs. In the following three years, the disproportion was still larger. Imports of French commodities to America amounted to the value of 11,460,000l. (Tours livre), and exports from America to France did not exceed 3,494,000l. At the peace of 1783, France, England, Holland, the Austrian Netherlands and Germany immediately sent commodities to America. For so short a time as a year of 1784, and at as few as three ports (Charles Town, Philadelphia, and New York), imports amounted to the value of 100 million (Tours livre). This mass of imports, still more than that of exports, far from ruining the United States, as mercantilists must have concluded according to their system, rapidly multiplied the capital and accelerated developments of the industry in the United States (Peuchet. Dictionnaire universel de la géographie commerçante, entries for ‘England’ and ‘France’).
   Bermuda Islands are today in the same case as the continental colonies, the balance of their foreign trade, which is limited to that which they carry on with England, is constantly unfavourable, and the state of their balance is far from obstructing their prosperity and is precisely an effect of growth of their wealth. From 1770 to 1780, annual exports for England amounted to the value of 1,882l. and imports to 13,024l. sterling.