Saturday 23 January 2010

Book 2, chapter 7, footnote 03

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 98-99]

(3) J. Bentham dans ses traités de Législation civile et pénale, publiés par E. Dumont. T. II. p. 146 propose de supprimer les successions collatérales, et d’appliquer au fisc les biens de tous ceux qui n’auront ni enfants, ni père et mère, ni descendants de leurs père et mère, et qui n’auront pas disposé de leur fortune par testament. Il ne saurait, dit-il, découvrir aucune objection solide contre cette ressource fiscale. C’est cependant un mal, et du premier ordre, que celui de pourvoir aux dépenses publiques, au moyen des capitaux et non des revenus nationaux; de détruire ainsi la proportion qui doit s’établir naturellement entre les ressources de la nation et ses dépenses, et de faire dissiper dans le courant d’une année, un fonds qui, s’il était resté entre les mains des particuliers, aurait équivalu à une fondation perpétuelle pour l’entretien du travail: il y a au reste contre cette disposition une autre objection que j’emprunterai de cet auteur lui-même. Lorsqu’un Gouvernement participe aux revenus des citoyens, il fait ce que chacun sent qu’il doit faire, il ne cause aucune alarme, il n’ébranle point le principe de la propriété; mais dés qu’il commence à étendre la main sur les capitaux, à se substituer aux droits des individus, il menace également toutes les fortunes. “De petites atteintes au principe de propriété, nous dit Bentham lui-même, en préparent de plus grandes, les Peuples et les Gouvernements ne sont à cet égard que des lions apprivoisés: mais s’ils viennent à goûter du sang, leur férocité naturelle se rallume„
Si torrida parvus
Venit in ora cruor, redeunt rabiesque furorque,
Admoniteque tument gustato sanguine fauces;
Fervet et a trepido vix abstinet ora Magistro.

LUCAN. 10:
Bentham. T. II. p. 89.
   Que les quinze articles sur les successions proposés par Bentham, fussent admis dans la Législation, on verrait les tribunaux sous l’influence fiscale, vexez d’une manière cruelle l’aïeul et l’aïeule, en s’emparant de la succession de leurs petits enfants, la mettant en vente, et les chassant peut-être ainsi de chez eux; on les verrait restreindre de mille manières le droit de tester, chercher enfin et multiplier les causes de nullité pour anéantir les testaments: il est bien plus sage et bien plus sûr de ne point admettre le fisc au partage des héritages.

[Translation]

(3) Jeremy Bentham, in his treatise of civil and penal legislation, published by E. Dumont, vol. 2, p. 146, proposes abolishing the collateral succession, and collecting into the treasury the property of all those who will have no infant, father or mother, or descendants of their father and mother, and who will not have disposed of their fortune in their will. He says that he could not conceive any solid objection against this fiscal expedient. However, it is an evil, and one of the greatest evil, to defray the public expenditure by means of capital, not of the national revenue: say, to destroy the proportion which should exist naturally between the resources and expenditure of the nation, and to make wasted in the course of the year a stock which would have been equivalent to a perpetual foundation for maintenance of labour had it remained in the hands of individuals. Besides, there is another objection against this expedient, an objection which I will find in this author himself. If the government takes a part of the revenue of citizens, it does what each citizen thinks it should do; it does not cause any alarm or shake the principle of property. However, hardly has the government begin to lay hands upon capital instead of taxing individual before it threatens all fortunes indiscriminately. “Small infringements upon the principle of property,” Bentham himself tells us, “clears the way for larger infringements, and the nations and the governments are only tamed lions in this regard, but, if they come to acquire a taste for bloods, their natural ferocity revives.” [A Latin paragraph]. Bentham, vol. 2, p. 89.
   If the fifteen articles upon successions proposed by Bentham were adopted in the legislation, you could see the court under the fiscal influence afflict grandfathers and grandmothers in a cruel way, by depriving their little children of succession, putting it for sale, and perhaps driving them away from the old persons; you could see the court restraining the right to bequeath in thousands ways, finally searching for and multiplying reasons of ineffectiveness for lapse of the will. It is much wiser and much surer not to allow the treasury to take any part of inheritance.