Monday 24 August 2009

Book 2, chapter 1, footnote 01

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 288-95]

(1) Peut-être le lecteur comprendra-t-il mieux comment le prix d’une matière ouvrée contient les salaires nécessaires et superflus, le profit et la rente, si on lui en présente une espèce de compte de production. La manufacture que j’ai choisie pour servir d’exemple, parce que je la connois [connais] moins mal que les autres, est celle de soie du Val de Nievole en Toscane.

Répartition du prix des produits d’une manufacture de soie.
Première production.
Portion du prix d’achat de 6000 milliers de livres de mùrier [mûrier], payée aux propriétaires, à 24 le ‰. ( Rente foncière )L. 144,000
Portion du prix d’achat de la même feuille, payée aux métayers. (Remboursement de leur capital circulant, et profit.) à 32 le ‰ 192,000
Produit brut de l’agriculture.L. 336,000
Transport.L. 336,000.
Deuxième Production.
300,000 livres de cocons, valant.L 400,000
120,000 journées de femmes, employées pour les vers à soie, par 4,000 familles de paysans:
   Salaire nécessaire, 40 cent.48,000.
   Salaire superflu, 10 cent.12,000.
Profit, 6 2/3 p. % de l’avance des salaires.4,000
Valeur des cocons.L. 400,000.
Troisième Production.
30,000 liv. Soie grége [grège], valant.L.445,710.
39,000 -- bourre et fleuret.30,850.
476,560
24,000 journées de femme pour tire la soie dés chaudières.
   Salaire nécessaire, à 40 cent.9,600.
   Salaire superflu, à 10 c. 2,400
1,600 mesures de bois employé aux chaudières, valantL. 28,800.
6,400 journées de bucheron.
Ci-contre.L. 412,000.
Transport.L. 412,000.
   Salaire nécessaire, 60 cent.3,840.
   Salaire superflu des mêmes, 40 c.2,560.
Rente foncière aux propriétaires des bois.22,400.
Profit mercantile sur 440,800 fr. de capital circulant en 3 mois, à raison de 5 p. % 22,040.
Rente du capital fixé pour bâtir 80 chaudières.13,720.
Valeur de la soie et du fleuret.L 476,560.
Quatrième et cinquième Productions.
28,200 liv. trame et organsin dévidés et filés.L. 644,580.
15,000. fleuret en rubans.85,716.
15,000. fleuret filé.48,342.
L. 778,632.
90,000 journées de femmes pour dévider la soie.
   Salaire nécessaire, 40 cent.36,000.
   Salaire superflu, 10 c.9,000.
Ci-contre L.521,560.
Transport.L 521560.
19,000 journées d’hommes employés au moulin à filer.
   Salaire nécessaire, 60 c.11,400.
   Salaire superflu, 20 c.3,800.
37,000 journées de femmes, employées au moulin à filer.
   Salaire nécessaire,. 40 c.14,800.
   Salaire superflu, 10 c.3,700.
Profit mercantile sur 524,410 francs de capital circulant employé dans la filerie, à 15 p. %78,662
Rente du capital fixé sur trois moulins à filer.41,508.
Valeur de la soie.L. 644,580.
Valeur du fleuret au sortir des chaudières.301850.
675,430
32000 journées de femme pour carder le fleuret.
100000 dites pour le filer.
30000 dites pour tisser des rubans.
162000 journées de femme.
   Salaire nécessaire, 40 c.84,800.
   Salaire superflu, 10 c.16,200.
Ci- contre.756,430.
Transport L.756,430.
Profit mercantile sur 111850 francs, capital circulant employé dans la manufacture de fleuret, à 15 pour cent.16,777
Rente du capital fixé employé en outils et métiers, par les cardeuses et faiseuses de rubans.5,425.
Valeur totale de la suie et du fleuret.L. 778,632.
Sixième Production.
18800 liv. de soie cuite, manufacturée en taffetas de Florence, valant à raison de 40 fr. la liv.L. 752,000.
D’on retranchez la valent de la soie sortant des fileries.644,580.
Reste.L. 107,420.

   A répartir entre le salaire des teinturiers, des tisserands en soie, etc. le profit mercantile et la rente des capitaux fixes des chefs de manufacture; mais je n’ai aucune donnée précise sur la manière dont cette répartition se fait entr’eux, ni sur le nombre d’ouvriers employé pour chaque partie de ce travail.
On pourroit [pourrait] suivre les taffetas de Florence dans le magasin du marchand exportateur de Livourne, dans celui du marchand en gros de Lisbonne, et enfin dans la boutique du détailleur des petites villes de Portugal, où s’en fait le principal débit, afin de distribuer ses nouveaux accroissemens de valeur entre les salaires des voituriers, des matelots, des commis de magasin ; les profits des marchands, et la rente des capitaux fixés dans les vaisseaux et les boutiques; mais je n’ai point de documen[t]s pour asseoir un pareil calcul ; celui même que je viens de présenter au lecteur n’est sans doute pas exempt d’erreurs: tel qu’il est, il dorme cependant lieu à quelques observations curieuses.
   La manufacture de taffetas lisses de Florence, n’est point une de celles qui multiplient le plus le produit brut de la terre : le consommateur Portugais ne paye guère en effet que quatre fois la valeur de la feuille de mûrier qui a produit la soie. S’il s’agissoit [agissait] d’étoffes façonnées de soie, leur valeur seroit [serait] au moins double, proportionnellement au produit brut de la terre. Les manufactures moins précieuse, celles de laine, de fil, et surtout celles qui ont les minéraux pour matières premières, le multiplient bien davantage.
   Nous n’avons point analysé dans ses dernières divisions le produit brut de l’agriculture; les 192000 fr, que retirent les métayers, contiennent, 1.° le salaire nécessaire et superflu des ouvriers de campagne; 2.° le profit des métayers sur l’avance de ce salaire; 3.° la rente des capitaux fixés momentanément pour l’agriculture, en instrumen[t]s, bestiaux et engrais. II arrive souvent que le profit que fait le métayer sur la feuille doit couvrir ses avances sur quelque autre culture, ce qui rendoit [rendait] presque impossible la répartition de cette somme.
   Les 442632 fr. que le travail productif ajoute à la valeur de la feuille, avant l’envoi de la soie au fabricant, sont le fruit d’un salaire nécessaire, montant à 188440 francs, lequel donne à la société pour revenu annuel.
   L. 49660—aux ouvriers comme salaire superflu.
   121479—aux entrepreneurs d’ouvrages comme profit.
   60653—aux propriétaires de capitaux fixes comme rente.
   22400—aux propriétaires de terre, comme tente foncière.
   L. 254192—revenu produit par le travail.
   Si j’avois [avais] pu réussir à analyser les frais de l’agriculture, la proportion du revenu à la somme totale auroit [aurait] paru plus avantageuse encore, parce qu’alors j’aurois [aurais] fait entrer en ligne de compte les L 144000 de rente foncière, et les profits, rentes et salaires [1.295] superflus des cultivateurs, lesquels sont produits par un salaire nécessaire qui ne passe probablement pas 50000 francs.
   Je n’aurois [aurais] justifier tous les calculs que je viens de présenter, sans prolonger infiniment cette note déjà fort longue; j’ai même cru devoir supprimer la valeur par livre, de soie grège, filée, cuite, de bourre, et de fleuret, qui sert de fondement à ce compte, parce qu’ayant été estimée selon le cours du marché en Toscane, à moins de l’exprimer en monnoie [monnaie] Florentine, et les poids en livres Florentines, j’aurois [aurais] eu pour chaque prix des fractions très embarrassantes, qui disparoissent [disparaissent] dans l’évaluation des sommes totales. J’ai indiqué comme salaire le courant des journées, tel qu’il est réellement payé, mais quant à la distinction entre le superflu et le nécessaire, quoique j’aie cherché à bien connoître [connaître] ce qui est indispensable pour la subsistance de l’ouvrier, je conviens qu’il reste toujours un peu d’arbitraire dans son évaluation.

[Translation, with some numbers omitted]

   (1) Perhaps the reader will understand better how the price of a processed material contains the necessary and surplus wages, profit and rent, if he is presented a sort of account of production. The mill I have chosen to take an example is that of silk at the Valley of the river Nievole, Tuscany, because I understand it better than any other.

The itemised account of the price of the produce of a silk mill.
The first stage of production.

•Portion of the price at purchase of 6,000 thousand or so livres of mulberries, paid to landlords as land rent, at 2.4%.
•Portion of the price at purchase of the same leaves, paid to metayers, as replacement of their circulating capital and profit, at 3.2%.
•The gross produce of agriculture.

The second stage of production.

•300,000 pounds of cocoons.
•120,000 working days of female labour, employed for silkworms, by 4,000 families of peasants:
   •Necessary wages, 40 centimes per day.
   •Surplus wages, 10 centimes per day.
   •Profit, 6 2/3% upon the advance of wages.
•Value of the cocoons.

The third stage of production.

•30,000 pounds of raw silk.
•39,000 pounds of floss silk and coarse silk.
•24,000 working days of female labourers, for extracting silk from boilers.
   •Necessary wages, at 40 centimes per day.
   •Surplus wages, at 10 centimes per day.
•1,600 measures of firewood employed for boilers.
•6,400 working days of woodcutters.
•Necessary wage, at 60 centimes per day.
•Surplus wage of the same, at 40 centimes per day.
•Land rent to owners of woods.
•Mercantile profit on 440,800 francs of circulating capital for 3 months, at the rate of 5%.
•Rent of fixed capital to build 80 boilers.
•Value of fine silk and coarse silk.

The fourth and fifth stages of productions.

•282,200 pounds of weft and warp unwound and spun.
•15,000 pounds of coarse silk in ribbons.
•15,000 pounds of coarse silk spun.
•90,000 working days of female labourers, to unwinding silk.
   •Necessary wages, at 40 centimes per day.
   •Surplus wages, at 10 centimes per day.
•19,000 working days of male labourers employed at a spinning mill.
   •Necessary wages, at 60 centimes per day.
   •Surplus wages, at 20 centimes per day.
•37,000 working days of female labourers employed at a spinning mill.
   •Necessary wages, at 40 centimes per day.
   •Surplus wages, at 10 centimes.
•Mercantile profit on 524,410 francs of circulating capital, employed in the spinning mill, at 15%.
•Rent of fixed capital on three spinning mills.
•Value of silk.
•Value of coarse silk coming from boilers.
•32,000 working days of female labourers for carding coarse silk.
•100,000 working days of female labourers for spinning it.
•30,000 working days of female labourers for weaving ribbons.
•162,000 working days of female labourers.
   •Necessary wages, at 40 centimes per day.
   •Surplus wages, at 10 centimes per day.
•Mercantile profit upon 111,850 francs circulating capital, employed in the spinning mill, at the rate of 15%.
•Rent of fixed capital employed in tools and looms, by carders and spinners of ribbons.
•Total value of fine silk and coarse silk.

The sixth stage of production.

•18,800 pounds of finished silk, manufactured in taffeta from Florence, at 40 francs per pound.
•From where to subtract the value of the silk coming from the spinning mill.
•Difference.

   The mercantile profit and rent upon fixed capital of the masters of mills should be imputed among the wages of dyers, weavers in silk, and so on. But I’m not precisely informed of the way in which this imputation is made, or of the number of labourers employed for each part of this labour.
   One could follow the taffeta from Florence, through the store of the exporting merchant in Leghorn and that of the wholesale merchant in Lisbon, finally to the that of the retail merchant in small cities of Portugal, where the most part of the taffeta is for sale, and its added value is divided among the wages of the transporters, sailors, store assistants, the profits of the merchants, and the rent of fixed capital in vessels and stores. But I have no document to establish such a calculation. Even that which I have presented to the reader is perhaps not free from errors. Be that as it may, however, I bring up some curious observations.
   The factory of soft taffeta in Florence is not one of those who multiply the produce from the earth at the highest rate. The Portuguese consumer, indeed, pays only four times as much value for the taffeta as the leaves of mulberry which has produced the silk. As far as silk fabrics were concerned, their value would be at least doubled, in proportion to the gross produce of land. Less precious mills, such as that of wool, that of linen, and above all that which uses minerals for raw materials, add much more to the value.
   We have not analysed the gross produce of agriculture in its finial divisions. Metayers gain 192,000 francs, which, includes the followings; first of all, the necessary and surplus wages of labourers of fields; [1.294] secondly, the profit of the metayers upon the advance of those wages; thirdly, the rent of capitals temporarily fixed for agriculture in instruments, livestock, and manure. It often happens that the profit the metayers gain from a field should cover his advances upon some other fields, a situation which would make the imputation of this sum almost impossible.
   442,632 francs, which the productive labour adds to the value of the field, before sending silk to the mill, is the fruitage of necessary wages, amounting to 188,440 francs, which provides the society with annual revenue.
   •L. 49,660 to the labourers as surplus wages.
   •L 121,479 to the entrepreneurs of the businesses as profit.
   •L. 60,653 to the owners of fixed capital as rent.
   •L. 22,400 to the landlords as land rent.
   •L. 254192 as revenue raised by the labour.
   If I had been successful in analysis of the costs of agriculture, the proportion of the revenue to the sum total would have appeared still higher, because then I would have taken into account L. 144,000 of land rent, and the profits, rents, and surplus wages of cultivators, which are produced by necessary wages which probably do not exceed 50,000 francs.
   I could not have justified all the calculations I have presented, without infinitely prolonging this note which is already extremely long. I have believed even that I should cease to evaluate raw, spun, finished silk, of floss silk, of coarse silk, in terms of livre, an evaluation which serves as base for this account. The reason is that, as the estimation has been made according to the course of market in Tuscany, without representing the value in Florentine money and the weight in Florentine pounds, I would have had some very troublesome fractions for each price, which disappear in the evaluation of the sums total. I have represented as wages the current price of a working day as it is really paid. As for the distinction between the surplus and necessary, however, although I have tried to understand well what is indispensable for the subsistence of labourer, I admit that there is always something arbitrary in its evaluation.