Friday 21 January 2011

Book 3, chapter 9, paragraph 11

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 428-429]

   Le marché général du monde commerçant, dans lequel il ne peut y avoir ni privilége exclusif, ni monopole, offre nécessairement un bénéfice moins considérable, que le marché d’un pays particulier, où les capitaux manquent, et où les capitalistes profitent de leur petit nombre pour élever le taux de leurs gains. Lorsque Louis XIV accorda au mois de Mars 1669 une franchise générale au port de Marseille, il ne donna, ni ne put donner par là, aucun avantage aux Marseillais sur les Hollandais, qui étaient déjà en possession du commerce de transport. Si les derniers se contentaient à cette époque d’un bénéfice de dix pour cent, et que les premiers en trouvassent quinze ou seize, dans les manufactures de Provence, le commerce intérieur, ou le commerce extérieur de consommation; on ne peut croire que les Marseillais renonçassent au bénéfice le plus considérable, pour se contenter du moindre, afin de profiter de la franchise de leur port. En effet le commerce de Marseille, autant qu’il était fait par des Français, n’était point un commerce de transport, mais un commerce extérieur de consommation, quelquefois direct, et quelquefois circuiteux. Cependant s’il était arrivé que les Marseillais ne trouvassent dans aucun commerce national, les mêmes bénéfices qu’ils pouvaient trouver dans le commerce de transport; c’aurait été un signe certain, qu’ils étaient plus riches que toutes les nations avec lesquelles ils se trouvaient en concurrence et par conséquent, qu’ils étaient en état de faire le commerce de transport. La proportion des profits au capital va en décroissant, ainsi que nous l’avons vu, comme les capitaux augmentent; et la nation qui se contente des moindres profits, doit toujours être la plus riche.

[Translation]

   The general market of the commercial world, in which there can be no exclusive privilege or monopoly, offers by necessity a smaller profit than the market of a particular country which is short of capital, and where capitalists gain from their small number to raise the rate of their profit. When Louis XIV accorded in March 1669 a general franchise to the port of Marseilles, it did not give, nor could it give, any advantage to Marseilles merchants over the Dutch, who were already in possession of shipping trade. If the Dutch were contented with ten per cent of profits in this period, and the Marseilles merchants found fifteen per cent in manufactures in Provence, home trade or foreign trade for consumption, it is unbelievable that the Marseilles merchants gave up the higher profit to be contented with the lower, for the purpose of enjoying the franchise of their port. In fact, the trade in Marseilles, as long as carried out by the French merchants, was not a kind of shipping trade but foreign trade for consumption, sometimes direct or other times indirect. However, if the Marseilles merchants had happened to find in any home trade the same profits as they were able to find in shipping trade, this would have been a certain sign that they were richer than any nation with whom they turned out to be in competition, and, therefore, that they could afford to carry out foreign trade. The proportion of the profits to the capital is lower, as we have seen, as capital is more accumulated, and the nation contented with the lowest profits should always be the richest.