Monday 1 February 2010

Book 2, chapter 8, paragraph 08

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 113-115]

   La concurrence la plus libre est la base du prix relatif; toutes les fois que cette concurrence est gênée, il existe un principe de monopole. Si la loi éloigne seulement les marchands et les capitaux étrangers, elle donne aux marchands et aux capitaux nationaux un premier monopole contre les consommateurs, elle le fait par les règlements des douanes. Si elle rend l’entrée du commerce difficile pour ceux qui ne sont pas encore commerçants, en écartant la concurrence d’une partie des citoyens industrieux, elle donne à ceux qui exercent déjà cet état un plus grand empire sur la marché; c’est un second monopole qu’elle crée contre le consommateur, au moyen des statuts d’apprentissage. Si elle hérisse de nouvelles difficultés le passage d’un genre de négoce à un autre, elle donne à chaque branche du commerce national, un monopole non-seulement contre les consommateurs, mais aussi contre les commerçants des autres branches; c’est le troisième qu’elle crée par l’institution des jurandes et corps de métiers. Si elle réunit ce commerce en un seul corps ou une seule compagnie à qui elle accorde un droit exclusif pour l’exercer, elle crée par là un quatrième et dernier monopole intérieur, le plus puissant et le plus ruineux de tous. Elle peut enfin chercher à étendre le monopole national sur l’étranger, soit qu’elle fonde des colonies pour avoir des nations sujettes à ses lois, soit qu’elle cherche à lier ses rivales par des traités de commerce. Nous examinerons séparément dans le livre suivant ces divers monopoles; dans celui-ci nous devons nous borner à rendre compte de leur théorie générale, ainsi que de leur effet, soit immédiat sur les prix, soit médiat sur la richesse nationale.

[Translation]

   The freest competition is the base of the relative price. Whenever this competition is obstructed, there is a principle of monopoly at play. If the authority only expels foreign merchants and capitals, it gives the utmost monopoly against consumers to home merchants and capitals, and it does so by regulations of customs duties. If the authority makes it difficult for those who are not yet engaged in a branch of trade to enter there, keeping a part of industrious citizen from competition, it gives a larger control over the market to those who are already engaged in this trade. This is another monopoly which it creates against consumers by means of the statute of apprenticeship. If it obstructs the mobility from a sort of trade to another with new difficulties, it gives each branch of the national commerce a monopoly which is not only against consumers but also against those engaged in the other trades. This is the third monopoly that it creates by the council of guild leaders and trade unions. If it unites this trade in a sole body or a sole company to whom it accords an exclusive right to engage in it, it creates thereby the fourth and last monopoly at home, the most powerful and the most ruinous of all. Finally, the authority can be eager to extend the home monopoly abroad, whether it builds colonies in order to acquire nations subject to its laws, or tries to ally its rivals by commercial treaties. We shall examine these monopolies separately in the following book; in this book we should confine ourselves to accounting for their general theory, as well as their effect, be it direct upon the price or indirect upon the national wealth.