Thursday 30 April 2009

Book 1, chapter 6, paragraphs 07-08

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 165-66]

   Il me semble qu’il est satisfaisant de trouver une preuve évidente et soumise au calcul de la fausseté de ce système qui quoique le plus naturel de tous, et celui que l’on est le plus disposé à embrasser avant d’y réfléchir, s’obscurcit plus on le médite, et semble échapper au raisonnement par les voiles dont il s’enveloppe. Cet argent que le capitaliste a livré étoit [était] sa propriété, mais l’est il encore parce que celui qui l’a reçu le lui doit? Si celui-ci l’aliène, comment peut-on le suivre? comment l’argent se trouve-t-il avoir, deux maîtres, celui qui le possède et qui peut-être ne doit rien, et celui à qui il est dû? telles sont, et bien d’autres encore, les questions qui se présentent, et auxquelles on ne sait que répondre.
   Une seconde secte de faiseurs d’hypothèses, frappée déjà sans doute de la disproportion entre l’argent dû et l’argent existant, imagina que la valeur des créances étoit [était] une affaire d’opinion, que le crédit créoit [créait] des capitaux qui n’existoient [existaient] pas, et qu’une nation ne pouvoit [pouvait] en faire un meilleur usage que celui de s’enrichir en papier.

[Translation]

   It seems to me that it is satisfying to find a proof evident and subject to the calculation of the falsity of this system, which is more obscure the more one meditates on it, and seems to be beyond reasoning due to what veils it, though it is the most natural of all and is that which one is the most inclined to embrace before reflecting upon it. That money a capitalist has handed over was his property, but is it his property because the receiver of it owes it to him? If the receiver alienates it, how can you follow it? How does the money come to have two masters, one of whom possesses it and possibly owes nothing, and the other of whom has lent it? These questions are among those which are presented and to which no one knows what to anser.
   The second sect of speculators, already struck probably by the disproportion between due money and existent money, imagined that the value of bills of credit was a matter of opinion, that the credit created nonexistent capitals, and that a nation could make no better use of it than to enrich itself in paper.

Wednesday 29 April 2009

Book 1, chapter 6, paragraph 06

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 163-65]

   S’il n’y a d’autre capital immatériel que celui qui résulte d’une hypothèque sur l’argent, il est absolument nécessaire d’en conclure, que la somme de capital immatériel produisant un revenu dans une nation, est égale à la somme d’argent en circulation chez cette même nation; or certainement les créanciers de l’État sont tout aussi bien que les créanciers des particuliers au nombre des propriétaires du capital immatériel. Le numéraire de la Grande Bretagne est estimé de dix-huit à vingt-cinq millions sterlings, et sa dette qui s’élevé aujourd’hui à 538 millions sterlings, surpasse au moins de vingt fois la valeur de son numéraire; elle est par conséquent supérieure à la valeur de tout celui qui circule dans toute l’Europe, et comme les propriétaires de créances sur les particuliers, soit avec hypothèque, soit par simple billet, forment une masse probablement supérieure à celle des créanciers de l’État, on ne peut douter que les propriétaires anglois [anglais] de capital immatériel, n’aient une créance fort supérieure à la valeur de tout le numéraire en circulation dans l’univers entier. Qu’arriveroit-il [arriverait-il] donc si tous les créanciers, non pas de l’Angleterre seulement, mais de l’Europe, mais de tout l’Univers, demandoient [demandaient] en même tem[p]s le remboursement de leurs créances en numéraire? tout le métal caché dans les entrailles de la terre ne suffiroit [suffirait] pas pour les satisfaire. Ce capital cependant est une valeur réelle quoique invisible, puisque chacune de ses parties peut se convertir en argent à volonté, et que chacune prêtée à un fabricant, suffit pour mettre en activité sa manufacture; mais il faut bien que cette valeur ne soit point métallique, et que son hypothèque soit autre que le numéraire.

[Translation]

   If there is no other intangible capital than that which derives from a mortgage upon money, it is completely necessary to conclude from it that the amount of intangible capital procuring a revenue for a nation is equal to the amount of money in circulation in the hands of the same nation. But certainly creditors to the state just as well as those to individuals are counted among owners of intangible capital. The amount of specie of Great Britain is estimated at 18 to 25 million sterlings, and her debt, which amounts to 538 million sterlings today, is at least over 20 times as enormous as the value of the specie. Consequently, it is more enormous than value of all the specie in circulation in the whole of Europe, and, since creditors to individuals, whether they holds a mortgage or just a simple bill, are probably larger in number than creditors to the state, there is no doubt that the English owners of intangible capital have far more credit than the value of all the specie in circulation all over the world. What would happen, therefore, if all the creditors, not only in England, but in Europe, but all over the world, all at once demanded the redemption of their credit in specie? All metals buried in the earth would not be sufficient to meet the demand. This capital, however, is a real if not visible value, because each portion of it can be converted into money on demand, and because each portion lent to a manufacturer can make his operation active. Nonetheless, this value must not be metallic, and its mortgage must not be in specie.

Tuesday 28 April 2009

Book 1, chapter 6, paragraph 05

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 163]

   Comme elle est transmise de mains en mains au moyen d’espèces métalliques, qu’elle est créée par la cession ou la vente de ces espèces que fait le prêteur à l’emprunteur, que ses fruits les intérêts sont payés en numéraire, et que toutes les fois qu’on en parles, on la désigne toujours comme une somme de numéraire actuellement existante; les premiers qui ont écrit sur l’économie politique, ont cru que les capitalistes étoient [étaient] les propriétaires actuels du numéraire, même après qu’ils s’en étoient [étaient] défaits: cette manière de considérer les créances, forme jusqu’à ce jour l’opinion populaire et même celle de la plupart des négocian[t]s, qui peuvent difficilement séparer deux idées que tout tend à confondre, celle de l’argent, et celle du capital.

[Translation]

   The intangible wealth is transferred from hand to hand by means of metallic coins; it is created by a transfer or a sale of these coins a lender makes to a borrower; its fruits, interests, are paid in specie; and people always talk about it as if it were an amount of actually existent specie. Therefore, the earliest writers on political economy believed that capitalists were actual owners of specie even after they had hand it over. Up to today this way of thinking of credit forms a popular onion, and even that of most merchants, for whom it is difficult to separate two ideas every one tends to confuse, the idea of money and that of capital.

Monday 27 April 2009

Book 1, chapter 6, paragraph 04

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 161-63]

   On comprend facilement qu’on a pu considérer comme de même nature toute richesse renfermée dans un portefeuille, et qui paroissoit [paraissait] n’avoir de matériel que les papiers qui servent de titre pour la réclamer; il est cependant fort important de distinguer en deux classes ces papiers qui peuvent constituer la propriété d’un capitaliste. Les uns comme les assignats, les billets de la caisse d’escompte, ceux de la banqué d’Angleterre, et en général tous ceux qu’on comprend sous le nom de papier-monnoie [monnaie], sont ou payables à volonté en numéraire par celui qui les a émis, ou recevables en payement de tous les marchés au lieu d’argent, par tous ceux qui dépendent de l’État: comme ils ne portent point d’intérêt, chaque détenteur est empressé de s’en défaire, au moins tout autant qu’il le seroit [serait] d’employer du numéraire chômant dans son coffre-fort. Les autres, comme les créances portant hypothèque, les billets de dépôt, et les comptes courais des négocian[t]s, même les lettres de change, quoiqu’ils puissent être négociés volontairement de part et d’autre, ne sont point transmissibles en payement, aussi sont-ils le plus souvent conservés par le même propriétaire jusqu’à leur remboursement. Leur possession est toujours fructueuse, ils portent intérêt, ou ils donnent droit à un dividende et lors même que cet intérêt ne pare point exister, comme dans les lettres de change, leur porteur en a toujours acquis la propriété moyennant une bonification proportionnée au délai auquel il doit se soumettre, et qui est connue sous le nom d’escompte. Ces deux classes de titres ou de billets sont d’une nature absolument distincte; les premiers font partie de la valeur totale du numéraire dont ils représentent une fraction, les seconds représentent au contraire une fraction de la valeur de la richesse mobiliaire [mobilière] dont ils font partie. C’est principalement pour les avoir confondus, que l’on a élevé plusieurs systèmes faux, contradictoire, ou dangereux, sur la nature de cette richesse immatérielle qui déroutoit [déroutait] tous les spéculateurs.

[Translation]

   It is easy to understand that it was possible to consider as of the same nature every kind of wealth that was contained in a portfolio, and that seemed to consist only of paper which serves for the right to claim for it. It is extremely important, however, to divide into two sorts those paper notes which can constitute the property of a capitalist. One sort is payable on demand in specie by those who have issued it, or receivable in payment in every deal instead of money by all those dependent upon the state. This sort includes assignats, bills of discount houses, notes of the Bank of England, and, in general, all meant by the name of paper money. As this sort of paper note does not bear interest, every holder is as eager to hand it over, at least as he would be to employ idle specie in his safe. The other sort, even though it can be negotiated voluntarily from one party to another, is not transferable in payment, and, therefore, is in the most cases kept in the hand of one person until its redemption. This sort includes mortgage securities, certificates of deposit, current accounts of merchants, and even bills of exchange. Their possession is always profitable, for they bear interest or represent a right to a dividend. Even when this interest may not seem to exist as in the case of bills of exchange, their bearer has always gained from the negative spread in proportion to the length of term which he must accept and which is known in the name of discount. These two sorts of titles or bills are of completely distinct nature; the former comprises a part of the total value of money (a fraction of which they represent), and the latter, on the contrary, represents a fraction of the value of the movable wealth (a part of which they comprise). It is principally because of their confusion that some false, contradictory, or dangerous systems were erected concerning the nature of that intangible wealth which puzzled all the speculators.

Sunday 26 April 2009

Book 1, chapter 6, paragraph 03

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 160-61]

   Quand nous avons parlé de la richesse mobiliaire [mobilière] et circulante, nous avons déjà vu pour quel motif et sous quelles conditions ceux qui en étoient [étaient] propriétaires, et qui ne vouloient [voulaient] pas prendre sur eux le soin de la faire circuler, la prêtoient [prêtaient] à des gens plus actifs qui leur en payoient [payaient] les intérêts. C’est sous un autre point de vue que nous devons considérer de nouveau cette classe de capitalistes, afin de la diviser en deux ordres, dont les intérêts sont absolument distincts; de réfuter les systèmes pernicieux qui sont nés de l’obscurité dont elle s’enveloppe; d’expliquer la nature de la proportion qui s’établit nécessairement, d’une part entre le papier-monnoie [monnaie] et la quantité de numéraire requise pour la circulation, de l’autre entré les créances et la richesse matérielle d’une nation; enfin de calculer l’effet qu’auroit [aurait] sur la prospérité nationale, l’anéantissement d’une partie considérable du capital immatériel, occasionné par la banqueroute du Gouvernement.

[Translation]

   In the discussion on the movable and circulating wealth, we have already seen for what purpose and on what conditions owners lend their capital to more practical men who pay them the interest of it, if they do not want to take the trouble to keep it circulating for themselves. It is from another point of view that we should reconsider this category of capitalists, to divide it into two sorts, whose interests are completely distinct; to refute pernicious systems which derive from obscurity concerning the category; to expound the nature of the proportion which is necessarily established between paper money and the quantity of specie requisite for the circulation on one hand, and between credit and the tangible wealth of a nation on the other hand; finally to calculate that effect upon the national prosperity which the disappearance of a considerable part of intangible capital brought about by the bankruptcy of the government would have.

Saturday 25 April 2009

Book 1, chapter 6, paragraph 02

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 159-60]

   L’existence du capital immatériel a contribué probablement plus que toute chose à confondre les idées sur la nature des capitaux qui constituent la richesse mobiliaire [mobilière]. L’on a pu observer qu’il y avoit [avait] une classe de riches, désignés plus particulièrement par le nom de capitalistes, dont la richesse ne consistoit [consistait] point en propriétés foncières, non plus qu’en meubles, en marchandises, ou en objets propres à la consommation: qu’elle étoit [était] même absolument invisible et immatérielle, à moins qu’on ne voulût considérer comme la constituant, les titres au moyen desquels ils en jouissoient [jouissaient] ou les papiers contenus dans leur portefeuille.

[Translation]

   The existence of intangible capital has contributed, probably more than any other, to confusion of ideas upon the nature of capital which constitutes the movable wealth. You have seen that there is a class of the rich, designated more particularly as capitalists, whose wealth consists neither in landed property, nor in movables, in commodities, or in objects adequate to consumption: that theirs is even completely invisible and intangible unless the titles by means of which they enjoy consumption, or the bills contained in their portfolio, is regarded as constituent of theirs.

Friday 24 April 2009

Book 1, chapter 6, paragraph 01

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 158-59]

(1) Lorsque j’ai avancé dans le chapitre précédent, que les espèces métalliques ne donnoient [donnaient] aucun revenu à leurs propriétaires, et qu’elles formoient [formaient] une partie absolument stérile de la richesse nationale, il est probable que plusieurs lecteurs auront objecté, que quoique les espèces d’or et d’argent gardées dans un coffre-fort, ne s’y accrussent, ni ne s’y multipliassent point, cependant, puisqu’elles donnoient [donnaient] un revenu lorsqu’on venoit [venait] à les prêter, on ne pouvoit [pouvait] leur appliquer l’épithète de stériles: Mais ils doivent remarquer que le propriétaire des espèces, c’est leur détenteur, pour lequel elles ne s’accroissent ni ne se multiplient jamais; celui qui les a prêtées a échangé sa propriété contre celle d’une créance, ou d’une portion du capital immatériel; celui-ci dont nous allons nous occuper à présent, n’est pas stérile; il donne bien une rente, mais ainsi que nous l’avons annoncé ailleurs, cette rente n’est qu’un droit en participation au revenu du capital matériel.

[Translation]

(1) When I argued in the previous chapter that metallic coins provide no revenue to their owners, and that they form a completely sterile part of the national wealth, some readers probably objected that, even though gold and silver coins kept in a safe do not increase or grow, you cannot call them with the adjective sterile because they afford a revenue if lent [at interest]. But the readers must note that for an owner of coins they do not increase or grow, as long as he holds them. If he has lent them, he has exchanged them for a bill of credit, or a piece of intangible capital. This, a theme with which I will deal from now on, is not sterile. It procures him a rent, but, as we have shown elsewhere, this rent is only a right to participation in distribution of the revenue of tangible capital.

Thursday 23 April 2009

Book 1, chapter 5, footnote 08

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 157]

(8) La prohibition vient d’être retirée.

[Translation]

(8) The prohibition has of late been repealed.

Book 1, chapter 5, footnote 07

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 155-56]

(7) En réfléchissant sur la perte que devoit [devait] occasionner la transmutation des piastres en écus, on reste presque convaincu qu’elle n’étoit [était] supportée que par l’Espagne, et qu’elle étoit [était] à peu près inévitable. Les piastres n’avoient [avaient] cours en France que pour deux ou trois pour cent de moins que leur valeur intrinsèque; c’étoit [était] donc cette marchandise espagnole dont le marché étoit [était] surchargé, et qui se vendoit [vendait] toujours au-dessous de son prix. L’acheteur le plus libéral, c’étoit [était] l’Hôtel des monnoies [monnaies], qui, au lieu de faire perdre deux ou trois pour cent, ne faisoit [faisait] perdre qu’un et un quart. Mais d’où vient que l’acheteur allemand, hollandois [hollandais], italien, n’offroit [offrait] pas plus encore que l’Hôtel des monnoies [monnaies], puisque l’empreinte des écus ne valoit [valait] pas mieux pour lui que celle des piastres, et qu’il ne considéroit [considérait] que le poids et la finesse? C’est probablement, parce que la différence totale entre les deux valeurs idéales, ne s’effaçoit [effaçait] que graduellement, et n’étoit [était] absolument anéantie que quand les espèces étoient [étaient] portées à une Monnoie [Monnaie] étrangère. En effet, quoique les piastres eussent plus de valeur comparativement aux écus à Genève, à Francfort, à Bâle, et dans les autres villes rapprochées de la frontière, qu’en France, cependant à égalité de poids et de finesse, les écus y valoient [valaient] plus que les piastres; parce que les premiers pouvoient [pouvaient] être renvoyés en France comme ailleurs, et gardoient [gardaient] dans l’étranger, ainsi qu’un papier-monnoie [monnaie], une partie de leur valeur de convention, tandis que les secondes n’en avoient [avaient] aucune, mais éprouvoient [éprouvaient] au contraire une défaveur de convention si on les renvoyoit [renvoyait] en France. Il n’existoit [existait] donc une différence totale d’un et un quart entre les poids comparés aux valeurs, que quand on transportoit [transportait] ces diverses espèces de Perpignan à Vienne: or cette différence ne suffisoit [suffisait] qu’à peine à couvrir les frais de port, l’assurance, et l’avance d’argent, et il ne restoit [restait] point de bénéfice pour exciter les spéculations des marchands.

[Translation]

(7) A reflection upon the loss which the conversion from piastres to ecus should accompany leads almost to the conviction that the loss was only suffered by Spain and that it was almost inevitable. Piastres were accepted in France only for 2 or 3% less than intrinsic value. Therefore, they were, as it were, those Spanish commodities whose market was glutted, and which were for sale always below the price. The Mint was the most liberal purchaser, who only imposed a loss of 1.25% instead of 2 or 3%. But why did not a purchaser in Germany, Holland, or Italian offer still more than the Mint, because the inscription of ecus was of no more value for him than that of piastres, and because he only considered weight and fineness? This is probably because the total difference between the two ideal values was reduced only gradually, and completely disappeared only when the coins were carried to a foreign mint. Indeed, although the piastres might be of more value in comparison to ecus in Geneva, Frankfurt, Basel, and the other cities near the border, than in France, ecus were of more value than piasters there, if both were equal in weight and fineness there. It was because the former could be carried to France and elsewhere, and would keep a part of their value of convention in foreign countries like paper-money, while the latter did not have such value, but on the contrary suffered avoidance of convention if carried back to France. Only when these two sorts of coins were transported from Perpignan to Vienna was there a total difference of 1.25% between weights compared to values. Nonetheless, this difference was barely sufficient for the cost of transport, insurance, and pecuniary advance, and there was no benefit to excite the speculation of merchants.

Wednesday 22 April 2009

Book 1, chapter 5, footnote 06

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 152]

(6) Cette somme est la moyenne sur la fabrication de quinze années, depuis et y compris 1761, jusques à la fin de 1777. En prenant une moyenne sur un plus long espace de tem[p]s, et depuis 1726 à la révolution, l on n’a pour l’année commune que 400,000 marcs d’argent, et 17500 marcs d’or, ce qui réduit la fabrication à 34 millions et demi environ par année. (Garnier, nove XXXII.) La grande activité de la Monnoie [Monnaie] dans l’espace de tem[p]s indiqué par Mr. Necker tenoit [tenait] donc probablement à quelque cause accidentelle, et peut-être à l’adoption de quelque faux système d’économie politique par les Ministres d’alors.

[Translation]

(6) This amount is the average of the productions of 15 years, since 1761 inclusive until the end of 1777. By taking an average for a longer period, namely since 1726 until the revolution, we have for a normal year only 400,000 silver marc coin, and 17500 gold marc coins, a calculation which shows the production to be about 34.5 million a year (Garnier, note 32). Therefore, the important activity of the Mint during the period referred to by Mr. Necker was related probably with some accidental cause and perhaps with the adoption of some false system of political economy by the ministers of the day.

Tuesday 21 April 2009

Book 1, chapter 5, footnote 05

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 150-51]

(5) Lorsque le numéraire surabondant qui s’arrête dans un pays n’est que proportionné à la baisse qu’a occasionné la prohibition de l’exporter, l’équilibre se trouve rétabli, quoique sur un faux principe; il n’y a pas plus d’avantage à vendre à un pays qui est dans cette situation qu’à acheter de lui, parce que le marchand ne peut tirer que deux partis du payement des marchandises qu’il lui vend, ou racheter des productions du pays, et alors il reperd sur leur prix l’élévation numérique qui avoit [avait] paru être un avantage pour lui lorsqu’il vendait, ou exporter en fraude les espèces, et alors les fraix [frais] et le danger de la contrebande détruisent de même l’avantage qu’il croyoit [croyait] avoir. Mais lorsqu’il y a une surabondance de numéraire telle qu’elle occasionne une baisse de son prix plus forte que les frais d’exportation, le marchand étranger trouve un avantage à vendre et à ne rien acheter en retour, pour faire sortir ses espèces, soit librement si l’exportation est permise, soit en payant l’assurance si elle est défendue. Aussi long-tem[p]s qu’il trouve du bénéfice sur les espèces à exporter, il ne peut lui convenir de faire des achats de marchandises. L’État qui a une surabondance de numéraire ne peut donc qu’acheter, et jamais vendre, jusqu à ce que l’équilibre soit rétabli.
   L’État qui a fait baisser le numéraire par une prohibition s’est fait un tort d’un autre genre; nous avons dit que 103 écus après la prohibition ne valent pas plus que 100 écus n’auroient [auraient] valu sans elle, il a donc perdu 3 p. % sur toute la partie de sa richesse qui est convertie en numéraire, et lorsqu’ensuite les particuliers continuent à vendre en fraude l’excédant de la production de ses mines, ils cédent [cèdent] aux étrangers pour 100 ce qui vaut 103. La prohibition est donc un impôt levé sur le produit total des mines exporté ou non, et perçu non au profit du fisc, mais à celui du contrebandier.

[Translation]

(5) When the overabundant specie remaining in a country is only in proportion to the depreciation caused by the prohibition of exportation of specie, the equilibrium is recovered, though on a false principle. It is not more advantageous to sell to a country which is in this situation than to buy from it, because the merchant can only make two uses of payment of commodities he sells to the country. One is to buy back some productions from the country, and then he in turn loses the rise of their price in terms of specie, which appeared advantageous to him when he made the sale. The other is to export the coins illegally, and then the cost and danger of smuggling also eliminate the advantage he believed he would take. However, when the overabundance of specie is such that the price of it falls more substantially than the cost of exportation, the foreign merchant finds it advantageous to make sales and no purchase in return, to make coins go out, either freely if the exportation is permitted, or by paying for guarantee if it is prohibited. As long as he finds it beneficial to export coins, it cannot be convenient for him to purchase commodities. The state which has an overabundant of specie can therefore make no sale but only purchases until the equilibrium is regained.
   The state which has lowered specie by prohibition has sustained a loss of another sort. We have said that 103 ecus after the prohibition is of no more value than 100 ecus would have been without it, and so it has sustained a loss on all those part of its wealth which is converted into specie, and later, when individuals continue to sell illegally the surplus of the produce of its mines, they offer what is of the value of 103 for 100 to foreign countries. The prohibition therefore is a sort of tax levied upon the total produce of mines, exported or not, and collected not upon the profit of the treasury but of contrabandists.

Monday 20 April 2009

Book 1, chapter 5, footnote 04

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 146]

(4) Une preuve que ces diverses causes réunies occasionnent une consommation assez considérable de métaux précieux, c’est leur rareté actuelle en Europe, depuis que leur importation annuelle a été suspendue par la guerre. Les Gouvernemen[t]s d’Angleterre, de Russie, et d’Autriche, en établissant ou en multipliant leur papier-monnoie [monnaie], ont chassé presque absolument les espèces métalliques de chez eux, sans que ces espèces refluant forcément dans les autres États y aient paru plus abondantes.

[Translation]

(4) The rarity of precious metals in modern Europe, since annual importation was suspended due to the war, is a proof that these diverse causes conspire to bring about their sufficiently enormous consumption. The governments of England, Russia, and Austria drove metallic coins almost completely out of circulation by establishing or multiplying paper money, without forcing their reflux to another country and making them more abundant there.

Book 1, chapter 5, footnote 03

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 142]

(3) Rapport du Conseil de Comm. arts et agricult. du Département du Léman, du 8 Brumaire an X.

[Translation]

(3) Rapport du conseil de commerce, arts et agriculture de département du Léman (8th Brumaire, year 10).

Sunday 19 April 2009

Book 1, chapter 5, footnote 02

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 140-41]

(2) Mr. Garnier (note xv.) se fondant sur des autorités qui paroissent [paraissent] plausibles, évalue la production des mines du nouveau monde à une somme plus forte. Il estime le produit de celles de l’Amérique Espagnole à 159,000,000
   de celles du Bresil [Brésil] à 50,000,000
   de celles d’argent exploitées en Europe, à 14,679,600
   de celles d’or de Russie et Hongrie, à 6,135,480
   Total. L. 229,815,080.
   Comme l’évaluation de la partie du produit des mines qui est introduite en contrebande, est absolument arbitraire, il ne faut pas s’étonner si les divers calculateurs ne s’accordent pas.
   Les calculs présentes par Mr. Peuchet. (Dict. De la Géog. Comm. Vol. 1. p. 288.) se rapprochent davantage de ceux de Mr. Necker, et paroissent [paraissent] même indiquer une production annuelle moindre que celle qu’il a admise. Les mines de l’Amérique Espagnole auroient [auraient] fourni selon lui 17 à 18 millions de piastres par année, ou environ 90 millions de nos livres.

[Translation]

(2) Mr Garnier (note 15), following the authorities who appear plausible, estimates the production of the mines of the New World at a much larger amount. He estimates;

The produce of those in Spanish America159,000,000
That of those in Brazil50,000,000
That of those of silver exploited in Europe14,679,600
That of those of gold in Russia and Hungary6,135,480
Total.229,815,080l

   As the evaluation of that part of the produce of mines which is introduced in smuggling is completely arbitrary, it is not surprising if calculators are not in accord with one another.
   The calculations presented by Mr Peuchet (Dictionnaire universel de la Géographie commerçante, vol. 1. p. 288.) more approach those of Mr Necker, and seems even to imply that the annual production is smaller than Mr Necker assumed. The mines in Spanish America would have provided, according to those of Mr Peuchet, 17 to 18 millions piastres per year, or about 90 million of our livres.

Saturday 18 April 2009

Book 1, chapter 5, footnote 01

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 132-33]

(1) L’argent et l’or chôment aussi entre les mains de certains thésauriseurs qui ont la manie d’enfouir leurs épargnes, ou qui y sont forcés par les défauts du Gouvernement sous lequel ils vivent: ce numéraire peut être considéré comme n’existant plus pour la société: dès l’instant qu’il ne sert plus aux échangés, il n’y a plus un rapport nécessaire entre sa valeur et celle des marchandises qui passent de mains en mains, aussi est-il retranché dès lors de la valeur de l’aliquote inconnue de la richesse mobiliaire [mobilière] qui est égale à la masse des métaux en circulation. Quelle que soit la quantité d’or et d’argent enfouie dans un pays, la valeur des métaux qui restent dans le commerce n’en est point altérée, et ils ne s’échangent point contre une moindre quantité de marchandises.
   Celui qui enfouit des métaux fait un sacrifice égal à tout l’intérêt qu’il aurait pu retirer en les prêtant; sa défiance continuelle du Gouvernement peut l’engager à faire ce sacrifice, qui est en pure perte pour la société comme pour lui; mais toute la somme du numéraire qu’il ne se propose pas d’enfouir, il sent qu’il est de son intérêt de ne pas la laisser oisive, en sorte qu’après avoir retiré de la circulation une partie des monnoies [monnaies] de l’État, il s’efforce tout comme un autre de donner une plus grande activité à la partie de ces monnoies [monnaies] qui passe par ses mains et qu’il n’accumulé pas.

[Translation]

(1) Silver and gold are left as they are in the hand of certain frugal men, who have an obsession to hoard their savings, or who are forced to due to faults of the government under which they live. This specie can be regarded as no longer existent for the society. As soon as it ceases to enter into exchanges, there disappears a necessary relation between its value and that of commodities which pass from hand to hand. Therefore, from the moment on, it is deducted from the value of that unknown fraction of the movable wealth which is equal to the mass of metals in circulation. However much gold and silver may be hoarded in a country, the value of metals remaining in commerce is nonetheless unchanged, and the metals are exchanged for no less quantity of commodities.
   He who hoards metals sacrifices as much as all the interest which he could have gained by lending them. His continual distrust of the government can force that sacrifice upon him, which is utterly useless to the society as well as to him. As for all the sum of specie he does not expect to hoard, however, he feels that it is in his interest not to leave it inactive, so that, after having taken a part of money of the state out of circulation, he attempts, just as another, to make more active the part of his money which has been in his hands and which is not accumulated.

Friday 17 April 2009

Book 1, chapter 5, paragraphs 33-34

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 154-57]

   Les États du Nord pourvoyoient [pourvoyaient] ensuite à leur fabrication avec des monnaies de France, à défaut de celles d’Espagne, qui leur seroient [seraient] revenues de 1 ¼ meilleur marché, s’ils avoient [avaient] pu les obtenir en droiture, mais il est dans la nature même du commerce que les métaux précieux, soient d’autant plus chers qu’ils sont plus éloignés du lieu de leur origine; plus en Russie et en Turquie qu’en Allemagne, en Allemagne qu’en France, en France qu’en Espagne, et en Espagne qu’au Mexique (7). Les monnoies [monnaies] de France valoient [valaient] cependant dans l’étranger quelque chose de moins qu’une quantité d’espèces du pays égale en poids et en titre, en sorte que toutes celles que la guerre, les subsides payés aux étrangers, ou l’intérêt des dettes nationales, faisoient [faisaient] exporter au delà des besoins du commerce, rentroient [rentraient] d’elles-mêmes en France, comme le pays où elles avoient [avaient] le cours le plus élevé.
   Pendant la durée de la guerre, l’importation des produits des mines du Mexique ayant été suspendue, la France n’a plus été l’un des canaux aux travers desquels le numéraire s’est répandu dans l’Univers; dans cet état de choses, la prohibition d’exporter les espèces de France, n’a pas eu des inconvénien[t]s fort graves, vu qu’elle étoit [était] inutile, et que celles-ci étant aussi chères en France que partout ailleurs, quand on la retireroit [retirerait], il ne s’en exporteroit [exporterait] pas davantage; elle n’a pas laissé cependant que de gêner le commerce et d’être une source de vexations pour les voyageurs. Mais lorsque les vaisseaux de registre auront apporté à Cadix les Létaux accumulés dans le Nouveau Monde, ils se verseront bientôt en France, et si la prohibition est maintenue avec rigueur, ils y baisseront de prix sans augmenter la richesse nationale, et cette baisse, ou l’élévation correspondante du prix des marchandises qu’on donnera en échange, sera une source de désavantages dans tout commerce avec l’étranger (8).

[Translation]

   Later the states of the North made coinage with some sorts of money from France, instead of those from Spain, which would be obtained at 1.25 lower price if at first hand from Spain. But it is in the very nature of commerce that precious metals are all the dearer in that they are farther from the place of their origin; they are dearer in Russia and Turk than in Germany, in Germany than in France, in France than in Spain, and in Spain than in Mexico (7). Coins of France, however, were of somewhat less value in foreign countries than a quantity of coins of the countries equal in weight and fineness. In consequence, all those coins which were exported beyond the needs of commerce due to the war, the grants-in-aid [subsidies] sent to foreign countries, or the interest of national debts came back from the countries to France, as a country where the coins were accepted at the highest price.
   During the period of the war, when the importation of the produce of mines in Mexico was suspended, France was no longer one of the channels through which specie is distributed all over the world. In this state of things, the prohibition of exportation of coins of France had no grave inconvenience, taking into account that it was of no use, and that France did not export any more coins, when they were as dear in France as anywhere else, since they were taken away. However, the prohibition kept on disturbing the commerce and being a source of oppression for travelers. But when the vessels of registration have taken metals accumulated in the New World to Cádiz, the metals will soon be poured to France. If the prohibition is rigorously maintained, they will fall in price without adding to the nation wealth, and this fall, or the corresponding rise of prices of commodities offered in exchange, will be a sources of disadvantages in all commerce with foreign countries (8).

Thursday 16 April 2009

Book 1, chapter 5, paragraphs 31-32

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 152-54]

   Cette excessive augmentation du numéraire national qui étonnoit [étonnait] et embarrassoit [embarrassait] le plus éclairé comme le plus vertueux administrateur qu’ait eu la France (Adm. des Fin. T. III. ch. lx et x.) étoit [était] bien de nature dérouter tous les calculs. En effet il paroissoit [paraissait] peu probable, que la partie du numéraire qui ne faisoit [faisait] que traverser la France, et qui venoit [venait] d’Espagne pour être portée en Allemagne, en Italie, et dans le reste de l’Europe dût être préalablement envoyée à la Monnoie [Monnaie] pour être convertie en espèces de France. On voyoit [voyait] que la France envoyoit [envoyait] aux Indes des piastres d’Espagne, et non des écus de six livres; or comme l’Etat faisoit [faisait] un bénéfice d’un et un quart pour cent sur la fabrication, ce bénéfice étoit [était] une perte pour les propriétaires de lingots et de piastres destinées pour l’étranger, et l’on a peine à comprendre pourquoi s’y soumettoient [soumettaient].
   Mais il convient de remarquer que ceux qui commerçoient [commerçaient] avec d’Espagne avoient [avaient] besoin de réaliser leurs métaux précieux pour continuer leur commerce, et acheter marchandises qu’ils devoient [devaient] donner en échange contre de nouveaux métaux, or les piastres qu’on ne considéroit [considérait] en France que comme une marchandise, n’y avoient [avaient] pas cours pour une valeur égale à leur prix intrinsèque: Elles contiennent d’argent fin, selon les essais de Macé de Richebourg, (Ruelle oper. des changes p. 390.) pour 5 liv. 9 s. 7 d. mais elles se ressentaient même en France de la baisse de leur valeur en Espagne, en sorte qu’elles n’y valoient [valaient], et n’y valent encore que de 5 liv. 4 s. à 5 liv. 6 s. Il convenoit [convenait] donc au propriétaire de piastres de les porter à la Monnoie [Monnaie], soit en nature, soit en lingots, pour les échanger contre les espèces du pays.

[Translation]

   This excessive increase of national specie, which surprised and embarrassed the most enlightened and virtuous administrator of all France has had (De l'administration des finances de la France, vol. 3, chaps. 9 and 10) evaded all the calculations in nature. Indeed, there seemed to be little probability that that part of specie which only went through France and which came from Spain to be carried to England, Italy and the rest of Europe should be carried to the Mint beforehand in order to convert it into specie. France was seen to carry to India many piastres of Spain and no ecus of six livres. And yet, as the state made a profit of 1.25% on coinage, this profit was a loss for owners of ingots and piastres which were to come to foreign countries, and it is very difficult to understand why they resigned to it.
   But it is convenient to note that those nations who traded with Spain needed to realise their precious mental to continue their commerce and to purchase commodities which they had to offer in exchange for new metals. And yet the piastre, which was regarded only as a commodity in France, was not accepted there as of equal value to its intrinsic price. It contains fine silver, according the essays by Macé de Richebourg (Ruelle, Opérations des changes des principales places de l'Europe, p. 390.) for 5l. 9s. 7d., but it suffered even in France abasement of value in Spain, so that it was, and still is, of value 5l. 4s. to 5l. 6s. in France. It was therefore convenient for owners of piastres to carry them to the Mint, either as they are or in ingot, in order to exchange them for coins of the country.

Wednesday 15 April 2009

Book 1, chapter 5, paragraphs 29-30

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 148-52]

   Les deux pays propriétaires de mines, l’Espagne et le Portugal, ont défendu la sortie du numéraire; leur prohibition l’a rendue difficile et coûteuse, mais ne l’empêche pas. Ces pays sont comme un étang qu’un ruisseau traverse, en élevant l’écluse par-dessus laquelle le ruisseau doit ressortir, on élève l’eau sur toute la superficie de l’étang; mais cela fait, on n’empêche pas qu’il n’en ressorte autant qu’il en entre. De même en Espagne, on auroit [aurait] exporté le numéraire dès qu’il y auroit [aurait] eu demi pour cent à gagner, s’il n’y avoit [avait] point eu de prohibition, tandis qu’on ne l’exporte que lorsque le profit surpasse deux ou trois pour cent qu’il faut pour payer la contrebande. La prohibition a donc l’effet de retenir le cinquantième ou tout au plus lé trente-deuxième du numéraire de plus en Espagne qu’il n’y en auroit [aurait] en la supprimant, et elle opère par conséquent de telle sorte que cent trois écus en Espagne ne valent pas plus que cent écus en France; d’où il résulte que toutes les marchandises et tous les travaux s’y payent en numéraire plus cher de trois pour cent que partout ailleurs. Ce n’étoit [était] pas la peiné de couvrir ses frontières de contrebandiers, et de multiplier à l’infini les crimes et les chàtimen[t]s, pour produire un effet si peu désirable; car il résulte de cette disproportion une perte de trois pour cent sur toute vente de numéraire que l’Espagne fait à l’étranger, ou sur tout achat de marchandises qu’elle fait de lui contre argent (5).
   Les métaux qui arrivent chaque année en Espagne et en Portugal doivent se distribuer sur tout le reste du globe par le canal des Peuples qui ont le plus de relations commerciales avec ces deux là. En effet, la plus grande partie de l’or du Portugal passe en Angleterre, et de l’argent d’Espagne passe en France, et comme l’on a constamment regardé dans ces derniers pays l’entrée du numéraire comme plus avantageuse que sa sortie pour se répandre dans le reste du monde, la première a été enregistrée et publiée avec ostentation, la seconde s’est presque toujours faite en secret. Cette première source d’erreurs a été grossie encore de toutes celles qui ainsi que nous lu verrons bientôt sont attachées au calcul de la balance du commerce, et l’Angleterre ainsi que la France ont cru recevoir beaucoup plus de numéraire qu’elles n’en exportoient [exportaient]. Cette supposition paroissoit [paraissait] justifiée par la prodigieuse activité des Hôtels des monnoies [monnaies] en France, lesquels d’après les calculs de Mr. Necker, battoient [battaient] annuellement de quarante-cinq à cinquante millions d’espèces (6).

[Translation]

   The two countries owning mines, Spain and Portugal, have prohibited outflow of specie. Their prohibition has made it difficult and costly, but does not prevent it. These countries are like a pond through which a stream goes, where, with a floodgate lifted beyond which the stream should pass, the entire surface of the water rises. Nonetheless no one prevents it from flowing out as long as it flows in. Likewise, the Spaniard would export specie as soon as they could gain 0.5% were it not for the prohibition, while they do not export it until the profit come to be over 2 or 3%, which is necessary to pay for the contraband. The prohibition therefore had the effect of retaining a 50th or at best a 32nd more of specie in Spain than the Spaniard would have by repealing it, and is consequently at such work that 103 ecus in Spain is of no more value than 100 ecus in France. From this it follows that all kinds of commodities and labour are more expensive in specie by 3% there than almost anywhere else. You do not need to pile up the contraband onto the borders and to infinitely multiply crimes and punishments, in order to produce such an undesirable effect. It is because this disproportion results in a loss of 3%, every time the Spaniard make a sale of specie to foreign countries, or ever time they make a purchase payable in silver from foreign countries (5).
   The metals which arrive in Spain and Portugal every year should be distributed all over the rest of the world via nations who are most closely related to these two nations in terms of commerce. Indeed, the largest part of Portugese gold passes to England, and that of Spanish silver passes to France. Since the entrance of specie into England and France has been regarded as more advantageous than its exit from them for distribution over the rest of the world, the former has been recorded and published with ostentation, and the latter has almost always been hidden. This most significant source of errors has been still enlarged, of all those which, as we will see below, are attached to calculation of the balance of trade, and both England and France have assumed that they has been receiving much more specie than exporting. This assumption seemed justified by that miraculous activity of the Mint in France, which according to the calculations of Mr Necker annually produced 45 to 50 millions coins (6).

Tuesday 14 April 2009

Book 1, chapter 5, paragraphs 27-28

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 146-48]

   Mais si la somme des métaux produits surpassoit [surpassait] pour le monde entier celle des métaux consommés, jointe à celle des métaux rendus nécessaires pour leur conserver le même prix, à supposer que la richesse malaire augmente, ce surplus de production auroit [aurait] nécessairement l’effet de faire baisser le prix de ces métaux; car tout le numéraire étant donné en échange contre toute la richesse vendue, le momentum de ces deux mouvemen[t]s est égal. La valeur multipliée par la vitesse d’une part, est égale à la valeur multipliée par la vitesse de l’autre, et comme aucun détenteur de numéraire ne peut se soumettre sans perte à le conserver, ce n’est point sa vitesse qui diminue, mais sa valeur; aussi l’on donne pour chaque échange un plus grand poids ou un plus grand nombre de pièces de monnoie [monnaie], qu’on n’auroit [aurait] donné sans cette augmentation du numéraire total.
   Lorsque le numéraire d’une seule nation se trouve accru par des importations, le même effet doit en résulter encore, son prix à l’intérieur doit baisser, puisque l’équilibre entre les deux momentums se trouveroit [trouverait] détruit sans cela; mais cette baisse ne peut pas être de longue durée, parce que le commerce est toujours prêt pour y remédier. La baisse du numéraire est la même chose que le renchérissement des marchandises que l’on donne en échange contre lui; aussitôt que celles-ci deviennent plus chères, le pays abondant en métaux n’exporte plus celles qu’il exportoit [exportait] à ses voisins, et d’autre part, plus la différence est considérable, plus il importe de marchandises en échange de ses métaux précieux, qu’il n’auroit [aurait] pas importées sans la baisse de ceux-ci. Il est donc absolument nécessaire qu’un pays, d’autant qu’il reçoit plus de métaux précieux au delà de sa consommation, se hâte d’autant plus de les renvoyer à ses voisins. Le commerce se charge de cette opération presque sans le savoir: encore que le Gouvernement s’y oppose, il ne peut l’empêcher, car dès que les métaux auront assez baissé de prix pour payer la contrebande, ceux que l’on ne pourra exporter publiquement devront sortir en fraude.

[Translation]

   But if the sum of the produced precious metals were above those consumed in the would as a whole, added to those necessary to keep them at the same price, supposing that the movable wealth grows, this surplus of production would necessarily have the effect to lower the price of these metals. It is because, every piece of specie given in exchange for every goods of the sold wealth, the momentum of these two flows is equal. The value multiplied by the velocity of one part is equal to the value multiplied by the velocity of the other, and as no holder of specie can keep it without loss, it is not its velocity but its value that fall. Therefore, for every exchange, people offer a larger weight or number of pieces of money, which they would not have offered without this increase of the total specie.
   When specie in one country is increased by importation, this must result in the same effect. Its price at home must fall, because the equilibrium between the two momentums would turn out disturbed without that. But this fall cannot continue for a long time, because commerce is always ready to regain the equilibrium. A fall of specie is synonymous with rising prices of commodities offered in exchange for specie. Hardly do these prices rise before countries abundant in precious metals no longer export those which it exported to their neighbouring countries. On the other hand, the wider the difference, the more commodities they import in exchange for their precious metals, commodities which they would not import without the fall of specie. It is therefore absolutely necessary that a country should be the more quick to return them to its neighbouring countries, as long as it receives more precious metals beyond its consumption. Commerce achieves this operation, hardly knowing that it does. Even though the government opposes it, it cannot prevent it, because it is certain that precious metals, which are impossible to publicly export, will go abroad illegally as soon as they have got low enough in price to pay for the contraband.

Monday 13 April 2009

Book 1, chapter 5, paragraphs 25-26

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 144-46]

   Ces différentes manières dont les métaux précieux sont consommés équivalent-elles à la production annuelle de 150 millions, restent-elles au-dessous, ou la surpassent-elle? c’est ce qu’il n’est pas facile de décider. Adam Smith a démontré par la comparaison des prix du blé (Liv. I. Chap. xi. p. 3e.) que durant les deux ou trois siècles qui ont précédé la découvert de l’Amérique, la production des métaux précieux n’étoit [était] pas égale à leur consommation; que dans le sèicle qui la suivit, elle étoit [était] fort supérieure; qu’enfin dans le dix-septième; et jusqu’à la moitié du dix-huitième, l’équilibre s’étoit [était] rétabli; il n’est point sûr que la découverte de nouvelles mines dans le Brésil ne l’ait pas altéré de nouveau.
   Lors même que les métaux produits surpasseroient [surpasseraient] d’une certaine somme les métaux consommés, cette différence ne feroit [ferait] pas baisser leur prix, pourvu qu’elle ne fût que proportionnelle à l’augmentation de la richesse universelle. Comme tout le numéraire en circulation est égal en valeur certaine partie aliquote de la richesse mobilaire [mobilière] qui circule, l’augmentation de l’une doit produire celle de l’autre. Or comme il y a quelques États dont la richesse se double en vingt ans, d’autres où elle se double à peine en un siècle, et d’autres enfin où elle ne subit aucun accroissement, le numéraire peut s’accroître dans ceux des deux premières classes selon les mêmes proportions, sans que pour cela chaque écu pris séparément en vaille moins, ou s’échange contre une moindre quantité, soit de travail, soit de subsistance, tandis qu’il ne le peut dans ceux de la troisième (4).

[Translation]

   Is the consumption of precious metals in these different ways equal to, below or above the annual production of 150 millions? This question is not easy to answer. Adam Smith demonstrated by comparing prices of corn (Book 1, chap. 11, p. 3) that the production of precious metals was not equal to their consumption for the two or three centuries prior to the discovery of America, that the former was far above the latter in the following century, and finally that the equilibrium was regained in the seventeenth and in the first half of the eighteenth centuries. He is not sure whether the discovery of new mines in Brazil changed the state of things again or not.
   Although the produced precious metals would be above a certain amount of the consumed metals, this difference would not lower their price, if only in proportion to the growth of the universal wealth. As all the specie in circulation is equal in value to a certain fractional part of the movable wealth in circulation, the increase of the one should produce that of the other. But there are some countries where the wealth is doubled in 20 years, others where it is narrowly doubled in a century, and still others where it does not grow at all. Therefore, the amount of specie can rise in the same proportion in the first two classes of countries, though each ecu taken separately is of none the less value, and is exchanged for none the less amount of labour or provisions. In the third country, on the contrary, the amount of specie can not rise (4).

Sunday 12 April 2009

Book 1, chapter 5, paragraphs 23-24

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 142-44]

   Quand on considère le monde entier, on ne peut douter qu’il ne s’enfouisse chaque année pour une somme très considérable d’espèces, par des propriétaires qui laissent périr leur secret avec eux. Cette manie n’est pas connue dans les pays libres; personne n’en étoit [était] atteint, ni en Suisse, ni en Angleterre; Adam Smith observe quant au dernier pays que tous les trésors qu’on y trouve suffiroient [suffiraient] à peine pour donner un revenu à un particulier, tandis que c’étoit [était] il y a quelques siècles une branche importante du revenu national. En France des impôts oppressifs, comme la taille personnelle, avoient [avaient] inspiré la crainte de paroitre [paraitre] riche, et tout l’argent que pouvoient [pouvaient] accumuler les fermiers et les petits propriétaires, étoit [était] enfoui. Mr. Necker remarque (Adm. des Fin. T. III. Ch. xxi.) que l’extrême rareté des espèces d’or en France ne pouvoit [pouvait] être expliquée que par cette manie de thésauriser, puisque d’après les calculs de fabrication, il en devoit [devait] exister pour plus de huit cents millions dans le Royaume, c’est-à-dire, deux fois plus que dans la Grande-Bretagne, où l’on ne voit presque que des espèces d’or.
   Cette habitude de thésauriser a été en augmentant pendant l’anarchie révolutionnaire; il paroit [parait] qu’elle diminue aujourd’hui, à en juger par la quantité d’espèces hors de cours que l’on présente actuellement sur le marché des matières fines. Les longues et fréquentes guerres de l’Allemagne y ont fait de tout tem[p]s dominer le même esprit; il est universel en Italie comme on en peut juger d’après l’extrême crédulité avec laquelle le public adopte tous les récits de trésors découverts. D’ailleurs, comme dans ce pays là, et dans plusieurs autres États catholiques, un grand nombre de gens riches se font scrupule de prêter à intérêt, ils trouvent moins de désavantage que partout ailleurs à enfouir leurs trésors. Mais c’est surtout dans les États despotiques de l’Asie, en Turquie, en Perse, au Mogol, dans l’Inde et à la Chine, comme aussi chez les Peuples pasteurs de la Tar tarie et de l’Arabie, que chaque homme riche fait consister sa principale ressource, dans un trésor enlevé à la circulation, et que chaque pauvre confie à la terre tous ceux [(1)] des fruits de ses sueurs qu’il peut soustraire à l’avarice de ses maîtres.

[Translaiton]

   Considering the world as a whole, there is no doubt that coins are hoarded every year in very large amount by owners who leave their secret perishing with them. This practice is not familiar in the liberal countries; no one was suffering from it in Switzerland or in England. As for the latter, Adam Smith observes that all the treasure found there would be barely sufficient to provide revenue to an individual, while some centuries ago this was important branch of the national revenue. In France oppressive taxes, such as a poll tax (taille), had inspired people with cautiousness not to look rich, and what money farmers and small landlords could accumulate was hoarded. Mr Necker notes (De l’administration des finances de la France, vol.3, chap. 21) that extreme rarity of gold coins in France could be only explained by this way of hoarding, because, according to calculations of coinage, there should be more than 800 million gold coins in the kingdom, that is, twice as much as in Great Britain, where you can see hardly anything but gold coins.
   This practice of hoarding was growing in the period of revolutionary anarchy; today it seems that it is waning, judging from the quantity of those coins out of circulation which are offered in dealing in fine materials today. The long and frequent wars in Germany has made the same mind dominate all ages there; it is universal in Italy, as you can judge from the extreme credulity with which Italians listen to stories of discovered treasure. Elsewhere, as in the countries above and in some other Catholic countries, a large number of rich people are reluctant to lend money at interest, and they find it less disadvantageous in hoarding their treasure than elsewhere. But, above all, in despotic states in Asia, such as Turk, Persia, Mongol, India, and China, as among pastoral peoples of the Arabs and the Tartars, all the rich make principal resource of treasure excised from the circulation, and all the poor entrust to land all the treasure [(1)] of fruits of their toil which can be subject to the avarice of their masters.

[Translator's note]

(1) I have no idea what this pronoun "ceux" refers to, though interpreting it as refering to "trésors" for the time being. Any suggestion would be much appreciated.

Saturday 11 April 2009

Book 1, chapter 5, paragraphs 21-22

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 141-42]

   Les manufactures de luxe du monde commerçant s’approprient une partie de ces métaux: Ceux qui sont employés à la dorure disparoissent [disparaissent] absolument, et sont comme anéantis: Ceux qu’emploient les faiseurs de galons, les orfèvres, les bijoutiers, les horlogers, quoiqu’ils subsistent toujours, ne reviennent probablement jamais à la forme de numéraire. Tous ces métiers cependant en consomment une quantité assez considérable; l’on a lieu de croire que l’or et l’argent employé annuellement au service de l’horlogerie dans la seule ville de Genève, s’élève au moins à la somme de 1,725,000 francs, savoir 1,050,000 pour les montres en or, et 675,000 pour celles en argent (3).
   Le numéraire en circulation s’use en passant de main en main, et diminue de poids, comme on s’en apperçoit [aperçoit] en le reportant à la monnoie [monnaie]: Il s’en perd fréquemment quelque partie, soit dans les eaux, soit par quelqu’autre accident, il faut donc pour conserver au numéraire la même valeur, battre chaque année de nouvelles espèces.

[Translation]

   Manufactures of luxuries in the commercial world appropriate a part of these metals. Those employed for gilt completely vanish, and are as wasted. Those employed by manufacturers of braids, goldsmiths, jewellers, and watchmakers probably do not take form of specie again, though they still exist. Yet all these businesses consume a sufficiently considerable quantity of precious metals. You may reasonably believe that gold and silver employed annually for watch-making only in a city, Geneva, amount at least to 1,725,000 francs, namely 1,050,000 in gold and 675,000 in silver for watches (3).
   Specie in circulation wears out in passing from hand to hand, and diminishes in weight, as people notice when they carry it to the Mint. Some part of it is frequently lost, either in the waters or in some other accidents. Therefore, some addition of coins every year is necessary to keep the value of specie the same.

Friday 10 April 2009

Book 1, chapter 5, paragraphs 19-20

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 139-40]

   Lorsque le prix du numéraire chez une nation est en équilibre avec son prix chez toutes les autres, et qu’elle en possède la quantité nécessaire pour suffire à sa circulation, le commerce n’a aucun intérêt ni à l’accroître ni à la diminuer; il ne pourroit [pourrait] faire l’un ou l’autre sans perte. Cependant les mines d’Amérique et d’ailleurs, produisent annuellement une accession au numéraire total versé en Europe, que Mr. Necker estime d’après les enregistremen[t]s à cent vingt-trois millions tournois. (Admin. des fin. de Fr. T. III. Ch. IX ). Il s’agit de savoir ce que devient cette somme, comment elle se répartit, et quel effet elle doit produire sur le commerce.
   Il faut premièrement observer qu’à la réserve de l’or et de l’argent qui restent dans les colonies Espagnoles et Portugaises de l’Amérique, et de la portion peu considérable de ces métaux qui passe soit aux Philippines et delà dans l’Inde, soit aux colonies des autres nations en Amérique, enfin à l’exception des produits des mines de l’Europe, ces cent vingt-trois millions doivent suffire à la consommation de l’univers entier; car il n’y a pas d’autre mine importante exploitée dans aucune autre partie du monde, et tous les riches et puissan[t]s États de l’Asie doivent tirer leur numéraire de l’Europe, et indirectement de l’Amérique. On dit à la vérité que le Japon possède des mines d’or et d’argent, mais cet Empire n’a presque aucun commerce extérieur, et n’exporte point de métaux précieux; en supposant une production annuelle de la valeur de cent cinquante millions tournois, nous aurons donc le produit brut de toutes les mines de métaux précieux de l’univers connu (2).

[Translation]

   When the price of specie in a country is in equilibrium with its price in all others, and the nation possesses a necessary quantity of it for circulation, it is in no commercial interest either to possess a larger or smaller quantity; the nation cannot possess either of it without loss. However, the mines in America and elsewhere annually add to the total specie scattered over Europe, an addition which Mr Necker estimates according to the records at 123 million livres of Tours (Administration des finances de France, vol. 3, ch. 9). It is important to know how much this amounts to, how it is distributed, and what effect it should have on commerce.
   First of all it is necessary to observe that these 123 million should be sufficient for the consumption all over the world, taking no account of three factors; firstly, gold and silver which remain in the Spanish and Portuguese colonies in America; secondly, that small amount of these metals which passes either to the Philippines and beyond India or to the colonies of the other nations in America; finally, the produce of mines in Europe. This is because there is no other important mine exploited in the rest of world, and all the rich and powerful nations in Asia should obtain specie from Europe and indirectly from America. It is true that, as is said, Japan has mines of gold and silver, but this empire hardly trades with foreign countries, and exports no precious metals. Supposing that the annual production is of the value of 150 million livres, we will have therefore the gross produce of all the mines of precious metals in the known parts of the world (2).

Thursday 9 April 2009

Book 1, chapter 5, paragraphs 17-18

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 137-39]

   En France la création des assignats fit en effet baisser la valeur des espèces métalliques; les assignats perdoient [perdaient] moins dans l’intérieur qu’à l’étranger, et la différence étoit [était] en général de 7 à 8 p. %. Lorsqu’ils perdoient [perdaient] 50 à Genève, ils ne perdoient [perdaient] que 43 à Lyon; 100 francs en espèces à Lyon, valoient [valaient] donc moins que la même somme à Genève, car elle n’étoit [était] égale qu’à la quantité de marchandises qu’on auroit [aurait] pu y obtenir pour 175 francs en papier, tandis qu’en l’envoyant à Genève on obtenoit [obtenait] en retour 200 francs en papier, et l’on pouvoit [pouvait] avoir pour 200 francs des mêmes marchandises vendues au même prix. Cette différence qui fut quelquefois encore plus forte, suffisant pour payer la contrebande, tout l’argent qui restoit [restait] dans la circulation fut exporté. Mais d’autre part le brigandage universel, et la tyrannie du Gouvernement, ayant redoublé la défiance des détenteurs de numéraire qui pouvoient [pouvaient] l’accumuler, on en enfouit une plus grande quantité, qu’on n’eût jamais fait précédemment, quoiqu’il y ait lieu de croire que de tout tem[p]s, une très grande masse de numéraire ait été de cette manière soustraite en France à la circulation.
   Lorsqu’ensuite la chute des assignats força d’employer de nouveau de l’argent pour la circulation, loin qu’il y eût toujours quelque avantage à l’exporter, le commerce prit la direction contraire, et spécula sur la réimportation des métaux précieux; on les acheta, comme on les achète toujours, avec des marchandises, et en échange des produits du travail; tout à cette époque devint pour les François [Français] un objet avantageux d’exportation, parce que tout se trouva à meilleur marché en France que chez l’étranger; cependant il ne fallut que bien peu de tem[p]s au commerce pour rétablir l’équilibre: L’on dit alors que la confiance avoit [avait] fait ressortir le numéraire, on auroit [aurait] pu dire avec plus d’exactitude, que la nécessité l’avoit [avait] fait racheter; car à cette époque la confiance dans le Gouvernement commençoit [commençait] à peine à renaître.

[Translation]

   In France, in fact, the issue of assignats lowered the value of metallic coins. The assignats depreciated less at home than abroad, and the difference was in general from 7 to 8%. When they depreciated by 50% [against specie] in Geneva, they did only by 43 % in Lyon. 100 francs in specie in Lyon were therefore of less value than the same sum in Geneva, because it was only equal to the quantity of commodities which could have been obtained for 175 francs in paper in Lyon, while one obtained 200 francs in paper in return by sending it to Geneva, and one could obtain 200 francs in the same commodities for sale at the same price. Since this difference, which was sometimes still wider, was sufficient to pay for the contraband, all the silver remaining in circulation was exported. But, on the other hand, those who held specie and could afford to accumulate it, made uneasy by the universal banditry and the tyrannical government, hoarded a larger amount of it than they had ever done before, though it is believed with reason that a very large amount of specie has been taken out of circulation in this way every time in France.
   Later, when the collapse of the assignats forced people to employ silver again for circulation, the commerce took the contrary direction and relied upon re-importation of silver, instead of exportation of it, which was far from being still somewhat advantageous. The French purchased it, as they always do, with some commodities and in exchange for some of the produce of labour; then to them everything was an advantageous object for exportation, because everything was lower-priced in France than abroad. However it was not long before the commerce recovered the equilibrium. It is said that the confidence made specie come out again then, and you could say more exactly that the necessity made specie released, because the confidence in the government was only beginning to be given narrow rebirth to in those days.

Wednesday 8 April 2009

Book 1, chapter 5, paragraphs 15-16

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 136-37]

   Les nations de l’Orient, les Chinois et les Indiens, éprouvent un besoin continuel de numéraire, à cause de la manie qu’ont les habitan[t]s de ces contrées d’enfouir leurs trésors; aussi l’argent y est-il toujours cher, et le seul commerce que ces nations puissent faire avec les Européens, est-il celui d’exporter leurs marchandises, et d’importer de l’argent, elles achètent de nous partie du produit des mines d’Amérique, avec celui de leur industrie.
   Lorsqu’une nation augmente la masse de son numéraire par un papier de crédit, qui comme lui est reçu en payement des ventes, soit d’après la loi, soit en vertu de la confiance universelle, ce numéraire fictif circule en sens contraire de la marchandise; sa valeur jointe à celle des métaux, multipliée par la rapidité de sa circulation, est égale à la valeur des marchandises qui se vendent, multipliée de même par le nombre des échanges; mais cette valeur est précisément celle qu’avoit [avait] le numéraire tout seul. La création du papier-monnoie [monnaie] fait donc baisser la valeur de l’argent comparativement à celle des marchandises, et dès ce moment l’argent doit être exporté. La création des banques, en Angleterre et ailleurs, a immédiatement diminué la masse du numéraire en circulation.

[Translation]

   Nations in the East, the Chinese and Indians, feel the continual want for specie, which causes them to hoard their treasure; so specie is always dear there and the nations can trade with Europeans only by exporting their commodities and importing money. They purchase from us a part of the produce of American mines, for that of their industry.
   When a nation increases the amount of its specie by means of paper credit, which is received in payment for sales like specie, either by law or by universal confidence, this fictitious specie circulates in the direction inverse to commodities. Its value added to that of metals, increased by the rapidity of its circulation, is equal to the value of commodities for sale, increased likewise by the number of exchanges. But this value is precisely that which all the specie had. The establishment of paper money therefore lowers the value of specie in comparison to that of commodities, and since then specie has to be exported. The establishment of banks, in England and elsewhere, has immediately diminished the amount of specie in circulation.

Tuesday 7 April 2009

Book 1, chapter 5, paragraphs 13-14

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 134-36]

   Je me suis attaché à combattre cette hypothèse, parce que l’auteur s’est arrêté sur elle avec complaisance, et l’a présentée d’une manière qui doit faire impression, en l’appuyant d’une comparaison ingénieuse mais inexacte avec la circulation du sang; parce qu’elle s’accorde avec l’opinion populaire, que personne cependant avant lui n’avoit [avait] présentée avec autant de clarté et de méthode; parce qu’enfin elle revient à peu près au système que le Dr. Herrenschwand a adopté, dans son Économie politique de l’espèce humaine.
   Nous avons vu au commencement de ce chapitre comment et à quel prix le numéraire étoit [était] produit pour les nations qui possèdent des mines, il faut examiner à présent comment celles qui sont privées de mines peuvent se procurer les métaux précieux. Il faut se rappeler d’abord qu’aucune nation commerçante n’est absolument dépourvue de numéraire, seulement quelque circonstance extraordinaire peut en avoir fait exporter une grande partie de chez quelqu’une, et le besoin d’argent peut s’y faire généralement sentir; il sera donc fort cher chez cette nation, relativement au prix du travail et des marchandises, ce que l’on exprimera en disant que le travail et les marchandises y baissent fort de prix; on ne pourra dès lors y importer aucune marchandise étrangère sans perte, il y aura du profit à faire sur toutes celles qu’on exportera; la nation n’aura donc avec les étrangers d’autre commerce que celui de leur vendre contre argent; et le numéraire de toutes les autres nations y affluera, jusqu’à ce qu’il y soit aussi bon marché, et le travail ou ses produits aussi chers que chez elles.

[Translation]

   I have been devoted to refuting this idea [hypothesis], because the author has emphasised it with complacence, and has presented it in a way that should be impressive, by reassuring the reader of it with ingenious but inexact comparison to the circulation of blood; because it is in accord with the popular opinion, and because no one else has yet presented it more clearly and more methodically than he; finally, because it is almost reproduced in the system adopted in Economie politique l’espèce humaine by Dr. Herrenschwand.
   At the beginning of this chapter we have seen how and at what price specie is produced for the nations who possess mines, and so we have to examine how those who do not possess ones procure precious metals. We have to remind ourselves at first that no commercial nation is absolutely devoid of specie, that only a certain extraordinary circumstance can have made a nation to export a large part of specie, and that the need for money can be generally felt there. Therefore, it will be extremely dear relatively to prices of labour and commodities in that country, a change which people will describe by saying that labour and commodities extremely fall in price there. Then the nation cannot import any commodity from abroad with no loss, and can export any commodity with some profit. Therefore, the nation will trade with foreign countries only by selling them commodities for money. Specie will flow into the country from the rest of the world, until it is as cheap and labour and commodities are as expensive as in any other country.

Monday 6 April 2009

Book 1, chapter 5, paragraphs 11-12

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 132-34]

   Dans le fait l’argent ne chôme guère qu’entre les mains des riches consommateurs (1): parmi les propriétaires de terre et les capitalistes il y en a plusieurs qui ont adopté la règle d’avoir toujours devant eux leur revenu de six mois ou d’une année: mais la somme qui s’arrête entre leurs mains est si peu de chose en comparaison de la multiplicité des échanges, qu’à peine peut-on la mettre en ligne de compte, tandis que comme je l’ai déjà dit, les onze douzièmes des habitan[t]s de la France ne conservent jamais deux jours de suite leur argent. Les ouvriers ne sont à la vérité payés pour l’ordinaire qu’à la fin de la semaine, mais au moment même ils achètent leurs denrées, ou acquittent leurs petites dettes; c’est toujours sous la forme de marchandises, jamais sous celle de numéraire qu’ils laissent chômer leurs petits capitaux.
   Enfin selon le système de Mr. Canard de deux circulations en sens inverse, où toute richesse suppose une somme de numéraire égale pour la payer, il faudroit [faudrait] conclure, ou que toute vente d’immeubles dérangeroit [dérangerait] cet équilibre, ou que puisqu’un immeuble peut rester dans la même famille pendant plusieurs siècles, une somme égale à la valeur de tous les immeubles de la nation dormiroit [dormirait] dans différentes caisses, jusqu’au moment où une fois par siècle peut-être, ces immeubles changeroient [changeraient] de propriétaires.

[Translaiton]

   Indeed, money is seldom left as it is except in the hands of rich consumers (1). There are some landlords and capitalists who have made it a rule to hold their revenue of six months or a year as reserve. But the sum which remains in their hands is so small in comparison to the large number of exchanges, that it can hardly be taken into account, while, as we have showed above, only one out of a dozen of inhabitants in France keeps his money up to two days later. The labourer, in fact, is only ordinarily paid at the end of the week, but in a moment he buys his provisions or makes a small loan. It is always in the form of commodities, never in the form of specie, that he leaves as it is what capital he has.
   After all, the system of Mr Canard, concerning two circulations in the inverse directions, where all wealth supposes the same sum of specie to pay it, would necessarily lead either to the conclusion that every sale of immovables would disturb this balance [equilibrium], or that, since an immovable can belong to the same family for some centuries, the sum equal to the value of all the immovables of the nation would not be active in diverse safes, until these immovables change their owners, a change which takes place probably once a century.

Sunday 5 April 2009

Book 1, chapter 5, paragraph 10

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 130-32]

   L’on perd, chacun le sait, en gardant son argent en caisse, et c’est une perte que le propriétaire peut toujours éviter: il y a bien aussi une perte à laisser chômer sa marchandise en magasin, ou à la laisser long-tem[p]s sur l’atelier, mais cette perte est inévitable, elle est dans la nature des choses, et c’est pour la compenser que le capitaliste a droit d’exiger un profit proportionné sur les marchandises et les fonds qu’il lui est nécessaire de laisser chômer ainsi. Lorsqu’un commerce de marchandises roule sur un fond de cent mille écus, il suffit au commerçant d’en avoir habituellement un millier en caisse, tandis que les 99,000 restais sont dans son magasin: cependant il fait certainement autant d’échanges en numéraire qu’en marchandises, il n’en fait pas un où il ne soit ou payeur ou receveur, mais sa marchandise se renouvelle à peine une fois par année, tandis que les mêmes écus restent rarement cinq jours de suite dans sa caisse. Il semble que dans un commerce de banque où l’argent paroît [paraît] être la seule marchandise, la proportion de numéraire chômant devroit [devrait] être beaucoup plus forte; cependant une maison qui fait pour un million d’affaires par an, n’a pas habituellement, un jour compensant l’autre, plus de dix mille francs en caisse. Un centième de numéraire lui suffit donc pour la circulation des capitaux, tout comme il suffit à la précédente pour celle des marchandises.

[Translation]

   It costs some, as everyone knows, to keep money in safe, and this is a loss that the owner can always avoid. It also costs some to leave commodities in store as they are, or let it take long time to complete them, but this loss is inevitable, deriving from the nature of things, and, for its compensation, the capitalist has a right to a proportional profit on the commodities and the money he has to leave as they are. When a merchant carries out trade of commodities on the stock of 100,000 ecus, it is sufficient for him to usually have around 1,000 in his safe, while the remaining 99,000 were in his shop. Still, he surely makes as many exchanges in species as in commodities. He makes none of the exchanges without being a payer or a receiver, but his commodities are renewed almost once a year, while the same coins rarely stay for the next five days in his safe. It seems that, in the banking business where money appears to the only commodity, the proportion of specie in idleness [as reserve] should be much larger. However, a trading house which annually makes a million of deals does not usually hold more than 10,000 francs, on average a year, in its safe. A hundredth of specie is therefore sufficient for the house to make its capital circulating, just as it is sufficient for the merchant above mentioned to make its commodities circulating.

Saturday 4 April 2009

Book 1, chapter 5, paragraph 09

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 129-30]

   Le Cit. Canard suppose (§. 64), «que la masse totale de la richesse du monde commerçant, a une valeur égale à celle de la somme totale du papier de crédit et de l’argent qui circule.» Il part bien du même principe, c’est que tout transfer[t] de propriété se faisant au moyen de l’argent ou du papier de crédit, il est nécessaire que le mouvement de la propriété soit égal à celui du numéraire; mais c’est à cette assertion que l’auteur auroit [aurait] dû s’arrêter, car il étoit [était] facile de sentir, que ce mouvement c’est le momentum des physiciens, qui se compose de la vitesse, et de la masse: Les momentums sont égaux, si la vitesse est décuple, et la masse dix fois moindre d’une part que de l’autre; si l’argent circule plus rapidement que la marchandise, il est bien clair que le nombre d’échanges étant le même de part et d’autre, il faudra nécessairement moins d’argent que de marchandises pour les faire. Or non-seulement il n’y a pas égalité de vitesse entre ces deux mouvemen[t]s, il y a une disparité prodigieuse. Le capital en nature que le fermier emploie pour produire le blé, le vin, et presque toutes les denrées, ne fait qu’une seule circulation dans l’année; d’après le système que nous relevons il faudroit [faudrait] en conclure que l’argent que le consommateur destine à les acheter, ne feroit [ferait] non plus qu’une seule circulation dans le même tem[p]s. Cependant il est certain que les onze douzièmes des consommateurs reçoivent le soir l’argent avec lequel ils acheteront [achèteront] leur pain du lendemain. Il n’est presque aucune manufacture où le fabricant obtienne la rentrée de son argent avant trois mois depuis le jour où il l’a mis en œuvre; mais de tous ses consommateurs, il n’en est presque aucun qui ait gardé trois mois en caisse l’argent avec lequel il achetera [achètera] ses produits.

[Translation]

   Mr Canard, whom we have referred to, supposes that “the total amount of the wealth of the commercial world has the same value as the total sum of paper credit and money in circulation.” This derives well from the same principle, that, if any transfer of property is completed by means of specie or paper credit, it is necessary that the flow of property should be equal to that of specie. But the author ought to have gone no further than this assertion, because it was easy to note that this flow is composed of velocity and mass, like momentum of the physicist. If the velocity is ten times as high and the mass is a tenth as large in one case as in another case, the momentums are equal in both the cases. If specie circulates more rapidly than commodities, it is utterly clear that, the number of exchanges being the same in both cases, there will necessarily need to be less money than commodities to complete these exchanges. But not only do these two flows have inequality of velocity, but also surprising disparity. The capital in kind which the farmer employs to produce corn, wine, and almost all foods circulates only once in a year. According to the system we erects it would be necessary to conclude from this that the money which the consumer appropriates for purchase of them would circulate only once in the same period, too. It is certain, however, that eleven out of twelve consumers receive money in the evening with which they will buy the bread for the following day. There is hardly any factory where the manufacturer obtains income within three months after the day on which he put it at work, but there are hardly any of his consumers who would have kept money in safe for three months with which he will buy the produce from the factory.

Friday 3 April 2009

Book 1, chapter 5, paragraph 08

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 127-29]

   Dans tout échange les deux valeurs que l’on donne l’une contre l’autre sont supposées égales, du moins selon le cours du marché; le vendeur contre une somme de mille écus, cède une marchandise estimée mille écus. Or comme tous les échanges ou à peu près se trouvent réduits à des achats ou à des ventes, chaque transport de marchandise, suppose un transport d’argent égal en valeur en sens contraire: le mouvement du capital mobilier du vendeur au payeur, est égal à celui du capital numérique du payeur au vendeur. Chaque troc s’étant divisé en deux ventes, de même qu’il contient deux transports de marchandises, occasionne aussi nécessairement deux transports d’argent pour les payer; et si nous considérons sous un seul point de vue toutes les ventes faites dans un pays pendant un espace de tem[p]s donné, un an, par exemple, nous ne pourrons douter que les vendeurs considérés en corps, n’aient reçu pendant cette année, autant de fois cent écus en numéraire, que les acheteurs auront de fois reçu pendant la même année la valeur de cent écus en marchandises, laissant de côté pour le moment les ventes à crédit, qui en effet ne sont point des ventes, mais des prêts. Il ne semble donc pas que l’on puisse révoquer en doute la vérité de ce principe, c’est que dans toute nation, le mouvement du numéraire, est égal au mouvement de la propriété vendue comptant. Si cette nation a un papier-monnoie [monnaie] avec lequel elle fasse communément les achats et les ventes, il est pour elle une espèce de numéraire; et le mouvement de ses monnoies [monnaies], tant métalliques que de papier, sera de même égal au mouvement de sa propriété vendue comptant; il y aura autant de bailleurs de numéraire ou papier, que de bailleurs de marchandises, et pour les mêmes sommes.

[Translation]

   Every time there takes place an exchange, things a pair of men concerned give to each other are supposed to be equal in value, at least according to the market price. The seller gives a commodity which he thinks has the value of 1,000 ecus, for the sum of 1,000 ecus. But, since all or almost all exchanges can be reduced to purchases or sales, whenever a commodity is transported, money equal in value is supposed to be transported in the opposite direction. The flow of movable capital from a seller to a payer is equal to that of monied capital from the payer to the seller. Divided into two sales, barter also necessarily causes two directions of transport of money to pay for two commodities, as well as it involves the same two directions of transport of them. If we consider all sales taking place in a country in a given period, say one year, as a whole, there will be no doubt that the class of sellers as a whole received 100 ecus in specie as many times during this year, as the class of purchasers would receive the value of 100 ecus in commodities during the same year, taking no account of sales on credit for the time being, which indeed are not sales but loans. It does not seem therefore that you can deny the truth of this principle, that in every nation the flow of specie is equal to that of the property sold in cash. If this nation has paper money with which it generally sells and purchases, paper money is a sort of specie for the nation, and the flow of metallic money plus paper money is likewise equal to that of the property sold in cash. There will be as many suppliers of specie or paper as those of commodities, and, moreover, both are equal in sum total.

Thursday 2 April 2009

Book 1, chapter 5, paragraphs 06-07

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 125-27]

   La partie de la richesse mobiliaire [mobilière] qui est convertie en numéraire cesse de contribuer directement à l’accroissement du capital national, elle est en quelque sorte immuable, et les échanges ne l’altèrent ni ne la bonifient point, à la différence des choses qui se consomment, et qui s’échangent toujours contre une valeur supérieure, lorsqu’elles circulent du capitaliste à l’ouvrier productif; d’où il s’ensuit qu’il seroit [serait] fâcheux qu’une partie trop considérable de la richesse mobiliaire [mobilière], par sa conversion en numéraire, cessât d’être productive.
   L’on a appelé ventes les échanges qui se font d’une valeur quelconque contre du numéraire, et trocs les échanges d’une valeur contre une autre valeur non numérique: Une vente n’est que la moitié d’un troc qui s’achève toujours ensuite par une autre vente que le bailleur d’argent appelle un achat; car celui qui se défait d’une chose dont il peut se passer, ne la vend pas pour employer à son usage l’argent lui-même, dont il ne pourroit [pourrait] tirer d’autre parti que celui de s’en défaire, mais pour employer à son usage ce qu’il achètera avec cet argent. Il conclud [conclut] donc toujours un troc, composé au moins de deux marchés, une ou plusieurs ventés d’abord, un ou plusieurs achats ensuite. Cette facilité à diviser un troc en deux parties, de telle sorte qu’on n’ait point besoin pour obtenir d’un homme ce qu’on désire de lui, d’avoir à lui offrir une chose qui soit appropriée à son usage, est cause que les achats et les ventes ont exclu presque absolument les trocs du commerce, et que presque toutes les stipulations qui ont lieu entre les hommes, ne sont plus autre chose que l’échange d’une valeur quelconque contre de l’argent.

[Translation]

   The part of the movable wealth which is converted into specie ceases to contribute directly to the growth of the national capital, so it is, as it were, immovable, and it is not changed or bettered through exchange, unlike the things which are consumed, and which are always exchanged for something of higher value, in circulation from a capitalist to a productive labourer. From this it follows that it would be inexpedient if too large a part of the movable wealth were converted to specie, only to be unproductive.
   Exchange of something of value for specie is called sale, and exchange of something of value for something else of value, not specie, is called bartering. A sale is only half of an act of bartering, which is completed usually later by another sale, which he who offers money calls purchase, since he who gives a thing he can dispense with does not sell it for the purpose of making use of money itself, of which he could not make other use than giving it over, but for the purpose of making use of what he will buy with that money. Therefore, an act of bartering is always concluded, composed at least of two deals, a sale at first and a purchase later. It is so easy to divide an act of bartering into two parts, that no one has to offer anyone else a thing the former thinks the latter would make use of in order to obtain from the latter what the former desires. As a result, that all sales and purchases have almost completely excluded bartering from commerce, and almost all deals between a pair of men are no longer anything but exchange of something of value for money.

Wednesday 1 April 2009

Book 1, chapter 5, paragraph 05

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 122-25]

   La valeur intrinsèque de l’argent comme celle de tous les métaux se compose 1.° de la rente de la terre qui a été sacrifiée pour l’ouverture de la mine; 2.° de celle de tous les capitaux fixes qui ont été aliénés irrévocablement, soit à la mine même, pour l’ouverture des galeries, et pour tous les travaux préparatoires à l’extraction du minéral, soit dans toutes les usines appropriées à son triage, à sa fonte, à sa purification, soit dans tous les outils destinés à ces divers ouvrages, soit enfin dans l’instruction des ouvriers rendus propres à les faire; 3.° de la valeur de tout le capital circulant qui a payé le salaire à tous les ouvriers employés au travail des mines, augmentée du profit ordinaire qui à la même époque peut être fait par les capitalistes dans toute autre entreprise. Ces bases d’après lesquelles doit se fixer la valeur intrinsèque de l’argent, sont précisément les mêmes d’après lesquelles doit se fixer la valeur intrinsèque de toute marchandise à l’usage de l’homme; or si la valeur intrinsèque de l’argent est plus forte que sa valeur relative, si l’on n’obtient pas en échange contre lui autant de richesse mobiliaire [mobilière] qu’il en a coûté à produire, c’est une mauvaise spéculation que celle de l’extraire de la terre, et l’entrepreneur d’une mine pauvre qui coûte plus à exploiter qu’elle ne rend, se trouve dans le cas du chef d’une manufacture, qui se verroit [verrait] obligé de donner sa marchandise au-dessous du prix qu’elle lui coûteroit [coûterait] à lui-même. Le dernier peut y être forcé par deux causes, la concurrence d’autres manufacturiers qui travailleroient [travailleraient] meilleur marché que lui, et le manque d’acheteurs. Ces deux causes agissent également sur l’entrepreneur de la mine; la concurrence de toute mine plus riche que la sienne, ou d’une exploitation plus facile, lui fait nécessairement la loi, fut-elle au bout de l’univers; en raison de la facilité du transport de marchandises si précieuses comparativement à leur volume. Aussi les mines du Nouveau Mexique sont-elles celles qui réglent [règlent] partout le prix de l’argent, et l’exploitation des autres ne petit-elle se soutenir, que parce qu’on regarde comme perdus les premiers capitaux fixes employés à leur ouverture, et qu’on n’en retire plus de rente. Le manque d’acheteurs se fait également sentir aux producteurs de métaux précieux, mais c’est d’une autre manière qu’aux fabrican[t]s. L’acheteur des métaux précieux, c’est la société humaine, composée de tous les peuples qui les ont admis pour signe de commerce; elle a besoin pour sa circulation non pas d’un certain poids ou d’un certain volume de métaux précieux, mais seulement qu’une certaine partie aliquote de sa richesse mobiliaire [mobilière], que nous nous occuperons bientôt de déterminer, soit convertie en ces métaux, pour représenter tout le reste. Or la masse des métaux précieux circulan[t]s, est égale en valeur à cette aliquote inconnue; si l’on double cette masse, elle sera toujours égale à la même aliquote, si on la diminue de moitié, elle lui sera encore égale; parce que s’il y a seulement cent mille livres d’or dans l’univers, ces cent mille livres pourront tout aussi bien représenter toute sa richesse, que cent millions de livres. L’acheteur des métaux précieux, la société humaine, donne toujours le même prix pour la masse totale produite, qu’elle soit grande ou petite; et le prix en numéraire de toutes les marchandises paroît [paraît] baisser ou s’élever, selon que la production de l’or et de l’argent excède ou reste au-dessous de la consommation qu’en font les arts, tandis que dans le fait, c’est le prix de l’or et de l’argent qui s’abaisse ou s’élève, le prix des marchandises restant toujours le même.

[Translation]

   Intrinsic value of money, like that of all the metals, is composed of three parts. One is land rent which has been sacrificed for opening the mine. Another is rent of all the fixed capital which has been alienated irrevocably. The capital is fixed in the mime itself for driving mining galleries and for all preliminary operations to extract minerals; in all the plants for selection, melting-down, cleansing; in all the tools for these diverse operations; finally, in the instruction of labourers in make them ready for the operations. The other is the value of all the circulating capital which has paid wages to all labourers engaged in mining labour, plus the ordinary profit the capitalist can gained in the same period in any other undertaking. These fundamentals according to which the intrinsic value of money should be determined are precisely the same ones according to which that of any commodity for human use should be. Now, if the intrinsic value of money is more than its relative value, if you do not obtain as much of the movable wealth in exchange for it as it has cost to produce it, it is an unprofitable project to extract it from earth. And then the entrepreneur of a poor mine, to exploit which it costs more than it remunerates, is found in the place of the master manufacturer who would see himself obliged to give his commodity below the price it would cost him [himself]. This manufacturer can be caused to by two circumstances; the competition with other manufacturers who would supply at a lower price than he, and the small number of purchasers. These two causes equally work upon the entrepreneur of the mine. The competition with every richer mine than his, or with every mine easier to exploit, is necessarily the law to him and, ultimately, to the universe, for the reason that it is easy to transport so precious commodities in comparison to their volume. Thus, the mines of New Mexico regulate the price of money everywhere, and the exploitation of the other mines can only continue because the first fixed capital employed in their opening is considered as loss, and because no rent is borne any longer from it. The small number of purchasers also works upon producers of precious metals, but in a different way than upon general manufactures. The purchaser of precious metals is the human society, composed of all the nations who have accepted them as sign of commerce; for commercial circulation it is necessary not that the society should have a certain weight or certain volume of precious metals, but only that a certain fractional part of the movable wealth (whose determination we will later deal with) should be converted into these metals to represent the remaining part of the movable wealth. Then the mass of precious metals in circulation is equal in value to this unknown fraction. If this mass is doubled, it will be still equal to the same fraction, and, if it is reduced by half, it will be still equal to the fraction. Since the universe has only one hundred thousand pounds of gold, this amount of gold can represent the whole wealth just as well as one hundred million pounds of gold. The purchaser of precious metals, namely the human society, always offers the same price for the whole produce, however huge or meagre the produce may be. Prices of all the commodities in terms of specie appear to fall or rise according as the production of gold and silver is over or below the consumption which the arts [manufactures] make of them. However, indeed, it is the price of gold and silver that falls or rises, and the prices of commodities still remain the same.