Wednesday 1 April 2009

Book 1, chapter 5, paragraph 05

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 122-25]

   La valeur intrinsèque de l’argent comme celle de tous les métaux se compose 1.° de la rente de la terre qui a été sacrifiée pour l’ouverture de la mine; 2.° de celle de tous les capitaux fixes qui ont été aliénés irrévocablement, soit à la mine même, pour l’ouverture des galeries, et pour tous les travaux préparatoires à l’extraction du minéral, soit dans toutes les usines appropriées à son triage, à sa fonte, à sa purification, soit dans tous les outils destinés à ces divers ouvrages, soit enfin dans l’instruction des ouvriers rendus propres à les faire; 3.° de la valeur de tout le capital circulant qui a payé le salaire à tous les ouvriers employés au travail des mines, augmentée du profit ordinaire qui à la même époque peut être fait par les capitalistes dans toute autre entreprise. Ces bases d’après lesquelles doit se fixer la valeur intrinsèque de l’argent, sont précisément les mêmes d’après lesquelles doit se fixer la valeur intrinsèque de toute marchandise à l’usage de l’homme; or si la valeur intrinsèque de l’argent est plus forte que sa valeur relative, si l’on n’obtient pas en échange contre lui autant de richesse mobiliaire [mobilière] qu’il en a coûté à produire, c’est une mauvaise spéculation que celle de l’extraire de la terre, et l’entrepreneur d’une mine pauvre qui coûte plus à exploiter qu’elle ne rend, se trouve dans le cas du chef d’une manufacture, qui se verroit [verrait] obligé de donner sa marchandise au-dessous du prix qu’elle lui coûteroit [coûterait] à lui-même. Le dernier peut y être forcé par deux causes, la concurrence d’autres manufacturiers qui travailleroient [travailleraient] meilleur marché que lui, et le manque d’acheteurs. Ces deux causes agissent également sur l’entrepreneur de la mine; la concurrence de toute mine plus riche que la sienne, ou d’une exploitation plus facile, lui fait nécessairement la loi, fut-elle au bout de l’univers; en raison de la facilité du transport de marchandises si précieuses comparativement à leur volume. Aussi les mines du Nouveau Mexique sont-elles celles qui réglent [règlent] partout le prix de l’argent, et l’exploitation des autres ne petit-elle se soutenir, que parce qu’on regarde comme perdus les premiers capitaux fixes employés à leur ouverture, et qu’on n’en retire plus de rente. Le manque d’acheteurs se fait également sentir aux producteurs de métaux précieux, mais c’est d’une autre manière qu’aux fabrican[t]s. L’acheteur des métaux précieux, c’est la société humaine, composée de tous les peuples qui les ont admis pour signe de commerce; elle a besoin pour sa circulation non pas d’un certain poids ou d’un certain volume de métaux précieux, mais seulement qu’une certaine partie aliquote de sa richesse mobiliaire [mobilière], que nous nous occuperons bientôt de déterminer, soit convertie en ces métaux, pour représenter tout le reste. Or la masse des métaux précieux circulan[t]s, est égale en valeur à cette aliquote inconnue; si l’on double cette masse, elle sera toujours égale à la même aliquote, si on la diminue de moitié, elle lui sera encore égale; parce que s’il y a seulement cent mille livres d’or dans l’univers, ces cent mille livres pourront tout aussi bien représenter toute sa richesse, que cent millions de livres. L’acheteur des métaux précieux, la société humaine, donne toujours le même prix pour la masse totale produite, qu’elle soit grande ou petite; et le prix en numéraire de toutes les marchandises paroît [paraît] baisser ou s’élever, selon que la production de l’or et de l’argent excède ou reste au-dessous de la consommation qu’en font les arts, tandis que dans le fait, c’est le prix de l’or et de l’argent qui s’abaisse ou s’élève, le prix des marchandises restant toujours le même.

[Translation]

   Intrinsic value of money, like that of all the metals, is composed of three parts. One is land rent which has been sacrificed for opening the mine. Another is rent of all the fixed capital which has been alienated irrevocably. The capital is fixed in the mime itself for driving mining galleries and for all preliminary operations to extract minerals; in all the plants for selection, melting-down, cleansing; in all the tools for these diverse operations; finally, in the instruction of labourers in make them ready for the operations. The other is the value of all the circulating capital which has paid wages to all labourers engaged in mining labour, plus the ordinary profit the capitalist can gained in the same period in any other undertaking. These fundamentals according to which the intrinsic value of money should be determined are precisely the same ones according to which that of any commodity for human use should be. Now, if the intrinsic value of money is more than its relative value, if you do not obtain as much of the movable wealth in exchange for it as it has cost to produce it, it is an unprofitable project to extract it from earth. And then the entrepreneur of a poor mine, to exploit which it costs more than it remunerates, is found in the place of the master manufacturer who would see himself obliged to give his commodity below the price it would cost him [himself]. This manufacturer can be caused to by two circumstances; the competition with other manufacturers who would supply at a lower price than he, and the small number of purchasers. These two causes equally work upon the entrepreneur of the mine. The competition with every richer mine than his, or with every mine easier to exploit, is necessarily the law to him and, ultimately, to the universe, for the reason that it is easy to transport so precious commodities in comparison to their volume. Thus, the mines of New Mexico regulate the price of money everywhere, and the exploitation of the other mines can only continue because the first fixed capital employed in their opening is considered as loss, and because no rent is borne any longer from it. The small number of purchasers also works upon producers of precious metals, but in a different way than upon general manufactures. The purchaser of precious metals is the human society, composed of all the nations who have accepted them as sign of commerce; for commercial circulation it is necessary not that the society should have a certain weight or certain volume of precious metals, but only that a certain fractional part of the movable wealth (whose determination we will later deal with) should be converted into these metals to represent the remaining part of the movable wealth. Then the mass of precious metals in circulation is equal in value to this unknown fraction. If this mass is doubled, it will be still equal to the same fraction, and, if it is reduced by half, it will be still equal to the fraction. Since the universe has only one hundred thousand pounds of gold, this amount of gold can represent the whole wealth just as well as one hundred million pounds of gold. The purchaser of precious metals, namely the human society, always offers the same price for the whole produce, however huge or meagre the produce may be. Prices of all the commodities in terms of specie appear to fall or rise according as the production of gold and silver is over or below the consumption which the arts [manufactures] make of them. However, indeed, it is the price of gold and silver that falls or rises, and the prices of commodities still remain the same.