Tuesday 20 January 2009

Book 1, chapter 1, paragraphs 05-06

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 22-24]

   Lorsque les membres d’une société encouragés par la facilité qu’ils trouvent à faire ces échanges, prennent la détermination de se répartir entre différentes professions, ils produisent la révolution la plus importante de toutes celles que doit subir un peuple dans ses progrès vers la civilisation. C’est elle qui fixe la première époque de l’accumulation du travail, parce qu’elle donne pour la première fois à l’ouvrier le désir et les moyens de produire un superflu au delà de sa consommation. Le désir n’en existoit [existait] pas pour lui aussi long-tem[p]s qu’il ne connoissoit [connaissait] pas les échanges, parce qu’il ne voyoit [voyait] rien au delà de ses besoins actuels, et que lors même qu’il auroit [aurait] pu faire des provisions, de gibier par exemple, pour plusieurs semaines, ces provisions lui seroient [seraient] devenues inutiles, si elles ne lui avoient servi à acheter le repos pendant qu’il les consommeroit [consommerait]: mais dès l’instant que par une seule espèce de travail il a pu pourvoir à tous ses besoins, il a dû désirer d’accumuler à l’infini les produits de ce travail, comme il voyoit [voyait] la possibilité de le faire, soit pour se mettre à jamais à l’abri d’un dénuement absolu, soit pour se donner des jouissances, en satisfaisant les besoins artificiels qu’il a bientôt appris à se créer.
   L’ouvrier acquiert avec le désir de travailler davantage, les moyens de le faire plus profitablement; car, dès qu’il s’est voué non plus pour son propre service, mais pour celui des autres, à une seule opération; les pouvoirs productifs de son industrie ont été augmentés. Trois causes diverses paroissent [paraissent] y concourir; 1°. chaque ouvrier acquiert une plus grande dextérité dans le travail auquel il se destine uniquement. 2°. Il ne perd plus de tem[p]s en passant d’un ouvrage à un autre. 3°. La simplification de l’opération dont il se charge lui donne lieu d’inventer des machines qui puissent la faciliter, ou même qui le dispensent d’une partie de son travail.

[Translation]

   When the members of a society, encouraged by that ease of these exchanges they find, make the decision to allocate themselves respectively one of diverse professions, they produce the most important revolution of all a nation must experience in the course of progress towards civilisation. This makes the first epoch of the accumulation of labour, because it is the first to provide the labourer with the desire and the means to produce a surplus over his consumption. That desire did not appear to him until he came to know the exchange, because he had seen nothing beyond his present wants, and because, even though he could have produced provisions, say by hunting, for some coming weeks, these provisions would have become useless to him had they not helped him to buy some leisure during his consumption of them. But, no sooner had he got able to satisfy all his wants by means of only one kind of labour than he must have desired to infinitely accumulate the produce of this labour, when he found it possible to, either in order to set himself forever free from absolute misery or in order to provide himself with enjoyments, satisfying his artificial wants he would soon learn to bear.
   The labourer acquires, with the desire to perform more labour, the means to do it more profitably; for he has devoted himself to one kind of business for others’ sake, not for his own sake any longer, and consequently the productive power of his industry has increased. Three different causes conspire there. First of all, each labourer acquires more dexterity in a particular kind of labour he is exclusively engaged in. Secondly, he no longer loses time in passing from one species to another species of work. Thirdly, the simplification of the operation in which he is engaged gives him room for invention of machines which could make it easy, or which even save him part of his labour.