Friday 25 September 2009

Book 2, chapter 3, paragraph 05

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 332-34]

   L’intérêt du consommateur est donc d’obtenir les marchandises dont il a besoin au plus bas prix intrinsèque possible, et jamais au-dessous. Il faut remarquer que la même marchandise peut avoir plusieurs prix intrinsèques, selon le lieu, le temps, et les personnes qui l’ont produite. Si un Écossais voulait faire du bon vin dans son pays, il pourrait y réussir, en élevant sa vigne dans des serres chaudes. Il est vrai que ce vin lui coûterait environ cent fois plus qu’à vigneron Bourguignon ou Champenois; voilà donc deux prix intrinsèques, dont l’un est centuple de l’autre. Dix épingliers qui travaillent bien, font au moyen de la division du travail, cinquante mille épingles par jour; un ouvrier qui travaillerait seul, et devrait faire successivement toutes les opérations qu’on répartit d’ordinaire entre plusieurs, en ferait avec peine plus de cent. Le prix intrinsèque des épingles de l’un, serait donc cinquante fois plus élevé que celui de l’autre. Dans un pays où le profit ordinaire d’un capital employé dans une manufacture quelconque est de vingt pour cent, le prix intrinsèque des produits de toute manufacture sera plus élevé que dans celui où il n’est que de huit. Or, l’intérêt du consommateur, est que le marchand le fasse profiter de tous les avantages qu’il peut devoir au climat, au perfectionnement de l’industrie, à l’augmentation des capitaux, et à la division du travail; mais ce n’est point son intérêt de tarir les sources du revenu national, et de ne pas payer son prix intrinsèque à celui qui travaille pour lui meilleur marché que tous les autres.

[Translation]

   It is in the interest of the consumer, therefore, to obtain the commodities he needs at the lowest intrinsic price possible, not below it. You must note that the intrinsic price of one commodity can vary from place to place, from time to time, and from producer to producer. If a Scotsman wanted to make good wine in his country, he could be successful in this by raising vine in greenhouses. Thre is no doubt that this wine would cost him about a hundred times as much as it costs a winemaker in Burgundy or Champagne. Thus, there are two intrinsic prices in this case, where one is a hundred times as high as the other. Ten pin-makers who work well make 50,000 pins a day by means of division of labour. A labourer who work alone and must successively perform all the operations which are usually divided among some labourers, would make barely more than 100. The intrinsic price of pins in one case would be, therefore, 50 times as high as in the other. In the country where the ordinary profit of a capital employed in a common mill is 20%, the intrinsic price of the produce of every mill will be higher than in that where it is only 8%. And yet it is the interest of consumers for the merchant to let them benefit from all the advantages he can derive from the climate, improvement of industry, capital growth, and the division of labour. But it is not in their interest to exhaust the sources of the national revenue and to make a purchase below the intrinsic price from the labourer working for them at a lower cost than any other.