Friday 10 July 2009

Book 1, chapter 9, paragraph 10

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 256-58]

   Cet accroissement des capitaux qui est presque toujours la cause première de l’établissement d’une nouvelle manufacture, et du bon marché de ses productions, a cependant sur quelques autres l’effet tout contraire, celui de les faire fermer, ce sont telles dans le prix desquelles le salaire entre pour une plus grande part que le profit: car plus les capitaux abondent, et plus luttant les uns contre les autres pour attirer les ouvriers, ils doivent renchérir leurs journées. L’on ne petit rien souhaiter de plus heureux pour une nation qu’une lutte semblable; puisque son résultat est l’aisance universelle, celle sur-tout [surtout] des hommes qui ne vivent que du travail de leurs mains. Il y a certaines manufactures qu’un très petit capital suffit pour mettre en mouvement, parce que la matière première est de peu de valeur, et qu’elle en acquiert une très considérable, par le travail d’un seul artisan. Le point de France et d’Alençon, la dentelle de Flandre et celle de Mirecourt sont des exemples de cette espèce de manufactures; les femmes qui les travaillent ne gagnoient [gagnaient] que 25 à 40 centimes par jour suivant leur habileté: si le salaire de ces femmes venoit [venait] à doubler, la manufacture ne pourroit [pourrait] probablement plus se soutenir, la diminution du profit d’un seul entrepreneur, ne pouvant suffire pour couvrir le doublement du salaire qui constitue les sept huitièmes du prix de cet ouvrage. Observons au reste que si ce doublement du prix du travail, provient de ce que les impôts ou toute autre cause ont doublé le prix des objets de première nécessité, ce n’est que la valeur nominale du salaire nécessaire qui a augmenté, tandis que sa valeur réelle est restée toujours la même, en sorte que l’aisance des faiseuses de dentelles ne s’est point accrue, et que le revenu de la classe ouvrière de la société n’est pas plus ample qu’auparavant: mais si les objets de première nécessité restant au même prix, les salaires sont deux fois plus élevés, l’augmentation de ceux-ci est le signe d’une plus grande recherche de travail. C’est dans ce cas que la chute de la manufacture de dentelles seroit [serait] une preuve de la prospérité nationale, puisqu’elle démontreroit [démontrerait] que les artisans gagnent deux fois plus par un autre travail, et que leur salaire superflu ou le revenu de la classe ouvrière est augmenté du double.

[Translation]

   The growth of capitals, which is almost always the first cause of the establishment of a new branch of manufactures, and of the low prices of its produce, has an utterly contrary effect upon some other branches. This is to destroy the branches where wage comprises a larger part of price than profit, because the more abundant capitals the more competitive each capital is for the purpose of attracting labourers, a circumstance which should raise their wages. You cannot wish more happiness for a nation than such a competition, because its result is universal opulence, above all, for those who live only by their own labour of hands. There are certainly some branches of manufactures a small capital suffices to set in motion, because raw materials are of little value and can be acquired in volume by means of labour of a single artisan. Needle lace (point de France, point d’Alançon) and bobbin lace (Flanders lace and Mirecourt lace) are examples of this sort of manufactures. Women who labour at these only gain 25 to 40 centimes a day according to their ability. If the wage of these women had been doubled, it is more probable, the mill could not be supported, and the diminution of profit of one entrepreneur could not be enough to cover that increase of wage which accounts for seven eighths of the price of that work. Besides, let us observe that, if the increase of the price of wage derives from the fact that taxation or any other cause has double the price of objects of the first necessity, it is only the nominal value of necessary wages that have increased, while their real value has always remained the same, so that the comfort of the women of lace has not increased, and that the revenue of the labouring class of society is no more enormous than before. But, if objects of the first necessity remain the same in price and the wages are twice as high as before, the increase of the wages is the sign of more refinement of labour. It is in this case that the fall of lace manufacture would be a proof of the national prosperity, because it would demonstrate that the artisans gain twice as high by performing another sort of labour, and that their surplus wage or the revenue of the labouring class has been doubled.