Wednesday 29 September 2010

Book 3, chapter 6, paragraph 17

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 318-321]

   Mais aujourd’hui les Européens ont des établissements chez toutes les nations dont le commerce peut être avantageux, et qui ne sont pas assez policées, pour qu’on puisse traiter directement avec elles; et le commerce des Indes a besoin moins qu’aucun autre d’être soutenu par de semblables moyens. La ville de Pondichéry qui est rendue à la France par le traité de paix, peut, si on la change en port franc, devenir entre ses mains le marché de l’Inde entière. Les Colonies des Isles de la Réunion, dont la conservation en cas d’une nouvelle guerre est plus assurée que celle de Pondichéry, sont dans un état assez florissant, pour devenir, aussi bien que cette ville, un des entrepôts généraux du commerce de l’Inde. Les négociants qui s’y sont déjà établis, et ceux qui s’y établiront encore, si le commerce est complètement affranchi, seront assez rapprochés de l’Inde, pour entretenir des relations habituelles dans tous ses ports. Peut-être réussiront-ils à attirer jusque-là les navigateurs Indiens: quoi qu’il en soit, les Français établis soit dans ces Colonies, soit dans l’Inde même, sont presque assurés avec l’aide de la liberté, d’éluder les privilèges exclusifs des Compagnies de toutes les autres nations, et de faire en dépit de toutes leurs précautions, le commerce interlope avec tous les sujets des Européens dans les Indes. Les vaisseaux marchands qui partiront des ports de la France, n’auront point besoin d’aller tous jusqu’aux Indes, pour y disposer de leur cargaison, et en rapporter une en échange: souvent ils trouveront plus d’avantages à se pourvoir aux Isles de la Réunion, tandis que les habitants de ces Isles, mettront toute leur activité à exercer le commerce d’Inde en Inde, et à resserrer leurs relations avec Pondichéry. Le capital de ce commerce divisé entre deux entrepôts, circulera avec plus de rapidité, et sera plutôt remplacé; les Français avec des posesessions très limitées dans l’Inde, y feront le commerce d’une manière plus avantageuse, que les nations qui y possèdent une vaste étendue de pays, parce que le prix intrinsèque de leurs marchandises ne sera point augmenté par la profusion et les fausses dépenses, qui sont une conséquence nécessaire de l’administration des grandes Compagnies: il ne serait point étrange de leur voir dans peu d’années vendre aux Anglais eux-mêmes, les produits du Bengale et de Surate, â meilleur marché que ne le fait la Compagnie anglaise, et forcer ainsi celle-ci à renoncer à son privilège; puisque les Français auraient contre toutes les autres nations de l’Europe le même avantage qu’ont dans un même pays les interlopes contre les Compagnies privilégiées, avantage qui ne serait accompagné d’aucun des risques que courent ces derniers. Or l’exemple de toutes les Compagnies trafiquant aux Indes, a démontré que ces riches sociétés ne pouvaient soutenir la concurrence des particuliers entreprenants et actifs, qui faisaient en fraude le même commerce, et qu’elles devaient succomber en luttant contr’eux, si elles ne s’appuyaient de toute la sévérité des lois.

[Translation]

   But all European countries have colonies today with which it can be advantageous to trade, and which are not so civilised that we can trade directly with their nations. There is no trade which it is less necessary to support by this means than trade with India. The city of Pondichery, which is receded to France according to the treaty of peace, can become the market in her hands for all India if turned into a free port. The colonies of Réunion Islands, her continual possession of which is more certain than that of Pondichery in a case of another war, are prosperous enough to be one of general bases for trading with India, along with that city. The merchants who are already established there, and those who will be established if trade is completely free, will be related to India closely enough to maintain usual connections at all ports in India. Probably, this will be successful in attracting Indian navigators there. Be that as it may, the French merchants, whether established in her colonies or India, are almost sure, with the aid of freedom, to elude exclusive privileges of all foreign companies, and to do an illegal trade with all European subjects in the Indies, in spite of their precautions. All the commercial vessels departing from ports in France will not have to go up to India, in order to dispose of their cargo and to come back with a cargo in return. They will often find more advantages in going as far as the islands of Réunion, while the habitants on the islands devote their energy to doing trade with India in India, and to strengthening their relations with Pondichery. The capital in their trade, divided between the two bases, will circulate more rapidly, and will be replaced sooner. The French nation, who has very small possessions in India, will trade there in a more advantageous way than any other nation who has an extensive possession there, because the intrinsic price of their commodities will not rise due to extravagance and wrong expenses, which are a necessary consequence of the administration of big companies. It would not be strange to see French merchants, in a few years, sell the English the produce from Bengal and Surate at a lower price that does the British Company, and, therefore, force the Company to give up its privilege. The reason is that the French merchants would have the same advantage over all other European nations as the interlopers have in India against privileged companies. This advantage would not accompany any risk run by these companies. The experience of all companies trading with India has demonstrated that these rich firms could not sustain competition with enterprising and active individuals, who would do the same trade without licence, and that they should lose the competition with them if they did not severely observe laws.