Wednesday 21 January 2009

Book 1, chapter 1, paragraph 07

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 24-26]

   La division des métiers commence dans le second ou le troisième période de la société; chez les peuples pasteurs, ou chez les peuples agriculteurs; elle existe dès que le même homme n’est plus laboureur, artisan et berger; mais elle se multiplie à l’infini à mesure que la société fait des progrès; chaque métier se subdivise, et chaque ouvrier fait d’autant plus d’ouvrage que son opération est plus simplifiée. Chez les peuples qui ne font que sortir de la barbarie le même ouvrier travaille souvent tous les métaux, et son habileté à manier le marteau et à faire usage du feu pour forger et couler, est le fruit d’une première division du travail; le chasseur sauvage qui doit avant tout penser chaque jour à sa nourriture, quelque besoin qu’il ait d’armes et d’outils, n’apprendra jamais de lui-même à arracher les métaux à la terre, bien moins encore à les forger et à les mettre en œuvre. Comme les hommes se multiplient et s’enrichissent, le même artisan cesse de travailler tous les métaux; bientôt parmi ceux qui forgent le fer, les maréchaux, les serruriers, les armuriers, les couteliers, se séparent pour former autant de professions indépendantes, et l’on en vient enfin à voir vingt-cinq ouvriers différen[t]s concourir pour fabriquer une épingle, de telle sorte que celui qui tourne la tête ne la coupe jamais, ne fasse jamais la pointe, et ne la piqué point sur le papier: or à chaque fois qu’un métier se subdivise, chaque ouvrier acquiert un nouveau degré de dextérité dans la partie dont il reste exclusivement chargé, chacun épargne sur le tem[p]s qu’il auroit [aurait] perdu en passant d’une occupation à une autre, et chacun Perfectionne ses outils, ou même se trouvant réduit à l’opération la plus simple, découvre un mécanisme qui peut remplacer absolument son travail, et faire d’une machine inanimée un ouvrier productif. C’est ainsi que dans la manufacture d’épingles, le travail a été tellement facilité par sa division, que tandis qu’un homme qui n’entendroit [entendrait] rien à cet art, pourroit [pourrait] sans être maladroit, se trouver fort embarrassé pour faire une épingle par jour, vingt épingliers en font facilement cent ou cent vingt mille. Il en est de même dans toutes les autres professions où le travail a été réparti entre un grand nombre d’ouvriers, et le produit de l’industrie humaine déjà prodigieusement multiplié par la division des métiers, est susceptible d’être multiplié encore.

[Translation]

   The division of trades begins at the second or third stage of the society, namely the stage of shepherds or husbandmen. This comes into being as soon as one person is no longer at once a labourer, artisan, and shepherd, but it infinitely develops according as the society makes progress: each kind of work is subdivided, and each labourer performs the more work in that his work is simpler. At the stage where people have just got out of the barbaric state, one labourer is usually engaged in all metalworking processes and nothing else, and his skills in hammering and making use of fire for forging and moulding are the fruits yielded by the first division of labour. Savage hunters, who must think of, above all, their provisions everyday, even if they may be in any want of arms and instruments, never learn to attain metals from land, let alone to forge metals and make anything from them. As human beings are ascending in number and wealth, one artisan is no longer engaged in all metalworking processes. Soon those who forge iron are divided into blacksmiths, locksmiths, gunsmiths, and knifesmiths to be as many independent professionals, and you finally come to see twenty five different professionals cooperate in order to make a pin, so that those who grind it at the top never cut it, point it, or put it into the paper. Nevertheless, every time a kind of work is subdivided, each labourer acquires a new degree of dexterity in the operation in which he is exclusively engaged, saves the time which he would have wasted from one operation to another, and improves his instruments; or, finding himself engaged in the simplest operation, he does so much as discover a mechanism which can completely replace his labour and can turn an unanimated machine to a productive labourer. This is how the labour of pin-making has been made so easy by its division that twenty pin-makers make 100,000 or 120,000 pins easily, while he who knows nothing of this art could find himself, if not clumsy, in bad trouble in making a pin a day. This is the case with any other trade where the labour has been divided into the hands of innumerable labourers, and the produce of human industry surprisingly multiplied by the division of trades is capable of being further multiplied.