Monday 7 February 2011

Book 3, conclusion, paragraph 05

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 448]

   Fin.

[Translation]

   The End.

Sunday 6 February 2011

Book 3, conclusion, paragraph 04

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 448]

   Je m’estimerais heureux, si je pouvais contribuer à ramener l’attention du Gouvernement de la France, vers l’examen d’une théorie, dont l’application peut être si importante pour sa prospérité. Sans doute il ne tardera pas long temps à porter sur cette partie, comme il l’a fait sur toutes les autres, ses regards réparateurs; et nous pouvons nous flatter de recevoir bientôt de lui, une Législation commerciale conforme au progrès des lumières, aux principes d’une saine économie politique, aux sentiments de bienveillance que les Peuples divers se doivent les uns aux autres, et à l’amour paternel des chefs de la République pour tous les Français.

[Translation]

   I would be happy if I were able to contribute to attraction of the attention of the French government to examination of a theory, whose application can be so important for her prosperity. No doubt, it is a matter of time before the government pays due regards to this part, as it has done to all other parts. Then we can flatter ourselves to receive soon from it a commercial legislation which conforms to the progress of the Enlightenment, to the principles of sound political economy, to the sentiments of beneficence that different peoples owe to one another, and to the paternal love of the leaders of the Republic for all the French people.

Saturday 5 February 2011

Book 3, conclusion, paragraph 03

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 446-447]

   Sans doute le Gouvernement doit protéger par dessus tous les autres, les hommes soumis à son empire, il doit détourner loin d’eux les calamités qui les menacent; mais combien sont éloignées de nous, celles qui causent toute la sollicitude des Législateurs de l’Europe. Ils craignent que les acheteurs ne manquent aux fabriques nationales, et ils ne s’aperçoivent pas, que les fabriques nationales ne sont point suffisantes pour pourvoir les acheteurs; ils craignent que les capitaux ne puissent plus trouver d’emploi profitable, en animant les manufactures, et ils ne s’aperçoivent pas que les manufactures ne sont paralysées, que par le manque de capitaux; ils craignent que les consommateurs ne dépensent point assez, pour que leurs besoins appellent à l’ouvrage tous les artisans qui doivent les satisfaire, et ils ne s’aperçoivent pas qu’ils dépensent, trop pour pouvoir, de leurs épargnes, mettre en mouvement un nouveau travail productif. Sans cesse ils se précautionnent contre l’abondance, et c’est la disette qui les poursuit. Enfin ils ne savent point voir cette vérité consolante, savoir, que quelque échec que doivent éprouver quelques-unes de nos manufactures, jamais le capital national ne chômera entre les mains de ses propriétaires, et que jamais il ne sera employé par eux, autrement qu’à maintenir directement ou indirectement un travail productif, à répandre l’aisance parmi les ouvriers, et à réparer, par l’ouverture d’une nouvelle manufacture, la chute de celles que des circonstances contraires auront abattues.

[Translation]

   No doubt, the government must protect the subjects of its empire, before all others, and must prevent threatening calamities from striking them. However, how far from us the calamities with which the legislators of Europe are anxious are! They fear that national manufacturers are short in buyers, and are not aware that the national manufacturers are not sufficient to provide the buyers. They fear that capitals cannot find profitable employments to animate manufactures, and are not aware that the manufactures are only paralysed for lack of capitals. They fear that consumers do not spend so much money that their needs will call all the artisans satisfying them to labour, and are not aware that consumers spend so much money as to set new productive labour in motion from their savings. They are always being cautious about abundance, and it is, in fact, shortage that haunts them. After all, they cannot see this consolatory truth, namely that, whatever failure some of our manufactures may suffer, the national capital will never be unemployed in the hands of proprietors, and will not be employed by them in any other way than by maintaining productive labour directly or indirectly, by spreading comfort among labourers, and by letting the establishment of a new manufacture repair the fall of those which contrary circumstances would have ruine.

Friday 4 February 2011

Book 3, conclusion, paragraph 02

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 445-446]

   Les hommes n’ont pas voulu reconnaître, que les règles de la morale étaient aussi celles de la politique; ils ont étouffé la voix de leur conscience, qui leur criait de ne pas fonder leur pouvoir sur le mal de leurs semblables, et en repoussant cet avertissement salutaire, ils ont méconnu la voix de la raison, qui le répétait aussi: car celle-ci leur criait avec non moins de force, que jamais ils ne ruineraient la fortune, ils n’entraveraient l’industrie, ils n’ébranleraient la tranquillité, et ne renverseraient la liberté de leurs frères, sans éprouver à l’instant même, qu’un juste contrecoup viendrait frapper leur richesse, leur industrie, leur repos, et leur liberté; sans se convaincre que le plus mauvais politique, était celui qui faisait le plus de mal à autrui.

[Translation]

   Man has not wanted to recognise that the rules of morality are true of politics. He has suppressed the voice of his conscience, which cries out against gaining his power from the predicament of his fellow creatures. By rejecting this beneficial warning, he has misunderstood the voice of reason, which repeats the same. The reason is that the voice of reason exclaims, with as much power, that he would not ruin his brothers' fortune, restrain their industry, disturb their peace, or reverse their freedom, without feeling soon that a just repercussion would come to strike his wealth, industry, rest, and freedom: without being convinced that the worst policy was that which gave the worst to others.

Thursday 3 February 2011

Book 3, conclusion, paragraph 01

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 445]

Nous terminerons ici nos recherches sur l’application des principes de l’économie politique à la législation commerciale. C’est le moment de faire remarquer au lecteur, que nous ne lui avons présenté nulle part cette doctrine machiavélique, qui fait aujourd’hui le fondement du système mercantile de presque toute l’Europe; doctrine que le bon La Fontaine exprimait si heureusement dans un vers, où il ne croyait pas donner un précepte de politique. On a cherché dans le commerce,
   Son bien premièrement, et puis le mal d’autrui.

[Translation]

Here we shall put an end to our researches upon the application of principles of political economy to commercial legislation. It is time to make the reader note that nowhere have we presented to him that Machiavellian doctrine which today provides the foundation of the mercantile system of almost all Europe. This doctrine is thus ingeniously expressed by le bon La Fontaine in a poem, where he did not intend to give a political lesson; one has searched trade for “his good first, and others’ bad later.”

Wednesday 2 February 2011

Book 3, chapter 9, footnote 05

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 441-42]

(5) Les franchises de Marseille n’étaient point complètes, plusieurs marchandises n’y jouissaient point du droit d’entrepôt, et les étrangers n’étaient point admis à profiter de l’immunité de son port: aussi était-ce le seul, d’entre ceux de la Méditerranée, où les négociants Levantins ne vinssent pas s’établir, et qu’ils n’enrichissent pas de leurs capitaux. Mr. Blanc de Voix, (Etat commercial, Ch. XVI.) en s’appuyant sur les seuls principes mercantiles, a fort bien démontré l’importance de la franchise de Marseille, et les avantages que l’Etat trouverait à la rendre universelle. N’oublions pas entr’autres, un motif qu’il fait valoir, au prix duquel l’intérêt mercantile lui-même est bien peu de chose; c’est que l’établissement d’un port franc, est le plus sûr préservatif contre l’introduction de la peste, avec les marchandises du Levant, qu’un commerce clandestin verserait en fraude sur les côtes de Provence, si un entrepôt libre, où elles ne sont assujetties qu’au régime sanitaire, et non aux vexations des douanes, ne les attirait pas toutes à Marseille. Gardons-nous de rendre avantageuse, et peut-être nécessaire, une contrebande qui nous exposerait chaque jour au plus terrible de tous les fléaux.

[Translation]

(5) The franchises of Marseilles were not entire; several commodities did not enjoy the right of repository there, and foreigners were not allowed to profit from the immunity of its port; therefore, this is the only one among those of the Mediterranean where the merchants from the Levant did not come for settlement, and which they do not enrich with their capitals. Mr. Blanc de Volx (Etat commercial de la France au commencement du dix-neuvième siècle, chapter 16), based on the mercantile principles alone, has given an excellent demonstration of the importance of the franchise of Marseilles, and of the advantages which the state would find in rendering it universal. What should be borne in mind particularly is the reason he underlines, in comparison of which the mercantile interest is nothing. The reason is that the establishment of a free port is the surest preventive against the introduction of pestilence with commodities from the Levant, which illegal commerce would spread on the quiet on the shores of Provence, if a free repository, where commodities are subject only to the sanitary regime, not to the coercion of the customs, did not attract all of them to Marseilles. Do not let us make the smuggling advantageous and, perhaps, necessary, a business which would expose us every day to the most terrible of all the calamities.

Tuesday 1 February 2011

Book 3, chapter 9, footnote 04

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 439-40]

(4) Encore que le commerce des ports francs fût fait principalement avec des capitaux étrangers, il donnerait une très grande activité à la navigation Française, on ferait dans ces ports une très grande demande de travail de mer, on y paierait très chèrement les matelots, les habitants des côtes se porteraient donc en foule vers ces ports pour y exercer la navigation. Les matelots sont des ouvriers productifs, et leur nombre dépend toujours de la valeur du capital, tant national qu’étranger, qui les met en mouvement.

[Translation]

(4) Although the trade at free ports is carried out mainly with foreign capitals, it would give much stimulus to the French navigation; these ports would create an extremely large demand for marine labour, sailors would be extremely liberally rewarded, and, therefore, masses of habitants on the shore would be attracted to these ports to be engaged in navigation there. The sailors are productive labourers, and their number always depends upon the value of the capital, be it national or foreign, which employs them.

Monday 31 January 2011

Book 3, chapter 9, footnote 03

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 437]

(3) De l’influence que peuvent avoir les douanes, etc. p. 30

[Translation]

(3) De l’influence que peuvent avoir les douanes sur la prospérité de la France, p. 30.

Sunday 30 January 2011

Book 3, chapter 9, footnote 02

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 431-434]

(2) La liberté du commerce était appréciée à sa juste valeur, par le bienfaiteur de la Toscane, le Grand-Duc Pierre Léopold. Il a confié la conservation de ses principes à la garde des Sociétés savantes, et des Académies de Florence; celles-ci se sont fait un devoir de les rendre populaires, en les soumettant à plusieurs reprises â l’examen des savants, et à la méditation des amis de leur pays. L’Académie Royale des Géorgofiles proposa en 1791 dans ce but, le problème suivant, qui donna naissance à un grand nombre de bons écrits. “Se in uno stato suscettibile di aumento di popolazione, e di produzione di generi del suo territorio, sia piu vantaggioso e sicuro mezzo, per ottenere i sopradetti fini, il dirigere la Legislazione a favorire le manifatture, con qualche vincolo sopra il commercio dei generi greggi, ovvero il rilasciare detti generi, nell intera e perfetta libertà di commercio naturale?„
   Le mémoire de Francesco Mengotti, intitulé, il Colbertirmo, et couronné le 13 Juin 1792, soutient la cause de l’affranchissement du commerce. Au reste, le Prince Philosophe qui avait rendu à ce commerce sa liberté, l’avait mieux assurée encore, en lui donnant pour appui l’attachement do Peuple, fondé sur l’expérience de sa prospérité. Au temps de la République Florentine, la Toscane avait été soumise au régime des prohibitions. Celles qui limitaient le commerce des grains occasionnèrent un grand nombre de famines, et particulièrement celle de 1766, qui causa une grande mortalité, surtout à Sienne et à Arezzo, et à laquelle on ne put mettre un terme qu’en abolissant toutes les entraves. La sortie des soies crues, des laines et des cuirs, est encore prohibée à la vérité, mais les capitaux mercantiles ont tellement augmenté dans le pays, depuis qu’il jouit d’une plus grande liberté, que ces divers objets s’y vendent bien plus cher que dans les Etats voisins, en sorte que la prohibition est absolument inutile, et ne pèse point sur le producteur comme une contribution. Ces dernières qui sont en grand nombre, sont toutes levées au profit du fisc, aucune n’appuye un monopole mercantile, aussi aucune ne met obstacle à la prospérité nationale. En rapprochant la Toscane de la France, on peut comparer l’effet des deux régimes pour l’encouragement du négoce. Au moment même où la paix maritime a été signée, le port de Livourne s’est rempli de vaisseaux, les capitaux mercantiles ont afflué, toutes les manufactures se sont ranimées, les demandes de savons, de papiers, etc. se sont succédées avec rapidité, l’huile a augmenté d’un tiers de valeur, et le cultivateur dans les hameaux les plus reculés, a ressenti les effets de la prospérité générale, par la diminution de prix de tout ce qu’il achète, par l’augmentation de valeur de tout ce qu’il vend. En France au contraire, si lors de cet heureux événement les marchands de quelques ports de mer ont entrepris des expéditions lointaines, ce n’est que par des sacrifices pénibles qu’ils se sont procuré les capitaux nécessaires; par tout l’on sent le vide, et la tension du besoin, et les négociants de la plupart des villes de l’intérieur, s’étonnent que la paix, loin de ranimer le commerce, ait étouffé le faible mouvement qui lui restait encore. Ah! qu’un Gouvernement qui désire ardemment le bien, qui ne pleure aucun sacrifice pour le procurer au Peuple, réfléchisse encore sur la routine à laquelle il se livre, et qu’il profite des leçons muettes mais énergiques de l’expérience.

[Translation]

(2) Free trade was justly appreciated by the benefactor of Tuscany, the grand duke Pierre Leopold. He left the conservation of his principles to the guard of the learned societies and the academies in Florence. These were obliged to render the principles popular, by subjecting them repeatedly to examination of learned men and to meditation of friends of their country. L’Académie Royale des Géorgofiles proposed the following problem for this purpose in 1791, which gave birth to a large number of good books and pamphlets. “If one wants to see population and agricultural produce grow, which is the more effective and certain way to achieve this purpose, by using direct legislation to encourage manufactures, with some restraints on trading raw materials, or by putting this kind of trade in full and perfect freedom of natural commerce?”
   The pamphlet by Francesco Mengotti, entitled il Colbertismo, and honoured with prize on 13 June 1792, supports the cause of free trade. In addition, the King of Philosophy who had restored this trade to freedom had made it still more secure by reinforcing it with the attachment of the people, based on the experience of their prosperity. In the era of the Florentine Republic, Tuscany had been subjected to the regime of prohibitions. The prohibitions which restrained the corn trade caused a large number of famines in general, and the famine in 1766 in particular, which led to the great mortality, above all, in Siena and Arezzo, and to which only the abolition of all restraints forced an end. The exportation of law silk, wool and leather is also prohibited as a matter of fact, but the mercantile capital has gone through such growth since it enjoyed a higher degree of freedom, that these various goods are for sale at a still higher price than in its neighbouring states. As a result, the prohibition is completely useless, and does not weigh upon the producer like a tax. Taxes which are large in number are all raised to the profit of the treasury, and no tax supports a mercantile monopoly, and put obstacle to national prosperity. By contrasting Tuscany with France, we can compare the effect of the two regimes for encouragement of trade. Even when the maritime peace was signed, the port of Livorno was filled with vessels, the mercantile capital was affluent, all manufactures were animated, the demand for soup, paper, and so on came into being rapidly, oil rose in value by a third, and the cultivator deepest in the country felt the effects of the general prosperity, through the fall in price of all his purchases and the rise of all his sales. To the contrary, in France, if in the period of this happy event, the merchants at some seaports made long-distance expeditions, it is only by painful sacrifices that they managed to obtain necessary capitals. The blank and tightness of demands are felt everywhere, and the merchants in the most parts of the country are surprised that the peace, free from stimulating trade, has smothered the weak movement which still remained there. Alas! May a government which hopes for the good, and spares no sacrifice for securing it to the people, reflect upon the old abuse to which it is devoted, and learn from mute but powerful lessons of experience.

Saturday 29 January 2011

Book 3, chapter 9, footnote 01

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 427]

(1) Herr. Disc. sur la popul. p. 94.

[Translation]

(1) Herrenschwand. Discours fondamental sur la population, p. 94.

Friday 28 January 2011

Book 3, chapter 9, paragraph 18

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 443-444]

   Les Anglais n’ayant aucun port franc, et ne voulant cependant pas rendre impossible le commerce de transport à leurs compatriotes, ont adopté l’expédient de rendre à la sortie des marchandises, l’impôt qui a été perçu sur elles à leur entrée: ce qui d’une part est beaucoup moins avantageux au commerce, le négociant perdant tout au moins l’intérêt de l’impôt qu’il a payé, encore qu’on lui restitue la somme; et ce qui d’autre part, est beaucoup plus onéreux pour l’État; soit parce que cette opération, en multipliant le travail des employés, occasionne de plus grands frais, soit parce qu’elle encourage la contrebande la plus ruineuse de toutes; les mêmes marchandises étant déchargées en cachette, réexportées et les droits remboursés de nouveau à plusieurs reprises. Le drawback a donc de graves inconvénients, qui ne sont point attachés à l’ouverture d’un port franc, et cependant il n’attire point dans le pays, comme ce dernier expédient, des capitaux étrangers qui puissent vivifier son industrie.

[Translation]

   The English people, having no free port, and nevertheless not wanting to make shipping trade impossible for their fellow countrymen, have adopted the expedient to repay the tax collected from coming commodities, at the time of their going out of the country. For one, this is much less advantageous to trade, in that the merchant loses all the interest, at least, that what he paid as tax would bear, even though he is repaid the sum. For another, this is much more costly for the state. The reason may be either that this operation costs much more, by multiplying the labour of employees, or that it encourages the most ruinous of all, smuggling. The same commodities are unloaded secretly and re-exported, and the taxes are repaid anew and repeatedly. The drawback, therefore, has grave inconveniences, which are not attached to the opening of a free port, and nevertheless does not attract to the country the foreign capitals which vivify industry within it, as the opening of a free port.

Thursday 27 January 2011

Book 3, chapter 9, paragraph 17

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 441-443]

   Outre les ports qu’on pourrait affranchir sur l’Océan, comme Anvers, Dunkerque, l’Orient, la Rochelle, et Bayonne; outre celui de Marseille, pour la Méditerranée, dont on devrait rétablir et augmenter les immunités (5); il serait avantageux, ce me semble, à la République, d’étendre les mêmes franchises, à quelques-unes des villes frontières, qui ont fait eu tout temps le plus grand commerce avec l’étranger. Genève, Cologne, Mayence et Strasbourg, paraissent avoir besoin de cette faveur, pour y retenir les négociants capitalistes, qui approvisionnaient les pays voisins, et qui passeront sans doute, de Genève à Lausanne, et de Strasbourg Mayence et Cologne, à la rive opposée du Rhin, comme ils ont commencé à le faire, si l’on n’allège point pour eux les entraves du commerce de transport, auquel ils se sont livrés de tout temps, et qui est aujourd’hui paralysé dans ces quatre villes. Je n’ajouterai rien sur les moyens de mettre cette faveur en exécution, m’étant proposé de m’abstenir des détails, qui appartiennent moins à la spéculation qu’à l’administration.

[Translation]

   Besides the ports along the Ocean which could be liberated, such as Antwerp, Dunkirk, Lorient, La Rochelle, and Bayonne, and besides the port of Marseilles for the Mediterranean, whose immunities (5) would need re-establishment and multiplication, it would be advantageous, it seems to me, for the Republic to extend the same franchises to some of the frontier cities which have always been doing the most roaring foreign trade. Geneva, Cologne, Mainz and Strasbourg appear to need this favour to make the capitalist merchants remain there, who provided the neighbouring countries, and who will undoubtedly pass from Geneva to Lausanne, and from Strasbourg, Mainz and Cologne to the opposite bank of the Rhine, as they have started to do it, if the restraints upon shipping trade are not lightened for them, a trade to which they were constantly devoted, and which is today paralysed in these four cities. I shall add nothing to the means to carry this favour into effect, and shall abstain from details, which belong less to speculation than to administration.

Wednesday 26 January 2011

Book 3, chapter 9, paragraph 16

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 438-441]

   Il y a peu de pays en effet, auquel il convienne aujourd’hui plus qu’à la France, de multiplier ses ports francs, elle a besoin, non point de faire elle-même le commerce de transport, mais qu’on le fasse pour elle, qu’on rapproche de ses producteurs l’étape où ils pourront se défaire de leurs marchandises, qu’on rapproche également de ses consommateurs, le marché où ils pourront se pourvoir de ce dont ils ont besoin, afin que le capital qui lui reste, supplée par la rapidité de sa circulation à la valeur qui lui manque, afin que le fabricant flamand n’ait point besoin d’envoyer ses draps plus loin que Dunkerque, pour les échanger contre des fonds qui le mettent en état de recommencer son travail, et que le négociant qui fournit nos marchés, ne soit point forcé d’aller chercher pour nous des sucres, des étoffes, etc. plus loin que la même ville; en sorte qu’avec la même somme, il puisse dans un temps donné, nous en fournir une plus grande quantité (4). C’est notre intérêt encore d’attirer les capitalistes étrangers dans nos ports, et de leur faciliter les moyens de s’y fixer, non point pour accroître notre population de quelques centaines d’individus, mais pour accroître le capital qui met en mouvement notre industrie, de tous les capitaux qu’eux-mêmes posséderont, ou que leur crédit leur fera obtenir dans leur pays. Bientôt les marchands qui se domicilieraient dans nos ports, compareraient les profits de leur commerce, avec ceux qu’on pourrait attendre du perfectionnement de nos manufactures ou de notre agriculture, et si ces deux emplois présentaient de plus grands avantages, les capitaux des Anglais seraient bientôt destinés à mettre en mouvement une industrie toute française; car, nous ne devons pas l’oublier, les marchands n’appartiennent à aucun pays, ils sont toujours citoyens de celui où il y a le plus à gagner, et aucune jalousie nationale, ne les empêcherait de se livrer chez nous, à une industrie qui les enrichirait, mais qui nous serait bien plus profitable encore. Quelques-uns de nos ports sur l’Océan sont si rapprochés de l’Angleterre, que les négociants de ce pays, le plus riche aujourd’hui de tous ceux de l’Europe, et celui dont les capitaux refluent le plus au dehors, croiraient à peine s’expatrier, en nous apportant leurs richesses, et les faisant fructifier chez nous, si nous n’employions pas toutes nos forces à repousser le bien qu’ils nous feraient, en cherchant leur propre avantage.

[Translation]

   Today, in fact, few countries are better situated for multiplication of free ports than France. She does not need to engage herself in shipping trade, but to have other nations to do it for her; it is desirable that her producers should be near the place where they will be able to supply their commodities, that her consumers should also be near the market where they will be able to be supplied with what they need. If so, the capital remaining in her hand will supply the shortage in value by the rapidity of circulation; the Flemish manufacturer will not have to ship their drape further than Dunkirk, to exchange them for the money which enables her to restart her labour, and the merchant who supplies our market will not have to search on our behalf for sugar, textiles and others further than the aforesaid city. As a result, the Flemish manufacturer will be able to provide us with a larger quantity of those commodities, with a given amount of money and time (4). It is also to our interest to attract foreign capitalists to our ports, and to make it easy for them to settle themselves there, because it means not multiplying our population with some certain individuals, but accumulating the capital which set in motion our industry, with all the capitals which they have on their own account, or obtain in their country by means of credit. Soon the merchants settled at our ports would compare the profits of their trade with those profits which could be expected from the improvement of our manufactures or agriculture. If these two uses presented more advantages, the capitals of the English would soon been allotted to employment of the French industry. It is because, as we must not forget, merchants do not belong to any country, and are always citizens of that where there is the most to gain, and no national jealousy would keep them in our country from engaging themselves in an industry which enriches them but would be still more profitable for us. Some of our ports along the Ocean are so close to England that the merchants of that country, which is the richest today of all in Europe, and is the greatest exporter of capital, would hardly think of taking refuge, by bringing their wealth to us, and by making it bear fruits in our country, if we did not employ all our power to reject the good that they, in quest for their own advantage, would do to us.

Tuesday 25 January 2011

Book 3, chapter 9, paragraph 15

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 436-438]

   L’affranchissement d’un port, produit, il est vrai, une inégalité dans la répartition des impôts sur la consommation, ceux qui habitent le port franc n’étant point soumis à la taxe que payent tous leurs concitoyens. Cette légère inégalité produit à peine quelque différence sur les revenus de l’Etat. La franchise d’un port peut contribuer aussi à faciliter la contrebande, et l’entrée dans le pays des marchandises prohibées; c’est l’objection du C. Magnien (3); c’est aussi la principale de celles du C. Mosneron dans son rapport du 28 Mai 1792, sur les inconvénients des franchises; et elle aura de la force, aussi long-temps que le Gouvernement continuera à se faire des monstres pour les combattre, qu’il donnera de l’activité à la contrebande, en la rendant nécessaire au consommateur, et lucrative au marchand, et qu’il ne présentera d’autre encouragement au commerce, qu’un monopole également ruineux pour le consommateur et pour le producteur. Si toutes les prohibitions sont supprimées, si nous cherchons à élever notre commerce, non à rabaisser celui de nos rivaux, si aucun droit d’entrée n’est assez exorbitant, pour déterminer à l’éviter à tout prix par la contrebande, on ne verra point que l’ouverture d’un port franc diminue les revenus nationaux. Au contraire, l’administration des douanes sachant mieux de quelle part elle doit attendre les attaques des contrebandiers, et sur quels points elle doit se prémunir, s’opposera avec plus de succès à leurs fraudes. Les deux villes de Bayonne et de Dunkerque réclament avec chaleur. le rétablissement de leurs franchises, et l’Administrateur des douanes les somme avant que d’y prétendre, de réfuter les faits et les principes qui servirent de base à l’opinion des Comités de Marine et de commerce, d’après laquelle on rendit le décret du 11 Nivose an III. Ayant prouvé, ce me semble, que l’importation des marchandises étrangères, qu’une fausse politique a fait prohiber, était un bienfait pour le consommateur, et ne portait point de préjudice au commerce, je crois avoir suffisamment répondu â la sommation du C. Magnien.

[Translation]

   True, the liberation of a port produces an inequality in the share of the taxes upon consumption, for those who live at the free port are not charged with the tax imposed upon the rest of their fellow citizens. This light inequality makes little difference for the revenue of the state. The franchise of a free port can also contribute to making it easy to smuggle and to bring the contraband into the country. This is the objection posed by C. Magnien (3), and is also the main one of the objections of C. Mosneron in his report in 28 May 1792 regarding the inconveniences of franchises. This will have some power as long as the government continues to invent monsters just to get rid of them, gives activity to smuggling by making it necessary for consumers and lucrative for merchants, and shows no other encouragement to trade than a monopoly ruinous to consumers and to producers alike. If all the prohibitions are abandoned, if we endeavour to elevate our trade, not to demote that of our rivals, and if none of import taxes is too exorbitant to lead merchants to evade at any cost by smuggling, then we will not see that the opening of a free port diminishes the national revenue. On the contrary, the administration of the customs, better understanding from which side it should expect attacks of smugglers, and on which points it should be protected, will take more successful countermeasures against their frauds. The two cities, Bayonne and Dunkirk, ask eagerly for reissue of their franchises, and the administrator of the customs forces them, before asking for it, to refute the facts and principles upon which is based the opinion of the Committees of the Marine and Trade, according to whom the decree of 11 Nivose the year III was issued. It seems to me that I have proven that importation of foreign commodities, prohibited by an erroneous policy, was a benefit for the consumers, and was not detrimental to trade, and we believed that I have already sufficiently responded to the warning of C. Magnien.

Monday 24 January 2011

Book 3, chapter 9, paragraph 14

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 434-436]

   L’ouverture d’un port franc procure aux consommateurs de l’intérieur du pays, un autre avantage d’une haute importance, c’est celui de diminuer l’avance de l’impôt qu’ils ont à rembourser sur les objets qu’ils consomment. Lorsque la douane sur les marchandises taxées est payée à l’entrée du port, le marchand importateur fait l’avance de l’impôt, et se fait ensuite rembourser, avec un profit proportionné, par le marchand en gros, celui-ci par le marchand en détail, et ce troisième par le consommateur. Cette triple avance, en ne la comptant qu’à dix pour cent, ajoute 33 fr., dix cent. pour cent à la somme de l’impôt que le consommateur est forcé de rembourser; mais si l’importateur décharge ses marchandises dans un port franc, il y trouve aussi à les vendre à des marchands en gros, qui se chargent d’en faire la distribution à tous les boutiquiers de la nation. Ni l’un ni l’autre ne fait point l’avance de l’impôt, qui n’est déboursé qu’au moment où la marchandise part du port franc, pour être transportée dans le magasin où elle doit être vendue en détail. Alors le consommateur ne doit rembourser qu’une seule avance d’argent, celle du marchand en détail; en sorte qu’il ne sort de la bourse du contribuable, que dix pour cent de plus qu’il n’entre dans le trésor public; et si, comme on le fait en Angleterre, la douane accorde un crédit de six ou neuf mois au marchand en gros, pour payer sa contribution, celui-ci faisant jouir de cette faveur le marchand en détail, le dernier n’exige du consommateur, rien au delà du remboursement de l’impôt perçu sur la consommation; en sorte qu’on atteint alors au moyen des ports francs, le but qu’on doit se proposer dans tout impôt, de ne faire payer au contribuable que le moins qu’on peut au delà de ce qui entre dans le trésor public. C’est bien aussi en rabaissant considérablement le prix de toutes les marchandises taxées, que l’ouverture du port de Livourne, dont les franchises sont parfaitement bien réglées a contribué à la prospérité de la Toscane.

[Translation]

   The opening of a free port gives home consumers another advantage of great importance: that is, diminishing the advance of tax which they have had to repay on the goods that they consume. When the customs duty upon the taxed commodities is paid on their entry into the port, the importing merchant makes advance on tax, and later has it repaid, with a proportional profit, by wholesale merchant, who are repaid by retailing tradesmen, who are repaid by consumers. This triple advance, supposing that the tax rate is only ten per cent, adds 33.1 per cent to the sum of the tax the consumer is forced to repay. However, if the importer unloads his commodities at a free port, he can find ways there to sell them to wholesale merchants, who take the task to distribute them to all retail merchants in the country. Neither of these makes advance on the tax, which is only paid when the commodity leaves the free port to be transported to the store where it should be retailed. Then, the consumer must repay only one advance of money made by the wholesale merchants. As a result, the sum going out of the bag of the tax payer is only ten per cent more than that coming into the treasury. And, if, as in England, the customs accords six or nine months of credit to the wholesale merchant, to pay his contribution, this making the retail merchant enjoy this favour, the retail merchant asks the consumer for no more than repayment of the tax collected upon the consumption. As a result, the means of the free ports conforms to the principle according to which any tax should be designed, namely making a tax payer as little more as possible than the public treasury receives. Moreover, by making the price of taxed commodities much lower, the opening of the port of Livorno, whose franchises are perfectly well regulated, has contributed to the prosperity of Tuscany.

Sunday 23 January 2011

Book 3, chapter 9, paragraph 13

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 430-434]

   Les étrangers qui s’établissent dans les ports francs, ne se bornent point à y faire le commerce de transport, ils s’y trouvent placés avantageusement pour le commerce d’exportation et d’importation; en sorte que leurs capitaux remplacent alternativement, ceux de la nation au milieu de laquelle ils sont établis, et ceux des étrangers; la certitude de trouver un marché si rapproché, si vaste, et si bien fourni, augmente la rapidité de la circulation dans les Provinces voisines, et y procure un grand avantage, soit aux consommateurs, soit aux artisans. Les marchands étrangers domiciliés dans les ports de mer, se laissent même souvent tenter de retirer leurs capitaux du commerce extérieur, pour les destiner uniquement à maintenir l’industrie du pays au milieu duquel ils s’établissent: c’est ainsi que j’ai vu à Livourne, des capitaux considérables d’Anglais et d’Allemands, employés par des marchands de ces deux pays à des défrichements de terre; et que des Marseillais que la révolution avait forcé de se réfugier également à Livourne, ont employé dans le voisinage de cette ville, les fonds qu’ils avaient tiré de France, à y établir un très grand nombre de savonneries, et d’autres manufactures (2). En général tout le pays qui avoisine un port franc, est bientôt saturé de capitaux; car ceux que les étrangers y déposent, refluent rapidement vers le commerce intérieur, les manufactures, et l’agriculture, si ces diverses branches leur offrent de plus grands profits que le commerce de transport.

[Translation]

   The foreigners settled in the free ports do not only do shipping trade there; they are also advantageously placed for export and import trade. As a result, their capitals replace alternately those of the nation among whom they have settled themselves, and those of foreigners. The certainty of finding such a nearby, extensive, and well provided market increases the rapidity of circulation in the neighbouring provinces, and procure a great advantage for them, either for consumers or for artisans. The foreign merchants located at the sea ports may often even attempt to withdraw their capitals from foreign trade, to allot them exclusively to maintenance of industry of the country where they are settled. Thus, Livorno has had considerable capitals of the English and Germans, employed by merchants from these two countries for reclamation of land; merchants from Marseilles, forced to take refuge in Livorno, too, by the revolution, have employed in the suburbs of this city the money that they withdrew from France, to establish a greatly large number of manufactories of soap and other commodities (2). In general, any neighbouring country of a free port is soon filled with capitals, because the capitals which the foreigners place there flow rapidly towards home trade, manufactures, and agriculture, if these different branches offer them larger profits than shipping trade.

Saturday 22 January 2011

Book 3, chapter 9, paragraph 12

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 429-430]

   Loin que l’établissement d’un port franc ait fait prématurément passer les capitaux à un commerce de transport, il a eu le plus souvent l’effet contraire, celui d’attirer des capitaux étrangers vers le commerce intérieur. Les nations capitalistes, qui sont toujours en cherche d’un trafic nouveau, dans lequel elles puissent employer leurs fonds surabondants, regardent tous les ports francs comme étant pour elles une seconde patrie. En effet, l’on trouve à Livourne, à Gênes, à Ancone, à Trieste, et même à Venise, des colonies de riches marchands Hollandais, Anglais, Hambourgeois, Genevois, Levantins, qui y ont fixé leur habitation, et qui font de ces ports le centre de leur commerce. Outre les fonds qui leur appartiennent en propre, ils négocient souvent aussi sur des capitaux qu’ils ont obtenu dans leur pays, au moyen de leur crédit. Les cinq sixièmes des capitaux du commerce de Livourne, sont étrangers à la Toscane; il est probable qu’il en est de même dans les autres ports francs, excepté cependant celui de Gênes; cette République ayant accumulé depuis long-temps des capitaux immenses, qu’elle ne peut employer autrement que dans le commerce extérieure.

[Translation]

   The establishment of a free port, free from directing capitals prematurely to shipping trade, has had the most often had the contrary effect: that is, of drawing foreign capitals towards home trade. The capitalist nations, always in search for a new business in which to employ their abundant funds, regard all the free ports as being their second home countries. In fact, Livorno, Gênes, Ancona, Trieste, and even Venice have colonies of rich merchants from Holland, England, Hamburg, Geneva, and the Levant, who settle themselves there, and turn these ports into the centre of their trade. In addition to the money in their possession, they deal, often using the capitals that they have obtained in their country by means of credit. Five sixth of the commercial capitals in Livorno are from outside Tuscany. It is probable that the same is true of all other free ports, except that in Gênes; this republic has accumulated such huge capital for a long time, that she cannot employ it anywhere else than in foreign trade.

Friday 21 January 2011

Book 3, chapter 9, paragraph 11

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 428-429]

   Le marché général du monde commerçant, dans lequel il ne peut y avoir ni privilége exclusif, ni monopole, offre nécessairement un bénéfice moins considérable, que le marché d’un pays particulier, où les capitaux manquent, et où les capitalistes profitent de leur petit nombre pour élever le taux de leurs gains. Lorsque Louis XIV accorda au mois de Mars 1669 une franchise générale au port de Marseille, il ne donna, ni ne put donner par là, aucun avantage aux Marseillais sur les Hollandais, qui étaient déjà en possession du commerce de transport. Si les derniers se contentaient à cette époque d’un bénéfice de dix pour cent, et que les premiers en trouvassent quinze ou seize, dans les manufactures de Provence, le commerce intérieur, ou le commerce extérieur de consommation; on ne peut croire que les Marseillais renonçassent au bénéfice le plus considérable, pour se contenter du moindre, afin de profiter de la franchise de leur port. En effet le commerce de Marseille, autant qu’il était fait par des Français, n’était point un commerce de transport, mais un commerce extérieur de consommation, quelquefois direct, et quelquefois circuiteux. Cependant s’il était arrivé que les Marseillais ne trouvassent dans aucun commerce national, les mêmes bénéfices qu’ils pouvaient trouver dans le commerce de transport; c’aurait été un signe certain, qu’ils étaient plus riches que toutes les nations avec lesquelles ils se trouvaient en concurrence et par conséquent, qu’ils étaient en état de faire le commerce de transport. La proportion des profits au capital va en décroissant, ainsi que nous l’avons vu, comme les capitaux augmentent; et la nation qui se contente des moindres profits, doit toujours être la plus riche.

[Translation]

   The general market of the commercial world, in which there can be no exclusive privilege or monopoly, offers by necessity a smaller profit than the market of a particular country which is short of capital, and where capitalists gain from their small number to raise the rate of their profit. When Louis XIV accorded in March 1669 a general franchise to the port of Marseilles, it did not give, nor could it give, any advantage to Marseilles merchants over the Dutch, who were already in possession of shipping trade. If the Dutch were contented with ten per cent of profits in this period, and the Marseilles merchants found fifteen per cent in manufactures in Provence, home trade or foreign trade for consumption, it is unbelievable that the Marseilles merchants gave up the higher profit to be contented with the lower, for the purpose of enjoying the franchise of their port. In fact, the trade in Marseilles, as long as carried out by the French merchants, was not a kind of shipping trade but foreign trade for consumption, sometimes direct or other times indirect. However, if the Marseilles merchants had happened to find in any home trade the same profits as they were able to find in shipping trade, this would have been a certain sign that they were richer than any nation with whom they turned out to be in competition, and, therefore, that they could afford to carry out foreign trade. The proportion of the profits to the capital is lower, as we have seen, as capital is more accumulated, and the nation contented with the lowest profits should always be the richest.

Thursday 20 January 2011

Book 3, chapter 9, paragraph 10

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 426-427]

   Les principales villes auxquelles on a accordé le privilège de Port franc, sont Baïonne, Dunkerque, Marseille, Gênes, Livourne, Ancone, et Trieste: leur franchise n’a pas plutôt été assurée, qu’on a vu les capitaux mercantiles s’y multiplier, et les dernières de ces villes devenir l’entrepôt de tout le commerce de la méditerranée. Jamais le succès n’avait répondu plus pleinement aux vues du Gouvernement. M.r Herrenschwand a pris acte de cette prospérité des ports francs pour les décrier. «L’établissement prématuré des ports francs, dit-il, tend directement à faire descendre la nation, du degré de prospérité dont elle jouit au moment où les ports francs s’ouvrent; car les commerçants nationaux, pour pouvoir entreprendre le commerce extérieur de transport, auquel ils seront invités par les ports francs, seront obligés de retirer graduellement leurs capitaux, soit des branches du commerce intérieur, soit de celles du commerce extérieur de consommation (1)». Mais dans cette occasion comme dans bien d’autres, M.r Herrenschwand en adoptant les principes d’Adam Smith, se trompe sur les faits auxquels il en fait l’application. L’établissement d’un port franc n’invite aucun capital à faire le commerce de transport; car il ne lui assure ni monopole, ni bénéfice supérieur à tout autre; il le décharge seulement d’une perte que ce commerce ne pourrait supporter.

[Translation]

   Among the principal cities to which the privilege of Free Port has been accorded are Bayonne, Dunkirk, Marseilles, Gênes, Livorno, Ancona, and Trieste. Their franchise had hardly been accorded when their mercantile capital began multiplying, and the last five cities became the centre of all Mediterranean trade. At no other time had any intention of the government ever been more successful. Mr Herrenschwand has recorded this prosperity of the free ports to decry them. He says: “The premature establishment of free ports leads directly to the decline of the nation, in the degree of the prosperity that she enjoys when the free ports are opened. The reason is that national merchants, to afford to undertake foreign shipping trade to which they will be invited by the free ports, will be obliged to withdraw gradually their capital from branches of home trade or from those of foreign trade of consumption”(1). However, on this occasion as well as on many others, Mr Herrenschwand, adopting the principles of Adam Smith, misunderstands the facts to which he applies them. The establishment of a free port invites no capital to shipping trade, because this assures capital no monopoly or superior profit to any other; this only saves it from sustaining a loss that this trade could not sustain.

Wednesday 19 January 2011

Book 3, chapter 9, paragraph 09

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 426]

   C’est pour parer à cet inconvénient, que plusieurs Gouvernements ont pris le parti de mettre quelques villes, ou quelques ports de mer, en dehors de l’Etat, s’il est permis de s’exprimer ainsi, ou du moins en dehors de l’enceinte de ses douanes; de telle sorte que leur impôt se perçoive, non point pour entrer dans ces villes, mais pour passer de ces villes dans le reste de l’Etat. Les Anglais ont dans le même but, mis en usage un autre expédient, c’est de rendre à la sortie, sous le nom de drawback, l’impôt qu’ils ont prélevé à l’entrée. Cette restitution est quelquefois désignée sous le nom impropre de prime, par les économistes Français.

[Translation]

   In order to overcome this inconvenience, several governments have decided to put some cities or seaports outside the state if she is permitted to declare so, or, at least, beyond the reach of her customs. As a result, their tax is not levied upon entrance into these cities but upon passage from these cities to the rest of the state. For the same purpose, the English have used another expedient, that is, of repaying the collected import tax at the time of exportation in the name of drawback. The French economistes have sometimes designated this repayment by the improper name of bounty.

Tuesday 18 January 2011

Book 3, chapter 9, paragraph 08

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 425]

   Cependant les douanes de presque toutes les autres nations, prélèvent des droits bien supérieurs à ceux-là; rarement ils sont moindres du dix pour cent, souvent ils vont fort au delà. Il serait absolument impossible, que des marchandises débarquées aujourd’hui à Nantes, à Bordeaux, etc. après avoir payé les droits selon le tarif, pussent être ensuite réexportées et vendues à des étrangers; cela serait encore impossible, pour toutes celles qui resteraient assujetties à l’impôt, quand même on aurait réduit la douane à n’être plus qu’une contribution. La perte du marchand serait trop considérable, car l’étranger n’étant point soumis à notre monopole’, notre prix accidentel ne règle point son prix relatif.

[Translation]

   Nonetheless, the customs of almost any other nation levies much higher taxes than the Dutch. The taxes are rarely lower than ten per cent, and often much higher. It would be completely impossible for commodities unloaded today at Nantes, Bordeaux, or another to be re-exported and sold to foreigners after having paid the taxes according to the tariff. It would be also impossible for all those which would remain subject to the tax, even if the customs duty were reduced to no more than a contribution. The loss of the merchant would be too much, because, foreigners not being subject to our monopoly, our incidental price does not regulate their relative price.

Monday 17 January 2011

Book 3, chapter 9, paragraph 07

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 424-425]

   Malgré ces deux exemples, on sent fort bien que tout droit prélevé sur des marchandises, qui entrent dans un lieu destiné à servir d’entrepôt au commerce étranger, doit nuire essentiellement à ce commerce. La nation qui l’entreprend, a déjà du désavantage, lorsqu’elle doit soutenir la concurrence de la nation qu’elle approvisionne, si celle-ci fait pour son propre compte, un commerce d’importation et de consommation; elle ne peut soutenir cette concurrence, qu’en se contentant d’un moindre profit que les marchands importateurs; mais si une partie de ce profit lui est encore enlevée par un impôt, qu’elle n’a aucun moyen de se faire rembourser par les consommateurs, elle devra bientôt renoncer à les approvisionner L’expérience a prouvé, que le commerce de transport des Hollandais, pouvait supporter un impôt de trois pour cent, dans un temps où ils étaient presque les seuls Peuples de l’Europe, dont le capital fut assez considérable pour l’entreprendre; il est douteux qu’il pût supporter encore aujourd’hui une taxe si forte; il est certain du moins que tout autre Peuple moins riche ne pourrait pas la payer.

[Translation]

   Despite these two examples, it is strongly felt that any tax levied upon commodities which enter a place used as a repository for foreign trade should impede trade in essence. The nation engaged in it already has some disadvantage, when she should withstand competition with the nation whom she provides if she does an import and consumption trade on her own account. She can only withstand this competition by being contented with a less profit than the importing merchants. However, if she is still deprived of part of this profit by a tax, which she can by no means transfer to consumers, she will be forced to give up providing them. Experience has proved that shipping trade of the Dutch could sustain three per cent of tax, in the era when they were almost the only nation who had sufficient capital to carry out that trade. It is doubtful whether it can still today sustain such a heavy tax, but it is certain that no other nation of less wealth could pay that tax.

Sunday 16 January 2011

Book 3, chapter 9, paragraph 06

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 423-424]

   Les Vénitiens, qui faisaient autrefois un immense commerce de transport, et qui en font encore un considérable, avaient également dans leur ville un entrepôt de toutes les marchandises du Levant et du midi de l’Europe; cependant ils prélevaient aussi un droit d’entrée d’un pour cent, et un droit de sortie de demi pour cent, sur toutes les marchandises dont on trafiquait dans leur port.

[Translation]

   The Venetians, who used to do an extremely roaring shipping trade, and are now doing a considerably roaring one, also had a repository in their city for all commodities from the Levant and Southern Europe. However, they also levied one per cent of import tax, and a half per cent of export tax, upon all commodities dealt with in their port.

Saturday 15 January 2011

Book 3, chapter 9, paragraph 05

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 421-423]

   Le commerce de transport peut bien se faire en droiture, par les Hollandais par exemple, des ports de la mer Baltique à ceux de l’Italie, sans décharger les marchandises nulle part sur la route, cependant le marchand qui l’entreprendrait, se trouverait ainsi dans l’impossibilité de voir jamais la denrée sur laquelle il trafiquerait. Il ne pourrait que plus difficilement faire des achats, dans le dessein d’attendre que ses marchandises eussent haussé de prix pour les revendre, ou veiller l’occasion de les envoyer dans celles des contrées où cette hausse serait le plus considérable. C’est d’après ces considérations, que les marchands Hollandais, qui faisaient le plus grand commerce de transport de l’Univers, déchargeaient dans les magasins de la Hollande, un si grand nombre d’entre les marchandises qu’ils transportaient d’une contrée à une autre, qu’on pouvait à bon droit appeler les ports de leur République, marché général du monde commerçant. L’étape des marchandises des Indes, du Levant, de l’Espagne et de la mer Baltique se trouvait à Amsterdam, celle de l’Amérique à Flessingue; celle des vins de France à Middelbourg et Rotterdam; celle des manufactures Anglaises, aussi à Rotterdam; et celle du commerce d’Allemagne à Dordrecht. Toutes ces marchandises étrangères étaient bientôt réexportées à l’étranger, pour pourvoir aux besoins des autres nations; et les négociants Hollandais, pour avoir l’avantage de posséder leurs marchandises sous leurs yeux, et dans leurs magasins; pour y attendre ensuite l’occasion favorable de les vendre, se soumettaient à payer les droits d’entrée et de sortie qu’on exigeait en Hollande; toutes ces marchandises avaient payé en effet, deux pour cent de leur valeur, lors de leur introduction dans le port, et elles devaient payer encore un pour cent, lors de leur réexportation: cependant leur valeur n’était point augmentée aux yeux du consommateur étranger, pour avoir été déposées dans les magasins des Hollandais, il ne les payait pas plus cher pour cela, que si elles étaient venues en droiture de leur lieu natal; il fallait donc que cette différence de trois pour cent, ainsi que les frais de chargement et déchargement, se retrouvât sur la facilité que donnait au marchand, pour profiter des occasions, et attendre les bonnes chances, la division du commerce en deux branches indépendantes, l’une de la Hollande à la Baltique, l’autre de la Hollande à l’Italie.

[Translation]

   The Dutch merchant, for example, can put shipping trade into good practice, by making their way directly from ports along the Baltic Sea to those in Italy, without unloading commodities along the way. However, the merchant engaged in it might, then, be incapable of examining commodities with which he would deal. He could make purchases only with more difficulty, with the intention to wait for his commodities to rise in price to resell them, or to watch for the occasion to send them to the countries where this rise in price would be the largest. According to these considerations, Dutch merchants, engaged in the largest magnitude of shipping trade in the world, unloaded at repositories in Holland such a large number of commodities that they transferred from one country to another, that the ports of their republic could rightly be called “the general market of the commercial world.” Commodities from the Indies, the Levant, Spain and the Baltic Sea were seen coming to Amsterdam, and those from America were to Flushing; wine from France was seen coming to Middelburg and Rotterdam; manufactured goods from England were also to Rotterdam; and commodities from Germany were to Dordrecht. All these foreign commodities were soon re-exported to foreigners, to meet the needs of other nations. The Dutch merchants, having the advantage of possessing their commodities under their eye and in their stores, and waiting there for the good chance for their sales, obediently paid the import and export taxes that were demanded in Holland. In fact, all these commodities had paid two per cent of their value at the time of their introduction into the port, and were forced to pay one per cent again at the time of their re-exportation. However, their value did not rise in the eye of the foreign consumer, and he paid no more for the commodities if deposited in Dutch stores than if imported directly from the place of their production. It was necessary, therefore, that this difference of three per cent, along with the costs of loading and unloading, should be reflected in the ease with which the merchant could take advantage of these occasions and wait for the good chances, thanks to division of labour in the two independent branches, one of which was from Holland to the Baltic Sea, and the other from Holland to Italy.

Friday 14 January 2011

Book 3, chapter 9, paragraph 04

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 420-421]

   Lorsque, comme nous l’avons dit plusieurs fois, les premiers canaux de la circulation sont saturés de capitaux, que l’agriculture, les manufactures, et le commerce national, n’offrent pas d’emploi profitable pour des sommes plus considérables, les capitalistes, plutôt que de laisser chômer leurs fonds, les destinent à faire les échanges des autres nations; ils portent au nord les vins, les fruits, et les huiles du midi; au midi les bois, les chanvres, et les fers du nord; sans que leur nation retire d’autre avantage de ce commerce, que le profit qu’eux-mêmes font dessus; leurs capitaux ne remplaçant jamais que des capitaux étrangers, et ne mettant en mouvement qu’une industrie étrangère. Cependant, aussitôt qu’une nation est assez riche pour que ce commerce soit pour elle le plus profitable de tous, il convient qu’elle le fasse, sous peine de voir chômer son capital, et de perdre une partie de son revenu.

[Translation]

   As we have said several times, when the first channels of circulation are filled with capitals, that is, when agriculture, manufactures or home trade does not offer a profitable way of employing a larger sum, capitalists do not leave their money idle but instead place it for foreign trade. They carry wine, fruits and oil from the South to the North, and woods, linen and iron from the North to the South. Their nation gains no other advantage from this trade than the profit accruing to the capitalists above, their capitals replacing foreign capitals alone, and setting in motion foreign industry alone. However, as soon as a nation is rich enough for this trade to be the most profitable for her of all, it is adequate that she should do this trade before seeing her capital idle and losing a part of her revenue.

Thursday 13 January 2011

Book 3, chapter 9, paragraph 03

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 420]

   Il faut attribuer l’établissement des ports francs au désir de favoriser le commerce de transport, lequel, ainsi que nous l’avons vu, est considéré par les sectateurs du système mercantile, comme le plus avantageux de tous; ceux-ci ayant pris l’effet de l’opulence d’une nation pour sa cause.

[Translation]

   We should attribute the establishment of free ports to the desire to promote shipping trade, which, as we have seen, proponents of the mercantile system consider as the most advantageous of all. These people have taken the effect of national opulence for its cause.

Wednesday 12 January 2011

Book 3, chapter 9, paragraph 02

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 420]

   Un port franc est un port où il est libre à tous marchands, de quelque nation qu’ils soient, de décharger leurs marchandises, et d’où ils peuvent les retirer, lorsqu’ils ne les ont pu vendre, sans payer aucun droit d’entrée ni de sortie.

[Translation]

   A free port is a port where all merchants, from whichever country, are free to unload their commodities, and from which they can withdraw their commodities when they have lost a sale, without paying any tax for their entry or exit.

Tuesday 11 January 2011

Book 3, chapter 9, paragraph 01

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 419-420]

Il est temps d’arriver à la fin à quelque expédient employé par les Gouvernements de l’Europe pour favoriser le commerce, qui n’ait pas agi à fins contraires, de ce que ces Gouvernements s’étaient proposé. Nous les avons vu se combattre à l’intérieur comme au dehors par des monopoles; ils ont aussi songé quelquefois à appeler la liberté à leur secours, et c’est dans l’établissement des ports francs, que les Législateurs du commerce ont fait usage de son assistance.

[Translation]

Finally, we have arrived at the time to discuss an expedient, which has been employed by the governments in Europe to promote trade, and which may not have acted contrary to the purposes which these governments intended. We have seen the governments troubled by monopolies at home and abroad alike. Thus, they have sometimes meant to call liberty to their aid, and it is in establishment of free ports that the legislators of trade have made use of the assistance of liberty.

Monday 10 January 2011

Book 3, chapter 8, footnote 07

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 418-419]

(7) L’auteur a parcouru la Suisse à plusieurs reprises, mais c’est d’après ce qu’il, vu, en en faisant le tour l’automne de l’an X, avec deux hommes distingués que la République vient de perdre, l’illustre Dolomieu, et l’aimable Préfet du Léman A. M. d’Eymar, qu’il en parle aujourd’hui. Cependant les nouvelles convulsions de la Suisse, et les calamités du Vallais, doivent emporter chaque jour quelque reste de cette antique opulence, qui frappait encore alors les voyageurs.

[Translation]

(7) The author has travelled across Switzerland several times, but it is according to what he saw when making a tour around her in the autumn of the year X, with two distinguished men whom the Republic has lost, the celebrated Dolomieu, and the likeable prefect of Léman A. M. d’Eymar, that he discusses Switzerland now. However, the new convulsions of Switzerland, and the calamities of Valais, must take away day by day some of the rest of that former opulence, which then struck travellers.

Sunday 9 January 2011

Book 3, chapter 8, footnote 06

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 409-410]

(6) En supposant que le nombre des étrangers qui boivent des vins de France, ne fasse que compenser celui des Français qui font usage de toute autre boisson que de vins de notre cru, nous pouvons partir d’une consommation de trente millions d’individus. Or, on ne peut certainement pas évaluer la consommation annuelle de chaque individu en boisson, l’un compensant l’autre, à une valeur moindre de 10 fr., ce qui donne tout au plus à chacun une pinte de vin par semaine. La consommation annuelle de la France en boissons sera donc de 300 millions, et nous la supposons égale à sa production. Cette dernière pourrait être plus que doublée. Il ne s’agit point dans ce calcul, d’exportation mais de production, parce que les manufactures qui redoutent la liberté du commerce, et auxquelles nous comparons les vins, ne peuvent être exportées, puisqu’elles trouveraient en pays étranger la concurrence des Anglais, dont elles cherchent à se mettre à couvert dans le leur propre.
   Quant à l’exportation de nos vins et eaux-de-vie pour l’Angleterre, elle s’élevait pour l’année 1788, à la valeur de 13,500,000 francs, et si par le traité de commerce on avait obtenu, comme il était juste, que les vins de France fussent admis aux mêmes conditions que ceux de Portugal, l’importation annuelle, de 12,000 tonneaux de mer, de vin d’Oporto en Angleterre, aurait été remplacée par une importation au moins égale de vins de France. Ces douze mille tonneaux sont payés par l’Angleterre un million et demi sterling.
   Rien n’est au reste plus difficile à déterminer, que la quantité de vin produite annuellement par la France. La plus basse estimation que je connaisse, est celle que rapporte l’Abbé d’Expilly sans l’adopter, qui partant d’une étendue supposée de 1,600,000 arpens destinés à la culture de la vigne, donne pour produit 6400,000 muids de vin, lesquels à 30 fr. seulement, valent 192,000,000. La plus élevée est peut-être celle du Maréchal de Vauban, qui partant d’un autre calcul approximatif sur l’étendue des vignes, donne à la France 36,000,000 de muids de vin, lesquels à 30 fr. valent, 1,080,000,000 fr.

[Translation]

(6) By supposing that the number of foreigners who drink French wine is as large as that of the French who make use of all other drinks than wine from our vineyards, we can start with the assumption of 30 million consumers. We can certainly estimate the annual consumption of liquors by each individual, on average, at 10 francs or more; this sum means, at most, one pint of wine per week for each. The annual consumption of liquors in France will, therefore, be 300 million francs, and we suppose that that is equal to her production. The production could be more than doubled. What matters in this calculation is not exportation but production, because the manufactures which fear free trade, and to which we compare wine, cannot be exported. This is because in foreign countries they would be in competition with the English counterparts, from which they seek to be protected in their own country.
   As for the exportation of our wine and whiskey to England, it amounted in 1788 to 13,500,000 francs, and, if the treaty of commerce had permitted the French wine to enter on the same conditions as the Portuguese wine, the annual importation of 12,000 shipping tons of the wine from Oporto to England would have been replaced by the importation (at least, of equal amount) of the wine from France. These 12,000 tons are paid by England one and half million pounds sterling.
   In addition, nothing is more difficult to determine than the quantity of wine annually produced by France. As far as I know, the lowest estimation is that which Abbé Expilly reports without adopting it, who, starting by supposing an area of 1,600,000 acres allotted for cultivation of grapes, estimates the produce of wine at 6,400,000 muids, which is of 192,000,000 francs of value at 30 francs per muid. The highest estimation may be that of the Marshal Vauban, who, starting by another approximate calculation of the extent of vineyards, estimates the produce of French wine at 36,000,000 muids, which is of 1,080,000,000 francs at 30 francs per muid.

Saturday 8 January 2011

Book 3, chapter 8, footnote 05

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 402-404]

(5) Pour la plupart des objets manufacturés, cette contribution ne s’élevait que de dix à quinze pour cent de la valeur des marchandises. La quincaillerie et les gazes étaient taxés à dix pour cent. (§ VI. du Traité, Art. 6 et 10.) les cotons, les modes, la porcelaine et les glaces paiaient douze pour cent, (Art. 7, 11, 12 et 13.) la sellerie payait quinze pour cent de la valeur, (Art. 9.) et les batistes cinq schellings par demi-pièces de sept verges et trois quarts. (Art. 8.) Les droits sur les vins, les eaux-de-vie, les vinaigres et les huiles, quoique fort réduits, ne l’étaient pas autant à beaucoup près: les uns égalaient, d’autres surpassaient même la valeur première de la marchandise. (Art. 1. 2. 3 et 4.) Celui sur la bière était fixé à trente pour cent. (Art. 5.) Si la réduction des droits perçus par les Anglais, sur les boissons fournies par la France, avait été proportionnée à la réduction des droits perçus par la France, sur les marchandises de fabrique anglaise, il est probable que de part et d’autre les importations auraient égalé les exportations; tandis que d’après les relevés des douanes Françaises, on calcule que les importations de marchandises anglaises se sont élevées,

pour l’an 1787à 58,500,000francs.
178863,000,000
178958,000,000
   Et les exportations des marchandises françaises en Angleterre ont monté
en 1787à 38,000,000
178834,000,000
178936,000,000
   Il faut remarquer qu’en 1789 l’Angleterre fournit à la France pour 18,000,000 de grains, farines ou légumes. En retranchant cet article absolument accidentel, de la valeur des ventes de l’Angleterre, elle se trouve à peu près au niveau de la valeur de ses achats.
   En 1789, le taux de l’intérêt était à peu prés le même en France et en Angleterre; nos capitaux avant la révolution suffisaient à notre industrie, il n’y avait donc pas de raison pour que l’Angleterre fût constamment prêteuse, la France constamment emprunteuse; après que le mouvement extraordinaire produit par le traité de commerce aurait été calmé, l’équilibre se serait peu à peu rétabli entre les achats et les ventes.
   Il n’en serait pas de même aujourd’hui dans nos relations avec l’Angleterre, nous avons trop besoin d’emprunter d’elle des capitaux, elle a trop d’intérêt à nous en prêter, pour que ses ventes à crédit ne surpassent pas ses achats, d’une somme d’autant plus forte, que nos relations commerciales avec elle se resserreront davantage.

[Translation]

(5) For the most part of manufactured goods, this tax is only ten to fifteen per cent of the value of the commodities. Ironmongery and gauze were taxed at ten per cent (section 6 of the treaty, articles 6 and 10); cotton, clothes, porcelain and glass paid twelve per cent (article 7, 11, 12 and 13); saddlery paid fifteen per cent of the value (article 9); and batiste five shillings per half-piece of seven yards and three quarters (article 8). The taxes upon wine, whiskey, vinegar and oil, though much reduced, were not so reduced, or still much higher; some of these were equal to, others were even higher than, the initial value of the commodity (article 1, 2, 3, and 4). The tax upon beer was fixed at thirty per cent (article 5). If the reduction of the taxes collected by the English upon liquors from France had been proportional to the reduction of the taxes collected by the French upon the commodities of English manufactories, it is probable that imports would have equalled exports in both countries. According to the records of the French customs, meanwhile, it is estimated that the imports of commodities from England amounted to:
      58,500,000 francs in 1787
      63,000,000 francs in 1788
      58,000,000 francs in 1789
   Moreover, the exports from France to England amounted to:
      38,000,000 francs in 1787
      34,000,000 francs in 1788
      36,000,000 francs in 1789
   It is noteworthy that in 1789 England provided France with 18,000,000 of corn, flour or vegetable. The value of sales of England, minus these completely accidental imports, turns out to be much the same as that of her purchases.
   In 1789, the rate of interest was almost the same in France and England. Before the revolution our capitals were sufficient for our industry, and, therefore, there was no reason for which England may have been constantly in credit and France in debt. Sooner or later the extraordinary upheavals provoked by the treaty of commerce would have subsided, and, then, the balance between the sales and purchases would have been almost restored.
   The same is not true of our recent relations to England. We are so much in need for loans of capital from her, and she takes so much interest in providing loans of capital to us. As a result, the sales of England on credit are not more than her purchases, by all the more as our commercial relations with her is shrinking.

Friday 7 January 2011

Book 3, chapter 8, footnote 04

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 401]

(4) Lloyd history of England from the peace in 1783 Chapt. II. §. 27.

[Translation]

(4) Lloyd, The History of England from the Peace in 1783, chapter 2, section 27.

Thursday 6 January 2011

Book 3, chapter 8, footnote 03

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 397-399]

(3) C’est sous cette catégorie qu’il faut ranger le traité de commerce conclu entre la France et la Russie, le 11 Janvier 1787. Les principes qui ont dirigé les négociateurs de ce dernier, et de celui entre l’Angleterre et la France, conclu peu de temps auparavant, sont les mêmes. Les effets des deux traités ne se sont point cependant fait sentir également, parce que la France ne peut entretenir avec la Russie qu’un commerce d’une nature bien différente de celui qu’elle entretient avec l’Angleterre. Par le traité de Petersbourg, les marchands Russes négociants en France, sont affranchis du droit de fret, et de celui de vingt pour cent sur les marchandises débarquées à Marseille, leurs cires et leurs suifs obtiennent une réduction de vingt pour cent sur les droits portés par le tarif, et leurs fers sont admis sur le pied de ceux des nations les plus favorisées; (Art. X, XI et XII.) En revanche, l’Empereur Russe accorde aux Français dans ses ports les mêmes avantages qu’à ses propres sujets, et il diminue les droits perçus sur les vins et les savons de France. (Art. XII.) Ce traité ne statue rien quant aux manufactures de l’une et de l’autre nation, tandis que par celui du 20 Juin 1766, entre l’Angleterre et la Russie, les droits sur les draps et les étoffes anglaises sont fixés d’une manière modérée. Le traité de Petersburg pouvait être beaucoup plus avantageux à la France et à la Russie, puisqu’il pouvait accorder à leur commerce réciproque une liberté beaucoup plus grande. Tel qu’il était, il contribuait déjà sans doute à augmenter les revenus, à diminuer les dépenses de l’une et de l’autre. Il donnait aux Russes plus de facilité pour obtenir un bon prix de leurs matières premières, et pour s’approvisionner sans trop de frais des produits du sol ou de l’industrie française; Il donnait aux Français plus de facilité pour se pourvoir à bas prix des matières premières que leur fournit le Nord, et pour y vendre d’une manière profitable leurs vins et leurs savons. Mais ceux qui adoptent le système mercantile, considèrent les avantages que la Russie retirait de ce traité, plutôt comme des pertes, tandis qu’ils regardent comme d’une haute importance ceux qui en résultaient pour la France; aussi le traité avec la Russie est-il hautement approuvé par les mêmes gens qui condamnent celui avec l’Angleterre. Nous les regardons tous deux comme avantageux, et ces deux commerces comme profitables; cependant celui des deux qui convient le mieux aujourd’hui à la nation Française, n’est point le commerce Russe, mais le commerce Anglais; car le premier consiste principalement en ventes à crédit, et en achats pour comptant, ce qui constitue un prêt des capitaux français à la Russie, et présente ce que les calculateurs politiques appellent une balance favorable; tandis que le commerce avec l’Angleterre, vu le taux de l’intérêt et l’état des fabriques dans les deux pays, sous l’apparence d’une balance défavorable, se composerait de ventes pour comptant et d’achats à crédit; de telle sorte que la France attirerait à elle à titre d’emprunt, pour une somme considérable de capitaux anglais.

[Translation]

(3) We must count the treaty of commerce concluded between France and Russia, on 11 January 1787, in this category. The principles which directed the negotiators of this treaty, and of that between England and France concluded shortly before, are the same. The effects of the two treaties, however, were not felt alike, because France can only do a different kind of trade with Russia from her trade with England. By the treaty of Petersburg, the Russian merchants trading in France are free from transport costs, and from 20 per cent of taxes upon commodities unloaded in Marseilles; their wax and grease obtain a 20 per cent of reduction upon the taxes carried by the tariff, and their steal is admitted on the same condition as that from the most preferential countries (article x, xi, and xii). In return, the Russian Emperor accords the French in his ports the same advantages as to his own subjects, and diminishes the taxes levied upon wine and soap from France (article xii). This treaty does not accord anything to manufactures of either nation, while, the treaty of 20 June 1766 between England and Russia provides that the taxes upon woollen and other textiles from England should be fixed in a moderate way. The treaty of Petersburg was likely to be much more advantageous to France and Russia, because it was likely to make their reciprocal trade much freer. As it was so, no doubt, it already contributed to increase of revenue and to diminution of expenditure for both countries. It made it easier for the Russian to obtain a low price of their raw materials, and to be provided with the produce of the French soil or industry without excessive transport cost; it made is easier for the French to be provided with raw materials from the North at a low price, and to sell their wine and soap there in a profitable way. However, those who adopt the mercantile system regard the advantages gained by the Russian from this treaty rather as losses, while they think what France gains from it as highly important. Therefore, the treaty with Russia is highly approved by the very men who criticise the treaty with England. We regard both the treaties as advantageous, and both kinds of trade as profitable, but what is the more adequate to France of the two today is not that with Russia but that with England. This is because the former consists principally of sales on credit and of purchases by cash, a fact which means a loan of French capitals to Russia and presents what political calculators call a favourable balance. Meanwhile, trade with England, bearing in mind the rate of interest and the state of workshops in the two countries, in the guise of an unfavourable balance, would be composed of sales by cash and purchases on credit. As a result, France would draw a large sum of capital from England in the name of loans.

Wednesday 5 January 2011

Book 3, chapter 8, footnote 02

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 393-394]

(2) D’après Peuchet, Diction. de la Gèog. comm. Tom. IV. p. 459. à l’époque qui a précédé la révolution, la France tirait d’Espagne annuellement des espèces d’or ou d’argent, pour la valeur de 62,500,000 fr. Il est probable que dans peu d’années ce commerce se rétablira sur le même pied.

[Translation]

(2) According to Peuchet’s Dictionnaire universel de la géographie commerçante, volume 4, p. 419, the specie of gold and silver, brought from Spain to France in the period prior to the revolution, amounted to 62,500,000 franc. It is probable that in a few years this trade will be restored to the same condition.

Tuesday 4 January 2011

Book 3, chapter 8, footnote 01

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 391-392]

(1) L’Espagne vendait chaque année beaucoup de numéraire, et paraissait cependant toujours en être dépourvue: ce dénuement peut fort bien s’accorder avec le bas prix des matières fines: deux causes concourent à l’expliquer. Premièrement, l’Espagne est demeurée si pauvre, elle a si peu de commerce, et les échanges y sont si peu fréquents, proportionnellement à son étendue, qu’elle n’a besoin pour sa circulation, que d’une bien moindre masse de numéraire que tout autre pays. Secondement, elle a tellement multiplié sa monnaie de billon, que le cuivre a dû nécessairement chasser l’or et l’argent de chez elle: dès que la quantité de monnaie de cuivre cesse d’être proportionnée à la masse totale du numéraire, elle a précisément le même effet qu’un papier-monnaie, dont elle ne diffère point, sa valeur étant également fictive, indépendante du travail accumulé en elle et méconnue hors des Etats d’un seul Souverain. Tout ce que nous avons dit, Liv. I. Chap. VI. du papier-monnaie, peut s’appliquer au billon, et suffit pour faire comprendre comment celui-ci chasse d’un pays, les espèces d’or et d’argent qui y circulent concurremment avec lui.

[Translation]

(1) Every year Spain sold much specie, and seemed nevertheless always short in it. This shortage can be fully consistent with the low price of fine materials. Two causes combine to account for that. Firstly, Spain has remained so poor, and has so few tradesmen, and the trade is so sluggish there in relation to her extent, that her home circulation needs a much less amount of specie than any other country. Secondly, Spain has increased coppers so much that copper would by necessity expel gold and silver from Spain. As soon as the quantity of coppers ceases to be in proportion to the total amount of specie, coppers have precisely the same effect as paper-money, from which coppers are not different in that their value is also fictitious, independent of the labour embodied in them, and that it is not understood except within the states of a single sovereign. All that we have said in book 1, chapter 6, concerning paper-money, can apply to coppers, and is sufficient to understand how coppers expel gold and silver coins from a country which circulate there concurrently with coppers.

Monday 3 January 2011

Book 3, chapter 8, paragraph 29

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 418]

   Ce n’est pas, il est vrai, à la liberté du commerce, mais à la liberté civile, qu’il faut attribuer la longue prospérité de la Suisse; c’était l’effet du Gouvernement le plus sage, le plus juste, le plus égal, le plus paternel, que l’Univers eût encore connu. Mais parmi les bienfaits d’un Gouvernement si respectable, celui d’avoir affranchi l’industrie, de toutes les entraves, et de tous les monopoles, auxquels les vues étroites des autres Gouvernements l’ont asservie, n’était pas un des moins importants. Puisse le Peuple Suisse retrouver le bonheur dont il était si digne! et puissions-nous apprendre de lui quel est le prix de toute espèce de liberté! (7)

[Translation]

   True, it is not to commercial liberty but to civil liberty that we must attribute the long prosperity of Switzerland. This was the effect of the wisest, fairest, most egalitarian and most generous government that the world had ever seen. Among the benefits of such a respectable government, however, that of having freeing industry from all restraints and monopolies, to which the myopia of other governments has subjected industry, was not one of the least important. May the Swiss nation regain the happiness that she was so worth! May we learn from her what the reward for every species of freedom is! (7)

Sunday 2 January 2011

Book 3, chapter 8, paragraph 28

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 417-418]

   La Suisse cruellement dévastée par une guerre aussi injuste que ruineuse, se relève du milieu de ses désastres, avec une force que personne n’attendait d’elle. Dans tout le Canton de Schwitz, théâtre de la déroute des Russes, on ne rencontre plus de ruines: Stantz, et Stantzstadt dans Underwald, qui avaient été barbarement brûlés, sont plus qu’à moitié rebâtis: le Canton d’Ury, où un incendie général mais accidentel, avait aggravé les malheurs de la guerre, répare avec activité ses pertes; ceux de Berne, de Lucerne, de Fribourg, le Vallais lui-même, sont prêts à oublier leurs maux passés, pourvu qu’on ne les redouble pas par de nouvelles calamités. La Suisse est encore riche, et le capital prodigieux qu’y avait accumulé l’industrie humaine, ferme partout les plaies qu’on lui a infligées. C’est un grand exemple que le sien à citer en faveur de la liberté du commerce, et de l’abolition de toutes les barrières, qui sous prétexte de balances défavorables, empêchent l’entrée des produits d’une industrie étrangère.

[Translation]

   Switzerland, cruelly devastated by a war both unjust and ruinous, is recovering from her disastrous condition, with such power as no one expected from her. Nowhere in the canton of Schwyz, the theatre of the rout of the Russians, can we see ruins any longer. Stans, and Stansstad in Unterwalden which had been barbarously damaged, are more than half restored. The canton of Uri, where a general but accidental fire had aggravated the misery of the war, is lively recovering from the losses. Those of Bern, Lucerne, Fribourg, and Valais are ready to forget their bad past, unless it is aggravated by new calamities. Switzerland is rich again, and the enormous capital accumulated there with human industry is closing the wounds inflicted upon her here and there. She herself is a great example in favour of free trade and of abolition of all restraints that, on the pretext of unfavourable balances, prohibit the produce of foreign industry from being imported.

Saturday 1 January 2011

Book 3, chapter 8, paragraph 27

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 416-417]

   Après que toutes les voies de la circulation ont été saturées de capitaux, il en a surabondé encore, et les Suisses, outre le commerce étranger d’importation et d’exportation, ont entrepris aussi celui de transport. Des capitaux de Neuchâtel, de Bâle, de Lausanne, de Genève, étaient destinés à faire les échanges des Français entr’eux, ou avec d’autres nations; ceux des villes de Zurich, Schaffhausen, et Saint-Gall, rendaient le même service aux Allemands; ceux d’Altorf, de Lucerne, de Coire, et d’une foule de villages semés sur la pente méridionale des Alpes en faisaient autant pour l’Italie, où l’on trouve un nombre prodigieux de riches négociants Grisons, sortis de villages à peine connus. Dans tous ces Etats, l’on voit des colonies Suisses et Genevoises, colonies d’un genre bien différent de celles dont nous avons parlé au Chapitre précédent, puisqu’elles ne viennent s’établir chez les Peuples, que pour les assister de leurs richesses et de leur industrie.

[Translation]

   After all the channels of circulation were filled with capitals, there were still abundant capitals, and the Swiss did not only undertake foreign trade of importation and exportation but also shipping trade. In Neuchâtel, Basel, Lausanne and Geneva capitals were allotted for the French trading with them or with other nations. Those of Zurich, Schaffhausen, and St. Gallen rendered the same service to the Germans. Those of Altorf, Lucerne, Chur and many of cities scattered on the southern mountainside of the Alps rendered the same service to Italy, where we can see an enormous number of rich merchants from almost unknown cities of Grisons. In all these states, we can see Swiss and Genevan colonies. These are widely different in nature from those which we have discussed in the previous chapter, because they have settled themselves there only for the purpose of assisting the host countries with their wealth and industry.