Sunday 11 April 2010

Book 3, chapter 2, paragraph 25

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 185-186]

   CHER. Le Département du Cher n’a aucune manufacture importante, il paraît que plus qu’aucun autre il manque de capitaux. Les gens industrieux ont encore à lutter dans ce Département contre l’isolement résultant du mauvais état de toutes les communications tant par terre que par eau: ces obstacles ont fait tomber une manufacture de draps et une autre de toiles peintes, pour lesquelles on avait fait les plus grands sacrifices, jusqu’à encourager par une prime cette dernière fondée à Bourges en 1760. Il est digne de remarque que la manufacture de toiles peintes, qui est celle de toutes à laquelle la France a fait le plus de sacrifices, et qu’elle protège le plus, encore aujourd’hui, par ses douanes, n’a presque jamais pu profiter des faveurs qu’on accumulait sur elle. A Genève elle s’était constamment soutenue sans monopole, et n’a commencé à déchoir, que depuis que la réunion de cette ville à la France lui a fait partager les faveurs des douanes: tellement le commerce est rétif, et se refuse à être guidé par les lois. La manufacture de Bourges et Issoudun, pendant vingt-cinq ans qu’elle s’est maintenue, a reçu chaque année quinze mille francs du Gouvernement. L’on assure de plus que les actionnaires qui étaient très riches, se contentaient des profits les plus modiques; mais ce qui les ruinait, c’était les frais de transport, tant des toiles de coton sur lesquelles ils devaient imprimer, et qui leur venaient des ports de mer, que de ces mêmes toiles imprimées, qu’ils envoyaient aux foires de Beaucaire et de Guibray: tel est en général le sort des manufactures que fonde le Gouvernement, elles ont presque toujours à lutter contre des localités défavorables, tandis que les fabriques auxquelles la nature des choses et les besoins du commerce donnent naissance, ne s’établissent jamais que là où elles sont assurées d’un débouché(11).

[Translation]

   CHER. The department of Cher has no important manufacture, and it seems that no other department is shorter in capital. In this department, too, industrious men have to struggle against the isolation which results from the horrible state of all communications by land as well as by water. These obstacles have collapsed a wool mill and another manufactory of print, for which the greatest sacrifices had been made to encourage by a subsidy the latter which was founded in Bourges in 1760. It is noteworthy that the manufactory of print, to which France has made the most sacrifices of all and to which she gives the most protection of all with customs duties still today, was hardly able to gain from consideration extended to it. In Geneva, the manufacture of print was constantly maintained without monopoly, and did not degenerate until the annexation of this city to France made it share preferential tariffs. Thus trade is restive, and averse to being guided by laws. The manufactory in Bourges and Issoudun would receive 15,000 francs from the government every year for the twenty years that it was maintained. Besides, we are assured that shareholders who were extremely rich were content with the smallest profits. But what ruined them was the cost of transport of cotton cloth upon which they should print and which came from sea ports to them, as well as of the same print, which they carried to the fairs in Beaucaire and Guibray. Such is, in general, the fate of manufactures which the government founds, they almost always have to struggle against disadvantageous localities, while the manufactures to which the nature of things and the needs of commerce give birth are never established any where else than they must certainly find a market(11).