Monday 16 February 2009

Book 1, chapter 3, paragraphs 14-15

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 67-69]

   Il est vrai que l’accumulation des capitaux occasionne souvent le luxe et la paresse de ceux qui les possèdent, en sorte que si les riches ne pouvoient [pouvaient] se dispenser de faire valoir leurs richesses par eux-mêmes, peut-être que l’inattention et la prodigalité seroient [seraient] les suites immédiates de leurs succès: alors on verroit [verrait] les capitaux décroître après s’être formés, et la société déchoir de sa prospérité d’autant plus vîte [vite], qu’elle l’auroit [aurait] acquise plutôt. Mais les richesses accumulées peuvent fort bien être employées au bénéfice de la société par d’autres mains que par celles des riches, au moyen du prêt à intérêt, et c’est en partie à ce contrat que l’on doit leur conservation.
   Tous les propriétaires et détenteurs de capitaux peuvent d’après cette considération se diviser en deux classes; l’une de ceux qui les font travailler eux-mêmes, l’autre de ceux qui les prêtent à des gens plus actifs qu’eux, lesquels se chargent de les faire circuler, en leur assurant dans les profits de cette circulation, une part que l’on désigne par le nom d’intérêt. L’usage a réservé exclusivement à ceux qui composent cette dernière classe le nom de capitalistes. La première comprend les hommes qui consacrent leurs capitaux au perfectionnement de l’agriculture, ou les fermiers, ceux qui forment une entreprise de manufactures, de mines, de pêche, ou qui mettent en mouvement un travail productif quelconque, et ceux enfin qui facilitent aux autres l’ouvrage qu’ils ont entrepris, en remplaçant les capitaux des fabrican[t]s et des fermiers, ou en destinant les leurs au commerce.

[Translation]

   It is true that the accumulation of capital often causes luxury and idleness among those who possess it, so that if an owner of capital were forced to make use of his wealth by himself, inattention and prodigality would perhaps follow immediately from his success. Then capital would decrease as soon as formed, and the society would lose its property as soon as it has acquired it to a certain amount. But the accumulated wealth can be impeccably well employed in the hands of someone else than its owner for the benefit of the society, by means of loan at interest, and it is partly to that contract that he owes the maintenance of his wealth.
   All owners and holders of capital can be divided into two categories according to this consideration; one is of those who put their capital at work for themselves, the other is of those who loan it to more enterprising persons than themselves, who are engaged in making it circulating, and assure them of a part of the profit from this circulation, a part which is called interest. The word capitalist has been used to exclusively mean the latter. The former contains those who allot their capital for improvement of agriculture or farmers, those who make an undertaking of manufactures, mining, fishery, or who put one or another kind of productive labour at work, and finally those who help others to perform the work they have begun, by supplementing the capital of manufacturers and farmers or by allotting their capital for commerce.