Thursday 6 January 2011

Book 3, chapter 8, footnote 03

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 397-399]

(3) C’est sous cette catégorie qu’il faut ranger le traité de commerce conclu entre la France et la Russie, le 11 Janvier 1787. Les principes qui ont dirigé les négociateurs de ce dernier, et de celui entre l’Angleterre et la France, conclu peu de temps auparavant, sont les mêmes. Les effets des deux traités ne se sont point cependant fait sentir également, parce que la France ne peut entretenir avec la Russie qu’un commerce d’une nature bien différente de celui qu’elle entretient avec l’Angleterre. Par le traité de Petersbourg, les marchands Russes négociants en France, sont affranchis du droit de fret, et de celui de vingt pour cent sur les marchandises débarquées à Marseille, leurs cires et leurs suifs obtiennent une réduction de vingt pour cent sur les droits portés par le tarif, et leurs fers sont admis sur le pied de ceux des nations les plus favorisées; (Art. X, XI et XII.) En revanche, l’Empereur Russe accorde aux Français dans ses ports les mêmes avantages qu’à ses propres sujets, et il diminue les droits perçus sur les vins et les savons de France. (Art. XII.) Ce traité ne statue rien quant aux manufactures de l’une et de l’autre nation, tandis que par celui du 20 Juin 1766, entre l’Angleterre et la Russie, les droits sur les draps et les étoffes anglaises sont fixés d’une manière modérée. Le traité de Petersburg pouvait être beaucoup plus avantageux à la France et à la Russie, puisqu’il pouvait accorder à leur commerce réciproque une liberté beaucoup plus grande. Tel qu’il était, il contribuait déjà sans doute à augmenter les revenus, à diminuer les dépenses de l’une et de l’autre. Il donnait aux Russes plus de facilité pour obtenir un bon prix de leurs matières premières, et pour s’approvisionner sans trop de frais des produits du sol ou de l’industrie française; Il donnait aux Français plus de facilité pour se pourvoir à bas prix des matières premières que leur fournit le Nord, et pour y vendre d’une manière profitable leurs vins et leurs savons. Mais ceux qui adoptent le système mercantile, considèrent les avantages que la Russie retirait de ce traité, plutôt comme des pertes, tandis qu’ils regardent comme d’une haute importance ceux qui en résultaient pour la France; aussi le traité avec la Russie est-il hautement approuvé par les mêmes gens qui condamnent celui avec l’Angleterre. Nous les regardons tous deux comme avantageux, et ces deux commerces comme profitables; cependant celui des deux qui convient le mieux aujourd’hui à la nation Française, n’est point le commerce Russe, mais le commerce Anglais; car le premier consiste principalement en ventes à crédit, et en achats pour comptant, ce qui constitue un prêt des capitaux français à la Russie, et présente ce que les calculateurs politiques appellent une balance favorable; tandis que le commerce avec l’Angleterre, vu le taux de l’intérêt et l’état des fabriques dans les deux pays, sous l’apparence d’une balance défavorable, se composerait de ventes pour comptant et d’achats à crédit; de telle sorte que la France attirerait à elle à titre d’emprunt, pour une somme considérable de capitaux anglais.

[Translation]

(3) We must count the treaty of commerce concluded between France and Russia, on 11 January 1787, in this category. The principles which directed the negotiators of this treaty, and of that between England and France concluded shortly before, are the same. The effects of the two treaties, however, were not felt alike, because France can only do a different kind of trade with Russia from her trade with England. By the treaty of Petersburg, the Russian merchants trading in France are free from transport costs, and from 20 per cent of taxes upon commodities unloaded in Marseilles; their wax and grease obtain a 20 per cent of reduction upon the taxes carried by the tariff, and their steal is admitted on the same condition as that from the most preferential countries (article x, xi, and xii). In return, the Russian Emperor accords the French in his ports the same advantages as to his own subjects, and diminishes the taxes levied upon wine and soap from France (article xii). This treaty does not accord anything to manufactures of either nation, while, the treaty of 20 June 1766 between England and Russia provides that the taxes upon woollen and other textiles from England should be fixed in a moderate way. The treaty of Petersburg was likely to be much more advantageous to France and Russia, because it was likely to make their reciprocal trade much freer. As it was so, no doubt, it already contributed to increase of revenue and to diminution of expenditure for both countries. It made it easier for the Russian to obtain a low price of their raw materials, and to be provided with the produce of the French soil or industry without excessive transport cost; it made is easier for the French to be provided with raw materials from the North at a low price, and to sell their wine and soap there in a profitable way. However, those who adopt the mercantile system regard the advantages gained by the Russian from this treaty rather as losses, while they think what France gains from it as highly important. Therefore, the treaty with Russia is highly approved by the very men who criticise the treaty with England. We regard both the treaties as advantageous, and both kinds of trade as profitable, but what is the more adequate to France of the two today is not that with Russia but that with England. This is because the former consists principally of sales on credit and of purchases by cash, a fact which means a loan of French capitals to Russia and presents what political calculators call a favourable balance. Meanwhile, trade with England, bearing in mind the rate of interest and the state of workshops in the two countries, in the guise of an unfavourable balance, would be composed of sales by cash and purchases on credit. As a result, France would draw a large sum of capital from England in the name of loans.