Wednesday 3 November 2010

Book 3, chapter 7, paragraph 22

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 349-350]

   Un ami de l’humanité doit regretter bien amèrement, que cette première population des Antilles, composée de boucaniers et de flibustiers, ait été dégoûtée de la vie active et laborieuse à laquelle elle s’était vouée, et repoussée vers l’oisiveté et la mollesse qui distinguent les Créoles, par l’introduction de l’esclavage dans les Isles. Dès l’instant où le travail de l’agriculture devint le partage d’une race asservie et dégradée, il fut impossible que des hommes libres, enorgueillis par leurs succès dans la carrière militaire, suivissent la même vocation: ce n’était que par une rigueur égale à celle que l’on exerçait contre les Nègres, que l’on pouvait attacher à la culture de la terre, les malheureux Européens qui s’étaient engagés pour ce service, et que l’on connaissait aux Colonies sous le nom de Trente-six mois. Bientôt même l’usage de ces engagements cessa, et le travail tout entier fut fait par des Nègres; non que le soin qu’exigent les plantations soit aucunement au dessus des forces d’un Européen, ou que le climat leur fit perdre leur vigueur, mais parce qu’il n’y en avait pas un qui ne se crut déshonoré, s’il avait fait un ouvrage réservé aux seuls esclaves.

[Translation]

   A friend of humanity must acutely regret that this first population of the Antilles, comprised of buccaneers and freebooters, were discouraged from living an active and laborious life to which they had been devoted, and were pressed toward indolence and laxity which distinguish the Creoles by introduction of slavery into islands. As soon as agricultural labour was allocated to an enslaved and degraded race, it was impossible that free men, proud of their success in their military careers, would follow the same vocation. Only with resort to a rigour comparable to that with which Negros were treated was it probable to attach to land cultivation the bad-off Europeans who had been engaged in that service, and who were known by the name of Trente-six mois. Soon, however, the use of this kind of employment ceased, and agricultural labour as a whole came to be imposed on the Negros. The reason is not that plantations demanded more carefulness than Europeans were capable of, or that the climate deprived them of vigour, but that all of them believed it to dishonour them to do a work allocated to slaves alone.