Friday 30 April 2010

Book 3, chapter 2, paragraph 44

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 201]

   L’une des principales productions de l’Alsace c’est le tabac, si on voulait le soumettre de nouveau à la gabelle, il faudrait comme autrefois permettre à l’Alsace de s’en racheter par une autre imposition. Du reste une répartition de l’impôt actuel, mal entendue même d’après les principes mercantiles, engage à exporter le tabac en feuilles pour le manipuler dans les fabriques d’Outre-Rhin, et le réimporter ensuite en fraude. C’est ainsi que la douane, en altérant l’équilibre naturel, produit souvent l’effet tout contraire à celui qu’elle s’était proposé (26).

[Translation]

   One of the principal productions of Alsace is tobacco; if you wanted to impose the salt tax upon it again, it would be necessary, as in those days, to permit Alsace to revive by means of another tax. Besides, the present way of allocation of the burden of the tax, ill-extended even according to the mercantile principles, inclines men to export tobacco in leaf form for processing in workshops in Outre-Rhin, and later to re-import it illegally. The customs duty, thus changing the natural equilibrium, often produces the effect completely contrary to what it was intended to (26).

Thursday 29 April 2010

Book 3, chapter 2, paragraph 43

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 200-201]

   Si le monopole des douanes était devenu nécessaire pour maintenir quelqu’une des manufactures d’un Département qui ne craignit autrefois pour aucune la concurrence des étrangers, étant traité comme étranger lui-même, il faudrait en conclure qu’elles auraient bien dénaturé son antique industrie. Il ne paraît pas cependant que cela soit arrivé, elles y sont à charge au consommateur, sans procurer aucun avantage au commerçant.

[Translation]

   If the monopoly due to customs duties had been required for maintenance of any of manufactories in a department which used to be not in fear of competition of foreign ones though it was treated as foreign itself, we should conclude from this that they would have spoiled its former industry. However, it does not seem that this will take place, and they are burdensome on the consumer, without giving any advantage to tradesmen.

Wednesday 28 April 2010

Book 3, chapter 2, paragraph 42

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 200]

   BAS-RHIN. L’Alsace avait avant la révolution le bonheur inappréciable d’être placée en dehors de la ligne des douanes Françaises; délivrée de la PROTECTION que leur législation accorde à l’industrie, et qui tourne toujours à sa ruine, l’Alsace s’était placée au premier rang parmi les provinces riches, manufacturières et commerçantes. Elle a beaucoup souffert par le reculement des douanes, qui a détruit entr’autres le transit et l’entrepôt de Strasbourg; les manufactures ont prodigieusement diminué d’activité, et l’intérêt de l’argent est le double de ce qu’il était autrefois, ce qui indique un grand décroissement des capitaux mercantiles. Cependant dans le Département du Bas-Rhin, qui ne contient que la moitié de l’Alsace, on compte encore 6974 fabriques de tout genre, 30,000 ouvriers qui y travaillent, et l’on évalue à vingt millions les capitaux qui les alimentent (25).

[Translation]

   BAS-RHIN. Before the revolution Alsace had the invaluable luck to be placed beyond the reach of French customs duties. Freed from the protection which is accorded by the legislation of customs duties to industry and which always turns out to ruin industry, Alsace had ranked the first among the rich, manufacturing, and commercial provinces. It has suffered much from the move of the customs, which has destroyed, above all, the business of transit and warehousing in Strasbourg. Manufactures have astonishingly waned in activity, and the moneyed interest is twice as high as it used to be, a rise which suggests a great shrinkage of mercantile capitals. Still, the department of Bas-Rhin, which accounts for only a half of Alsace, has 6974 workshops of any sort, and 30,000 labourers who work there, and the capitals provided for them are evaluated at 20 million (25).

Tuesday 27 April 2010

Book 3, chapter 2, paragraph 41

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 198-199]

   TARN. Le Département du Tarn est un de ceux où les fabriques de laine prospèrent le plus; on tire de Castres, d’Albi, de Mazamet, etc. des draps, des molletons, des flanelles, des cadis, qui sont distingués par leur bonne qualité, et dont la consommation ne se borne pas à l’intérieur, mais s’étend jusque dans le Levant, où ils soutiennent avec avantage la concurrence des Anglais: aucune des manufactures du Département, qui sont outre les laines, des tanneries, papèteries, fabriques de bonnèterie, et de bougies, n’est de nature à être le moins du monde favorisée par la douane (24).

[Translation]

   TARN. The department of Tarn is one of those where woollen mills are the most prosperous. Castres, Albi, Mazamet, and others produce woollen cloth, melton, flannel, and caddis, which are distinguished by their good quality and whose consumption is not only confined within the country but also extends to Levant, where they compete advantageously with the English counterparts. No manufacture in this department, which contains tan houses, paper mills, knitting mills and candle-making houses in addition to woollen mills, have to be given any preferential treatment by the customs (24) .

Monday 26 April 2010

Book 3, chapter 2, paragraph 40

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 198-199]

   DEUX-SEVRES. Le Département des Deux Sèvres est un de ceux où l’on peut regretter que tous les capitaux aient pris leur direction vers les manufactures, et qu’il en soit resté si peu pour animer l’agriculture: celle-ci est encore bien retardée, et pendant le cours entier d’un siècle, n’a fait que des progrès fort lents, tandis que ce Département compte au moins neuf ou dix communes manufacturières, quoiqu’il n’y en ait aucune de riche ou de grande. Il a été si cruellement ravagé lors de la guerre de la Vendée, que ses capitaux mercantiles sont presque tous dissipés, et ses ateliers fermés ou détruits. Les manufactures d’étoffes de laine, de bonnèterie, et de chamoiserie, de Niort, Parthenay, Saint-Maixent, Secondigny, Thouars, etc. ne se relèveront certainement pas à l’aide des douanes, qui ne leur procurent aucune espèce de bénéfice. On pourrait plutôt attendre leur rétablissement de la liberté du commerce, qui versera sans doute de nouveaux capitaux dans ce pays malheureux. La beauté des laines qu’il produit, et le bas prix de la main-d’œuvre, fixeront sur lui les regards de ceux qui cherchent à employer leurs fonds d’une manière lucrative (23).

[Translation]

   DEUX-SÈVRES. The department of Deux-Sèvres is one of those where it can be regretted that all the capitals have rushed in the direction towards manufactures, and that there is so little capital left for animation of agriculture. The agriculture there is still undeveloped, and has only made very slow progress in the entire course of one century, while this department contains at least nine or ten manufacturing communes, though none of them is rich or large. It was so cruelly ravaged during the war of Vendée, that mercantile capitals are almost all lost and workshops are closed or destroyed there. The woollen mills, knitting mills, and tan houses in Niort, Parthenay, Saint-Maixent, Secondigny, Thouars, and others will not revive even with the aid of customs duties, which does not give them any sort of benefit. Their revival could be expected rather from free trade, which will undoubtedly attract new capital to this miserable country. The beauty of wool produced there and the low price of labour force will draw the attention of those who seek to employ their means in a lucrative way (23).

Sunday 25 April 2010

Book 3, chapter 2, paragraph 39

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 197-198]

   HAUTES ALPES. Le Département des Hautes-Alpes n’a absolument aucune manufacture, les paysans ne sont habillés que des étoffes grossières qu’ils fabriquent dans l’intérieur de chaque ménage. On a essayé d’élever à Briançon deux ou trois petites fabriques de toiles et mouchoirs, qui n’ont pu s’y soutenir; comme ailleurs, on s’y plaint du manque de capitaux, et l’on ne pourra remédier aux maux que ce besoin cause, que lorsqu’en modifiant ou supprimant les douanes, on aura ouvert une entrée aux capitaux étrangers qui pourraient vivifier l’industrie nationale (22).

[Translation]

   HAUTES ALPES. The department of Hautes Alpes have no manufacture at all, and husbandmen are only clothed in coarse cloth of their own making at their own home. Establishment of two or three small manufactories of cloth and handkerchief at Briançon has been attempted, none of which have managed to survive there, with as many complaints of lack of capital there as anywhere else. The evils caused by this lack will remain unremedied unless modification or abolishment of customs has allowed the inflow of foreign capitals which could animate the national industry (22).

Saturday 24 April 2010

Book 3, chapter 2, paragraph 38

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 196-197]

   DRÔME. La principale fabrique de la Drôme est celle des draperies grossières, connues sous le nom de ratines, demi-ratines, sergettes, et draps; quoiqu’elle soit plus particulièrement destinée à la consommation intérieure, comme on exporte par Genève des ratines de Vienne en Suisse et en Piémont, et comme elles y soutiennent la concurrence de celles d’Allemagne, cette manufacture n’a rien à craindre de la rivalité des étrangers. Elle a beaucoup souffert de la diminution des capitaux mercantiles. Le Préfet, ancien administrateur des douanes, et qui a été à portée d’apprécier le système sur lequel elles sont fondées, ne demande pour ranimer ces manufactures que liberté et protection (21).

[Translation]

   DRÔME. The principal manufactory in Drôme is that of coarse cloth, known in the name of ratiné, demi-ratiné, serge, and raxa. Although it is more particularly destined for consumption at home, since ratiné of Vienna is exported to Switzerland and Piedmont via Geneva and can compete with that from Germany there, this manufactory have no reason to fear rivalry with foreign one. It has suffered from the diminution of mercantile capitals. The prefect, who was once the administrator of the customs and was inclined to appreciate the system upon which customs duties are founded, only demands freedom and protection to animate these manufactories (21).

Friday 23 April 2010

Book 3, chapter 2, paragraph 37

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 196]

   HAUTE-SAÔNE. Le Département de la Haute-Saône est un des moins commerçants de la République. Son exportation se réduit à deux objets, des fontes, fers, et fer-blancs, pour la valeur de cinq millions, et des blés dont partie n’y passe qu’en transit pour celle de trois millions. Les fers qui sont fort beaux, et qui peuvent soutenir la concurrence de ceux de Suède et d’Allemagne, n’ont aucun besoin sans doute de l’assistance de la Douane. Il faut donc ajouter ce Département à la liste de ceux qui la payent, sans qu’un seul de ses habitants en retire le moindre avantage (20).

[Translation]

   HAUTE-SAÔNE. The department of Haute-Saône is one of the least commercial in the Republic. Its exportation is confined to two objects, one of which is cast iron, steels, and tin plates, for five million of value, and the other of which is wheat, a part of which passes only for transit, for three million of value. The steels, which are very beautiful and which can compete with those from Sweden and Germany, have no need, undoubtedly, for any help of customs duties. We must, therefore, put this department on the list of those who pay them, with no habitants there reaping the slightest advantage from them (20).

Thursday 22 April 2010

Book 3, chapter 2, paragraph 36

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 195-196]

   La suppression des douanes causerait certainement une stagnation momentanée dans les principales fabriques de la ville de Troyes; mais elle forcerait les négociants à mieux servir désormais le public, en suivant la marche que les savants leur ont tracée, et elle rendrait les capitaux à leur vraie destination, celle de donner un revenu à la nation (19).

[Translation]

   The abolishment of customs duties would certainly cause a temporary stagnation in the principal manufactories in the city of Troyes, but it now would force merchants to be serviceable to the public, by following the steps that savants have traced for them, and would return the capitals to their true destination, which is to procure revenue for the nation (19).

Wednesday 21 April 2010

Book 3, chapter 2, paragraph 35

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 195]

   Par le monopole, on a forcé les fabricants de Troyes à produire, n’importe à quel prix; et on les a empêché de détourner aucune partie de leurs capitaux pour perfectionner leurs métiers. Car le cit. Bruslé remarque que si l’on n’adopte aucun nouveau mécanisme, c’est moins faute de connaissances que de fonds. La même cause empêche l’adoption du cylindre, et sa substitution aux planches d’impressions, dans les trois fabriques de toiles peintes de ce Département, qui en produisent quatorze mille pièces par année.

[Translation]

   By means of monopoly, manufacturers in Troyes have been forced to produce, irrespective of price; and they have been prohibited from directing any part of their capitals for improving their businesses. Since the said Bruslé notes that if you adopt no new machine, this is not so much for lack of knowledge as of stocks. The same cause prevents the three manufactories of print in this department, which produce 14,000 pieces a year, from the adoption of cylinders and their substitution for boards of printing.

Tuesday 20 April 2010

Book 3, chapter 2, paragraph 34

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 194-195]

   Si la chute complète de cette manufacture a été arrêtée par le renouvellement du monopole, cet expédient a eu de la manière la plus sensible tous les mauvais effets que nouss lui avons reprochés. On n’y a adopté ni les heureuses applications de la chimie aux procédés des fabriques, ni celles des mathématiques aux machines qui remplacent les bras; aussi le Préfet remarque-t-il qu’il est dans la destinée des fabriques de Troyes de suivre une progression décroissante, même en restant au même point. Ce qui pourra changer cependant si le commerce est rendu libre. Jusqu’alors les fabricants peuvent ne point s’empresser d’adopter des perfectionnements qui leur sont inutiles, dès qu’on force les consommateurs à se contenter de leur mécanique grossière.

[Translation]

   If the complete collapse of this manufactory has been stopped by the renewal of monopoly, this expedienct has had all the evil effects of which we have accused it, in the most remarkable way. No one has adopted good applications of chemistry to manufacturing processes or of mathematics to machines substituting for hands. Thus, the prefect notes that it is in the fate of the manufactories in Troyes to go through gradual decline, even if they remain at the same point. However, this will not take place if trade is left free. The manufacturers cannot be ready to adopt improvements useful for them until then, when consumers must content themselves with their primitive technique.

Monday 19 April 2010

Book 3, chapter 2, paragraph 33

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 192-194]

   AUBE. Le Département de l’Aube est du petit nombre de ceux dont les manufactures sont favorisées par le monopole que donnent les douanes. L’on avait établi dans la ville de Troyes une manufacture d’étoffes de coton, à l’imitation des Anglais que l’on voulait rivaliser; mais les basins, futaines, piqués, et toiles de coton, qui sortaient de cette fabrique, ne pouvaient et ne peuvent encore soutenir la concurrence des Anglais, qui travaillent mieux et à meilleur marché. La manufacture fut donc surtout florissante quand les anciennes prohibitions étaient maintenues dans toute leur force. L’année 1784 était l’époque de sa plus haute prospérité: le traité de commerce qui se fit peu après avec l’Angleterre, et qui affranchit les consommateurs de nombre d’extorsions, fit jeter les hauts cris à tous ceux dès fabricants dont la prospérité était artificielle. Ceux de Troyes furent obligés de diminuer progressivement le nombre de leurs métiers, dès cette époque jusques en 1792. Depuis lors la prohibition des marchandises anglaises leur a rendu de la vigueur, et ils se soutiennent en dépit de la dilapidation de leurs capitaux. Quelques pertes que leur aient causé le maximum, la chute des assignats, et une taxe révolutionnaire de 1,800,000 francs eu numéraire, qu’on les a forcés de payer, leur commerce est aussi actif qu’en 1791, parce qu’au moyen du monopole, ils ont attiré à eux les capitaux de l’agriculture, et des autres commerces plus réellement utiles au pays (18). Il paraît qu’il y a actuellement 1103 métiers travaillants pour cette manufacture, et qu’il en reste 367 qui ne sont point occupés. On ne peut savoir au juste quel était leur nombre, et la somme de leur produits avant le traité de commerce de 1786; car il y a à cet égard la plus grande contradiction entre les cit. Loiselet et Descolins d’une part, et le cit. Beugnot de l’autre; si l’on en croit les premiers qui cherchent à relever l’importance de la manufacture, elle occupait alors 3240 métiers, et produisait une valeur de 9,933,600 fr. D’après le second, ses produits n’auraient valu que deux millions; il ne paraît pas qu’ils aillent à présent fort au delà d’un million de francs.

[Translation]

   AUBE. The department of Aube is one of the few where manufactures are given preferential treatment by means of monopoly made possible by customs duties. In the city of Troyes, a cotton mill was built in imitation of the English ones that we wanted to rival. But the brocade, fustian, piqué, and cotton cloth, which came from this manufactory, could not and cannot still compete with the English counterparts, which are more productive at a lower cost. Therefore, the manufactory was, above all, flourishing when former prohibitions were maintained with all their force. The year 1784 saw the manufactory the most prosperous; the commercial treaty, which was concluded with England soon and which emancipated consumers from a number of extortions, provoked outcries against those manufacturers whose prosperity was artificial. Manufacturers in Troyes could not help diminishing gradually the number of their looms from this time to 1792. Since 1792, the prohibition of English commodities has permitted them to regain vigour, and they are sustained in spite of the misappropriation of their capitals. Whatever loss they may sustain thanks to the maximum price act, the collapse of assignats and a revolutionary tax of 1,800,000 francs in specie, which we could not help paying, their trade is as active as in 1791, because, by means of monopoly, they have attracted capitals from agriculture and other branches of trade which are really more useful to the country (18). It seems that there are at present 1103 weaving looms for this manufactory, and that 367 of them are left unemployed. No one can know exactly their number and the amount of their produce before the commercial treaty of 1786, because there is the greatest contradiction in this respect between the said Loiselet and Descolins on the one hand, and the said Beugnot on the other hand. If you believe the formers who try to emphasise the importance of the manufactory, then it employed 3240 weaving looms, and produced 9,933,600 francs in value. According to the latter, its produce was only worth 2 million. It does not seem that at present its produce is much more than one million francs.

Sunday 18 April 2010

Book 3, chapter 2, paragraph 32

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 191]

   CHARENTE. Les produits industriels de la Charente sont des papiers, des fers, et des eaux-de-vie. Les premiers, tout en redoutant la concurrence des Hollandais dans les marchés étrangers, ne se refusent point à cette lutte. Quant aux eaux-de-vie connues surtout sous le nom de Cognac, on en exportait avant la révolution 15000 pièces, faisant à peu près chacune deux hectolitres. Cette exportation est réduite d’un sixième par les droits d’entrée imposés par les Etats acheteurs sur ces eaux-de-vie, et qui en diminuent la consommation; aussi ce Département réclame-t-il du Gouvernement la liberté du commerce chez les étrangers, que nous n’obtiendrons point d’eux, si nous ne la leur accordons chez nous (17).

[Translation]

   CHARENTE. The industrial produces of Charente are paper, steel, and brandy. The first, for fear of competition with the Dutch for foreign markets, is not rejected in this battle. As for the brandy known above all in the name of Cognac, the department exported 15,000 pieces before the revolution, with a piece equivalent to about 2 hectolitres. This exportation is reduced by a sixth due to import duties which are imposed by importing states upon this brandy, and which diminish the consumption of it. Thus, this department asks the government for freedom of trade in foreign markets, which we shall not obtain from them if we do not accord it to foreigners in our country (17).

Saturday 17 April 2010

Book 3, chapter 2, paragraph 31

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 189-191]

   Nantes avait eu autrefois treize raffineries de sucre, qui si elles subsistaient encore, pourraient souffrir du commerce libre de cette denrée; mais il n’en existe plus une seule. On y comptait de même deux cents métiers pour le coutil, quarante pour le basin, etc, mais tous ces ateliers sont fermés; sept fabriques de toiles peintes produisaient avant 1789 cent mille pièces par année, qui se débitaient aux foires de Bordeaux ou de Beaucaire, et au delà des mers. Les cinq qui existent encore n’en produisent que 25000 pièces, toutes destinées pour la consommation intérieure. La ville de Nantes, plus à portée qu’aucune autre des cotons et des toiles des Indes, est peut-être celle de France où de pareilles manufactures peuvent le mieux prospérer, surtout si elles sont dégagées du monopole d’une compagnie, et des droits imposés à l’entrée sur les toiles et les cotons, qui sont également contraires à tous les systèmes d’économie. Puisque ces manufactures ont travaillé autrefois pour l’étranger, il est très probable qu’elles n’ont rien à craindre de la concurrence des indiennes des autres nations; s’il en est autrement, c’est un signe qu’une pareille industrie ne convient point à la France. Aucune autre des manufactures de ce Département ne paraît avoir rien à craindre d’un commerce libre (16).

[Translation]

   Nantes had had thirteen refineries of sugar before, which could suffer from free trade of this staple food if they still existed. But there is no longer any refinery. In like manner, there were 200 looms for drill, 40 for brocade, and so on, but all these manufactories are closed. Seven manufactories of print produced 100,000 pieces a year, which was carried to fairs of Bordeaux or Beaucaire and overseas. Five of them, which still exist, now produce only 25,000 pieces, which are all destined for consumption at home. The city of Nantes, to which cotton and linen from Indies are more available than to any other city, is perhaps where such manufactories can be the most prosperous in France, particularly if they are deprived of the monopoly of a company, and of taxes imposed upon imported linen and cotton, taxes which are also contrary to all the systems of economy. Since these manufactories used to be operated for foreign markets, it is very probable that they have no reason to fear competition with India print from other countries. Otherwise, this is a sign that such an industry is not adequate for France. No other manufactory in this department seems to have any fear about free trade (16).

Friday 16 April 2010

Book 3, chapter 2, paragraph 30

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 189]

   LOIRE-INTÉRIEURE. Le Département de la Loire-Inférieure était vivifié par un commerce très actif avec les colonies et les puissances du Nord. Les balances d’importation et exportation publiées par la ville de Nantes, font rouler le commerce extérieur de cette ville sur un capital de plus de vingt millions: ce commerce a été détruit par la guerre et la révolution. Les douanes ne peuvent que nuire à son rétablissement, comme à celui de tout commerce étranger; leurs faveurs ne s’étendent pas au delà des manufactures de l’intérieur.

[Translation]

   LOIRE-INFÉRIEURE. The department of Loire-Inférieure was abuzz with very active trade with colonies and Northern countries. Balances of imports and exports, published by the city of Nantes, make the foreign trade of this city rolling upon more than 20 million of capital. This trade had been destroyed due to the war and the revolution. Customs duties can only obstruct its restoration, like that of any other foreign trade. Their favour does not extend beyond the domestic manufactures.

Thursday 15 April 2010

Book 3, chapter 2, paragraph 29

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 188-189]

    MONT-BLANC. Le Département du Mont-Blanc possédait à Chambéry deux fabriques de gaze, qui exportaient leurs produits à Lyon et à Turin, et qui y subsistaient depuis long-temps sans monopole; elles ont été ruinées par la révolution. L’on a cherché à les remplacer par deux fabriques d’armes, et une de limes, qui sont déjà tombées, ainsi que par une fabrique de toiles peintes établie à Annecy, et qui ne peut s’y soutenir. L’industrie naturelle de ce Département, celle qui y subsistait sans monopole, avait donc bien une autre vigueur, que cette industrie étrangère qu’on lui a substitué, et que les privilèges ne peuvent y maintenir (15).

[Translation]

   MONT-BLANC. The department of Mont-Blanc had two manufactories of gauze at Chambéry, which exported their produce to Lyon and Turin, and which subsisted for a long time without monopoly. They were ruined due to the revolution. Some attempts was made to compensate them with two manufactories of arms and one of files, which have already fallen, as well as with a manufactory of print, which was established at Annecy and which cannot be maintained there. The natural industry of this department which subsisted there without monopoly, therefore, was of different vigour from this unfamiliar industry which was intended to replace it and which cannot be maintained there even with privileges (15).

Wednesday 14 April 2010

Book 3, chapter 2, paragraph 28

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 188]

   VENDÉE. Dans le Département de la Vendée l’on ne fabrique que quelques étoffes grossières de laine, et quelques toiles pour la consommation des habitants; les étrangers ne lui font donc aucune concurrence (14).

[Translation]

   VENDÉE. In the department of Vendée, only some coarse woollen cloth and some linen cloth for consumption of the habitants are manufactured; the foreign cloth is not in competition with them (14).

Tuesday 13 April 2010

Book 3, chapter 2, paragraph 27

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 187-188]

   ALLIER. Celui de l’Allier n’a que fort peu de manufactures. Sa statistique ne fait mention que de deux verreries, une fabrique d’armes, et plusieurs forges. Il existait cependant autrefois à Moulins une coutellerie renommée; serait-elle tombée ? Cette fabrique est du nombre de celles que les douanes protègent, les Anglais travaillent l’acier mieux que nous; les Bourbonnais paraissaient cependant avoir sur eux l’avantage du bon marché, et pouvaient braver leur concurrence, du moins pour les qualités inférieures. La douane qui, en redoublant de rigueur contre les marchandises anglaises, n’a pu cependant conserver assez d’importance aux fabriques de Moulins pour que le Préfet les remarquât, ne paraît pas obtenir de grands succès quand elle protège l’industrie(13).

[Translation]

   ALLIER. The department of Allier has only a few manufactories. The statistics about it mention only two manufactories of glass, one of arms, and several iron-works. However, there used to be a famous manufactory of cutlery at Moulins; would it have gone under? This manufactory is one of those protected with customs duties, and the Englishmen produce better irons than we. However, the Bourbonnais ones seemed to get to the windward of the English in inexpensiveness, and could enter competition with them though of inferior quality. Customs duties, which, even reinforcing the rigour against the English merchants, were not able to attach such importance to the manufactories at Moulins that the prefect would note them, do not seem to be greatly successful when it comes to protection of industry(13).

Monday 12 April 2010

Book 3, chapter 2, paragraph 26

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 187]

   AUDE. La fabrique de draps de Carcassonne, Département de l’Aude en envoyait année commune 56000 pièces à l’étranger; elle est tombée à peu près au quart de ce qu’elle était, mais elle exporte encore. Les fabriques de drap, les seules que possède le Département de l’Aude, n’ont donc point besoin du monopole, et ne tomberaient pas s’il était supprimé; aussi ne demandent-elles ni privilège ni encouragement(12).

[Translation]

   AUDE. The manufacture of woollen cloth at Carcasone, in the department of Aude, shipped forward 56,000 pieces of woollen cloth in an average year. The produce has fallen to be almost a quarter as much as it used, but it still exports. Therefore, the woollen manufactories, the only ones that the department of Aude has, have no need for monopoly, and they would not fall even if it were abolished. Thus, they do not demand privilege or encouragement(12).

Sunday 11 April 2010

Book 3, chapter 2, paragraph 25

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 185-186]

   CHER. Le Département du Cher n’a aucune manufacture importante, il paraît que plus qu’aucun autre il manque de capitaux. Les gens industrieux ont encore à lutter dans ce Département contre l’isolement résultant du mauvais état de toutes les communications tant par terre que par eau: ces obstacles ont fait tomber une manufacture de draps et une autre de toiles peintes, pour lesquelles on avait fait les plus grands sacrifices, jusqu’à encourager par une prime cette dernière fondée à Bourges en 1760. Il est digne de remarque que la manufacture de toiles peintes, qui est celle de toutes à laquelle la France a fait le plus de sacrifices, et qu’elle protège le plus, encore aujourd’hui, par ses douanes, n’a presque jamais pu profiter des faveurs qu’on accumulait sur elle. A Genève elle s’était constamment soutenue sans monopole, et n’a commencé à déchoir, que depuis que la réunion de cette ville à la France lui a fait partager les faveurs des douanes: tellement le commerce est rétif, et se refuse à être guidé par les lois. La manufacture de Bourges et Issoudun, pendant vingt-cinq ans qu’elle s’est maintenue, a reçu chaque année quinze mille francs du Gouvernement. L’on assure de plus que les actionnaires qui étaient très riches, se contentaient des profits les plus modiques; mais ce qui les ruinait, c’était les frais de transport, tant des toiles de coton sur lesquelles ils devaient imprimer, et qui leur venaient des ports de mer, que de ces mêmes toiles imprimées, qu’ils envoyaient aux foires de Beaucaire et de Guibray: tel est en général le sort des manufactures que fonde le Gouvernement, elles ont presque toujours à lutter contre des localités défavorables, tandis que les fabriques auxquelles la nature des choses et les besoins du commerce donnent naissance, ne s’établissent jamais que là où elles sont assurées d’un débouché(11).

[Translation]

   CHER. The department of Cher has no important manufacture, and it seems that no other department is shorter in capital. In this department, too, industrious men have to struggle against the isolation which results from the horrible state of all communications by land as well as by water. These obstacles have collapsed a wool mill and another manufactory of print, for which the greatest sacrifices had been made to encourage by a subsidy the latter which was founded in Bourges in 1760. It is noteworthy that the manufactory of print, to which France has made the most sacrifices of all and to which she gives the most protection of all with customs duties still today, was hardly able to gain from consideration extended to it. In Geneva, the manufacture of print was constantly maintained without monopoly, and did not degenerate until the annexation of this city to France made it share preferential tariffs. Thus trade is restive, and averse to being guided by laws. The manufactory in Bourges and Issoudun would receive 15,000 francs from the government every year for the twenty years that it was maintained. Besides, we are assured that shareholders who were extremely rich were content with the smallest profits. But what ruined them was the cost of transport of cotton cloth upon which they should print and which came from sea ports to them, as well as of the same print, which they carried to the fairs in Beaucaire and Guibray. Such is, in general, the fate of manufactures which the government founds, they almost always have to struggle against disadvantageous localities, while the manufactures to which the nature of things and the needs of commerce give birth are never established any where else than they must certainly find a market(11).

Saturday 10 April 2010

Book 3, chapter 2, paragraph 24

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 183-185]

   ORNE. Les produits du Département dé l’Orne sont aussi tombés au quart à peu près de ce qu’ils étaient avant la révolution. Ses manufactures travaillaient presque toutes autant pour l’étranger que pour l’intérieur, et pouvaient par conséquent soutenir la concurrence des autres nations. Celle de toile roulait sur un capital de quatre à cinq millions, elle est tombée de plus de moitié; celle du point de France et d’Alençon au lieu de faire pouf deux millions d’affaires, en fait à peine pour 200,000 liv. les tanneries sont réduites au sixième de ce qu’elles étaient avant la guerre, et le droit d’entrée sur les cuirs bruts, a rendu leur approvisionnement plus difficile; enfin la fabrique d’épingles qui maintenait 6000 ouvriers, pouvait avant la guerre soutenir la concurrence libre de l’Angleterre: aucune de ces manufactures n’est donc arrêtée sur son déclin par le monopole des douanes. Mais ce monopole en a fait naître deux, dont l’une est déjà tombée, et dont l’autre tombera sans doute avec lui. La première établie en 1772, et long-temps avant la révolution, à Alençon, fabriquait de fort beaux coutils, mais leur prix intrinsèque était tellement supérieur au prix relatif même forcé, que pour maintenir la manufacture, le Gouvernement fut obligé de lui donner une prime; dès que cette prime fut retirée, elle cessa ses travaux. La seconde est née en l’an IX; et au printemps de l’an X, elle doit avoir, dit-on, cent métiers en activité, et faire des basins et des piqués aussi beaux que ceux d’Angleterre, mais qui probablement ne reviendront peint au même prix. Comme les marchands ne sont point obligés d’étudier l’économie politique, les Gouvernements sont peut-être tenus de les dédommager, lorsqu’ils les ont encouragés à former des établissements de ce genre, qui doivent toujours être ruineux ou pour la nation ou pour les entrepreneurs. On voit au reste, que l’abolition du monopole n’aurait d’autre effet sur l’industrie du Département de l’Orne, que celui d’étouffer dans son berceau une seule fabrique qui doit dissiper son revenu, tandis que cette abolition rendrait la disposition du leur à tous les citoyens qui l’habitent(10).

[Translation]

   ORNE. The produce of the department of Orne has also fallen to almost a quarter as much as it used to be before the revolution. Manufactories there worked for foreign as well as for home markets, and could as a consequence survive the competition with other nations. The cloth manufacture was founded upon four to five million of capital, but it has fallen by half. The manufacture of lace of France and Alençon has 200,000 livres of transactions, while it used to have two million. The number of tanners is reduced to a sixth of that which it was before the war, and the tax on exported rawhides has made their supply more difficult. Finally, the manufacture of pins which maintained 6,000 labourers was able to stand free competition with the English counterpart before the war. Therefore, none of these manufactures is not kept from decline by the monopoly by means of customs duties. But this monopoly has given birth to two manufactories, one of which has already fallen, and the other of which will undoubtedly fall with it. The first, established at Alençon in 1772 long before the revolution, manufactured beautiful canvas, but its intrinsic price was so much higher than the same forced relative price that, in order to maintain the manufactory, the government might be obliged to subsidise it; as soon as this subsidy was abandoned, it ceased operation. The second was established in the year 9; and it is said that, in the spring of the year 10, it should have one hundred weaving looms in operation, and make brocade and piqué which are as beautiful as those of England, but which probably will not be so high in price. Since tradesmen are not obliged to study political economy, governments are probably supposed to compensate them, when they have encouraged tradesmen to form establishments of this sort, which should always be ruinous for the nation or entrepreneurs. Besides, we see that the abolition of the monopoly would have no other effect upon the industry of the department of Orne than to choke only a manufactory soon which should waste revenue, while this abolition would return the disposable revenue from them to all citizens living there(10).

Friday 9 April 2010

Book 3, chapter 2, paragraph 23

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 180-182]

   VAR. Les produits industriels du Département du Var paraissent être tombés au-dessous du quart de ce qu’ils étaient avant la révolution. Ce qui a contribué le plus à la chute des manufactures de Provence, n’est pas tant l’importation de matières ouvrées étrangères, que la non-importation de matières premières, et l’exportation de capitaux causée par la guerre civile. Les huiles d’Italie et du Levant n’arrivent plus aux savonneries(8), les cuirs en poil d’Espagne et de Russie manquent aux tanneries, et ceux qui leur parviennent sont chargés d’un droit d’entrée contraire à tous les systèmes d’économie politique. Le plomb d’Angleterre qui alimentait une fabrique de sel de Saturne, dont les produits valaient 400,000 francs, est également exclu par nos douanes; enfin le fer arrive à grands frais à ce Département du Nord de la France au lieu de lui arriver par mer de Suède et de Russie. Certainement voilà des maux très considérables qu’occasionnent les douanes au Département du Var. Le service qu’on leur demande leur est-il proportionné? Les Provençaux avant la révolution avaient une fabrique de draps grossiers, dont les paysans se contentaient pour leurs habits, aujourd’hui qu’ils ont acquis plus d’aisance, ils n’achètent que des velours de coton de Gênes; on propose de les dégoûter de ceux-ci en les surchargeant de gros droits, ce qui ranimerait la vente des draps grossiers. Plutôt que de priver tous les habitants du Var d’une jouissance, ne serait-il pas plus naturel que les entrepreneurs de la manufacture de laine la perfectionnassent, afin d’offrir aux consommateurs des habits meilleurs encore que ceux de coton; il est probable cependant qu’ils n’en feront rien, parce que le Var a été privé des trois quarts de ses capitaux mercantiles lors de l’émigration de Toulon, et qu’il ne pourrait en rendre aux ateliers de draps, sans les ôter à quelque industrie plus utile(9).

[Translation]

   VAR. The industrial produce of the department of Var seems to have fallen below a fourth of what that used to be before the revolution. What has contributed the most largely to the fall of manufactures in Provence is not so much importation of finished goods from abroad, as stopped importation of raw materials and exportation of capitals which has been caused by the civil war. Oil from Italy and Levant no longer arrives at soap manufacturers(8), rawhides from Spain and Russia are running short in the hands of tanners, and what rawhides reach them are charged with an import tax contrary to all systems of political economy. Lead from England which provided a manufactory of lead acetate, the produce of which amounted to 400,000 francs, is also excluded due to our customs. Finally, iron comes from the North of France to this department at a higher cost, instead of coming there via the sea of Sweden and Russia. Certainly, there are greatly substantial evils which are caused by customs duties of the department of Var. Does their avowed service compensate their evils? Provence had a manufactory of coarse woollen fabrics before the revolution, where peasants were content with their clothes, but now that they have come to live in more comfort, they only buy velvets of cotton from Genoa. It is proposed that we should discourage them from the velvets by charging the velvets with heavy taxes, a means which would animate the sales of coarse woollen fabrics. But would it not be more natural to let entrepreneurs of the woollen manufacture improve their produce to offer still better clothes than those of cotton to consumers, than to deprive all the habitants of Var of an enjoyment? It is probable, however, that they will not do so at all, because Var has been deprived of three fourths of its mercantile capitals at the time of the Emigration from Toulon, and that Var could not return capitals to woollen mills, without taking the capitals from more useful industry(9).

Thursday 8 April 2010

Book 3, chapter 2, paragraph 22

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 178-179]

   ILLE ET VILAINE. Les manufactures d’Ille et Vilaine ont été presque anéanties par la révolution, mais puisque avant cette époque elles travaillaient toutes pour l’étranger, et se maintenaient par conséquent sans monopole, on doit croire que dès que les capitaux qui leur sont nécessaires leur seront rendus, et dès que leurs anciens marchés ne leur seront plus fermés par la guerre, elles pourront renaître, et donner aux capitalistes un profit légitime, à la nation un vrai revenu. Les principales étaient celles de toiles à voile, à Rennes et lieux environnants, de toiles de St. George et emballage à Fougères, de toiles de laize à Vitré, enfin celles de fil de lin de Paimpont. Les fabricants Bretons, comme on voit, ne sont point protégés par la douane, quoique les consommateurs Bretons soient mis par elle à contribution(7).

[Translation]

   ILLE AND VILAINE. The manufactures in Ille and Vilaine have been almost annihilated by the revolution, but, since they worked entirely for foreigners and were maintained, consequently, without monopoly before this period, we must believe that, if needed capitals are returned to them, and their former markets are none the less closed to them by the war, they will soon revive and procure legitimate profit for capitalists and true revenue for the nation. The principal manufactures there were those of voile in Rennes and surrounding regions, of cloth for St. George and packaging in Fougères, of canvas in Vitré, and finally of linen in Paimpont. Manufacturers in Brittany, as you see, are not protected with customs duties, though consumers in Brittany are forced to pay them(7).

Wednesday 7 April 2010

Book 3, chapter 2, paragraph 21

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 177-178]

   La première est une fabrique de toiles de coton, établie à Rambervilliers, dont les produits valent année commune 40,000 fr., l’autre est une fabrique de siamoises, mouchoir, et toiles de coton, établie à Saint Dié, qui entretient cinquante métiers, et produit environ dix-sept cents pièces d’étoffe. Il paraît que les entrepreneurs avaient si mal calculé la proportion entre le prix relatif et le prix intrinsèque, que malgré que la douane leur assure le monopole de l’intérieur, ils sont encore ruinés par la concurrence que leur font en contrebande les fabricants allemands. Il est donc probable que s’ils étaient réduits à vendre au prix relatif libre, ils perdraient plus de dix pour cent sur leurs marchandises. Certes la nation serait bien malheureuse, si pour soutenir de ses deniers deux fabriques si peu importantes, elle devait imposer quinze ou vingt pour cent sur la consommation de tout citoyen français qui fait usage de toile de coton(6).

[Translation]

   The first is a manufactory of cotton cloth, established in Rambervillers, whose produce is 40,000 francs in value in an average year; the other is a manufactory of chintz, handkerchief, and cotton cloth, established in Saint-Dié, which maintains 50 weaving rooms and produces about 17,000 pieces of cloth. It seems that entrepreneurs had calculated the proportion between the relative price and intrinsic price so mistakenly, that, although customs assure them of monopoly of inland trade, they are nonetheless ruined by the competition in which German manufacturers are with them by smuggling. It is, therefore, probable that, if they were forced to sell their commodities at a free relative price, they would lose more than ten percent. Certainly, the nation would be extremely unhappy if, in order to support two manufactories of so little importance at her expense, she would have to impose 15 or 20 percent upon consumption of every French citizen who makes use of cotton cloth(6).

Tuesday 6 April 2010

Book 3, chapter 2, paragraph 20

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 176-177]

   VOSGES. Le Département des Vosges, lequel doit être aussi compté parmi les Départements manufacturiers, est du petit nombre de ceux qui réclament le maintien du monopole des douanes; quelques observations sur ses manufactures feront voir s’il leur est favorable. L’industrie des Vosges avait été principalement alimentée par la quantité de bois que produit cette contrée; de là l’établissement de 126 scieries, celui d’un nombre très considérable d’usines et de forges pour le fer, enfin celui de beaucoup de verreries et faïenceries. La douane n’offre aucun encouragement pour ces productions importantes, elle ne favorise pas davantage les papèteries, dont les produits sont tombés, de la valeur d’un million année commune, au-dessous de cinq cent mille francs. Mais deux fabriques nouvelles établies en dépit de la raison, qui défend de faire chèrement ce que l’on peut acheter bon marché, demandent qur l’on impose une contribution sur tous les consommateurs français, pour maintenir leur misérable industrie.

[Translation]

   VOSGES. The department of Vosges, which should also be counted among manufacturing departments, is one of a small number of those who demand the maintenance of monopoly by means of customs duties. Some observations upon its manufactures will show whether or not it is favourable to them. Industry in Vosges had been provided principally by the quantity of woods produced in this country: wherefrom the establishment of 126 sawmills, of a very large number of manufactories and furnaces for iron, and, finally, of many manufactories for glass and earthenware. No customs duty does offer any encouragement to these important manufactories, let alone paper mills, whose produce has fallen from a million to less than 500,000 francs in value in an average year. But two newly established manufactories, though it stands reason that we must prohibit making what can be purchased at a low price dear, demand that we should impose a tax upon all French consumers to maintain their miserable industry.

Monday 5 April 2010

Book 3, chapter 2, paragraph 19

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 176]

   Les autres manufactures de Sambre et Meuse sont très peu importantes, aucune ne paraît avoir de relation avec les douanes.

[Translation]

   The other manufactures in Sambre and Meuse are hardly important, and none of them seems to have anything to do with the customs.

Sunday 4 April 2010

Book 3, chapter 2, paragraph 18

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 175-176]

   Enfin le Département de Sambre et Meuse faisait un immense commerce sur les cuirs des îles Espagnoles et Portugaises, dont il importait pour la valeur de 1,134,000 liv. De 42,000 pièces de cuir qu’il confectionnait, il en envoyait les deux cinquièmes à l’étranger, et la reste en France. Aujourd’hui on ne travaille plus dans ce Département que sur 12,000 pièces, et on n’en envoie plus qu’un cinquième à l’étranger(5). Comme la douane perçoit des droits, bien que légers, tant sur l’entrée que sur la sortie des cuirs, elle nuit à ce commerce, et n’a pas même la prétention de le favoriser.

[Translation]

   Finally, the department of Sambre and Meuse carried on immense trade upon leather of the Spanish and Portuguese islands, from which it imported 1,134,000 livres in value. Of 42,000 pieces of leather it manufactured, it sent two fifths abroad, and the rest to France. Today, this department produces no more than 12,000 pieces, and send no more than a fifth abroad(5). Since the customs collected taxes, if not heavy, upon entry as well as exit of leather, it obstructs this trade, and does not claim even to promote it.

Saturday 3 April 2010

Book 3, chapter 2, paragraph 17

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 175]

   Le même Département contient cinq fonderies de laiton, qui travaillent sur du cuivre rosette de Drontheim, et de la calamine de Limbourg, Département de l’Ourthe; plus d’un cinquième de ce cuivre manufacturé est exporté à l’étranger. J’ai peine à comprendre comment ce commerce, dont les profits ont fort diminué, et qui est réduit d’un cinquième, environ(4), n’est pas absolument anéanti par la douane, qui perçoit des droits tant sur l’entrée que sur la sortie des cuivres.

[Translation]

   The same department has five refineries of brass, which work upon copper rosette from Trondheim and calamine from Limburg, in the department of Ourthe; over a fifth of this manufactured capper is exported abroad. It is difficult for me to understand how this trade, whose profits have declined substantially, and which is reduced by about a fifth(4), is not completely annihilated due to the customs which collects taxes on entry as well as on exit of capper.

Friday 2 April 2010

Book 3, chapter 2, paragraph 16

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 174-175]

   La coutellerie de Namur trouvait autrefois un vaste débouché en Hollande, mais une défense du Gouvernement Batave d’importer les marchandises des fabriques françaises, en représailles des mesures qu’a prises à son égard le Gouvernement français(3), a ruiné ce commerce. C’est ainsi que la législation des douanes réussit à protéger les manufactures.

[Translation]

   The cutlery of Namur once found a vast market in Holland, but a prohibition by the Batavian government against importing commodities of French make, in revenge for measures taken by the French government in its respect(3), ruined this trade. Thus, the legislation of customs duties is successful in protecting manufactories.

Thursday 1 April 2010

Book 3, chapter 2, paragraph 15

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 172-174]

   SAMBRE et MEUSE. Le Département de Sambre et Meuse étant situé comme celui de l’Ourthe en dehors des anciennes limites de la France, a vu comme lui ses manufactures se former et fleurir sans avoir besoin de la protection des douanes françaises; elles ne sont pas à la vérité très multipliées. Les deux principales ont pour objet la préparation des métaux et celle des cuirs. La valeur des exportations du Département en fer travaillé, au dehors du territoire de la République, était en 1790 de 835,000 liv., et s’élève encore aujourd’hui à 520000. c’est-à-dire au cinquième environ du produit des mines. Comme les fers supérieurs en qualité, de Suède et d’Allemagne, pouvaient arriver jusque dans les Pays-Bas, presque sans frais de port, en servant de lest aux vaisseaux, les propriétaires des forges avaient obtenu du Gouvernement Autrichien, qu’il frappât ces fers d’un droit de trois francs le quintal à leur entrée dans le Comté de Namur, et l’auteur de la statistique du Département(2) demande que ce droit soit maintenu ou même augmenté. De quelle utilité cependant pouvait-il être au Comté de Namur, qui étranger à la France en 1790, lui vendait pour 2,782,000 francs de ses fers, malgré la concurrence des Suédois et des Allemands, qui n’étaient ni plus mal ni mieux traités que les Namurois: ces derniers vendaient à la même époque pour 855000 francs de fer aux autres nations étrangères, dans les marchés desquelles ils avaient à soutenir la même concurrence. Réfléchit-on qu’en excluant de France des fers reconnus meilleurs, et en permettant aux maîtres de forges de Sambre et Meuse d’élever leurs profits et leurs prix, on tend à renchérir tons les instruments des arts et de l’agriculture, qui sont pour la plupart de fer, ou à détériorer leur qualité: renchérir le fer et les outils, n’est-ce pas conjurer contre l’industrie française?

[Translation]

   SAMBRE AND MEUSE. The department of Sambre and Meuse, situated beyond the former boundaries of France like that of Ourthe, saw manufactories founded and prosperous with no need for protection with French customs duties; in fact, they are not larger in number. Two principal manufactories aim respectively at preparation of metals and of leather. The value of exported wrought iron from the department beyond the borders of the Republic was 835,000 livres in 1790 and still today amounts to 520,000, namely to about a fifth of the produce of mines. Since high-quality iron from Sweden and Germany could serve as ballast for vessels and arrive up to the Low Counties with carriage free, owners of iron works had had the Austrian government impose three francs a quintal upon this iron on entry into the county of Namur, and the author of the statistics of the department(2) demand that this tax should be maintained or even increased. Of what use, however, can it be to the county of Namur, which, not belonging to France in 1790, sold 2,782,000 francs of iron to France in spite of competition with Sweden and Germany, whose produce was not worse or better treated than that of Namur? In the same period, Namur sold 835,000 francs of iron to other foreign countries, in whose markets the manufactures of Namur had to stand the same competition. Are people aware that the exclusion of higher evaluated iron from France, and the permission of the masters of iron works in Sambre and Meuse to raise their profits and prices, tend to raise the price of all instruments, which are of iron for the most part, for arts and agriculture, or to deteriorate their quality? Is not a rise in price of iron and tools a conspiracy against the French industry?