Monday 23 November 2009

Book 2, chapter 5, paragraph 14

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 46-47]

   Mais quand une marchandise consommable est chargée d’un impôt, ce n’est pas au fisc seul que le consommateur le paye. Le prix relatif de la marchandise doit se régler d’après son prix accidentel; or, pour évaluer celui-ci, ce n’est pas toujours l’impôt qu’il faut ajouter au prix intrinsèque, c’est souvent aussi uniquement l’assurance du contrebandier; car toute la marchandise taxée qui se vend n’a pas payé l’impôt; soit qu’elle ait été produite ou seulement introduite en fraude, ce n’est pas le fisc mais le contrebandier qui perçoit l’accident, tandis que c’est toujours le consommateur qui le paye. Le tarif des douanes est bien aussi favorable au contrebandier qu’au trésor public, et il lève en faveur du premier un impôt souvent décuple de celui qui est payé au dernier. L’expérience devrait avoir appris depuis long-temps aux Gouvernements, qu’aucune loi, quelque rigoureuse qu’elle soit, ne pourra jamais empêcher la contrebande, lorsque celle-ci sera profitable, c’est-à-dire lorsque la différence entre le prix intrinsèque d’une marchandise entrée en fraude, et le prix accidentel de la même marchandise qui aura payé les droits sera plus que suffisante pour couvrir tous les frais qu’occasionne la fraude, et le risque des saisies, selon le taux ordinaire des assurances, ou d’après un calcul de probabilités, en laissant encore un profit au négociant. Celui-ci ne fait point par lui-même la contrebande, il s’adresse à un assureur, qui par un contrat d’achat simulé, se charge de la marchandise en dehors des frontières, la fait entrer à ses frais, et la rend à son propriétaire à titre de vente, avec un accroissement de prix proportionné à sa valeur, qui est ordinairement de 10 pour cent.

[Translation]

   But, when a tax is levied upon a consumable commodity, it is not only to the treasury that the consumer pays it. The relative price of the commodity should be regulated according to its incidental price. But for the purpose of determining this price, it is not always the tax but often particularly the guarantee for smuggling that one need to add to the intrinsic price, because every taxed commodity for sale has not paid the tax. Whether it has been illegally produced or illegally imported, it is not the treasury but the smuggler that receives the incident, while it is always the consumer that pays it. The tariff of customs is as favourable to the smuggler as to the public treasury, and it raises a tax, in favour of the former, often to be ten times as high as that paid to the latter. The experience would certainly have taught the government for a long time, that no law, however rigorous, can prohibit smuggling when it is profitable: namely when the difference between the intrinsic price of a commodity illegally imported and the incidental price of the same commodity that has paid the taxes is more than sufficient for covering all the costs caused by the injustice, and the risk of confiscation, according to the ordinary rate of guarantee or to a calculation of probabilities, moreover leaving a profit to the merchant. This merchant does not do the smuggling for himself; he refers to a guarantor, who by disguised contract of purchase charges himself with the commodity beyond the borders, brings it home at his cost, and delivers it to its owner under the pretext of sale, with an increase of prices proportional to its value, which is ordinarily of 10 percent.