Wednesday 15 April 2009

Book 1, chapter 5, paragraphs 29-30

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 148-52]

   Les deux pays propriétaires de mines, l’Espagne et le Portugal, ont défendu la sortie du numéraire; leur prohibition l’a rendue difficile et coûteuse, mais ne l’empêche pas. Ces pays sont comme un étang qu’un ruisseau traverse, en élevant l’écluse par-dessus laquelle le ruisseau doit ressortir, on élève l’eau sur toute la superficie de l’étang; mais cela fait, on n’empêche pas qu’il n’en ressorte autant qu’il en entre. De même en Espagne, on auroit [aurait] exporté le numéraire dès qu’il y auroit [aurait] eu demi pour cent à gagner, s’il n’y avoit [avait] point eu de prohibition, tandis qu’on ne l’exporte que lorsque le profit surpasse deux ou trois pour cent qu’il faut pour payer la contrebande. La prohibition a donc l’effet de retenir le cinquantième ou tout au plus lé trente-deuxième du numéraire de plus en Espagne qu’il n’y en auroit [aurait] en la supprimant, et elle opère par conséquent de telle sorte que cent trois écus en Espagne ne valent pas plus que cent écus en France; d’où il résulte que toutes les marchandises et tous les travaux s’y payent en numéraire plus cher de trois pour cent que partout ailleurs. Ce n’étoit [était] pas la peiné de couvrir ses frontières de contrebandiers, et de multiplier à l’infini les crimes et les chàtimen[t]s, pour produire un effet si peu désirable; car il résulte de cette disproportion une perte de trois pour cent sur toute vente de numéraire que l’Espagne fait à l’étranger, ou sur tout achat de marchandises qu’elle fait de lui contre argent (5).
   Les métaux qui arrivent chaque année en Espagne et en Portugal doivent se distribuer sur tout le reste du globe par le canal des Peuples qui ont le plus de relations commerciales avec ces deux là. En effet, la plus grande partie de l’or du Portugal passe en Angleterre, et de l’argent d’Espagne passe en France, et comme l’on a constamment regardé dans ces derniers pays l’entrée du numéraire comme plus avantageuse que sa sortie pour se répandre dans le reste du monde, la première a été enregistrée et publiée avec ostentation, la seconde s’est presque toujours faite en secret. Cette première source d’erreurs a été grossie encore de toutes celles qui ainsi que nous lu verrons bientôt sont attachées au calcul de la balance du commerce, et l’Angleterre ainsi que la France ont cru recevoir beaucoup plus de numéraire qu’elles n’en exportoient [exportaient]. Cette supposition paroissoit [paraissait] justifiée par la prodigieuse activité des Hôtels des monnoies [monnaies] en France, lesquels d’après les calculs de Mr. Necker, battoient [battaient] annuellement de quarante-cinq à cinquante millions d’espèces (6).

[Translation]

   The two countries owning mines, Spain and Portugal, have prohibited outflow of specie. Their prohibition has made it difficult and costly, but does not prevent it. These countries are like a pond through which a stream goes, where, with a floodgate lifted beyond which the stream should pass, the entire surface of the water rises. Nonetheless no one prevents it from flowing out as long as it flows in. Likewise, the Spaniard would export specie as soon as they could gain 0.5% were it not for the prohibition, while they do not export it until the profit come to be over 2 or 3%, which is necessary to pay for the contraband. The prohibition therefore had the effect of retaining a 50th or at best a 32nd more of specie in Spain than the Spaniard would have by repealing it, and is consequently at such work that 103 ecus in Spain is of no more value than 100 ecus in France. From this it follows that all kinds of commodities and labour are more expensive in specie by 3% there than almost anywhere else. You do not need to pile up the contraband onto the borders and to infinitely multiply crimes and punishments, in order to produce such an undesirable effect. It is because this disproportion results in a loss of 3%, every time the Spaniard make a sale of specie to foreign countries, or ever time they make a purchase payable in silver from foreign countries (5).
   The metals which arrive in Spain and Portugal every year should be distributed all over the rest of the world via nations who are most closely related to these two nations in terms of commerce. Indeed, the largest part of Portugese gold passes to England, and that of Spanish silver passes to France. Since the entrance of specie into England and France has been regarded as more advantageous than its exit from them for distribution over the rest of the world, the former has been recorded and published with ostentation, and the latter has almost always been hidden. This most significant source of errors has been still enlarged, of all those which, as we will see below, are attached to calculation of the balance of trade, and both England and France have assumed that they has been receiving much more specie than exporting. This assumption seemed justified by that miraculous activity of the Mint in France, which according to the calculations of Mr Necker annually produced 45 to 50 millions coins (6).