Wednesday 21 October 2009

Book 2, chapter 4, paragraph 15

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 16-22]

   Le travail de tout ouvrier productif donne comme nous l’avons vu un excédant au delà du salaire nécessaire qui l’a mis en mouvement; cet excédant existe dès le moment où l’homme commençant à faire des échanges s’est livré tout entier au travail, il s’accroit lorsque la division des métiers permet à l’ouvrier de perfectionner sa pratique et ses outils; il s’accroît encore lorsqu’un travail fixé sur la terré rappelle à aider les ouvriers dans les âges à venir, il s’accroît de nouveau, lorsque des machines construites par l’homme, aident le travail des autres hommes, et suppléent à leur force, et à leur dextérité; il s’accroît enfin lorsque le commerce fournit à l’ouvrier, avec plus de facilité et en plus grande abondance, ses matières premières et sa nourriture, en multipliant ses moyens et son capital circulant. Pour nous former une idée de l’augmentation prodigieuse de cet excédant du travail de l’ouvrier par de-là son salaire nécessaire, il faut comparer les choses que nous destinons à nos usages, avec le travail qu’il nous faudrait pour les créer, si replacés dans l’état sauvage, nous étions privés de tous les secours que notre civilisation donne à l’industrie. Sur cet excédant, de beaucoup la plus grande partie va à l’avantage du consommateur, qui obtient les choses dont il a besoin, en échange de bien moins de travail qu’il ne lui en faudrait pour les faire; une partie que nous avons nommée salaire superflu, reste à l’ouvrier, et forme son revenu; une autre reste à l’entrepreneur qui a mis l’ouvrier en mouvement, et forme son profit; souvent il la partage avec quelqu’un qui lui a avancé son capital, et auquel il paye un intérêt; une partie passe au propriétaire des bâtiments, des usines, des machines, des outils, et paye le salaire de ces ouvriers inanimés quoiqu’agissants; nous l’avons appelée rente des capitaux fixes; enfin une dernière parvient au propriétaire des terres, en payement du travail de la nature, et c’est la rente foncière; cette rente n’est donc point le seul résultat net que produise le travail, elle n’en est pas même la principale partie; en sorte que la distinction entre les ouvriers qui travaillent à la terre, et tous les autres ouvriers productifs, qui réalisent sur une matière susceptible d’être échangée la valeur de leur travail, n’est pas seulement inutile, elle est complètement fausse, puisqu’il doit résulter d’une libre concurrence entre les ouvriers, que la supériorité de cette valeur échangeable sur le travail, se retrouve dans toutes les professions, en proportion du travail précédemment accumulé qui leur donne de l’activité. Les propriétaires fonciers ne possèdent donc point seuls les revenus nationaux, ils ne stipendient point tous les autres citoyens, mais ils ne font que lever leur part dans ce surplus de la production sur le travail, qui forme le revenu de toute la nation.

[Translation]

   Labour of any productive labourer gives, as we have seen, a surplus beyond necessary wages which have set him in motion. This surplus comes to being as soon as the man begins to make exchanges and has devoted himself to the labour, and it increases as the division of labour permits the labourer to improve his practice and tools. It increases also as the labour fixed on land lets him to help labourers in the future generation. It increases, moreover, as machines constructed by the man help the labour of the other man, and supplement their force and dexterity. It increases, finally, as the commerce provides the labourer with raw materials and provisions with more ease and in more abundance, by increasing his tools and his circulating capital. The purpose of having an idea of surprising increase of this surplus of labour of the labourer beyond his necessary wages, requires us to compare the things we destine for our use, to the labour we would need to create it if we were placed again in the savage state and were deprived of all the security that our civilisation give to the industry. By far the most part of this surplus goes to the advantage of the consumer, who obtains the things he wants in exchange for far less labour than needed to create them. Part of what we have called in the name of surplus wages remains in the labourer’s hand, and forms his revenue. Another part remains in the hand of the entrepreneur who has employed the labourer, and forms his profit. Often he shares it with those who have advanced him his capital and to whom he pays some interest. Still another part passes to the owner of buildings, mills, machines, tools, and pays the wages of these unanimated, if not inactive, labourers, which we have called rent of fixed capital. Finally, the last part reaches the landlord, paying for the labour of nature, and this is land rent. Therefore, this rent is not the only net effect produced by labour, or even the principal part. Accordingly, the distinction between the labourers who work on land and all the other productive labourers, who realise the value of their labour in a material susceptible to exchange, is not only useless, but completely erroneous. The reason is that free competition among labourers should result in the superiority of this exchangeable value to the labour, found in all professions in proportion to previously accumulated labour which gives them some activity. The landlord is, therefore, not the only one who possesses the national revenue and employs all other citizens, but he does nothing but collect his share in this surplus of the production over the labour, which forms the revenue of the whole nation.