Sunday 31 October 2010

Book 3, chapter 7, paragraph 19

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 346-348]

   Sans doute lors de leur fondation, les Colonies furent destinées comme des fermes, à produire et consommer; c’est le but général de la société humaine. Il serait fort heureux qu’elle pût en tous lieux ne suivre que celui-là, c’est-à-dire s’élever par le travail à l’aisance, aussi bien qu’au développement des facultés intellectuelles que cette aisance occasionne d’ordinaire. Si toutes les nations convenaient entr’elles comme le voudrait de Pradt, de ne jamais détourner les Colonies de ce but, il n’est pas douteux que notre Europe ne profitât indirectement de leur bonheur: mais c’est aussi attendre trop de philosophie et de renoncement à soi-même, tant de la part de nos Gouvernements, que de celle de nos concitoyens, que de leur demander de faire une Utopie pour les antres, et de se placer en dehors. Il est dans la nature des choses que les hommes dans les Colonies tout comme ailleurs, forment des nations, ou des parties de nations, qu’ils soient appelés par l’inconséquence des Gouvernements et par les vices attachés à toutes les humaines, à des dissensions intestines, à des guerres extérieures, enfin à toutes ces causes de désordre, qui engagent en tous lieux les hommes à détruire d’une main les richesses qu’ils accumulent de l’autre, à faire périr une population, que leurs penchants les appellent à multiplier.

[Translation]

   No doubt, at the earliest time of the colonies, they were intended, like farms, for production and consumption. This is the general aim of the human society. It would be impeccably desirable that it can everywhere pursue this aim alone, that is to say, more comfort by means of labour, and higher intellectual faculties that generally follow that comfort. If all the nations consented, as de Pradt would like, not to divert the colonies from this aim, there is no doubt that our Europe would benefit at second hand from their well-being. But we might as well expect thus much of philosophy and self-effacement from both our government and our fellow-countrymen, as demand them to make a Utopia for the rest and to keep off it. According to the nature of things, men in the colonies as well as everywhere else form nations or parts of nations, and may be called on, due to the aimlessness of the governments and to the vice attached to all human things, for civil disturbances, foreign wars, and, finally, all those causes of disorder which everywhere lead men to destroy the wealth on the one hand which they accumulate on the other hand, and to diminish a population which their propensity calls on them to multiply.

Saturday 30 October 2010

Book 3, chapter 7, paragraph 18

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 346]

   Quoique les principes que nous venons d’exposer soient conformes à bien des égards à ceux qu’a développé M. de Pradt dans ses trois âges des Colonies; quoique nous ne regardions pas leur émancipation comme un malheur, parce que nous ne regardons pas non plus l’étendue de l’Empire, ni même la supériorité de sa puissance militaire, comme un bonheur; nous ne croyons point comme lui que leur séparation soit nécessaire, nous pensons même que tout bon Gouvernement peut l’éloigner indéfiniment, en ne les considérant plus comme des fermes destinées à produire, mais comme des Provinces égalés en droit à toutes les antres, et dont les accroissements, la richesse et la population, ne doivent pas moins l’intéresser que ceux d’aucune autre partie de la nation.

[Translation]

   True, the principles that we have expounded may conform in many ways to those developed by Mr de Pradt in his Trois Âges des Colonies. In fact, we may not regard their emancipation as undesirable, as we may not regard the enlargement of the Empire or the superiority of her military powers as desirable. Yet we do not believe with him that their separation is necessary; we think that any good government can put off that emancipation indefinitely, no longer considering the colonies as farms devoted to production, but provinces which are equal in right to all others, and whose growth, wealth and population must no less interest the government than those of any other part of the nation.

Friday 29 October 2010

Book 3, chapter 7, paragraph 17

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 344-346]

   Aussi long-temps que la métropole en gouvernant ses colonies, ne sacrifiera point leur avantage au sien propre, mais considérera ces deux intérêts comme indivisibles, elle pourra compter sur leur fidélité, autant que sur celle d’aucune province de son Empire. Dans les Départements réunis à la République, plusieurs citoyens doivent avoir encore le cœur Belge, Allemand, Savoyard; mais dans les colonies, tous ont sans doute le cœur Français; l’attachement au pays d’où ils sont sortis, s’allie à leurs souvenirs, à leurs goûts, à leurs mœurs, à leur vanité. Les Canadiens, passés sous une domination étrangère, se sont rappelés qu’ils étaient Français, plus long-temps que les Alsaciens ne se sont rappelés qu’ils étaient Allemands. Tous les colons sortis de l’Europe, et les Anglo-Américains eux-mêmes, ont montré quelle était la force de cet attachement, se soumettant pendant si long-temps au monopole injuste qu’il avait plu à leur mère patrie de leur imposer; mais il y a un point auquel la patience des hommes se lasse, et si les Gouvernements de l’Europe ne profitent pas de cette première expérience, s’ils ne considèrent pas leurs concitoyens d’au delà des mers, comme égaux en droits à ceux de notre continent, s’ils continuent à les sacrifier à l’avidité de quelques commerçons, au détriment des colonies et du commerce lui-même, le jour viendra où ils secoueront tous un joug qu’on ne pourrait leur faire porter malgré eux.

[Translation]

   As long as the home country, in governing her colonies, does not sacrifice their advantage for her own advantage, but considers these two interests as indivisible, she will be allowed to rely as much upon their loyalty as that of any province of her Empire. Certainly, in the departments annexed to the Republics, several citizens still have a Belgian, German, or Savoyan mentality, but, in the colonies, every one undoubtedly has a French mentality. An attachment to the country that settlers have left is associated with their memories, tastes, manners, and vanity. The Canadians, having lived under foreign rule, remembered that they were French for a longer time than the Alsatians remembered that they were German. All the settlers from Europe, and the Anglo-Americans themselves, showed how obstinate this attachment is, by obeying for a long time the unjust monopoly that their home country liked to impose upon them. However, there is a point where we have run out of patience. If the governments in Europe do not benefit from this early experience, if they do not consider their fellow-countrymen living overseas as equal in rights to those living on our continent, and if they continue to sacrifice them for avarice of several merchants, to the detriment of the colonies and trade itself, then the day will come when they will shake off the restraints which could not be imposed upon them against their will.

Thursday 28 October 2010

Book 3, chapter 7, paragraph 16

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 344]

   Mais quoiqu’il fût peut-être imprudent de multiplier sans nécessité ses frontières, et d’acquérir de nouveaux voisins dans le golfe du Mexique, dans le continent Septentrional de l’Amérique, dans la Guyane, sur les côtes d’Afrique, et dans l’Inde; une fois que nous nous sommes exposés à trouver dans ces parages de nouveaux ennemis, nous devons nous mettre en devoir de leur y opposer une résistance égale ou supérieure à l’action qu’ils peuvent exercer sur nous: les richesses des colonies et leurs forces doivent compenser pour la métropole, les nouvelles guerres, auxquelles, leur situation l’exposé, et l’augmentation de difficulté pour les défendre qui résulte de l’étendue de leurs frontières.

[Translation]

   Though it may have been be imprudent to extend her frontiers unnecessarily, and to acquire new territories around the Gulf of Mexico, in South America, in Guinea, along the Coasts of Africa, and in India, yet, once we have run a risk of finding new enemies in those areas, we should bind ourselves to oppose them there with as much, or more, reaction as the action with which they can oppose us. For the home country, the wealth and power of colonies must compensate the new wars to which their situation exposes her, and the increased difficulty in defence which results from the extension of their frontiers.

Wednesday 27 October 2010

Book 3, chapter 7, paragraph 15

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 342-344]

   On peut considérer les forces d’une nation dans la balance politique, et vis-à-vis des autres Peuples, comme résultant de la proportion entre sa population multipliée par ses richesses, et l’étendue de ses frontières. Pendant la paix, ses occasions de brouillerie et de discussion avec d’autres nations sont en raison de ses points de contact avec elles; pendant la guerre, la difficulté de se défendre est de même pour elle en raison de ses points de contact. Quoique cette règle soit susceptible d’un millier de modifications, il me semble qu’elle servira à faire comprendre, par exemple, comment une nation dont la richesse ni la population ne seraient point accrues, se trouvaient affaiblie, si on la transportait dans un pays deux fois plus étendu que celui qu’elle occupé actuellement. Si une seule nation de l’Europe s’était épuisée d’hommes et d’argent pour envoyer une Colonie au delà des mers, elle se serait trouvée affaiblie vis-à-vis des nations ses voisinés, tandis que ses Colons n’ayant probablement que des forces justement suffisantes pour se maintenir contre leurs nouveaux voisins ne pourraient lui être d’aucun secours. La fondation des Colonies d’Amérique, dut donc affaiblir momentanément toutes les nations de l’Europe, et celles qui en fondèrent le plus, durent se trouver plus affaiblies que les autres, c’est ainsi qu’on a souvent attribué l’épuisement de l’Espagne, à la conquête du Mexique et du Pérou.

[Translation]

   We may regard powers of a nation in the political balance and vis-à-vis to other peoples as resulting from the proportion between her population increased due to her wealth and the extension of her frontiers. In peacetime, her frequency to quarrel and dispute with other nations is in proportion to the number of her points of contact with them; during the war, the difficulty in defence is also in proportion to the number of her points of contact. Though this rule may be subject to many modifications, it seems to me that it will help to understand, for example, how a nation whose wealth or population does not grow would begin declining were she transplanted into a country twice as large as that which she occupies currently. If a nation in Europe had lacked for men and money to send a colony abroad, she would become weakened among her neighbouring nations, while the settlers, barely powerful enough to subsist in opposition to their new neighbours, could be of no service to the nation. The foundation of colonies in America must, therefore, have weakened all nations of Europe temporarily, and the nation who founded the most colonies must have gone weaker than any other nations. Thus, we have often attributed the exhaustion of the Spaniards to their conquest of Mexico and Peru.

Tuesday 26 October 2010

Book 3, chapter 7, paragraph 14

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 340-341]

   Nos colonies au delà des mers diffèrent des unes et des autres: il n’y avait point en Europe un excès de population qui nécessitât la sortie des essaims qui ont traversé l’Atlantique: on n’a jamais songé à s’assurer par leur moyen de l’obéissance des Peuples au milieu desquels ils se sont établis, mais plutôt à les chasser et à les remplacer; on n’a point vu enfin dans cet établissement, une augmentation de forces, mais une augmentation de richesses; en sorte que les colonies des Grecs sont nées de la nécessité, celles des Romains de l’ambition, et les nôtres de l’avarice (3).

[Translation]

    Our overseas colonies are different from both those of the Greeks and of the Romans. Europe was then going through no excess of population, which would of necessity have led to a massive emigration across the Atlantic Ocean. Nor did we intend, by means of the colonies, to secure obedience of the peoples among whom the colonies were established, but to roust and replace them. Finally, we did not aim at a rise in power but in wealth in this establishment. In conclusion, the Greek colonies are the child of necessity, the Roman of ambition, and ours of avarice (3).

Monday 25 October 2010

Book 3, chapter 7, paragraph 13

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 340]

   Les colonies des Romains n’étaient point du même genre; c’étaient des garnisons qu’ils établissaient d’une manière permanente, après leurs conquêtes, au milieu des Peuples soumis, pour s’assurer de la continuation de leur obéissance, et les incorporer pour toujours à leur vaste Empire: dans leur fondation ils se proposaient un avantage particulier pour les colons, et une augmentation de force pour l’Etat.

[Translation]

   The same is not true of the colonies of the Romans. They were garrisons that they established in a permanent way among defeated peoples after their conquests, to ensure the continuation of their obedience, and to incorporate them into the vast Roman Empire for ever. In foundation of the colonies, the Romans aimed at an individual advantage for settlers and at a rise in power for the state.

Sunday 24 October 2010

Book 3, chapter 7, paragraph 12

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 340]

   Les Grecs envoyaient assez fréquemment des colonies, occuper des déserts; mais c’était lorsqu’un excès de population dans la mère patrie, exigeait qu’elle se déchargeât d’une partie de ses enfants: des liens de parenté étaient censés unir les deux nations, elles s’assistaient réciproquement, mais n’étaient point dépendantes l’une de l’autre. Un avantage mutuel avait présidé à la naissance de ces colonies, ceux qui restaient dans le pays demeuraient plus à leur aise, ceux qui partaient, trouvaient dans leurs nouveaux établissements plus de facilité pour vivre.

[Translation]

   The Greeks, frequently enough, sent colonies for occupying deserts. But they did so when an excess of population in the home country demanded that it should be discharged from a part of its children. The identity of ancestry was regarded as unifying the two nations, and they assisted each other reciprocally, but did not depend upon each other. A mutual advantage had given birth to these colonies; those who remained in the home country live in less distress, while those who went out found ways to live with more ease in their new settlements.

Saturday 23 October 2010

Book 3, chapter 7, paragraph 11

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 339]

   Lors même que l’on ne pourrait confondre la prospérité de la Colonie, avec celle de la mère patrie, le Gouvernement de celle-ci devrait considérer avec une vive satisfaction, le bonheur qu’il aurait procuré à une partie de ses enfants. Mais l’accroissement de cette prospérité doit lui tenir encore plus à cœur, si elle tourne réellement comme je le crois à l’avantage de la mère patrie. En effet, bien qu’on puisse douter s’il convenait aux nations de l’Europe de fonder des Colonies, une fois qu’elles sont fondées, il semble indubitable qu’il leur importe de les faire fleurir.

[Translation]

   Even if we could not confuse the prosperity of the colony with that of the home country, the government of the latter must regard the happiness that it would have procured for a country of her children as heartily satisfactory. However, the growth of the prosperity of the colony must attract the attention of the government much more, if this prosperity really, as I believe, turns to the advantage of the home country. In fact, though we can doubt whether it is adequate for the nations of Europe to found colonies, there seems no doubt that it is important for them to make the colonies flourish once they have founded the colonies.

Friday 22 October 2010

Book 3, chapter 7, paragraph 10

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 336-339]

   Mais les Européens ont payé chèrement les connaissances qu’ils ont acquises; ils les ont dues à leurs richesses, et celles-ci en produisant le luxe, ont bientôt amené à leur suite, les vices, la mollesse, et l’oisiveté; en sorte que chez les nations dès long-temps civilisées, si un seul artisan peut faire aisément dix fois plus d’ouvrage qu’il n’aurait pu faire avant leur civilisation; d’autre part la moitié ou les trois quarts des hommes se reposent, ou font un ouvrage qui n’est nullement profitable à la société. Les Colons partis en cherche de fortune, ont tous porté dans leur nouvelle patrie le désir du travail: là trouvant ce qu’on ne rencontre jamais en Europe, de terres qu’il leur suffisait de cultiver pour en acquérir la propriété; ils se sont presque tous voués à l’agriculture, parce qu’affranchis de la rente, et obtenant gratuitement le travail de la nature, qui accroissait les forces productives du leur, ils ne pouvaient exercer leur industrie d’une manière plus profitable. Le travail des champs a produit sur leur caractère l’effet qu’il produit en tous lieux; l’agriculture les a ramenés aux mœurs des nations naissantes, elle a banni le luxe, et les vices qu’il entraîne à sa suite; en isolant l’homme, en lui faisant trouver ses ressources en lui-même, elle l’a rappelé au sentiment de sa liberté et de son indépendance, et elle a déployé dans son caractère cette énergie qui n’appartient qu’aux hommes libres; en lui présentant les jouissances pures de la nature, elle lui a fait perdre le désir des faux plaisirs, qu’engendre la mollesse; enfin elle a donné pour caractère distinctif aux nations naissantes des Colonies, l’amour du travail, et la tempérance mère de la vigueur; en sorte que celles-ci contiennent, comme les Peuples dans leur enfance, un très grand nombre d’ouvriers productifs proportionnellement à leur population totale, et que comme il arrive chez les seules nations qui depuis long-temps, se sont perfectionnées dans les arts, la valeur du produit du travail de ces ouvriers, est fort grande, proportionnellement au salaire nécessaire qui les met en mouvement: d’où il résulte que le revenu des Colonies, tant en salaire superflu qu’en profit et rente, est fort supérieur à celui de toute nation composée d’un nombre égal d’individus, et dont le capital monterait à la même somme; et que leur consommation ou leur dépense est beaucoup moindre, à cause de la frugalité qui fit toujours le caractère distinctif des gens industrieux. Les revenus des Colons surpassant donc de beaucoup leurs dépenses, ils doivent s’enrichir rapidement, et la prospérité de leur nouvelle patrie, doit suivre avec célérité une progression croissante (2).

[Translation]

   However, the Europeans have paid a high price for the knowledge that they have acquired. They owed it to their wealth, and the wealth caused luxury, and, thereafter, brought vice, laxity, and indolence. As a consequence, in countries where nations have been civilised for a long time, while one artisan can easily produce ten times as much as he could have before their civilisation, a half of or three fourths of men remain at rest, or produce what is not useful at all to society. The settlers emigrating in search of fortune carried the desire for labour into their new country. Finding there what is not found in Europe, that is, regions of land where cultivation was sufficient to possess them, the settlers were almost devoted to agriculture, because, escaping from rent, and using the labour of nature, free of charge, which increased their productive powers, they could not exert their industry in a more profitable way. Labour on farms produced the effect that it produces in all places, upon their character. Agriculture restored them to the manners of developing nations, and banished luxury and vice accompanying it. Isolating a man, and leaving him in search of resources in himself, agriculture recalled him to sentiments of his freedom and independence, and planted in his mind that energy which belongs to only free men. Presenting him pure enjoyments of nature, agriculture relieved him of the desire for evil pleasures engendered by laxity. Finally, agriculture provided developing nations of colonies with distinctive characters: love of labour and temperance for vigour. As a consequence, like peoples in infancy, these nations have a great number of productive labourers in proportion to their total population, and, as is the case only with the nations who have advanced in arts for a long time, the value of the produce of labour by these labourers is huge in proportion to the necessary wages that set them in motion. From this it follows that the revenue of the colonies, not only in profit and rent but also in surplus wage, is much larger than that of any nation that would be composed of an equal number of individuals, and whose capital would amount to the same sum; that their consumption or expenditure is much smaller thanks to the frugality that always provides the distinct character for industrious men. The revenue of the settlers is, therefore, by far larger than their expenditure; they must grow in wealth rapidly, and the prosperity of their new country must go through a growing progression rapidly (2).

Thursday 21 October 2010

Book 3, chapter 7, paragraph 09

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 335-336]

   Les Européens ont appelé au secours des arts et de l’agriculture, les connaissances qu’ils ont reçues en héritage de leurs ancêtres, et qu’ils ont perfectionnées; ils ont réduit en science l’emploi des forces humaines, et ils ont réussi à faire de leurs bras, cent ou mille fois plus d’ouvrage, que n’en peuvent faire des Peuples grossiers et ignorants. Leurs enfants, qu’ils ont envoyés en Amérique, ont reçu d’eux comme pour dot, en sortant de la maison paternelle, l’ensemble des connaissances que leurs ancêtres avaient accumulées. Ces nouveaux fondateurs de nations, étaient donc bien plus favorisés que les premiers pères de nos Peuples d’Europe, qui avaient à lutter, bien moins contre l’âpreté du climat, et les difficultés de la culture, que contre leur propre ignorance et leur dénuement. Les Colons avaient centuplé leurs forces par l’expérience d’autrui; les premiers hommes ne connaissaient d’autres forces que celles qu’ils avaient reçues de la nature.

[Translation]

   The Europeans made progress in arts and industry with the aide of the knowledge that they inherited from their ancestors and added to for themselves. They reduced the employment of human powers into science, and became able to accomplish one hundred or thousand times as great work with their hands as primitive and ignorant peoples can. Their children whom they sent to America received from them, like a dowry in leaving their paternal house, the knowledge as a whole that their ancestors had accumulated. These new founders of nations were, therefore, in a still more advantageous position than the earliest fathers of our European peoples, who had had to fight less against stark climates and cultural difficulties than against their own ignorance and poverty. The settlers reinforced their powers with the aid of experiences of others, while the earliest men had known no other powers than those with which nature had endowed them.

Wednesday 20 October 2010

Book 3, chapter 7, paragraph 08

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 335]

   La prospérité de toutes les Colonies fondées par les Européens, tient principalement au concours de trois circonstances, qu’on ne voit réunies que chez elles. En effet, elles sont peuplées d’hommes qui possèdent tous les perfectionnements des arts et de l’industrie, dont les mœurs sont cependant simples et laborieuses, et qui sont admis à partager des terres fertiles qui n’ont point de propriétaires.

[Translation]

   The prosperity of all the colonies founded by the Europeans derives principally from the combination of three circumstances, which we cannot see united anywhere else. In fact, the colonies are occupied by those who have all dexterity in arts and industry, have nevertheless simple and laborious manners, and are allowed to possess a part of the fertile land that has no landlord.

Tuesday 19 October 2010

Book 3, chapter 7, paragraph 07

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 334-335]

   Ce n’est point d’après ces vues sordides qu’il faut apprécier l’importance des colonies: quel qu’ait été le but des nations de l’Europe en peuplant l’Amérique, elles ont ouvert à leurs sujets un champ plus vaste pour déployer leur industrie; elles leur ont offert sur une terre nouvelle, où elles ne transplantaient pas toutes les institutions bizarres de l’Europe, des moyens d’accroissement plus rapides.

[Translation]

   Not according to these sordid views must we appreciate the importance of the colonies. For whatever purpose nations of Europe may have colonised America, the nations have opened an extensive field to their subjects for exertion of their industry. The nations have offered them ways for more rapid growth upon a new soil, into which the nations did not transplant all strange institutions of Europe.

Monday 18 October 2010

Book 3, chapter 7, paragraph 06

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 333-334]

   Il est nécessaire avant toute chose d’amener ceux-ci à éclaircir une question, sur laquelle ils ne sont point d’accord avec eux-mêmes. Les Colonies font-elles, ou ne font-elles pas partie de l’Empire qui les a fondées? leur avantage doit-il être considéré comme le sien, ou au contraire le mal des unes peut-il être le bien des autres? Les négociants qui sont les auteurs de ce système, et qui se sont occupés beaucoup plus d’obtenir des lois pour le soutenir, que de faire des livres pour le défendre, n’ont point été appelés à mettre beaucoup d’ensemble dans leurs raisonnements. Lorsqu’en partant de leurs principes, on leur a fait observer, que la balance du commerce entre la mère patrie et quelques-unes de ses Colonies était toujours défavorable à la première; ils ont répondu que cette objection était sans force, puisque les Colonies faisant partie de l’État, il ne s’appauvrissait point lorsque ses richesses passaient d’une partie de son territoire dans l’autre (1); lorsqu’ensuite on leur a fait observer, que toutes les faveurs qu’ils demandaient étaient onéreuses pour le commerce et l’industrie des Colonies; celles-ci ont cessé à leurs yeux de faire partie de l’État, et ils n’ont plus vu d’inconvénient à s’enrichir à leurs dépens.

[Translation]

    It is necessary in the first place to induce the advocates to answer a question, in which they are not of one accord. Are colonies part of the Empire which has founded them or not?; should their advantage be considered as its own right, or, on the contrary, can the loss incurred by some of them be made up for by the gain accruing to others? The merchants who are the authors of this system, and who have been much more devoted to pursuit for enactment to support this than to writing books to defend it, have never been called on to organise their reasoning. In regard to their principles, directed to observe that the balance of trade between the home country and some of her colonies has always been unfavourable to the former, they have responded that this objection is powerless because, the colo¬nies being part of the state, she would be not impoverished at all if her wealth passed from one part to another (1). And then, directed to observe, in turn, that all preferential treatments that they have demanded are detrimental to trade and industry in the colonies, they have averred that the colonies are no part of the state, and have found no inconvenience any longer in becoming richer at the cost of the colonies.

Sunday 17 October 2010

Book 3, chapter 7, paragraph 05

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 332-333]

   J’ai dit à plusieurs reprises que le caractère distinctif du système mercantile était d’étonner l’esprit, par le renversement de toutes les règles que le gros bon sens aurait dictées. Certainement par exemple aucun négociant n’auroit mis en œuvre pour s’enrichir soi-même, l’expédient qu’il a fait adopter au Gouvernement de sa nation; savoir, pour s’assurer des pratiques, de leur bâtir des maisons, de leur donner du bien, de les enrichir enfin, sous la seule condition que lorsqu’elles seraient riches, elles achèteraient toujours de lui, dût-il leur vendre sa marchandise un peu plus cher que les autres. Le simple bon sens répondrait sans hésiter, ce me semble, que si telle est l’intention qu’on a eue en fondant des Colonies, cette intention a été souverainement absurde, puisqu’on a commencé par donner le tout, pour en ravoir ensuite une petite partie par des échanges. Il y a sans doute de très grands avantages attachés à la formation des Colonies nouvelles, mais ils sont d’une nature bien différente de celle que leur supposent les fauteurs du système mercantile.

[Translation]

   I have repeated that the distinct character of the mercantile system is to confuse the mind by reversing all the rules that the common sense would have dictated. Certainly, for example, no merchant would have make use, for his own prosperity, of the expedient that he has made the government of his nation adopt; that is to say, for the purpose of securing regular customers, to build houses for them, to give them many goods, and, finally, to enrich them, only on the condition that they should always buy from him when rich, even though he may sell at a any higher price than any other. The simple common sense would reply without hesitation, it seems to me, that, if the intention in founding colonies was such, this intention was entirely absurd, because this meant giving all at the beginning in order to get back a small part of it later by exchanges. No doubt, there are not a few great advantages attached to the foundation of new colonies, but they are different in nature from those advantages with which advocates of the mercantile system credit it.

Saturday 16 October 2010

Book 3, chapter 7, paragraph 04

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 331-332]

   Trois expédients se sont présentés au Gouvernement pour favoriser ces commerces; ce sont eux qui nous restent à examiner dans les trois derniers chapitres de cet ouvrage. 1.° Fonder des Colonies; c’est-à-dire, créer de nouvelles nations, qui restent assez dans la dépendance de la mère patrie, pour que celle-ci puisse s’assurer un monopole chez elles, et faire de ses enfants les pratiques de ses marchands. 2.° Déployer avec politique sa force ou son adresse, pour obtenir de la reconnaissance, de la crainte, ou de l’ignorance des autres nations, un traité de commerce qui assure aux marchands nationaux le monopole de leurs marchés. 3.° Enfin, dans l’impuissance de favoriser le commerce extérieur, faire en sorte de ne pas lui nuire. C’est a ce retour aux vrais principes de l’économie politique, qu’il faut attribuer la création des ports francs, ou l’abolition des entraves mercantiles, dans les lieux où l’on a désiré voir un grand commerce étranger.

[Translation]

   Three expedients have been presented to the government for promotion of these species of trade, and remain to be examined in the last three chapter of this work; first of all, foundation of colonies, that is to say, creation of new nations kept dependent enough upon their home country, that she can secure a monopoly there and can make their children regular customers for her commodities; secondly, exertion of her political power or diplomacy to conclude a treaty of commerce, taking advantage of recognition, fear, and ignorance on the side of other countries, and, thereby, to secure the monopoly of their markets for her own merchants; and finally, inabilitiy to promote foreign trade, leading it to be unimpeded. To that return to the true principles of political economy we must attribute the creation of free ports, or abolition of mercantile slavery, in the places where we hope to see a roaring foreign trade.

Friday 15 October 2010

Book 3, chapter 7, paragraph 03

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 330-331]

   Aussi long-temps qu’on ne mettra aucune différence entre protéger le commerce, et enrichir quelques commerçons, on ne trouvera point d’autres moyens pour y parvenir, que celui de créer de nouveaux monopoles en faveur de ceux que l’on voudra faire prospérer. L’autorité souveraine peut avec facilité créer des monopoles dans l’intérieur de l’État, des lois sévères, mises rigoureusement en exécution, pourront toujours favoriser ceux que le Gouvernement aura pris à tâche d’enrichir, aux dépens de leurs concitoyens; mais cette autorité souveraine ne s’étend point au dehors, et le commerce d’exportation, comme celui de transport, semblent se dérober aux grâces que le Législateur voudrait leur accorder.

[Translation]

   Unless we distinguish between protecting trade and enriching merchants, we can see no other way of accomplishing this than by creating new monopolies in favour of those whom we hope to see prosper. The sovereign authority can easily create monopolies within the interior of the state; severe laws, rigorously executed, can always promote those whom the government endeavours to lead to wealth, at the cost of their fellow-countrymen. However, this sovereign authority does not extend beyond borders, and it seems that both export trade and shipping trade cannot enjoy the favours that the legislator would like to show to them.

Thursday 14 October 2010

Book 3, chapter 7, paragraph 02

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 330]

   Mais le système mercantile, d’après lequel ont été tracées toutes les lois relatives au commerce, admettant pour principe, que l’État ne peut être enrichi que par les balances favorables avec d’autres États, ne considère le commerce intérieur que comme un moyen d’arriver au commerce d’exportation, ou à celui de transport, sur lesquels seuls il repose l’espoir d’accroître la prospérité publique. Il a donc fallu chercher les moyens de favoriser aussi ce dernier commerce, l’enfant gâté de la politique moderne.

[Translation]

   But the mercantile system, according to which all laws concerning trade have been designed, admits in principle that only a favourable balance of trade with the other states can lead the state to wealth, and considers home trade as anything but an intermediary to reach export trade or shipping trade, only through which the state can hope to see the public prosperity growing. Therefore, the state has been driven to search for ways to promote the last two species of trade, like a child spoiled with the modern policy.

Wednesday 13 October 2010

Book 3, chapter 7, paragraph 01

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 329-330]

Nous avons dans les premiers Chapitres de ce livre, passé en revue les différents expédients qui ont été mis en usage par les Souverains, à la suggestion des marchands, pour attirer ou vivifier le commerce dans l’intérieur de leurs Etats. Nous avons vu, que tous n’étaient en dernière analyse, autre chose qu’un monopole plus ou moins rigoureux, que le Souverain accordait aux marchands contre les consommateurs nationaux; que tous par conséquent, loin d’enrichir la nation, devaient ou augmenter ses dépenses, ou diminuer ses revenus; que la plupart avaient de plus l’inconvénient de gêner l’industrie, et ne nuisaient donc pas seulement aux consommateurs, mais au commerce lui-même, qui se trouvait sacrifié à l’intérêt de quelques-uns de ses membres.

[Translation]

In the previous chapters of this book, we have examined the different expedients of which sovereigns have made use, on the demand from merchants, in order to stimulate and animate trade within the interior of their states. We have seen that none of these is anything but a more or less rigorous monopoly accorded by a sovereign to merchants against home consumers; that, as a consequence, all these, far from leading the nation to wealth, should increase her expenses or diminish her revenue; furthermore, that almost all these place inconvenience in the way of industry, and are, therefore, detrimental not only to consumers but also to trade itself, which turns out sacrificed in the interest of several members in the commercial world.

Tuesday 12 October 2010

Book 3, chapter 6, footnote 07

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 323]

(7) Le principal champion des privilèges des Compagnies pour le commerce des Indes, Mt. Blanc de Volx, étant lui-même partisan du système mercantile, raisonne d’une manière très conséquente à ses principes, lorsqu’il déclare ce commerce nuisible pour la France, et qu’il propose l’établissement d’une Compagnie, non pour le favoriser, mais pour le restreindre; seulement il serait plus conséquent encore de l’interdire compléteraient. Au reste, il serait difficile de comprendre comment on appellerait, selon son désir, les fonds des capitalistes et non ceux du commerce à de pareilles entreprises, puisque les capitaux enlevés à la France seraient toujours arrachés directement ou indirectement à son commerce. Je n’entreprendrai point de répondre à ses autres arguments en faveur d’une Compagnie, ils sont tous liés au système mercantile, et tombent tous avec lui. Comme nous partons de principes contradictoires, il serait impossible de parvenir par une discussion aux mêmes résultats. Voyez le Chap. XII. de l’Etat commercial de la France, T. II. p. 208.

[Translation]

(7) The principal champion of privileged companies for trade with the Indies, Mr Blanc de Volx, a partisan of the mercantile system himself, argues consistently with his principles, when he declares this trade noxious to France, and proposes establishing a company, in order not to promote but to check it. It would be, though, still more consistent to ban it completely. In addition, it would be difficult to understand how to raise, following his desire, funds from capitalists, not from trade, to such an undertaking, because the capitals taken away from France would always be drawn directly or indirectly out of her trade. I would not venture to respond to his other arguments in favour of a company, for the arguments are all connected to the mercantile system, and fall with it. As we start from contradictory principles, it would be impossible for us to reach the same conclusion by any discussion. See chapter 12, de l’État commercial de la France, volume 2, p. 208.

Monday 11 October 2010

Book 3, chapter 6, footnote 06

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 315]

(6) La liberté fut rendue au commerce de l’Inde par un décret de l’assemblée constituante du mois de Mai 1790.

[Translation]

(6) Freedom was returned to trade with India by a decree of the constituent assembly in May 1790.

Sunday 10 October 2010

Book 3, chapter 6, footnote 05

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 315]

(5) Les talents militaires de Dupleix et de la Bourdonnaie avaient procuré à cette Compagnie le même genre de succès qu’a obtenu depuis la Compagnie Anglaise; les Français leur durent l’acquisition d’une étendue de six cents milles de pays, et les revenus de leur territoire arrivèrent à douze millions; cependant en 1763 la détresse de la Compagnie était déjà extrême, et les six années de paix qui s’écoulèrent jusqu’à sa suppression, loin de lui donner les moyens de se rétablir, ne firent qu’assurer sa ruine.

[Translation]

(5) The military talents of Dupleix and la Bourdonnais had procured this Company the same kind of success as the British East India Company enjoyed. The French nation owed these two men the acquisition of a 600,000-acre country, and the revenue of their territory amounted to 12 million. However, in 1763, the distress of the Company was already extreme, and the six years of peace up to its dissolution, far from giving it the way to turn it round, did nothing but ensure its bankruptcy.

Saturday 9 October 2010

Book 3, chapter 6, footnote 04

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 314]

(4) Voyez l’Edit du Roi, de Juin 1725, portant confirmation des priviléges et concessions de la Compagnie des Indes.

[Translation]

(4) See the Royal edict, in June 1725, which confirmed the privileges and concessions of the India Company.

Friday 8 October 2010

Book 3, chapter 6, footnote 03

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 312]

(3) Voyez le traité du 4 Janvier 1698, fait avec le sieur Jourdan et ses associés pour le commerce de la Chine, homologué par arrêt du Conseil du 22 janvier; et le traité de Décembre 1708 avec Crozat et compagnie, homologué par arrêt du 15 du même mois.

[Translation]

(3) See the treaty of 4 January, 1698, concluded with Mr Jourdan and his company for China trade, authorised by the ruling of the Council on 23 January; and see the treaty of December 1708 with Crozat and his company, authorised by the ruling on 15 of the same month.

Thursday 7 October 2010

Book 3, chapter 6, footnote 02

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 310]

(2) On peut consulter sur les Compagnies de commerce la dissertation de Jaques Savary des Bruslons imprimée à la suite de son Dictionnaire de commerce, Tom. IV. édit. in. fol. de 1750, p. 1075.

[Translation]

(2) On trading companies, we can consult the dissertation by Jaques Savary of des Bruslons, printed following his Dictionnaire universel de commerce, volume 4, the folio edition of 1750, p. 1075.

Wednesday 6 October 2010

Book 3, chapter 6, footnote 01

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 307-308]

(1) Il y avait eu avant cette Compagnie-là, deux autres privilèges exclusifs accordés pour le commerce de l’Inde, l’un en 1604 qui expira en 1627, l’autre en 1642, renouvelé en 1652. Mais ces deux Compagnies pour le commerce de l’Inde n’entreprirent jamais une seule expédition, elles n’eurent d’autre effet que d’empêcher pendant tour cet espace de temps les commerçons de se livrer à cette branche de trafic, (Mem. hist. et pol. sur le commerce de l’Inde, par Garonne aîné, p. 37.)

[Translation]

(1) Before the establishment of this company, there had been two other exclusive privileges accorded for trade with India, one of which was accorded in 1604 and expired in 1627, and the other of which was accorded in 1642 and was renewed in 1652. Nonetheless, those two companies for trade with India never tried an expedition, and had no other effect but to keep merchants from entering into this branch of trade in that period (Mémoire historique et politique sur le commerce de l’Inde, by Garonne the older, p. 37).

Tuesday 5 October 2010

Book 3, chapter 6, paragraph 23

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 328]

   Il n’y a jamais eu que, je sache, de Compagnie réglée en France, à moins que celle des marchands fréquentants la rivière de Loire, consolidée par une déclaration du Roi donnée à Marly le 24 Avril 1703, ne soit considérée comme étant de ce nombre. Au reste ce que j’ai dit dans le Chapitre précédent, sur le tort que les maîtrises et jurandes faisaient aux consommateurs nationaux, et aux gens qui vivent de leur industrie, peut parfaitement s’appliquer à ces Compagnies, dont le privilège est précisément du même genre.

[Translation]

   To my knowledge, there has been no regulated company in France, unless the company of merchants frequenting the River Loire, consolidated by a Royal declamation given at Marly on 24 April 1703, is counted among regulated companies. Incidentally, what I have said in the previous chapter, regarding the wrong that masterships and jurandes did to home consumers and to the persons living on their industry, can be perfectly applied to these companies, the privilege of which is precisely of the same kind.

Monday 4 October 2010

Book 3, chapter 6, paragraph 22

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 326-328]

   Il est peut-être convenable de remarquer en terminant ce Chapitre, que toutes les associations de marchands connues sous le nom de Compagnies de commerce, ne sont pas composées d’actionnaires qui mettent leurs fonds en commun, pour être gérés par une Direction. Il en existe soit en Angleterre, soit en Hollande, d’autres qu’on distingue dans le premier pays par le nom de Compagnies réglées: elles sont composées de marchands indépendants, qui trafiquent chacun pour soi; ceux qui ne sont pas membres de leur Compagnie, n’ont pas droit de prendre part au commerce pour lequel elles sont établies. Ces Compagnies, qui à bien des égards ne sont autre chose que des jurandes, ou espèces de corps de métiers, exigent de ceux qui veulent s’affilier à leur commerce, une contribution, et la promesse de se soumettre à leurs règlements. Celles qui subsistent aujourd’hui en Angleterre, sont la Compagnie de Turquie, celle d’Afrique, celle de Hambourg, celle de Russie, et celle de l’Est. La Compagnie hollandaise du Levant est précisément du genre des Compagnies réglées: celle du Nord, destinée à la pêche de la baleine paraît lui appartenir aussi. Le privilège qu’ont les patrons de navire appartenants à cette Compagnie, sur tous ceux qui exercent le même métier, se borne à pouvoir dépecer et fondre leurs baleines sur les côtes du Groenland et de la nouvelle Zemble, tandis que les particuliers qui ne lui appartiennent pas, doivent différer cette préparation jusqu’à leur retour en Hollande.

[Translation]

   It may be reasonable to conclude this chapter by noting that all associations of merchants known by the name of trading companies are not composed of shareholders who place their capital in common, to be directed by the management. In both England and Holland, there are companies of another kind, which are distinguished by the name of regulated companies in the first country. They are composed of independent merchants, each of whom trades on his own account. Those who are not members of a regulated company have no right to take part in the trade for which the company was established. This kind of companies, which are nothing but jurandes, or a kind of trade associations, in many regards, require those who want to enter into their trade to pay a contribution and to promise to obey their regulations. Those which remain today in England are the Turkey Company, the Africa Company, the Hamburg Company, the Russia Company, and the Eastland Company. The Dutch Levant Company is precisely one of regulated companies of this kind. The Dutch North Company, destined for whaling, seems to belong to this kind, too. The privileges enjoyed by the shipowners belonging to this company, over those engaged in the same trade, are limited to the right to cut up and melt down their whales on the shores of Greenland and Nova Zembla, while the individuals who do not belong to the company must put off this preparation until their return to Holland.

Sunday 3 October 2010

Book 3, chapter 6, paragraph 21

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 325-326]

   Le monopole des Compagnies n’a pas les mêmes effets sur des nations qui ne sont point au même degré de prospérité. Les Anglais et les Hollandais, qui ont des capitaux immenses, et fort supérieurs à leurs besoins, sont empêchés par le monopole d’en appliquer autant au commerce des Indes, qu’ils le feraient sans cela; aussi saisiraient-ils les occasions indirectes de s’y livrer, aussitôt qu’elles leur seraient offertes; les Suédois et les Danois au contraire, qui ont aussi des Compagnies des Indes, voient partie de leurs capitaux nationaux attirés, par ce monopole dans un canal, dans lequel ils ne seraient jamais entrés naturellement. Il est très probable que ces deux nations, encore pauvres, n’auraient jamais envoyé un vaisseau aux Indes, si leur Gouvernement n’avait pas encouragé la formation de Compagnes destinées à y commercer. Le monopole qui détruit l’équilibre de deux manières, si différentes, pour les nations pauvres, et les nations riches, fait tort aux unes et aux autres. Il prive les riches d’une partie de leur revenu, en les écartant de l’emploi de leurs fonds qui est devenu pour elles, le plus profitable; il diminue les ressources des pauvres, en soustrayant partie du capital qui devait maintenir leur industrie. Toutes les fois que la loi veut régler ce qui se règle de soi-même, elle a vingt chances pour mal faire, coutre une dans, laquelle son intervention n’est qu’inutile.

[Translation]

   The monopoly of companies does not have the same effect upon nations that vary in the degree of prosperity. The English and Dutch nations, with good and huge capital in comparison to their needs, are kept, due to the monopoly, from applying as much capital to trading with the Indies as they would otherwise. Therefore, they would soon take indirect opportunities to carry it out should they be offered such opportunities. The Swedish and Danish nations, on the contrary, who also have companies for trade with the Indies, would see a part of their national capitals drawn, due to the monopoly, to a channel into which they would never have flowed naturally. It is entirely probable that these two nations, still poor, would never have sent a vessel to the Indies if their government had not encouraged formation of companies destined for trading with the Indies. The monopoly, which disturbs the balance between two different employments for both poor and rich nations, does harm to both. It deprives rich nations of a part of their revenue, keeping them from the employment of their capitals which has turned out the most profitable for them; it diminishes the resources of poor nations, taking away a part of the capital necessary to maintain their industry. Whenever the law wants to regulate what regulates itself for itself, it is noxious twenty chances out of twenty one, the only one of which is that its intervention is only useless.

Saturday 2 October 2010

Book 3, chapter 6, paragraph 20

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 324-325]

   Les Français sont trop épuisés par leurs pertes récentes, pour pouvoir employer si loin d’eux des capitaux très considérables, sans que la production intérieure en souffre. Cependant il y a lieu de croire que la liberté du commerce donnerait une très grande activité à notre navigation dans les Indes, sans que le capital national en souffrit beaucoup. Dès que l’on saurait en Europe, que l’on pourrait faire de Brest, de Nantes, de l’Orient, de Saint-Malo, des armements particuliers et indépendants pour l’Inde; des capitalistes Anglais et Hollandais, qui ne peuvent négocier en droiture avec ce riche pays, viendraient s’établir dans ces diverses villes, et y faire des chargements sur fonds français, le seul qui les mit à couvert des vexations des Compagnies de leur nation, pour participer à un commerce, qui en raison du monopole, donne aujourd’hui à ce que l’on assure, des bénéfices de deux et trois cents pour cent. La navigation française serait animée par leurs capitaux, avantage qu’on doit considérer sous son rapport militaire, autant que sous son rapport économique; leurs richesses se répandraient dans les ports qu’ils viendraient habiter, et la France profiterait bientôt assez de leurs économies, pour pouvoir se passer d’eux.

[Translation]

   The French merchants are too exhausted from their recent losses, to be able to employ large capitals at such a distance without sacrificing the home production. However, there is good reason to believe that free trade would give great activity to our shipping trade with the Indies, without sacrificing so much of the national capital. If it were known in Europe that Brest, Nantes, Lorient, and Saint-Molo could be turned respectively into private and independent shipping companies for India, it would not be long before the English and Dutch capitalists who cannot trade at first hand with that rich country come to these various cities to operate their business, and to load their cargos onto ships of French nationality there. This is the only way for them to escape being tramped by the companies of their countries, for participation in a trade which, due to the monopoly, gives 200 or 300 per cent of profit to those allowed to enter there today. The French shipping trade would be animated by their capitals, and this should be considered as an advantage in military as well as economic terms. Their wealth would spread all over the ports where they would come to be established, and France would soon gain too much from their economic activities to dispense with them.

Friday 1 October 2010

Book 3, chapter 6, paragraph 19

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 323-324]

   D’après ces deux maximes nous trouverons, que le commerce de l’Inde est aussi bien que tout autre, avantageux aux nations Européennes, lorsqu’elles sont mûres pour le faire; c’est-à-dire, lorsque leurs capitaux ayant rempli les premières voies de la circulation, cherchent au dehors un nouvel emploi, un profit mercantile et un revenu, qu’ils ne pourraient plus obtenir dans le marché intérieur.

[Translation]

   According to these two maxims, we will find that trade with India is as advantageous to European nations as any other branch of trade, when the nations are mature enough to carry it out; that is, when their capitals, having filled the first channels of circulation, search abroad for a new employment, a mercantile profit, and revenue, which they could not find in their home markets.