Tuesday 23 December 2008

Preface, paragraph 08

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, xii-xiv]

   Laissons de côté pour à présent la politique, puisqu’elle n’entre point dans le plan de cet ouvrage; il seroit [serait] peut-être imprudent de chercher de nouveaux adversaires, en combattant ici les préjugés de ceux qui la redoutent: tenons-nous en à l’économie politique: il ne devroit [devrait] pas être difficile, ce me semble, de faire sentir aux hommes tout l’intérêt d’une science qui a pour but d’augmenter les richesses, ou en d’autres termes, de multiplier les jouissances, de les mettre à la portée d’un plus grand nombre d’hommes, et de les étendre plus loin: chacun en son particulier, il est vrai, n’en deviendra pas plus riche, pour avoir étudié l’économie politique: mais tous le deviendroient [deviendraient], tous jouiroient [jouiraient] d’une plus grande aisance, si le Gouvernement en adoptoit [adoptait] les principes; tous aussi en l’étudiant, lui verroient [verraient] réfléchir la lu-mière sur l’objet le plus habituel de leurs pensées et de leurs désirs. Il n’est aucun des intérêts journaliers de chaque citoyen, qui ne tienne par quelque côté à l’économie politique; il ne se vend rien, il ne s’achète rien, il ne s’échange rien, sans que les conditions du marché ne se ressentent plus ou moins de l’influence des lois portées sur cette partie: la rente des terres du cultivateur et du propriétaire, l’intérêt des fonds du capitaliste, les profits du commerce, les salaires des journaliers, les dépenses de tous les membres de la société, et les jouissances qu’ils obtiennent en retour; tout se règle d’après des principes dont l’économie politique peut seule donner la clef. Le caractère des citoyens est intimement lié avec leurs intérêts pécuniaires, aussi les mœurs d’une nation, ses habitudes, son tour d’esprit, sa croyance, tout est enchaîné à l’économie politique. Comment chaque membre de la société ne chercheroit-il [chercherait-il] pas à connaître la juste mesure de ses devoirs et de ses espérances? Comment l’ami de l’humanité ne voudroit-il [voudrait-il] pas étudier jusqu’à quel point peut se réaliser son vœu de multiplier les jouissances pour tous les hommes, de rapprocher les pauvres du bonheur? Comment une science qui est de toutes parts en contact avec nous, ne réclameroit-elle [réclamerait-elle] pas notre attention?

[Translation]

   Now, let us leave politics for the time being, for it does not fit within the scheme of this work. It would be perhaps careless to call in new enemies by fighting here against the prejudices of those who fear politics. Rather, let us fix our eyes upon political economy here. It seems to me not to be difficult to make anyone understand the entire importance of a science which aims at increasing wealth; or, in other words, to multiply pleasure, to put it within the reach of a larger number of human beings, and to spread it farther. It is true that each person will not be any richer for having studied political economy. But everyone would become richer and more comfortable if his government adopted the principles from it. Studying political economy, too, everyone would see it shed a light on what he is thinking of and desirous of most often in his everyday life. It is of daily interest of every citizen, for he is concerned with political economy in one way or another; nothing is sold, bought or exchanged unless the conditions of market falls more or less under the influence of the laws of political economy. Land rent of the cultivator and the landowner, profit on stock of the capitalist, commercial profit, wages of the day labourer, the expenses of all members of the society, and the benefits enjoyed in return are all regulated according to the principles nothing but political economy can elucidate. The character of the citizens is intimately related with their financial interests, and the morals of a nation (its habits, its cast of mind, and its belief) are also all related with political economy. Why would not every member of the society try to know the exact extent of his duties and of his hopes? Why would not the friend of the humanity want to study how far his wishes can be realised, to multiply pleasure for all men and to make the poor any happier? Why would not a science which concerns us in every respect call our attention?