Sunday 3 October 2010

Book 3, chapter 6, paragraph 21

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 325-326]

   Le monopole des Compagnies n’a pas les mêmes effets sur des nations qui ne sont point au même degré de prospérité. Les Anglais et les Hollandais, qui ont des capitaux immenses, et fort supérieurs à leurs besoins, sont empêchés par le monopole d’en appliquer autant au commerce des Indes, qu’ils le feraient sans cela; aussi saisiraient-ils les occasions indirectes de s’y livrer, aussitôt qu’elles leur seraient offertes; les Suédois et les Danois au contraire, qui ont aussi des Compagnies des Indes, voient partie de leurs capitaux nationaux attirés, par ce monopole dans un canal, dans lequel ils ne seraient jamais entrés naturellement. Il est très probable que ces deux nations, encore pauvres, n’auraient jamais envoyé un vaisseau aux Indes, si leur Gouvernement n’avait pas encouragé la formation de Compagnes destinées à y commercer. Le monopole qui détruit l’équilibre de deux manières, si différentes, pour les nations pauvres, et les nations riches, fait tort aux unes et aux autres. Il prive les riches d’une partie de leur revenu, en les écartant de l’emploi de leurs fonds qui est devenu pour elles, le plus profitable; il diminue les ressources des pauvres, en soustrayant partie du capital qui devait maintenir leur industrie. Toutes les fois que la loi veut régler ce qui se règle de soi-même, elle a vingt chances pour mal faire, coutre une dans, laquelle son intervention n’est qu’inutile.

[Translation]

   The monopoly of companies does not have the same effect upon nations that vary in the degree of prosperity. The English and Dutch nations, with good and huge capital in comparison to their needs, are kept, due to the monopoly, from applying as much capital to trading with the Indies as they would otherwise. Therefore, they would soon take indirect opportunities to carry it out should they be offered such opportunities. The Swedish and Danish nations, on the contrary, who also have companies for trade with the Indies, would see a part of their national capitals drawn, due to the monopoly, to a channel into which they would never have flowed naturally. It is entirely probable that these two nations, still poor, would never have sent a vessel to the Indies if their government had not encouraged formation of companies destined for trading with the Indies. The monopoly, which disturbs the balance between two different employments for both poor and rich nations, does harm to both. It deprives rich nations of a part of their revenue, keeping them from the employment of their capitals which has turned out the most profitable for them; it diminishes the resources of poor nations, taking away a part of the capital necessary to maintain their industry. Whenever the law wants to regulate what regulates itself for itself, it is noxious twenty chances out of twenty one, the only one of which is that its intervention is only useless.