Friday 19 November 2010

Book 3, chapter 7, paragraph 38

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 367-369]

   L’on a découragé de même autant qu’on l’a pu l’établissement des manufactures dans les colonies, on aurait même été charmé d’empêcher qu’elles produisissent du blé ou du vin, afin de les tenir dans une dépendance absolue de la métropole, et d’augmenter le nombre des objets que ces deux pays pourraient échanger ensemble; comme si un pays n’offrait pas d’autant plus d’occasions d’échanges, qu’il est plus riche et plus peuplé, et comme si la colonie de Saint-Domingue par exemple, devait faire un moindre commerce avec la France, lorsqu’elle sera arrivée au point de prospérité auquel l’appellent l’étendue et la fertilité de ses terres, qu’elle ne fait aujourd’hui. Au reste, lors même que cela devrait arriver, puisque Saint Domingue fait partie de la République Française, il est à désirer que ses habitants se multiplient et s’enrichissent, et pour cela, qu’ils ne tirent pas de loin ce qu’ils peuvent obtenir à meilleur marché près d’eux, comme aussi qu’ils ne cherchent point à faire chez eux, ce qu’ils peuvent obtenir à meilleur marché du dehors. Le même système d’économie politique doit s’étendre sur les colonies comme sur la métropole; liberté entière du commerce, pour que le vendeur se contente du prix relatif libre, l’acheteur du prix intrinsèque et que tous les deux y trouvent leur avantage; le premier faisant entrer dans le prix, un profit qui fait partie du revenu national, et le second épargnant sur ce prix, une dépense qui fait partie de la dépense nationale, Mais c’est en partant de ces principes mêmes que l’on sent la nécessité de modifier selon les circonstances les lois financières. Les colonies peuvent supporter des impôts plus considérables peut-être que la métropole, mais ceux qu’on assied sur leur consommation, ne peuvent être les mêmes, que ceux qu’on assied sur la nôtre, vu que les objets qui chez nous sont susceptibles de douane, ne sont souvent chez elles susceptibles que d’excise, et vice versa; ce que leur climat produit étant justement ce qui manque au nôtre. Il conviendrait donc que l’Assemblée de chaque colonie, indiquât les objets les plus susceptibles d’être taxés à leur importation, et qu’à ce prix elle achetât une liberté absolue pour le commerce.

[Translation]

   Likewise, we have tried our utmost to discourage the establishment of manufactures in the colonies, and have been pleased even to keep them from producing corn or wine, in order to subject them to complete dependence upon the home country, and to increase the number of objects exchanged by these two countries with each other. It looks as if a country offered none the more occasions for trade as it is richer and more populous, and as if the colony of Santo Domingo, for example, were supposed to do a less trade with France when the colony has arrived at the degree of prosperity allowed by the extent and fertility of its land, than it does today. In addition, even when it would be supposed to arrive there, since Santo Domingo comprises a part of the French Republic, it is desirable that its people should be larger in number and wealth, and, therefore, that they should not bring from a distance what they can obtain at a lower price in their neighbourhood, just as they do not take the trouble to manufacture what they can obtain at a lower price abroad. The same system of political economy should apply to both the colonies and the home country; completely free trade, for sellers to be contented with the free relative price, for buyers to be contented with the intrinsic price, and for both of them to find their respective advantages there. The former include their profits, a part of the national revenue, in the price, and the latter save their expenses, a part of the national expenditure, in their price. By starting with these same principles, however, we feel it necessary to modify financial laws according to circumstances. The colonies can probably pay higher taxes than the home country, but those levied on their consumption cannot be the same as those levied on ours, considering that the goods which are subject to customs duties in our country, are often not subject to excise in their country, and vice versa; that what their climate produces is just what our climate cannot produce. Therefore, it would be adequate that the assembly of each colony should specify what goods are taxable on their importation, and that the colony should pay the price for complete freedom of trade.