Thursday 4 November 2010

Book 3, chapter 7, paragraph 23

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 350-352]

   La traite et l’esclavage des Nègres, qui n’ont pas été attaqués seulement avec les armes de la philosophie, et d’après les principes de la révolution, mais qui sont également contraires à la religion, à la justice éternelle, à la politique, et à la raison, ont amené sur les Colonies la situation critique où elles se trouvent aujourd’hui, et d’où il est difficile de les tirer. En écartant les Créoles d’un travail bien moins rude que celui que faisaient leurs ancêtres les boucaniers, on a arrêté la multiplication de leur race, car d’après un ordre immuable établi dans l’Univers, la mollesse et la fainéantise mettent un obstacle insurmontable à la multiplication de l’espèce humaine; ordre maintenu par cette Providence bienfaisante, qui a constamment allié les intérêts bien entendus des hommes, à l’exercice des vertus qu’elle leur prescrit, qui venge les souffrances des opprimés sur la race des oppresseurs, et qui n’a pas voulu que l’homme féroce ou tyrannique inspirât jamais de la crainte, sans sentir l’effroi qu’il occasionne, répercuté dans son propre cœur. D’un bout à l’autre de l’Univers on a vu prospérer le sang du laboureur libre, et déchoir avec une effrayante rapidité la race du maître, avec celle de l’esclave qu’il opprime. Comparez Sparte écrasant ses Hilotes d’un sceptre de fer, à l’antique et libre Etrurie; Rome libre, agricole, et guerrière, à Rome maîtresse du monde, qui se dépeuplait sous son joug; le Germain libre, au Musulman qui ne connaît que la servitude; le planteur laborieux de l’Amérique libre, aux orgueilleux et efféminés Européens établis dans les deux Indes. Partout la même cause morale produit les mêmes effets; dans les climats les plus éloignés; dans tous les périodes de la société humaine, la servitude, l’oisiveté, les vices et la dépopulation ont marché ensemble, comme d’autre part la liberté, l’industrie, la tempérance et la population. La comparaison entre les colonies d’Amérique, fondées en même temps, par les mêmes moyens, et qui ne diffèrent entr’elles que pour avoir attendu leur richesse, les unes du travail des citoyens, les autres de celui des esclaves, fait ressortir plus qu’aucune autre, l’effet de ces deux systèmes.

[Translation]

   The Negro slave trade, which has not only been attacked by the arms of philosophy and according to the principles of the revolution, but which is also contrary to religion, eternal justice, polity, and reason, has led to the critical situation where the colonies are found today, and from which it is difficult for them to extricate themselves. Kept from a labour much less rude than that in which their buccaneering ancestors were engaged, the Creoles ceased to grow in number. This is because effeminacy and indolence place an insurmountable obstacle to multiplication of the human race, according to an invariable order established in the universe. That benevolent Providence, maintaining this order, has always allied extensive interests of men to the exercise of virtues that she prescribes them, revenges sufferings of the oppressed upon the oppressing race, and has never hoped that the fierce or tyran¬nical person would inspire fear without feeling the terror that it causes echoed back to his own heart. From one pole to the other of the universe, we have seen offsprings of free farmers prosperous, and the race of masters declining with surprising rapidity, along with the slaves oppressed by them. Let us compare Sparta, tormenting Helots with tyranny, to the ancient and free Etruria; free Rome, agricultural, and warlike, to Rome the master of the world, which was depopulated under tyranny; the free Germanics to the Muslims who know nothing but servitude; laborious planters in free America, to the arrogant and feeble Europeans established in the East and West Indies. Above all, the same moral cause produces the same effects. For all climatic differences, in the all stages of human society, servitude, indolence, vice and depopulation have gone hand in hand, as have freedom, industry, temperance, and population. A comparison between two colonies in America, which were founded at the same time, by the same means, and which differ only in sources of wealth (labour of citizens for one, and that of slaves for the other), makes the effect of these two systems more remarkable than any other does.