Friday 30 January 2009

Book 1, chapter 2, paragraphs 03-04

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 40-42]

   La terre depuis le moment de cette première découverte, peut être considérée comme une ouvrière productive, l’homme la met à l’œuvre, elle agit, et la valeur de son travail est accumulée dans la valeur de ses productions. Le droit d’appeler à l’ouvrage une ouvrière si utile, est la même chose que la propriété du sol: La valeur de son travail, première origine de la rente des immeubles, appartient à celui qui se trouve saisi de la surface d’un terrain, et dont le droit est reconnu par ses concitoyens. Lorsque la population s’est augmentée, tout le territoire des nations civilisées s’est trouvé approprié, avant que chaque individu en ait eu obtenu une portion: ceux qui sont intervenus au premier partage ont eu un avantage sur les autres, et lors-même qu’ils n’ont pas cultivé la terre qui leur étoit [était] échue en lot, cette terre a été appréciée en raison de sa propriété virtuelle de faire un travail productif, dès qu’elle seroit [serait] mise en action: C’est ainsi que chez les nations civilisées, la terre vague ou inculte n’est pas sans valeur.
   Il y a loin cependant du prix de cette terre inculte à celui du sol défriché; c’est dans ce dernier que commence l’accumulation réelle du travail productif de l’homme. Il faut pour rendre fertile un terrain sauvage, pour le miner, l’enclore, et y faire des plantations, un travail d’autant plus considérable que l’agriculture est plus perfectionnée: c’est par le propriétaire, ou pour son compte qu’il est fait, et sa valeur entière est ajoutée à celle de l’immeuble. Comme son efficacité ne se borne pas à une seule année, mais que pendant long-tem[p]s, et presque à perpétuité, les récoltes qui viennent ensuite en sont augmentées, le droit de faire travailler la terre améliorée devient plus précieux que celui de faire travailler la terre vierge; il est plus profitable pour celui qui l’exerce, et si le propriétaire vient à le céder, c’est à un plus haut prix. La rétribution moyennant laquelle le propriétaire du sol abandonne ce droit à son fermier, est ce que l’on appelle la rente des terres, ou le profit net de la culture: c’est donc en partie une compensation pour le droit de propriété sur la terre inculte, et en partie une production du travail accumulé sur elle pour la cultiver.

[Translation]

   Since the moment of this first discovery, land can be considered as a productive labourer; man puts land into operation, land works, and the value of its labour is accumulated in the value of its produce. The ownership of land means a right to call such a useful labourer into operation. The value of labour of land, which is the first origin of rent of immovables, belongs to that man who owns the surface of a plot of land, and whose right is approved by his fellow-citizens. When the population rose, all the territory of the civilised nations was appropriated before every individual had obtained a plot of land. Those who took part in this early distribution of land had an advantage over those who did not, and even though they did not cultivate the plot of land which was distributed to them, this plot was valued due to its potential quality to perform productive labour as soon as put into operation. In the civilised nations, therefore, no plot is valueless even if featureless or uncultivated.
   However, there is a wide difference between the price of the uncultivated plot and that of the reclaimed one. Only in the latter does the real accumulation of productive labour of mankind take place. In order to make a plot of wild land fertile, to delve in it, to enclose it, and to establish plantations on it, what is needed is all the more significant labour as agriculture is more improved. This labour is expended by the owner of the plot or at his cost, and the whole value of the labour is added to that of the plot. Since its effect does not last for as a short time as one year, but for a long time and almost forever, the future harvest is more plentiful, and the right to employ an improved plot of land is more precious than that to employ a wild plot. The former right is more profitable for those who exercise it, and if a landowner has yield up the right, he has done so just at a higher price. The remuneration in return for which the landowner yield up this right to his farmer is what we call rent of land, or net profit of cultivation. Therefore, this is partly a compensation for the right of property of uncultivated land, and partly a production of accumulated labour on land to cultivate it.