Thursday 28 January 2010

Book 2, chapter 8, paragraph 04

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 109-110]

   Aucun travail, aucune industrie n’enrichit si promptement que le commerce, on lui voit en peu d’années, quelquefois en peu de mois, élever des fortunes colossales; d’où l’on a conclu que favoriser l’accroissement de ces fortunes colossales, c’était travailler à la prospérité de toute la nation: on ne pouvait pas tirer une conclusion plus hasardée; car enfin, il fallait avant tout, s’assurer si tout profit mercantile était une accession à la richesse nationale, ou si une grande partie de ce profit, ne faisait que passer d’une bourse dans une autre, sans que la nation y trouvât aucun avantage. On pouvait s’éclairer par des comparaisons: on avait vu les mignons d’une cour élever des fortunes tout aussi rapides sur la ruine de leurs prédécesseurs; l’on avait vu les maltôtiers arriver par un chemin tout aussi court à une opulence effrayante, fondée sur les larmes et le sang du Peuple; l’on avait vu enfin les joueurs acquérir plus promptement encore leurs richesses: et je ne crois pas qu’on ait jamais dit que les largesses d’une cour dissipatrice, les extorsions des financiers, et les fureurs du jeu, aient enrichi aucune nation. Il pouvait en être de même des négociants, si leurs profits étaient le résultat d’une perte égalé de la part des acheteurs.

[Translation]

   No other business or industry develops so promptly as commerce, and it is observed to accumulate huge fortunes in a few years or sometimes a few months. The conclusion was drawn from this that to promote the growth of these huge fortunes was to lead the whole nation to prosperity. No more uncertain conclusion could be reached, because it, after all, required the knowledge, above all, of whether every mercantile profit was an accession of the national wealth, or a large part of this profit only passed from one hand to another hand with no advantage there found to the nation. You could be enlightened by comparisons. Mistresses at Court were seen multiplying fortunes as rapidly upon the ruin of their predecessors; tax collectors were seen to reach tremendous opulence in as short a time, ultimately thanks to tears and bloods of the nation; finally, gamblers were seen acquiring their wealth more promptly. And yet I do not believe that it has ever been said that a nation owes its wealth to generosities of an extravagant court, extortions of tax collectors, or excitement of gambling. This could be true of merchants if their profit were a result of an equal loss on the side of purchasers.