Tuesday 31 March 2009

Book 1, chapter 5, paragraphs 03-04

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 120-22]

   L’argent est un luxe dans le commerce, puisque ne se consommant point, on ne l’achète pas pour en faire usage soi-même, et que sans la convention universelle qui le fait regarder comme signe du travail et de ses produits, il seroit [serait] presque inutile. Cependant l’argent coûte à produire autant qu’il vaut dans le commerce. On conçoit qu’on auroit [aurait] pu adopter un signe qui ne coûtât rien à produire, et l’on entrevoit la possibilité d’obtenir de lui les mêmes effet: L’exemple de la banque d’Amsterdam, qui tenant les comptes de tous les particuliers, leur évitoit [évitait] la peine de payer et de recevoir; l’exemple de plusieurs pays qui ont substitué le papier-monnoie [monnaie] à l’argent, prouve qu’il existe des moyens de se passer des métaux précieux; mais il faut pour les mettre en œuvre que la moralité du Gouvernement inspire la confiance la plus parfaite, et rassure sur la crainte de lui voir multiplier le signe pour s’approprier la réalité. Or comme cette moralité du Gouvernement, lorsqu’elle existe, n’est point une chose inaltérable, il a été plus sage pour toutes les nations de convertir une partie de leur richesse mobiliaire [mobilière] en argent, afin de faciliter leurs échanges, parce que dès lors le signe du commerce a eu une valeur intrinsèque, et n’a plus dépendu des événemen[t]s.
   L’argent a donc deux valeurs dans le commerce, l’une intrinsèque, déterminée par l’évaluation du travail qui l’a produit, et composée comme celle de toutes les marchandises, de rente, profit, et salaire; l’autre relative ou échangeable, qui est déterminée par le besoin qu’on en a. Dans le livre second, nous verrons qu’il en est de même de toutes les marchandises; examinons à présent les bases de la fixation de ces deux valeurs de l’argent.

[Translation]

   Money is a sort of luxury in commerce, for, not consumed, it is not bought in order to make use of it itself, and it would be useless without the universal convention to suppose it as sign of labour and its produce. However, it costs as much to produce money as its value in commerce. You conceive that you could have adopted a sign had it cost nothing to produce it, and perceive the possibility to obtain the same effects from it; the example of the Bank of Amsterdam, which spared all individuals the trouble of paying and receiving by keeping the accounts of them. The example of some countries, which substituted paper money for coins, shows that there are some means to dispense with precious metals. But to put them into practice it is necessary that the morality of the government should inspire the perfect confidence and should appease the fear that it should multiply the sign to adapt to the reality. And yet, since this morality of the government, when it exists, is not constant, it was wiser of all the nations to convert a part of their movable wealth into money in order to facilitate their exchanges, because since then the sign of commerce had intrinsic value, and no longer depended upon circumstances.
   Money therefore has two sorts of value in commerce. One is intrinsic value, determined by the evaluation of labour which has produced it, and composed of rent, profit, and wages, as all the commodities. The other is relative or exchangeable value, determined by the want people feel for it. In the second book, we see that it is the case with all the commodities; now I examine the fundamentals of determination of these two values of money.