Wednesday 3 June 2009

Book 1, chapter 7, paragraph 13

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 204-08]

   Les calculs qui représenteroient [représenteraient] avec exactitude la balance du commerce, c’est-à-dire, non point ce qu’une nation paye, mais ce qu’elle doit, offriroient [offriraient] certainement un intérêt majeur en économie politique; mais lorsqu’on appuie avec ostentation sur ces calculs, on ne soupçonne guère de combien d’erreurs ils sont susceptibles, et combien il est difficile, ou plutôt impossible d’y apporter la moindre exactitude. Que l’on consulte à cet égard le Ministre, qui le premier a sondé toutes les profondeurs de l’administration; son témoignage est d’autant moins suspect, qu’il attache lui-même une très haute importance à la balance du commerce, qui lui paroissoit [paraissait] favorable à la France. «On ne se formera jamais des notions justes, dit-il, sur la créance de commerce que le Royaume acquiert, si l’on ne supplée point par le jugement, à l’insuffisance des travaux mécaniques». Et ailleurs: «La plupart des calculs sur cette matière sont inexacts et imparfaits, et l’on doit l’imputer à différentes causes ». ( Adm. des Fin. T. III. Ch. III.) La première qu’il indique suffit en effet toute seule pour montrer la vanité de tous ces calculs; c’est que comme on ne conne que par les douanes les quantités de marchandises qui entrent, et celles qui sortent, toute la partie des transactions de commerce qui s’exécute par contrebande, ne sauroit [saurait] être connue par les livres des agen[t]s du Fisc. C’en est assez pour que toute balance paroisse toujours avantageuse au pays qui la calcule; car presque toute contrebande s’opère du dehors au dedans, la sortie des marchandises étant libre, et leur entrée prohibée. Plus les prohibitions sont rigoureuses, ou le tarif des douanes élevé, plus il devient nécessaire de faire entrer tous les retours en fraude; en sorte que l’importation paroît [paraît] presque nulle, à l’indicible satisfaction de ceux qui calculent la balance d’après les états du commerce fournis par les bureaux de Douane; quoique dans le fait, cette balance ne soit nullement altérée. Quant aux retours en numéraire, le commerce suit une marche toute contraire, mais qui tend cependant à accroître l’erreur précédente. L’exportation du numéraire est toujours ou défendue, ou vue de fort mauvais œil; son importation, au contraire, est constamment favorisée: on n’en fait donc sortir qu’en fraude, ou du moins avec mystère, et en cherchant à détourner les yeux du public de cet objet; celui qu’on fait entrer au contraire, lors même qu’on ne le feroit [ferait] point inscrire dans des registres, on sait toujours s’en faire un mérite aux yeux de la nation ou du Gouvernement. Si la branche de commerce qui en importe a quelque faveur à demander, elle ne manque pas de l’appuyer d’un tableau de tout l’or et de tout l’argent qu’elle a introduit dans le pays; tableau qui lors même qu’il seroit [serait] parfaitement exact, induiroit [induirait] toujours en erreur, parce qu’on ne peut le confronter à celui des espèces qu’une branche correspondante de commerce a fait sortir. Ces deux causes se réunissent donc pour faire paroître [paraître] la balance beaucoup plus favorable qu’elle ne l’est réellement, ou pour faire croire que l’exportation de marchandises surpasse de beaucoup l’importation.

[Translation]

   The calculations which would exactly represent the balance of trade (namely that which a nation does not pay but owes) would certainly offer a major interest in political economy. But, when someone emphasises these calculations with ostentation, it is improbable to imagine how many errors they are subject to, and how difficult or almost impossible it is to make them less exact. Suppose that one consults the Minister in this respect who is the first to have investigated all the depths of administration. His proof is all the less doubtful in that he attaches extreme importance to the balance of trade, which seemed to him favourable to France. “You will never entertain right notions,” says he, “on credit of commerce acquired by the kingdom, if you have not supplied the insufficiency of mechanical labour by reasoning.” Moreover, he says elsewhere, “Almost all calculations on this material are inexact and imperfect, and you should attribute it to different causes” (De l’administration des finances de la France, vol. 3, chap. 3). Indeed, the first he indicates alone suffices to show the vanity of all these calculations. That is, as you only know by customs the quantity of imported and exported commodities, all the part of transactions of commerce which is executed by smuggling could not be known from any books of officials of the treasury. This accounts enough for the fact that every balance always appears advantageous to the country which calculates it. It is because almost all transactions of smuggling takes form of importation, the outflow of commodities being free, and the inflow prohibited. The more rigorous the prohibitions are, or the heavier the tariff of customs duties is, the more necessary it is to make all the return cargos illegally. Consequently the importation seems almost null, to the inexpressible satisfaction of those who calculate the balance according to item lists of trade provided by the Customs Bureaus, though in practice this balance is not altered at all. As for the returns in specie, the trade takes a contrary course, but tends to increase the precedent error in that period. The exportation of specie is always prohibited or thought ill of. Its importation, on the contrary, is constantly encouraged. Specie is therefore only illegally exported or at least secretly, and by diverting the public attention from this object. The importation of specie, on the contrary, even though it would leave no trace in records, can always have a merit in the eyes of the nation or the government. If the specie-importing branch of trade asks for some preferential treatment, it never fails to base the demand upon a table of all gold and silver it has introduced into the country. This table would be misleading, even though it would be perfectly exact, because it is impossible to compare it to that of the coins which its counterpart of trade has exported. These two causes conspire therefore to make the balance appear much more favourable than it really is, or to make it believed that exports of commodities far surpass imports.