Sunday 20 December 2009

Book 2, chapter 6, paragraph 12

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 73-74]

   Comme il y a incomparablement plus de pauvres que de riches dans un État, il se trouve que les pauvres possèdent une plus grande part du revenu national que les riches, et qu’un impôt procure fort peu d’argent, s’il n’affecte pas leur revenu aussi bien que celui des premiers. Autant que cet impôt ne porte que sur leurs revenus, ou sur le salaire superflu, et non pas sur leur subsistance, il n’est ni injuste ni immoral. Ce revenu leur est assuré par la protection de l’État, ils doivent donc contribuer comme tous les autres citoyens au maintien de l’ordre social, par le sacrifice d’une partie proportionnée de leurs jouissances. Atteindre le revenu des pauvres est une chose assez difficile, souvent on croit le faire, lorsqu’en effet l’on frappe à coups redoublés sur les autres classes de la société; souvent aussi on les accable, lorsqu’on n’avait pas l’intention de leur rien demander. Les pauvres par les lois de la République Française sont très sévèrement taxés, mais le fisc ne profite que d’une fort petite partie des sommes qu’ils payent.

[Translation]

   Since there are an incomparably much larger number of the poor than the rich in a state, it turns out that the poor earn a larger part of the national revenue than the rich, and that a tax raises only a small amount of money if it does not fall upon the revenue of the latter as well as of the former. As long as this tax falls only upon the revenue of the poor or upon the surplus wages, not upon their subsistence, it is neither unjust nor immoral. They are assured of this revenue thanks to the protection of the state, and, therefore, must contribute, like any other citizen, to maintenance of the social order, by sacrificing a proportional part of their enjoyment. Information of the revenue of the poor is difficult enough to collect, and you often believe that you are informed of it when you do in fact make a double count for the other classes of society; you often oppress them, too, when you do have no intention to demand anything of them. The poor are severely taxed by laws of the Republic of France, but the treasury gains only a very small part of their payment.