Tuesday 21 September 2010

Book 3, chapter 6, paragraph 09

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 307-310]

   Les lettres patentes expédiées à Vincennes, et vérifiées en Parlement le 1er Sept, 1664, pour l’établissement de la Compagnie des Indes Orientales (1), lui accordent les plus brillants privilèges. Le Roi renonçait en sa faveur à la possession de Madagascar, outre qu’il lui cédait celle des conquêtes qu’elle pourrait faire; il exemptait de tous droits les marchandises sur lesquelles elle ne ferait qu’un commerce de transport, et ne soumettait qu’à la moitié des droits d’entrée, celles qu’elle importerait pour la consommation du Royaume; il lui permettait l’exportation du numéraire, alors interdite à tout autre; il lui promettait 50 liv. par tonneau de gratification, pour les marchandises que ses vaisseaux porteraient dans les pays de sa concession, et 75 liv. pour celles qu’ils en rapporteraient, et déchargeraient dans le Royaume; enfin il lui avançait entre la première époque de son établissement, et le 21 Septembre 1668, la somme de quatre millions, remboursables dans dix ans sans intérêt, et sur lesquels il consentait à supporter toute la perte que ferait la Compagnie, si ses spéculations étaient malheureuses. Avec tant d’avantages, elle ne cessa de déchoir, jusqu’à l’époque, où en 1708 elle céda son privilège à des armateurs de St. Malo. Le 13 Mars 1675 le Roi l’avait déchargée des quatre millions qu’elle lui devait; on fit à plusieurs reprises des appels aux actionnaires pour augmenter ses fonds, qui lors de l’établissement de la Compagnie étaient de huit maillions, et qui durent être portés à quinze par ces appels. En 1684 il se trouva cependant qu’ils ne montaient plus qu’à 3,353,966 liv. Malgré un nouveau supplément de 728,975 liv. demandé aux actionnaires, et un autre de 320,000, au mois d’Avril 1687, ses fonds à cette dernière époque ne se trouvèrent monter qu’à deux millions cent mille livres. En 1701 elle obtint du Roi un prêt de 850,000 liv., de ses Directeurs une nouvelle mise en fonds e 800,000 liv., et des actionnaires un supplément de cinquante pour cent. Cependant lors de sa réunion en 1719 à la Compagnie d’Occident, son passif surpassait son actif de plus de dix millions. On peut donc estimer à plus de trente millions la dissipation de capitaux nationaux qui a été faite par cette première Compagnie des Indes, par delà tout le profit de monopole qu’elle faisait sur les marchandises qu’elle vendait, et qui équivalait à un impôt sur la consommation des sujets de l’État (2).

[Translation]

   The charters issued in Vincennes, and approved in Parliament on 1 September 1664, for the establishment of the East India Company (1), accorded it the most brilliant privileges. In favour of the company, the King gave up possession of Madagascar, in addition to ceding it possession of the conquests that he was able to make He exempted from taxation the commodities not imported but only transported by the company, and levied only a half of taxes upon the entry of those imported by it for consumption within the Kingdom. He permitted it to export specie, while he prohibited any one else from doing so. He promised 50 livres per ton of bounty to it, for commodities that its vessels would carry into the countries disposed of by him, and 75 livres, for commodities that they would bring back to the Kingdom and unload there. Finally, he advanced it four million between the first time of its establishment and the 21st September 1668, a sum which was repayable in ten years with no interest, and upon which he consented to sustain all the loss that would happen to the company if its speculations were with no success. With all such advantages, the company did not cease to decline until the year of 1708, when it ceded its privilege to shipowners in Saint-Malo. On 13 May, 1675, the King had discharged the company from the four million that it owed him. The shareholders were more than a few times assembled for increasing its capital, the sum of which had been eight million at the time of establishment of the company and must have been increased to 15 million through these assemblies. In 1684, however, it turned out that its capital amounted to only 3,353,966 livres. In spite of a new supplement of 728,975 livres demanded on the shareholders, and another one of 320,000, the capital turned out in the end to amount to only 2.1 million livres in April 1687. In 1701, the company made a loan of 850,000 livres from the King, and another of 800,000 livres from its directors, and received a supplementary investment of 50 per cent from the shareholders. However, at the time of its merger in 1719 with the French West Company, it had more liabilities than assets by more than ten million. The national capital wasted by this first India Company can be estimated, therefore, at 30 million, for all the monopoly profit that the company gained from sales of commodities and that was equal to a tax upon consumption of the subjects of the state (2).