Thursday 1 July 2010

Book 3, chapter 3, paragraph 01

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 221-223]

Les Ministres qui du temps de la Monarchie ont rédigé les premiers tarifs de douane, et les Législateurs de la République qui leur ont succédé, séduits par une fausse théorie, se sont proposé dans l’établissement de ces douanes deux choses incompatibles; Ils ont voulu d’une part protéger le commerce en encourageant les manufactures, et de l’autre lever une contribution sur les consommateurs pour subvenir aux besoins de l’Etat: nous venons de voir qu’au lieu de ranimer les manufactures, ils ont éteint leur émulation, et souvent dissipé leurs capitaux, tout en usurpant les revenus des consommateurs; un seul coup d’œil jeté sur le bilan de la République, nous montrera combien ils sont éloignés du second objet qu’ils avaient en vue. Ces douanes qui coûtent même au plus pauvre journalier français plus de 20 francs par année, (Voyez ci-devant Liv. II. Chap. VI.) et qui frappent à coups redoublés sur les consommateurs riches et somptueux, ne perçoivent que vingt-quatre millions de produit brut, d’où soustrayant au moins dix millions de frais, il ne reste de recette nette, que quatorze millions pour toute la République. Que l’on sépare ces deux objets, que la douane désormais ne soit plus qu’un impôt, que la protection accordée au commerce ne soit plus souillée par l’avidité fiscale, que l’on ne prétende point parvenir par le même chemin à deux buts opposés l’un à l’autre, et le Législateur voyant clairement où il doit tendre, ne se trompera plus sur les moyens de réussir; nous-mêmes nous rencontrerons ainsi moins d’obscurité dans l’examen des deux questions qui feront le sujet de ce chapitre: 1.° Quels sont les moyens de lever sur les consommateurs un impôt qui ne préjudicie que le moins possible au commerce? Quels sont ceux d’encourager l’industrie en préjudiciant le moins possible au fisc?

[Translation]

Seduced by an erroneous theory, the ministers who laid down the first tariff of customs in the era of monarchy, and the legislators of the Republic who succeeded them, intended to reach two incompatible ends in establishing these customs duties. They wanted to protect commerce and thereby to encourage manufactures on the one hand, and to levy a tax upon consumers and thereby to meet the needs of the state on the other hand. We have seen that, instead of animating manufactures, these ministers and legislators extinguished emulation among manufactures, and often wasted their capitals by usurping the revenue of consumers. To look at the fiscal balance of the Republic will enable us to see how far they are from the second end that they bore in mind. These customs duties, which cost even the poorest French day-labourer more than 20 francs a year (see book 2, chapter 6, above), and which strike a double blow to rich and luxurious consumers, raise only 24 million by the gross, which leaves only 14 million of net revenue for the Republic with at least ten million of cost deducted. If the legislator makes a distinction between these two ends, if the custom duty is no longer any more than a tax, if the protection accorded to commerce is no longer polluted by the fiscal greed, and if he does not try to arrive at two conflicting ends by this way, then he will see clearly where it leads, and will not misunderstand how to be successful. Then we shall encounter less obscurity in examining the two questions which will provide subjects for this chapter; the first question is how we can tax consumers with as little harm as possible to commerce, and the second is how we can encourage industry with as little harm as possible to the treasury.