Sunday 7 June 2009

Book 1, chapter 7, paragraph 17

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 216-18]

   Lorsque la valeur des exportations surpasse celle des importations, la nation devient créancière des étrangers, et reçoit d’eux chaque année l’intérêt des fonds qu’elle leur a avancé. C’est le cas de toute nation qui fait un grand commerce extérieur, et sa créance sur l’étranger est d’autant plus forte que son commerce est plus circuiteux [?]; c’est-à-dire, lorsqu’au lieu de vendre ses produits à ceux de qui elle tire les produits étrangers dont elle a besoin pour sa propre consommation, elle est obligée de faire trois ou quatre échanges, avant d’obtenir la chose qu’elle veut employer à son usage. C’est ainsi que l’Angleterre vend sa quincaillerie aux Nègres de Guinée contre des esclaves, qu’elle échange ceux-ci contre des sucres et des cafés, et les derniers contre des vins, en sorte que ce n’est que par le troisième échange, qu’elle se sert elle-même. Une nation qui entreprend le commerce de transport, c’est-à-dire, qui fait les échanges des autres peuples sans apporter chez soi en dernière analyse un retour destiné à être consommé, fait un prêt plus considérable encore aux nations étrangères, et doit par conséquent attendre d’elles par delà le montant de ses exportations un retour annuel égal à la valeur des intérêts de sa créance. C’est bien là, si on veut l’appeler ainsi, une balance favorable, mais elle est l’effet non la cause de l’accroissement de la richesse. Il n’est guère moins absurde de forcer une nation à entreprendre un pareil commerce avant qu’elle soit assez riche pour s’y livrer, qu’il ne le seroit [serait] de proposer à un marchand embarrassé faute de capitaux, pour faire face à ses affaires, de prêter quelques centaines de mille écus à ses voisins, pour vivre ensuite de ses rentes. Il faut qu’une nation aussi bien qu’un particulier commence par se procurer les capitaux dont elle a besoin elle-même, avant de songer à les prêter aux autres.

[Translation]

   When the value of exports surpasses those of imports, the nation becomes a creditor to foreign countries, and receives from them every year the interest of the money it has advanced to them. This is the case of every nation who trades in amount with foreign countries, and its credit to foreigners is larger, the more multilateral its commerce is: namely when instead of selling its produce to those from whom it purchases the foreign produce it wants for its own consumption, it is obliged to make three or four exchanges, before obtaining the thing it wants to employ for its use. It is thus that England sells its hardware to Negroes in Guinea for some slaves, that it exchanges these for sugar and coffee, and these for wine, so that it is only by the third exchange that England obtains what is serviceable to itself. A nation who undertakes the trade of transport, namely who makes exchanges with other nations without, after all, carrying back anything for consumption, supplies still more loans to foreign nations, and should consequently expect from them more annual return than its exports, a return which is equal to the value of the interest of its credit. You may well call this a favourable balance too, but it is an effect, not a cause, of the growth of wealth. It is almost as absurd to force a nation to undertake such a trade before it becomes rich enough to engage itself in the trade, as it is to recommend a merchant, troubled with too little capital to cope with his affairs, to lend some hundreds of thousand ecus to his neighbours in order to live later on his rent. It is necessary that a nation as well as an individual should begin by obtaining capitals it itself needs before expecting to lend them to others.