Monday 11 January 2010

Book 2, chapter 7, paragraph 15

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 97-100]

   L’impôt de l’enregistrement produit une recette fort considérable, mais c’est un de ceux qui excitent le plus de réclamations; du moins quant aux droits proportionnels qui se perçoivent sur les successions, les donations et les ventes d’immeubles, suivant le § LXIX de la loi du 22 Frimaire en VII. Le droit proportionnel est d’entre tous les impôts que perçoit l’État, le seul qui se lève sur les capitaux et non sur les revenus, en sorte qu’il tend directement à appauvrir la nation, et à fermer les ateliers que ces capitaux auraient mis en mouvement. C’est comme si on prélevait une dîme non pas sur la récolte, mais sur la semence, au moment où l’agriculteur est sur le point de la confier à la terre (3). Les soixante-trois millions que cet impôt rapporte chaque année, sont une semence vraiment arrachée à l’industrie, au moment où elle allait la féconder; et la perte qu’occasionne cette distraction de capitaux, est égalé non point à leur valeur, mais à celle des produits qu’ils auraient donnés. Que l’on ne croie pas qu’il soit indifférent que les revenus de l’État soient formés de ceux des particuliers ou de leurs capitaux. La contribution foncière par exemple, quoique quatre fois plus forte, n’occasionne point une diminution de capital; celui qui la paye s’aperçoit que ses rentes sont réduites, et modère sa dépense en conséquence: mais celui qui paye le denier vingt d’un héritage, n’a pas même la pensée de prendre sur son revenu une somme souvent plus forte que ce revenu, ou de réparer cette perte par son économie; elle est alors prélevée sur une succession, sur laquelle le contribuable comptait fort peu, elle lui en paraît d’autant plus supportable, mais c’est souvent ce qui la rend le plus ruineuse pour la nation.

[Translation]

   The registration fee produces enormous revenue, but is one of the taxes which provoke the most complaints: at least, as to proportional taxes which are levied upon inheritances, donations, and sales of immovables, following article 69 of the law of 22 Frimaire in year seven. Among the taxes collected by the state, the proportional tax is the only one that is levied upon capital, not upon revenue, so that it tends at first hand to impoverish the nation and to close the manufactories set in motion by this capital. This is as if tithes were levied not upon crops but upon seeds, the moment the farmer is about to sow them on land(3). 63 million borne every year by this tax are the seeds actually deprived of the industry as they are about to set the industry in motion; and the loss caused by this destruction of capital is equal not to the value of the capital itself but to that of the produce it would have procured. That it is not believed that it does not matter whether the revenue of the state is comprised of individuals’ revenue or capital. The land tax, for example, though four times as heavy, does not cause a diminution of capital. The payer of the land tax is aware that his rents are reduced, and restrains his expenditure as a consequence, but the payer of the vingtième tax (or one-twentieth) upon an inheritance do not even conceive of taking a sum from his revenue which is often more substantial than this revenue, or of recovering this loss by his economy. The sum is then deducted from an inheritance upon which the taxpayer hardly rests, and the sum seems to him to be the more supportable, but this often makes it the most ruinous to the nation.