Wednesday 24 February 2010

Book 2, chapter 9, footnote 02

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 124-125]

(2) Bien des gens ne se font point encore une idée précise du tripot par lequel le Gouvernement se procurait de l’argent, au moyen des assignats. C’était cependant une opération aussi simple que ruineuse et immorale; il vendait aux étrangers des assignats contre argent. Les assignats n’avaient d’autre valeur dans l’étranger que celle qu’ils dérivaient de leur valeur en France, aussi y perdaient-ils toujours plus que dans l’intérieur des frontières de la République. Les négociants qui les avaien achetés n’avaient donc plus grande hâte que de les renvoyer en France, afin de les y échanger contre quelque chose dont la valeur fût plus réelle. Le Gouvernement, pour les déterminer à les acheter, les leur avait cédés à assez bas prix, pour qu’ils pussent sans perte payer avec ce dans l’intérieur de la France, soit l’argent, soit les marchandises, beaucoup plus cher qu’aucun Français: tous les assignats qui étaient vendus au dehors devaient donc être immédiatement renvoyés en France, pour y être convertis, soit en argent, soit en marchandises qu’on exportait aussitôt. Plus leur sortie était vendue difficile, et plus il fallait que le Gouvernement perdit sur son papier s’il voulait le vendre aux étrangers, pour leur donner les moyens de payer une contrebande plus coûteuse. C’était toujours le Gouvernement qui donnait le signal de la baisse des assignats dont il accusait les agioteurs, on pouvait les acheter de lui à meilleur marché que d’aucun autre: c’était lui qui vendait aux étrangers, soit le numéraire, soit les marchandises en circulation dans la République en en vendant le signe: et comme il vendait une chose qui n’était point à lui, il ne redoutait pas de faire dessus un rabais assez considérable, pour que les marchands eussent un grand avantage à traiter avec lui, encore qu’il les obligeât à payer très chèrement la contrebande qu’il les forçait à faire. De toutes les manières de se procurer la disposition du capital national, cet infâme agiotage sur le papier-monnaie était la plus ruineuse pour la nation, mais aussi la plus expéditive pour le Gouvernement.

[Translation]

(2) Few have formed a precise idea of the fraud by which the government made much money: that is, by means of assignats. This operation was, however, as simple as ruinous and immoral. The government sold assignats for specie to foreigners. Assignats had no other value abroad than what value they derived from their value in France, and, therefore, always depreciated more abroad than inside the borders of the Republic. The merchants who had bought assignats returned them the most promptly to France to exchange them for some things whose value was more real. To determine them to buy assignats, the government had given them assignats so cheap, that they could pay much more with this sort of paper for specie or commodities in France, without loss, than French merchants. All the assignats which were sold abroad were thus supposed to be returned to France, to be converted here to specie or commodities that we exported soon. The more difficult their efflux was made, the more loss the government was bound to sustain upon its issued paper as long as it sought to sell it to foreigners, to give them the means to pay for more costly smuggled goods. It was always the government that gave a chance to the fall of assignats of which it accused speculators, for they could be bought from the government at a lower price than from any other. It is the government that sold either specie or commodities in circulation in the Republic to foreigners, by selling signs of them. Moreover, since the government sold a thing which was not in its possession, it did not fear to give a discount enough for merchants to have a large advantage in dealings with it, though it obliged them to pay much for the goods that it forced them to smuggle. Of all means to put the national capital at the government’s disposal, this infamous speculation upon paper money was the most ruinous for the nation, but also the easiest for the government.