Sunday 31 May 2009

Book 1, chapter 7, paragraph 10

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 199-200]

   On pourroit [pourrait] se prévaloir de ce que je viens de dire (qu’une nation reste toujours débitrice de l’excédant de ses achats sur ses ventes) pour justifier la prohibition d’exporter le numéraire, que j’ai représentée comme impolitique, puisqu’aussi bien d’après les principes que je développe, ce numéraire ne seroit [serait] point employé à payer la dette nationale; cependant il le seroit [serait] souvent à payer la dette particulière, toutes les fois qu’un accident dans les changes rendroit [rendrait] plus avantageux de le faire en espèces: il seroit [serait] bientôt réimporté, et la nation resteroit [resterait] débitrice, mais ce ne seroit [serait] plus des mêmes particuliers. Toutes les fois qu’on la géne [gène] sur les moyens de s’acquitter, c’est comme si pour augmenter le crédit d’un marchand, on lui défendoit [défendait] de payer ses dettes. Elle paye en effet les siennes régulièrement, de même que la caisse d’escompte, ou toute autre banque publique, réalise ses billets à présentation, non que cette dernière ait dans ses coffres de quoi les acquitter tous; il lui suffit que tandis qu’un courant d’espèces en sort continuellement, il en rentre un autre qui lui soit égal, et la nation comme la caisse d’escompte, fait travailler à son profit le capital étranger qu’elle a emprunté, sans que personne se soit apperçu [aperçu] de le lui avoir prêté.

[Translation]

   One might make use of what I have just said (that a nation is always in debt by the excess of its purchases over its sales) in order to justify the prohibition of exportation of specie, which I have represented as impolitic, since, even according to the principles I develop, specie would not be employed to repay the national debt. However, it would often be employed to repay the debt of individuals, whenever it is more advantageous to do it in specie by accident of foreign exchange. Specie would soon be re-imported, and the nation would remain in as much debt, though the same individuals would not remain in debt any longer. Whenever the nation is kept from the means of settlement, it is as if a merchant were prohibited from repaying his debt in order to be given more credit. The nation, in fact, repays its debts regularly, in the same way as a discount house or any other public bank redeems its bills or notes on sight. But the nation does not have enough in its safe [as reserve], in the same way as the house, to repay all the debt. While it continually starts one monetary circulation, it has only to redeem another circulation which is equal to the one. The nation, like a discount house, employs foreign capital to profit, which it has borrowed while the lender has unconsciously made the loan.

Saturday 30 May 2009

Book 1, chapter 7, paragraph 09

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 197-99]

   Loin cependant que cet état habituel de créances, qui semble avoir échappé aux spéculateurs politiques, soit rare, il est le fondement de tout commerce étranger: lorsque les Hollandois [Hollandais] font pour les François [Français] le commerce d’exportation et d’importation, ils leur prêtent, car ils mettent pendant ce tem[p]s-là leurs capitaux à leur service. Lorsque des maisons Hollandoises [Hollandaises] viennent s’établir à Marseille, à l’Orient, à Paris, c’est un second prêt qu’elles font à la France, car tous les capitaux qu’elles y apportent, quoique gérés par elles, mettent en activité le commerce de France, et non celui des Pays-Bas. Lorsqu’enfin des marchands d’Amsterdam et de Londres, font des expéditions à des acheteurs françois [français], c’est toujours avec un crédit plus ou moins long. Ne fût-il que de trois mois, comme avant qu’il soit remboursé, un second envoi a été fait, et un second crédit ouvert, la nation n’en reste pas moins débitrice. La rapidité avec laquelle ces avances s’acquittent et se renouvellent sans cesse, est la principale cause qui a empêché d’observer qu’une nation qui achète plus de l’étranger qu’elle ne lui renvoie, doit constamment à l’étranger, quelque moment que l’on choisisse pour arrêter le compte, tout l’excédant [excédent] de ses achats sur ses ventes. Outre toutes ces manières de former des créances, il arrive souvent encore que les nations riches prêtent aux négocian[t]s des nations pauvres, soit en compte courant, soit par billet, soit par hypothèque, ou qu’elles prêtent au Gouvernement, pour se former des rentes viagères ou perpétuelles; mais quelle que soit l’importance de ces divers placemen[t]s, je ne crois pas qu’ils arrivent à égaler celui que fait sans s’en douter toute nation qui se livre au commerce étranger, et qui ne peut lui donner de l’activité, qu’en servant les autres de ses capitaux, et sa mettant sans cesse en avance vis-à-vis d’eux.

[Translation]

   However, this usual state of credit, which seems have evaded political speculators, is far from rare, and is the very rule of foreign trade. When the Dutch trade with the French in exports and imports, the former lend money to the latter, because the former put their capitals at the service of the latter during this period. Dutch trading houses have recently been established in Marseilles, the East, and Paris, and this is another loan the houses supply to France, because all the capitals they carry there activate French, not Dutch, commerce, though managed by the houses. Finally, when merchants of Amsterdam and London make shipment to French purchasers, it is always on credit on more or less long-term. Even though credit may be only on the term of three months, yet the nation is none the less indebted for that, because new shipment has been made and new credit given before it is redeemed. The rapidity with which these advances are incessantly acquired and renewed is the principal cause which has made it difficult to observe that a nation which purchases more foreign commodities than it sends back abroad constantly owes all excess of the purchase over the sale to foreign countries, no matter when the nation may determine to settle the account. Besides all these ways, bills of credit also come into being often from the process by which rich nations lend money to merchants of poor nations by current account, by bills, or by mortgage, or by which rich nations lend money to the government to be assured of lifetime or perpetual rent. However important these diverse investments may be, I do not believe that they can be equal to that which every nation unintentionally makes, who carries foreign trade, and who can only give it some activity by serving the others with its capitals and by being put incessantly in advance of them.

Friday 29 May 2009

Book 1, chapter 7, paragraph 08

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 197]

   Puisque les exportations et les importations, tant de numéraire que de marchandises, ne peuvent point se proportionner entr’elles, mais procèdent les unes et les autres de circonstances indépendantes, il faut bien que la balance du commerce se solde par des créances, l’étendue des échanges qu’on peut faire avec celles-ci étant absolument illimitée. Ce résultat, qui est la vérité même, ne laisse pas que de surprendre au premier abord, soit parce qu’un compte n’est rien moins que soldé par une créance, soit parce qu’on ne songe point que les nations sont fréquemment créancières ou débitrices les unes des autres.

[Translation]

   Since exports and imports of specie as well as of commodities cannot be proportional to each other, but respectively derive from independent circumstances, it is utterly necessary that the balance of trade should be settled by bills of credit, and that the extent of exchanges which can be made via bills of credit should be completely unlimited. Although it is true, this result cannot but be surprising at first sight, either because an account is nothing less than settled by a bill of credit, or because it is not imaginable that nations are frequently creditors or debtors by turns.

Thursday 28 May 2009

Book 1, chapter 7, paragraph 07

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 195-96]

   Cette différence qu’on nomme la balance du commerce, ne peut cependant point se solder au moyen du numéraire, car le besoin de celui-ci est déterminé d’une manière plus rigoureuse encore que celui de marchandises. Chaque nation doit en posséder comme nous l’avons vu, une quantité qui, multipliée par la vitesse de sa circulation, égale le momentum de ses autres capitaux; elle ne peut en avoir ni plus, ni moins: si la nation est vendeuse de l’excédant [excédent] de marchandises, et qu’on la paye en numéraire, après en avoir retenu pour son propre usage la portion nécessaire pour réparer ses monnoies [monnaies], et, si sa prospérité est croissante, pour rester en mesure avec cet accroissement, elle se hâtera de réexporter tout le reste, et les nations étrangères seront aussi bien ses débitrices qu’auparavant. Si au contraire la nation est acheteuse de l’excédant [excédent] des marchandises, si sa consommation d’objets destinés à son usagé surpasse sa production, à moins qu’elle ne soit propriétaire de mines, et que l’argent ne soit sa marchandise à elle, elle ne sauroit [saurait] se défaire de son numéraire sans qu’il lui revienne aussitôt de toutes parts; car dès qu’il renchérit chez elle, il faut bien qu’elle le rachète, ou avec des marchandises ou à crédit: aussi voyons-nous que les balancés défavorables, dont on a souvent entretenu les nations, n’ont jamais épuisé le numéraire d’aucune, à moins qu’on ne l’ait expulsé par la création d’un papier-monnoie [monnaie] (1).

[Translation]

   That difference which is called balance of trade cannot, however, be repaid by means of specie, because the need for specie is determined in a still more rigorous way than that for commodities. Every nation must, as we have seen, possess an amount of specie which, multiplied by the velocity of its circulation, is equal to the momentum of the other capitals of the nation. The amount of specie can have neither more nor less. Suppose that the nation is to sell surplus commodities and that other nations are to pay for them in specie before having reserved the necessary portion of their specie for its own use. If in growing prosperity, yet the nation will promptly re-export all the specie except the proportional portion to the growth, and the foreign nations will owe as much debt to the nation as before. Suppose, on the contrary, that the nation is to be purchase surplus commodities, and that the consumption of objects allotted for its use is over the production. Unless the nation has mines and unless money is a commodity to it, the nation could not send out specie without all the specie coming back to it. The reason is that it is utterly necessary that the nation should buy the specie back from abroad, either with commodities or on credit, as soon as it soars at home. Therefore, we see that the unfavourable balance, which nations have often experienced, does not exhausted specie of any nation, unless you have expelled it by creation of paper money (1).

Wednesday 27 May 2009

Book 1, chapter 7, paragraph 06

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 194-95]

   Ces dernières peuvent être de valeur égale, plus grande, ou moindre, que celle des importations; si elle est égale, il n’y a point lieu à solder le compte, ni par du numéraire, ni par des créances; si elle est plus grande, cet excédant [excédent] ne pourra point cependant déterminer à importer un excédant [excédent] correspondant de marchandises pour l’intérieur, car le pays est suffisamment pourvu pour sa consommation; si l’on en importe pour faire passer à d’autres nations étrangères, on ne solde point ainsi la dette des étrangers, puisqu’on l’accroît d’une part, tandis qu’on la diminue de l’autre, et que l’excédant de l’exportation sur l’importation n’est point payé. Si au contraire la valeur des marchandises exportées est moindre, ce désavantage tient indubitablement à la foiblesse [faiblesse] de la production, laquelle se proportionne toujours aux capitaux qui ont mis les travailleurs en mouvement. Il ne dépend pas plus de la nation d’exporter davantage, qu’il ne dépend d’elle d’être plus riche: l’inégalité entre la valeur des marchandises importées et exportées, produit donc toujours une différence de compte, qui doit être soldée, ou par du numéraire, ou par des créances, pour ramener l’échange à l’égalité qui doit s’y trouver.

[Translation]

   The value of exports can be equal, superior, or inferior to that of imports. If the value is equal, it is not necessary to settle the account either in specie or by bills of credit. If it is superior, yet this surplus cannot lead the nation to import the more commodities for domestic consumption, because the country is sufficiently provided for its consumption. If you import commodities to transfer them from some other countries to still other countries, yet you do not repay the debt to foreign countries during this process, because you increase it on one hand, while you decrease it on the other hand, and because the surplus of exports over imports is not paid. If on the contrary the value of exported commodities is less, this deficit is attributed undoubtedly to the feebleness of production, which is always proportional to the capital which has employed labourers. It depends upon the nation not so much to export more as to be richer. The inequality between the value of imported and exported commodities makes therefore an imbalance of account, which must be repaid, either in specie or by bills of credit, in order to reduce exchange to parity which must be found there.

Tuesday 26 May 2009

Book 1, chapter 7, paragraph 05

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 192-94]

   Reprenons-les séparément, et voyons comment la quantité donnée ou reçue de chacune d’elles est limitée d’une certaine manière parmi les marchandises importées; les unes le sont définitivement, étant destinées à la consommation intérieure; les autres sont réexportées, n’ayant été déposées sur le territoire de l’État que pour le service de son commerce circuiteux [?] ou de transport; l’importation de ces dernières peut s’accroître indéfiniment, suivant que la nation fait un commerce étranger plus ou moins étendu, mais elle ne solde point la dette des étrangers, puisqu’elle est destinée à l’accroître de nouveau; l’importation des premières doit toujours se proportionner à la consommation; or, comme nous l’avons vu, la consommation a une balance particulière; c’est son rapport avec les revenus nationaux: selon qu’elle reste au-dessous de leur étendue, ou qu’elle les excède, la nation s’enrichit ou se ruine; mais cette balance règle la valeur des importations, au lieu d’être réglée par elles; chaque particulier n’achetera [achètera] pas d’autant plus d’étoffes angloises [anglaises] qu’on en apportera davantage, mais l’on en apportera d’autant plus qu’il aura plus de disposition et de moyens pour en acheter: C’est donc sur les besoins et les moyens, quelquefois les fantaisies de la nation que se règle le montant des importations, et non sur la valeur des marchandises qu’elle pourra donner en retour.

[Translation]

   Let us take them again but separately, and see how limited the quantity given or received of each sort is in a certain way among imported commodities. Some imported commodities are definitively limited in quantity, allocated for domestic consumption. The others are re-exported, not having been consumed within the territory of the state except at the service of distributive trade or transport. The importation of the latter can grow infinitely, according as the nation extends foreign trade to a more or less extent, but the nation does not repay the debt to foreign counties, because it is to run up another debt. The importation of the former must always be proportional to its consumption. As we have seen, the consumption has a particular balance, that is, has a relation to the national revenue. The nation is progressive or retrogressive depending on whether or not the consumption remains below the national revenue. But this balance regulates the value of imports, instead of being regulated by them. Each individual will not purchase the more English cloth because more of it will come in, but the more English cloth will come in because he will have more disposition and means to purchase from England. It is therefore upon the wants and means, and sometimes upon the caprice of the nation, not upon the value of commodities the nation will be able to give in return, that the sum total of imports depends.

Monday 25 May 2009

Book 1, chapter 7, paragraph 04

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 190-92]

   Tout échange ou toute vente ne se conclud [conclut] jamais qu’à un prix auquel l’un et l’autre contractant croie trouver de l’avantage; les deux valeurs données l’une contre l’autre sont donc réputées égales; l’acheteur n’auroit [aurait] point cédé son numéraire contre la marchandise, s’il n’avoit [avait] pas cru qu’elle valoit [valait] autant pour lui que les espèces dont il s’est défait, ni d’autre part le vendeur n’auroit [aurait] point cédé sa marchandise, s’il n’avoit [avait] estimé autant les espèces qu’on lui donnoit [donnait] en retour. Chacun a dû même estimer plus ce qu’il recevoit [recevait] que ce qu’il donnoit [donnait], autrement il n’auroit [aurait] point eu de raison de changer. Mais comme cet excès de valeur ne peut pas se trouver en même tem[p]s d’une et d’autre part, il tient aux convenances seules des contractan[t]s, qui ne peuvent être soumises au calcul. La seule chose à laquelle celui-ci puisse s’étendre, c’est la valeur numérique, laquelle est indubitablement égale des deux parts. Ce qui est vendu mille écus par l’un, est acheté pour mille écus par l’autre contractant; c’est la même égalité que nous avons déjà eu lieu de remarquer, en comparant la valeur du numéraire à celle des marchandises qu’il fait circuler. Cependant en réunissant tout le commerce qu’une nation fait avec les étrangers, la même égalité doit se retrouver encore, puisqu’en additionnant des équations on obtient pour résultat une équation. La valeur de tout ce qu’une nation reçoit des étrangers, est nécessairement égale, aux yeux des contractan[t]s à la valeur de tout ce qu’elle leur à donné en échange; car chaque marché a été conclu enter’eux sur le pied de l’égalité. Mais d’entre les quatre espèces de richesses que les particuliers peuvent échanger ensemble, il n’y en a proprement que trois sur lesquelles des nations puissent négocier, savoir la richesse mobiliaire [mobilière], le numéraire et les créances. On comprend sans peine que la partie immeuble du capital fixe, quoique échangeable entre des particuliers, ne l’est pas entre des nations; c’est donc aux trois autres que se borne le commerce extérieur. [(1)] Ce que les nations ne payent pas avec d’une de ces trois choses, elles le payent avec l’autre; il suffit seulement que la valeur réunie de toutes trois, soit égale à la valeur réunie des choses des trois mêmes classes que les autres nations leur cèdent en retour.

[Translation]

   Every exchange or sale only takes place at a price both parties believe to be advantageous. A couple of things of value offered for each other are therefore regarded as equivalent. The purchaser would not have handed over his specie for a commodity had he not believed it to be of as much value for him as the coins he let go. Nor would the seller have handed over his commodity, on the other hand, had he not estimated the coins he would be given in return to be of as much value. It is possible even that each of the parties made more of what he received than what he gave; otherwise he would have had no reason to exchange. But such estimation is only concerned to expediencies of the contractors, which cannot be subjected to calculation, since that excess of value cannot be found on both sides at the same time. The only thing that can be calculated is numismatic value, which is undoubtedly equivalent on the two sides. That which is sold for 1000 ecus by one party is purchased for 1000 ecus by the other party. This is the same equality as we have already noted elsewhere in comparison of the value of specie to that of commodities it makes circulating. However, the same equivalence must be found again, in summing up of all the transactions a nation carries on with foreign countries, because, as you see, adding-up of any equations results in another equation. The value of every thing a nation receives from foreign nations is, in the eyes of both parties, necessarily equivalent to the value of the thing the nation gives them in return, because each transaction has been concluded between them on the basis of equality. But, properly speaking, nations can negotiate only three of the four sorts of wealth individuals can exchange altogether: namely, movable wealth, specie, and credit. It is easy to understand that the immovable part of fixed capital is not exchangeable between nations, though it is so between individuals. Therefore, it is to the three other sorts that foreign trade is confined. When nations do not pay for something with any of the three sorts, they pay for it with the other. It is sufficient to assume that the total value of the three sorts is equal to the total value of the same three sorts the other nations give them in return.

[Translator's note]

(1) I cannot explain the grammatical structure of this sentence. Any suggestion would be much appreciated.

Sunday 24 May 2009

Book 1, chapter 7, paragraphs 02-03

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 189-90]

   La première circulation de richesses qui réclame notre attention, c’est celle qui a lieu entre un État et ses voisins; non qu’elle soit réellement la plus importante, mais parce qu’une secte nombreuse et accréditée de politiques, voit dans le commerce extérieur, la seule source de richesse pour une nation, et regarde le calcul de la balance du commerce, nomme le plus important de tous ceux auxquels les administrateurs peuvent se livrer.
   Pour mettre de l’ordre dans son examen, nous discuterons successivement, l’égalité numérique qui existe toujours entre deux valeurs échangées, soit par des particuliers, soit par des nations; la manière dont se solde la balance que les échanges de marchandises laissent inégale, par des créances, et non en numéraire; les difficultés attachées au calcul de la balance du commerce; enfin, l’influence qu’a sur elle la guerre, et la dépense du Gouvernement dans l’étranger.

[Translation]

   The first circulation of wealth which attracts our attention is what takes place between a state and its neighbouring states, not because it is really the most important, but because a large and accredited sect of politics finds the only source of wealth for a nation in foreign trade, and regards the figure of balance of trade as the most important of all administrators can obey.
   For the purpose of examining this in order, we will, first of all, discuss the numismatic equality which always exists between a pair of exchanged values, either by individuals or by nations; secondly, the way to settle that balance on credit, not in specie, which exchanges of commodities leave unequal; thirdly, difficulties attached to the calculation of the balance of trade; finally, the influence upon it of war and public expenditure abroad.

Saturday 23 May 2009

Book 1, chapter 7, paragraph 01

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 189]

Nous venons d’examiner successivement les diverses espèces de propriétés qui constituent la richesse des hommes et des nations; les capitaux fixes qui sont presque tous des immeubles; les capitaux circulan[t]s qui sont des meubles appropriés aux usages et à la consommation des hommes; le numéraire; et les créances ou le capital immatériel. Toute la richesse du monde, tout ce qui peut être un objet de commerce ou d’échange, doit se ranger sous l’une de ces quatre classes: dans le reste de ce premier livre nous nous occuperons de ces échanges capitaux, et du mouvement que leur imprime le commerce.

[Translatin]

We have successively examined a variety of sorts of property which constitute the wealth of man and of nations; fixed capital, almost all sorts of which are immovable; circulating capital, which consists of movables appropriated for human use and consumption; specie; and credit or intangible capital. Every wealth on the earth, every thing that can be an object of commerce or exchange, must belong to one of these four categories. In the rest of the first book, we will deal with these exchanges of capitals, and the flow which commerce gives to them.

Friday 22 May 2009

Book 1, chapter 6, footnote 04

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 174]

(4) Le seul cas où l’on crée du capital immatériel par la transmission d’une propriété immobiliaire [immobilière], c’est lorsque l’on vend un immeuble à crédit; mais quand on emprunte par hypothèque sur un immeuble, le capital immatériel que l’on crée est né de la transmission d’une richesse mobiliaire [mobilière], représentée par le numéraire prêté.

[Translation]

(4) The only case where one creates some intangible capital by the transfer of a piece of the immovable property is when one sells a piece on credit. But, because one makes a loan by pledge of an immoveble, the intangible capital he creates has derived from the transfer of a piece of the movable wealth, represented by the loaned specie.

Thursday 21 May 2009

Book 1, chapter 6, footnote 03

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 170-71]

(3) Il n’est pas étrange qu’on ait confondu ces deux espèces de titres, puisque l’on a vu des papiers-monnoies [monnaies] qui participoient [participaient] de la nature de l’un et de l’autre, qui étoient [étaient] reçus dans le commerce comme numéraire, et qui portoient [portaient] cependant intérêt comme créances. Cette confusion de fait n’empêche pas qu’il n’y ait une différence essentielle dans la nature et dans les effets de ces deux espèces de billets.

[Translation]

(3) It is not strange that one should have confused these two sorts of bills, for there has been a variety of paper money which had the nature of both the two, which was accepted in commerce as specie, and which nonetheless bore interest as a bill of credit. This confusion does not in fact deny that there is some essential difference in nature and effect between these two sorts of bills.

Wednesday 20 May 2009

Book 1, chapter 6, footnote 02

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 168]

(2) Mr. Blanc de Volx confond de même les créances avec le papier-monnoie [monnaie] dans l’examen de la question qu’il se propose, convient-il à un Gouvernement d’être débiteur ou créancier. Il pèse les avantages et les inconvénien[t]s de la création d’un signe d’échange fictif, qu’il croit être le résultat d’un emprunt, tandis que dans le fait un emprunt ne crée point de signe fictif, et que celui-ci n’est produit que par une émission de papier-monnoie [monnaie]. S’il avoit [avait] fait cette distinction, il seroit [serait] arrivé plutôt et beaucoup plus sûrement à la conclusion si naturelle à laquelle il arrive cependant, qu’il vaut mieux que le Gouvernement soit créancier que débiteur. Il faut que l’amour des paradoxes ait été bien puissant, pour faire contester une proposition si évidente. Voyez État commerc. de la France, Ch. III. Sect. II et III.

[Translation]

(2) Likewise Mr Blanc de Volx confuses bills of credit with paper money in examination of the question he deals with, the question of which is more convenient for a government to be a debtor or a creditor. He scrutinises the advantages and the inconveniences of the creation of a fictitious sign of exchange, which he believes is the result of a borrowing, while in fact the fictitious sign is not created by a borrowing or produced by an issue of paper money. If he had made this distinction, he would have arrived sooner and much more surely to that natural conclusion to which he nonetheless arrive, that it is better that the government is a creditor than a debtor. It is necessary that the love of paradoxes should have been very strong, in order to make such an evident proposition contested. See État commercial de la France, chap. 3, sects. 2 and 3.

Tuesday 19 May 2009

Book 1, chapter 6, footnote 01

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 158]

(1) J’ai cru devoir donner le nom de capital immatériel à cette partie de la richesse nationale que possèdent certains capitalistes dont toute la fortune est dans un porte-feuille. Les espèces monnoyées [monnayées] avec lesquelles ils transfèrent leur propriété en sont le signe, les titres des créances qu’ils gardent par devers eux en sont le gage, mais leur propriété elle-même est immatérielle, ou plutôt ce n’est qu’un droit en participation sur des richesses plus solides dont d’autres sont les détenteurs.

[Translation]

(1) I have believed it necessary to give the name of intangible capital to that part of the national wealth which is in the possession of certain capitalists whose fortune is all in a portfolio. Coined money with which they transfer their property is the sign of the property, and bills of credit which they keep in hand are the security of it, but their property itself is intangible, or rather, only a right to a share of the firmer wealth held by others.

Monday 18 May 2009

Book 1, chapter 6, paragraph 27

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 187-88]

   Quand une nation devient la créancière des étrangers, peu lui importe que les autres nations dissipent ou non ce qu’elle leur prête; il lui suffit que leur dette soit assurée, et qu’elles lui en payent bien les intérêts; elle ne s’informe point si c’est avec les productions du capital même qu’elle leur a prêté, ou si c’est avec un second capital destiné à cet usage; dans l’un et l’autre cas, elle n’a rien perdu de sa richesse, et son capital immatériel représente une masse correspondante de marchandises ou d’immeubles, existante entre les mains des étrangers, et qui lui est hypothéquée.

[Translation]

   When a nation becomes a creditor of foreign countries, it does not matter for this nation whether or not the nations of the countries dissipate that which it lends them. It is sufficient to it that their debt is assured, and that they pay due interest of the loan to the nation. It does matter for this nation whether it is with the produce of the very capital lent by it to them, or with that of another capital allotted for this use. In both cases, it has no loss of its wealth, and its intangible capital represents a correspondent amount of commodities or immovables, which exist in the hands of foreigners, and upon which the nation hold a mortgage.

Sunday 17 May 2009

Book 1, chapter 6, paragraph 26

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 185-87]

   En laissant de côté ces nouvelles profusions qui sont plus souvent la cause que l’effet d’une banqueroute, et en ne considérant que ses conséquences immédiates, savoir d’une part l’anéantissement d’un capital immatériel, de l’autre la création d’un revenu matériel égal seulement au revenu que produisoit [produisait] le capital anéanti, il semble qu’on s’ôte la disposition d’un fonds, pour ne se réserver que celle d’une rente; cependant comme le capital immatériel ne peut pas être employé par lui-même à mettre en mouvement l’industrie, mais seulement, autant qu’on l’échange contre un capital matériel; que ces échanges ne diminuent point la masse du capital immatériel, car il reste toujours pour une somme égale de créanciers de l’État, qui ne mettent point d’industrie en mouvement, quoique ce ne soient plus les mêmes personnes; et que c’est par conséquent le seul capital matériel et circulant qui peut animer le travail, on en peut conclure, que celui-ci restant précisément le même qu’avant la banqueroute, la perte dans les capitaux de l’État n’est qu’apparente, et que leur mouvement peut être précisément le même. Ces considérations sont bien loin de justifier une banqueroute, car le profit que fait un voleur ne justifie pas son vol; mais quelque criminelle qu’eût été la banqueroute pour la France; il est certain qu’elle eût été moins ruineuse, que l’opération tout aussi criminelle d’une création illimitée de papier-monnoie [monnaie]. Mr. Canard auroit [aurait] dû se défier du raisonnement qui l’a amené à une conclusion toute contraire; car il en vient presque à prouver (§. 122.) qu’une banqueroute nationale est impossible, ce qui est contraire à l’expérience de toute l’Europe, et particulièrement à celle que nous n’avons que trop faite pendant la durée de la révolution.

[Translation]

   Taking no account of these new dissipations which are more often the cause than the effect of a bankruptcy, and considering nothing but its immediate consequences, that is, the destruction of an intangible capital on one hand and the creation of a tangible revenue equal only to the revenue which the destroyed capital produced, it seems that you are deprived of a stock at your disposition, only to reserve a rent at your disposition. However, the intangible capital can be employed to put some industry at work, not by itself, but by exchanging it for a tangible capital; these exchanges do not diminish the amount of intangible capital, because the amount held by creditors of the state always remains the same, who do not put industry at work, even though they may be no longer the same persons; and it is consequently only the tangible and circulating capital that can animate labour. Therefore, you can conclude from these, that this capital remaining precisely the same as before the bankrupt, the loss in the capital of the state is only apparent, and its flow can be precisely the same. These considerations are very far from justifying a bankruptcy, because the profit made by a thief does not justify his theft. However criminal the bankruptcy might have been for France, it is certain that it would have been less ruinous than the operation of unlimited issue of paper money, though as criminal. Mr Canard should have doubted the reasoning which has led him to a utterly contrary conclusion. For he almost assumed (§ 122) that a national bankruptcy is impossible, an assumption which is contrary to the experience of the whole of Europe, and particularly to that through which we went only too thoroughly during the period of the revolution.

Saturday 16 May 2009

Book 1, chapter 6, paragraph 25

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 184-85]

   Cette discussion peut jeter quelque lumière sur l’effet que devroit [devrait] probablement produire la banqueroute nationale, chez une nation flirt endettée. Une banqueroute est une fort grande injustice, par laquelle la propriété des créanciers est transférée aux débiteurs, sans motif ni rétribution. Celle de l’État détruit entre les mains de ses créanciers, un capital immatériel, produisant chaque année en leur faveur un revenu matériel; et elle crée entre les mains des contribuables, un revenu matériel, précisément égal à celui des créanciers qu’elle a anéanti; auparavant ce revenu n’étoit [était] point à eux, mais il passoit [passait] sous la forme d’impôt du contribuable au trésor national, et sous la forme de rentes viagères ou perpétuelles, du trésor national aux créanciers. Cette opération fort immorale et fort injuste, n’a donc point nécessairement un effet destructif pour la nation au milieu de laquelle elle s’opère; elle en ruine une moitié, elle en enrichit l’autre sans raison; au milieu de ces révolutions particulières, le capital national reste jusques ici le même qu’auparavant; mais jamais aucun Gouvernement n’a fait banqueroute dans la vue d’affranchir les contribuables des impôts payoient [payaient]; c’étoit [était] uniquement pour employer ces impôts à de nouvelles dépenses, et se réserver les moyens de dissiper une seconde fois les revenus présen[t]s et à venir de la nation; la perte nationale qu’occasionne la banqueroute, est égale à cette seconde dissipation qu’elle a rendue possible.

[Translation]

   This discussion can cast some light upon the effect which would probably not fail to lead an extremely indebted nation to the national bankruptcy. A bankruptcy is a very grave injustice, for which the property of creditors is transferred to debtors, without reason or remuneration. The bankruptcy of a state destroys in the hands of its creditors that intangible capital which procures them tangible revenue every year, and creates in the hands of taxpayers that tangible revenue which is precisely equal to that of the creditors which it has ruined. This revenue did not belong to them before, but it was transferred in the form of tax from taxpayers to the national treasury, and in the form of lifetime or perpetual pension from the national treasury to creditors. Therefore, this extremely immoral and unjust operation does not necessarily have a destructive effect for the nation among whom it is operated. It ruins half of it, and enriches the other half without reason. Until this point of the course of these unique revolutions, the national capital remains the same as before. However, any government has gone bankrupt, not with the view to freeing taxpayers from taxes they paid, but exclusively in order to employ these taxes for new expenditure and to reserve the means to dissipate the present revenue and future revenue of the nation on another opportunity. The national loss which is caused by the bankruptcy is equal to this second dissipation which it has made possible.

Friday 15 May 2009

Book 1, chapter 6, paragraph 24

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 181-84]

   Au moment où la banque de France, le comptoir commercial, ou la caisse d’escompte, augmentent leur circulation, il existe toujours une certaine dette de la France envers les étrangers, tout pays commerçant ayant habituellement des dettes de ce genre. Les débiteurs Parisiens emploient aussitôt à payer leurs dettes l’argent que ce nouveau papier fait refluer de la circulation; et l’on éprouve une abondance momentanée de capitaux, les dettes étant soldées sans que la circulation interne soit diminuée, parce que le signe y a pris la place de la réalité. Jusques-là, et pas plus loin, l’émission d’un papier-monnoie [monnaie] est utile. Mais l’on sent d’une part que l’utilité qu’on en peut dériver est fort limitée, puisqu’il n’y qu’une partie du numéraire, celui qui circule par grosses sommes entre négocian[t]s, que l’or puisse remplacer par du papier; de l’autre, cette opération qui anime le commerce, est accompagnée de dangers tout au moins égaux à ses avantages, à cause des variations de valeur auxquelles est nécessairement exposé un signe qui n’en a aucune par lui-même. Du reste échanger le numéraire qu’on possédoit [possédait] déjà contre une richesse mobiliaire [mobilière] plus productive, ce n’est pas multiplier les capitaux, c’est seulement en tirer un plus grand parti; aussi l’établissement d’une banque n’ajoute-t-il rien aux fonds que possédoit [possédait] la nation, le pouvoir du crédit ne s’étend pas jusques-là; il procure à l’un, l’usage de ce qui étoit [était] au service de l’autre, mais il déplace, et ne crèe [crée] jamais. Ce n’est pas qu’il ne paroisse [paraisse], au moment de l’émission des billets de la banque de France, que plus de fonds circulent sur la place, et que l’intérêt de l’argent baisse; mais cette chute est de courte durée; elle tient à ce que les Directeurs prêtant ce qui n’est pas à eux, ne sont pas au premier abord très difficiles sur les conditions du contrat. Ils cèdent en effet, avant de la tenir, la richesse mobiliaire [mobilière] déjà existante dans leur pays, et dont leurs billets leur donneront la disposition; mais bientôt il se trouve que cette richesse réelle n’est point augmentée par la fabrication de leur papier, et au bout de trois semaines ou d’un mois, l’escompte remonte au même prix où il étoit [était] avant l’émission de leurs billets. Concluons donc qu’un capital immatériel très considérable n’ajoute rien à la richesse nationale, quoiqu’il soit en général le signe de son existence; il est dû le plus souvent au commerce, il s’accroît avec lui et d’ordinaire il le facilite; mais si chaque capitaliste faisoit [faisait] valoir ses propres fonds au lieu de les confier à des emprunteurs, et de se décharger sur eux de tout soin, la fortune publique seroit [serait] précisément la même, quoique tout le capital immatériel fût par-là anéanti; autant de travail seroit [serait] produit chaque année, et le revenu national ne seroit [serait] point altéré. Cette révolution dans les usages et les mœurs n’auroit [aurait] peut-être rien de désirable, mais il ne faut point croire non plus l’existence de l’État attachée à l’ordre actuel, et calculer ses ressources sur des richesses fictives et des capitaux imaginaires, qui ne sont jamais que comme le spectre d’une richesse plus solide que réfléchiroit [réfléchirait] un miroir, et qui ne pourroit [pourrait] exister indépendamment d’elle.

[Translation]

When the Bank of France and a commercial bank, or a discount house, increase their circulation, there comes to being a certain debt of France to foreign countries, as every trading country usually has this sort of debts. Debtors in Paris promptly repay their debt with that money which is released from circulation due to this new issue. Then France sees a temporary abundance of capital, as the debts are cleared off with the internal circulation undiminished, because the sign has taken the place of the real money. The issue of paper money is useful up until this point of time, but not beyond it. On one hand it is thought that the utility which can be derived from paper money is extremely limited, because only a part of specie could be replaced by paper, a part which circulates by the large sum among traders. On the other hand, it is thought that this operation which animates commerce is accompanied by dangers at least equal to its advantages, because of the variations of value to which a sign which has no value in itself is necessarily exposed. In addition, an exchange of the already possessed specie for a more productive movable wealth is not to make the capital grow, but only to make more use of it. Therefore the establishment of a bank adds nothing to the money the nation possessed, and the power of credit does not extend itself so far. It procures [the] one the usage of that which was serviceable to the other, but it displaces, never creates. Admittedly it seems at the moment of issue of notes by the bank of France, that more money circulates in the market and that the interest of money falls, but this fall does not last long enough. It derives from the fact that the directors lending what does not belong to them are not so strict about the conditions of the contract at first sight. Before holding it, they, in fact, make over the movable wealth which already exists in their country, and which will be in their disposition thanks to their bills. But it soon turns out that this real wealth is not increased by issuing their paper, and in three weeks or one month the discount will be back to the same rate as it used to be at before the issue of their notes. Let us conclude therefore that a considerable amount of intangible capital adds nothing to the national wealth, even though it is in general the sign of its existence. The intangible capital derives the most often from commerce, grows with it, and generally facilitates it. But if every capitalist made use of his own money instead of trusting it to borrowers and imposing every management on them, the public fortune would remain precisely the same, even though the intangible capital might disappear due to it. The same amount of labour would be performed every year, and the national revenue would be unchanged. This revolution in usages and manners would perhaps not be desirable at all, but it is not necessary, either, to believe the existence of the state attached to the present order and to calculate its resources on fictitious wealth and imaginary capital, which are something like that ghost of the more solid wealth which would be reflected on a mirror, and which could not exist independently of it.

Thursday 14 May 2009

Book 1, chapter 6, paragraph 23

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 180-81]

   Enfin les banques qui donnent naissance à la seconde espèce de capital immatériel, aux billets ou papiers-monnoies [monnaies] qui circulent concurremment avec le numéraire, ne crèent [créent] pas non plus le capital immatériel qu’elles émettent; celles-ci cependant peuvent augmenter réellement jusques à un certain point la richesse productive de l’État. Chaque émission de papier-monnoie [monnaie] doit comme nous l’avons vu, pousser en dehors de l’État une somme de numéraire égale à la valeur de l’émission, aussi long-tem[p]s du moins que la confiance dans le papier est entière: or cette somme de numéraire, ou d’un capital stérile expulsée ainsi, n’est pas donnée gratuitement aux étrangers; elle est échangée avec eux contre une richesse mobiliaire [mobilière], matérielle et productive, qui mise en circulation, augmentera les revenus nationaux.

[Translation]

   Finally, the banks which give birth to the second sort of intangible capital, namely bills or paper money which circulate in rivalry with specie, do not create the intangible capital they issue, either. They can, however, really increase the productive wealth of the state to a certain extent. Every issue of paper money should, as we have seen, must drive abroad an equal amount of specie to the value of the issue, at least as long as confidence in paper money is intact. But this amount of specie or sterile capital thus expelled is not given to foreign countries gratuitously. It is exchanged with them for movable, tangible and productive wealth, which will increase the national revenue if put in circulation.

Wednesday 13 May 2009

Book 1, chapter 6, paragraph 22

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 179-80]

   Le capital immatériel des particuliers, celui qu’ils font naître par leur emprunts directs ou indirects, a toujours la même origine. Un banquier en tirant sur ses correspondan[t]s, et en levant des fonds par circulation, paroît [paraît] souvent user de son crédit pour créer un capital immatériel, dont il se procure la disposition; il emprunte en quelque sorte sans le consentement de personne; au moyen de ses traites sur son correspondant et des retraites de celui-ci que l’un et l’autre négocient, ils trouvent tous deux de l’argent. Mais celui qui leur prêté cet argent sans s’en douter, c’est celui auquel ils négocient leur papier pour comptant; et celui-ci en donnant de l’argent, transmet son droit sur une richesse mobiliare [mobilière] et déjà existante, qui constitue seule la valeur de l’argent livré. Si cette richesse venoit [venait] à manquer, ils ne trouveroient [trouveraient] plus personne qui voulût prendre le papier qu’ils offrent, il leur seroit [serait] impossible d’emprunter; ils ne crèent [créent] donc point non plus des capitaux, mais ils se proeurent la disposition d’une partie de la richesse mobiliaire [mobilière], dont ils n’altèrent point l’usage, s’ils la destinent à un travail productif, et qui ne sera par conséquent ni plus ni moins utile à l’État, à cause de la rapide circulation de leurs lettres de change.

[Translation]

   The intangible capital of individuals, that to which they gives birth on their direct or indirect borrowing, always has the same origin. It seems that a banker always uses his credit, by drawing upon his correspondents and raising money by circulation, in order to create an intangible capital, which gets at his own disposition. He makes a loan in a sense without consent of any one else. By means of his bills upon a correspondent and the reverse bills of the latter, which both parties negotiate, both find some money. But the person who lends them this money without knowing he does is that to whom they negotiate their bills for cash. He transfers, by offering some money, his right to a movable and already existent wealth, which constitute as much as the value of the offered money. If this wealth had vanished, they would not find any one who would like to take the bills they offer, and it would be impossible for them to borrow. Nor do they therefore create capital, but they have a part of the movable wealth at their disposition, whose use they do not change if they allocate it for productive labour, and which consequently will be of none the more or less use to the state because of rapid circulation of their bills of exchange.

Tuesday 12 May 2009

Book 1, chapter 6, paragraph 21

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 178-79]

   Nous verrons ensuite que les actions sur les compagnies de commerce, qui circulent sur la place, ne forment point non plus une accession à la richesse nationale, car elles ne sont que la représentation d’un droit sur une richesse matérielle, qui n’en existeroit [existerait] ni plus ni moins, soit que cette richesse fût hypothéquée ou non. Une action de la compagnie des Indes angloises [anglaises] représente une partie des effets appartenan[t]s à cette compagnie, effets qui ont été produits, ou obtenus en échange de ceux qui ont été achetés avec l’argent des prêteurs. Ces effets-ci qui formoient [formaient] une richesse solide et matérielle ont dû exister préalablement, et être fournis indirectement par les prêteurs, autrement le capital immatériel n’auroit [aurait] pas pu naître; ce dernier soit qu’il soit attaché à l’existence de grandes compagnies, ou à celle du Gouvernement n’est jamais le produit d’un crédit créateur, mais bien celui de la livraison et de la consommation d’une richesse matérielle.

[Translation]

   Moreover, we see that shares of commercial companies, which circulate in the market, do not add to the national wealth, because they only represents a right to a tangible wealth, which they would not increase or decrease, whether this wealth may or may not be mortgaged. A share of the British East India Company represents a part of the property belonging to this company, which consists of goods which have been produced or obtained in exchange of those which have been purchased at the subscribers’ expense. These goods which formed a part of the tangible and solid wealth must have existed in advance, and must have been provided indirectly by the subscribers; otherwise, no intangible capital could be created. The intangible capital is never produced by credit creation, whether it is attached to the existence of grand companies, or that of the government, but it is produced by the delivery and consumption of a tangible wealth.

Monday 11 May 2009

Book 1, chapter 6, paragraph 20

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 178]

   Si nous jetons à présent un regard sur les divers emplois du capital immatériel, nous comprendrons mieux quels effets il a dît produire. Nous verrons premièrement que les emprunts du Gouvernement, quoiqu’ils fassent naître un signe fictif de richesse, une créance hypothéquée sur le travail à venir des hommes, ne sont point un avantage, mais une perte; car ce travail n’en existera ni plus ni moins, parce que le Gouvernement a promis à un tiers qu’il en partageroit [partagerait] les fruits; et quant à la cause qui auroit [aurait] mis ce travail en mouvement, la richesse mobiliaire [mobilière] qui a été fournie au trésor public et qui a fondé la dette, elle n’existe plus.

[Translation]

   Now if we take a look at the diverse employments of the intangible capital, we understand better what effects it should have produced. First of all, we see that the debt of the government is not an advantage but a loss even though it may give birth to a fictitious sign of wealth (a bill of credit drawn in pledge of future labour of humans). For this labour will not exist in all the more or the less amount, because the government has promised to a third party that he might participate in distribution of the produce of the labour. As for the cause which would have put this labour at work, the movable wealth which has been provided to the public treasure and which have founded the debt no longer exists.

Sunday 10 May 2009

Book 1, chapter 6, paragraph 19

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 177-78]

   Le crédit, d’après ce que nous venons de dire, n’a donc point réellement une puissance créatrice; il ne fait que donner à celui qui le possède la disposition d’une portion richesse déjà existante et déjà employée sans doute à maintenir un travail productif; la richesse immatérielle ne fait point non plus partie du capital national, quoiqu’elle fasse partie de celui des particuliers, parce qu’elle est toujours accompagnée d’une quantité négative existant entre les mains de quelque détenteur de richesse mobiliare [mobilière], quantité négative qui la compense et la détruit.

[Translation]

   Credit, according to what I have just said, does not therefore really have a creative power. It only put at creditors’ disposition a portion of the wealth which already exists and is already employed probably to maintain productive labour. Nor does the intangible wealth comprise of any part of the national wealth, even though it may comprise a part of those of individuals, because it is always accompanied by a negative quantity which exists in the hands of one or another holder of the movable wealth, a negative quantity which counterbalances and offsets it.

Saturday 9 May 2009

Book 1, chapter 6, paragraph 18

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 176-77]

   Si des capitaux n’avoient [avaient] jamais été prêtés que pour maintenir un travail productif, il existeroit [existerait] une somme de marchandises égale à celle du capital immatériel, qui n’appartiendroit [appartiendrait] pas à ses détenteurs ou qui entre leurs mains seroit [serait] hypothéquée aux prêteurs; mais lorsque des emprunts ont été faits dans tout autre but, comme la richesse mobiliaire [mobilière] qui a donné naissance aux créances a été dissipée sans reproduction, il n’existe point, pour représenter les dettes du Gouvernement, par exemple, une masse correspondante de richesses sans propriétaires, mais seulement une masse suffisante pour en payer les intérêts. Les vrais propriétaires de la partie du revenu national que prélèvent les impôts, ne sont point ni ceux qui produisent et qui payent, ni le Gouvernement qui reçoit le montant des contributions, mais les créanciers de l’État auquel il est dû. Il y a cependant toujours comme l’on voit une relation nécessaire entre la valeur négative de la richesse mobiliaire [mobilière], d’une part, et de l’autre, la richesse positive des propriétaires du capital immatériel qui ont hypothèque sur elle.

[Translation]

   If no capital had ever been lent except for maintenance of productive labour, there would be an equal amount of commodities to that of the intangible capital, which would not belong to its holders, or which would be mortgaged in their hands to the lenders. But, when some loans have been made for any other purpose, as the movable wealth which has given birth to bills of credit has been dissipated without reproduction, there does not exist a corresponding mass of the wealth without owners (for example, in order to represent the debts of the government), but only a mass sufficient to pay the interests. The true owners of the part of the national revenue which derives from taxation are not those who make a production and a payment, or the government who receives the sum total of taxes, but the creditors of the state to which it is due. However, there is always, as you see, a necessary relation between the negative value of the movable wealth, on one hand, and the positive wealth of the owners of the intangible capital which is issued in pledge of it, on the other hand.

Friday 8 May 2009

Book 1, chapter 6, paragraph 17

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 175-76]

   Les emprunts faits pour maintenir un travail productif n’appauvrissent pas la nation, et ne l’enrichissent pas non plus; c’est une partie de la richesse mobiliaire [mobilière] qui change de régisseur sans changer de propriétaire, ni changer non plus de destination, car tout capitaliste n’emploie son capital qu’à maintenir un travail productif, sous peine de le perdre. Mais les emprunts faits pour maintenir un travail improductif, soit par un dissipateur qui hypothèque ses immeubles pour gage, soit par le Gouvernement qui hypothèque les revenus de la nation, sont autant de pertes pour l’État. Les fonds qui jusqu’à ce jour avoient [avaient] été destinés uniquement à mettre en meuvement des ouvriers utiles, sont consommés sans retour; et quoique le prêteur ait en mains un gage égal à la valeur des marchandises qui ont été consommées; quoiqu’il prélève sûr le produit annuel une part égale à l’intérêt de ses fonds, cette somme n’en est pas moins perdue pour l’État; car l’emprunteur a aliéné d’abord la somme qu’il a reçue en dépôt, et ensuite celle avec laquelle il paye le prêteur: il y en a deux de déboursées, et cependant il n’en existe plus qu’une.

[Translation]

   The loans made in order to maintain productive labour do not impoverish the nation, nor do they enrich it. It is a part of the movable wealth which changes managers without changing owners or any purpose, because every capitalist only employs his capital in order to maintain productive labour, lest he should sustain a loss. But the loans made in order to maintain unproductive labour, either by a dissipater who mortgages his immovables or by the government which mortgages the revenue of the nation, are also losses for the state. The money which up to that day had been devoted to employment of useful labourers is consumed with no return. Even though the lender may hold a mortgage equal in value to the commodities which have been consumed, even though he may extract a part equal to the interest of his money from the annual produce, this amount is nonetheless lost for the state. This is because the borrower has alienated at first the amount which was deposited with him, and later the amount he pays to the lender. He makes two payments, and yet there is no more than one payment.

Thursday 7 May 2009

Book 1, chapter 6, paragraph 16

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 174-75]

   Tout capital immatériel est né de la livraison d’une portion de richesse matérielle, et généralement mobiliaire [mobilière] (4). Le numéraire a été le plus souvent le signe de cette livraison, mais elle n’a vraiment été accomplie que lorsque l’emprunteur a employé l’argent relu à acheter les objets de consommation dont il vouloit [voulait] faire usage. Aucun homme n’a jamais emprunté pour garder le numéraire dans son coffre-fort. Les marchandises contre lesquelles il l’échange sont la propriété du prêteur; celles qu’il produira en faisant consommer ces premières, sont son hypothèque. La masse des marchandises livrées et consommées en conséquence des ces marchés, est égale à la masse des créances; et comme il n’y a point de double emploi, les détenteurs du mobilier effectif ne sont point propriétaires de cette partie du revenu national et mobilier, qui est égale aux intérêts dûs à tous les porteurs de créances: il y a d’une part une quantité négative égale à la quantité positive qui se trouve de l’autre.

[Translation]

   Every piece of intangible capital has derived from the delivery of a portion of tangible and generally movable wealth (4). Specie has been most often the sign of this delivery, but the delivery is really accomplished only when the borrower has used the received money to purchase the objects of consumption of which he wanted to make use. No one has ever made a loan in order to keep specie in his safe. The commodities for which the borrower exchanges it are the property of the lender. The commodities the former will produce by making the previously purchased commodities consumed are the security of the latter. The sum of commodities delivered and consumed in consequence of these deals is equal to the sum of bills of credit. When there is no double employment, the holders of actual movables were not owners of this part of the national and movable revenue, which is equal to the interests due to all the bearer of bills of credit. There is a negative quantity on one hand, equal to the positive quantity which is found on the other hand.

Wednesday 6 May 2009

Book 1, chapter 6, paragraphs 14-15

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 173-74]

   Les créances portant intérêt, tant par obligation que par simple billet, sur le trésor public, les compagnies de commerce, ou les particuliers, sont d’une toute autre nature que le papier-monnoie [monnaie]; on est aussi empressé à les garder qu’à se défaire de l’autre; quoiqu’on les échange quelquefois ou entre elles ou avec des marchandises, elles ne forment cependant point partie de la circulation, aussi retardent-elles moins le numéraire en le remplaçant qu’elles n’accélèrent sa marche en multipliant les valeurs à échanger.
   Le numéraire dans les prêts tout comme dans les achats, n’est que le signe de la transmission d’une valeur plus réelle, d’une richesse plus utile; c’est cette valeur qui est l’origine du capital immatériel, et sur laquelle il est hypothéqué. La richesse mobiliaire [mobilière] est la possession du fruit du travail accumulé de l’homme, qui peut toujours s’échanger contre un nouveau travail exigible; la richesse immatérielle n’est plus que ce droit d’exiger un nouveau travail, détaché du fruit du travail précédent déjà donné en échange.

[Translation]

   Bills of credit bearing interest, in form of bonds as well as simple bills, on the public treasure, commercial companies, or individuals, are of different nature from paper money. People are as eager to keep the former as to dispose of the latter. Although the former are sometimes exchanged for one another or for commodities, they do not form part of the circulation, and therefore they do not so much delay specie by replacing it, as accelerate its velocity by multiplying things of value to exchange.
   Specie on loan as well as on sale is only the sign of the transfer of something more real of value, namely a more useful piece of the wealth. It is this thing of value which is the origin of intangible capital, and by pledge of which it is secured. The movable wealth is possession of the fruitage of accumulated labour of mankind, which can always be exchanged for due new labour. The intangible wealth is no more than this right to new labour, distinct from the fruitage of the past labour already offered in exchange.

Tuesday 5 May 2009

Book 1, chapter 6, paragraph 13

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 170-73]

   Reprenons donc notre distinction entre le papier-monnoie [monnaie], et le capital immatériel (3): Le papier-monnoie [monnaie] qui comprend les billets de banque dont la circulation est libre, aussi bien que ceux dont elle est forcée, est désavantageux à garder en portefeuille, aussi bien que l’argent à garder en caisse; car un capital qui fructifieroit [fructifierait] si on le prêtoit [prêtait], ou si on l’employoit [employait] au commerce, reste stérile aussi long-tem[p]s qu’on le laisse chômer. Aussi les détenteurs de billets s’empressent-ils de les faire circuler aussi rapidement qu’ils le peuvent, sous peine de perdre l’intérêt de leur capital. Ces papiers passent donc de main en main pour faciliter les échanges, en sens contraire soit de la marchandise, soit du vrai capital immatériel. Il n’y a aucune raison pour que lé mouvement du papier-monnoie [monnaie] soit plus lent que celui de l’argent, il en doit résulter les mêmes effets que de l’introduction d’une nouvelle masse d’espèces métalliques: le papier-monnoie [monnaie] plus l’ancien numéraire n’aura pas plus de valeur que ce numéraire seul n’en avoit [avait] avant l’émission, puisqu’entre eux deux ils sont égaux à l’aliquote inconnue de la richesse mobiliaire [mobilière], qui d’après la vitesse donnée suffit pour la représenter toute entière; il devient donc d’une nécessité absolue d’exporter les espèces d’or et d’argent, celles de papier n’ayant point de valeur au dehors de l’État où elles sont créées. Si l’on continue à multiplier le papier lorsque tout le numéraire est sorti, il faut qu’il baisse de valeur, et quand il aura commencé à baisser, il se tiendra au-dessous plutôt qu’au-dessus de celle qu’il a réellement, et qui égale l’aliquote inconnue de la valeur mobiliaire [mobilière] qui suffit à sa circulation. Lorsqu’on voit un Gouvernement porter l’ignorance ou l’immoralité, jusqu’à mettre en circulation 45,581,411,618 francs en assignats, dans un pays qui ne pouvoit [pouvait] guère supporter une circulation de plus d’un milliard, on ne s’étonne plus de voir tomber ces assignats à 7 s. 9 d. les cent francs.

[Translation]

   Now let us return to our distinction between paper money and intangible capital (3). It is as disadvantageous to keep paper money in portfolio, inclusive of bank notes whose circulation is free as well as those whose circulation is forced, as to keep specie in safe. This is because a capital which would function if you lent it, or if you employed it to commerce, remains sterile as long as you leave it unemployed. Thus holders of bills are eager to make it circulate as rapidly as they can, lest they should lose the interest of their capital. These bills therefore pass from hand to hand to facilitate exchanges, in the contrary direction either to commodities or to true intangible capitals. There is no reason for which the flow of paper money is slower than that of specie, and it should result in the same effects as the introduction of a new mass of metallic coins. Paper money plus old specie will not have any more value than specie alone had before the issue of paper money, because they two are altogether equal to the unknown [endogenous] fraction of the movable wealth, which given the velocity is sufficient to represent the fraction as a whole. It should therefore be completely necessary to export gold and silver coins since paper money has no value outside the country which issues it. If you continue to multiply paper money when all specie is gone, paper money should fall in value, and, when it has begun to fall, it will remain below rather than above that which it has really and which is equal to that unknown [endogenous] fraction of the movable wealth which is sufficient to its circulation. As you know a government ignorant enough or immoral enough to put assignats of 45,581,411,618 francs in circulation, in a country which could hardly support more than a billion of circulation, it is no longer surprising that these assignats of 100 francs should have fallen to 7s. 9d.

Monday 4 May 2009

Book 1, chapter 6, paragraph 12

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 169-70]

  Pour réfuter cette nouvelle supposition, il suffit d’observer que les créances ne cheminent point daus [dans] le même sens que le numéraire ou le papier-monnoie [monnaie], mais qu’elles croisent constamment ces derniers dans leur circulation; en effet on les crèe [crée] et on les transmet, on les vend et on les achète, toujours en échange contre de l’argent ou du papier-monnoie [monnaie], précisément comme toute autre marchandise. Les créances et le papier-monnoie [monnaie] ne parcourent donc pas conjointement l’un des systèmes de la circulation, ou les veines du corps politique. Lorsqu’il arrive qu’on les échange entre eux, ou avec un capital matériel, de pareils échanges nés d’une convenance réciproque, sont précisément de la même nature que les trocs ou de marchandises ou d’immeubles qui ont aussi lieu quelquefois; ils ne retardent donc point tant la circulation du numéraire en prenant sa place, que ce capital ne l’accélère en mettant dans le commerce de nouvelles valeurs à échanger.

[Translation]

  In order to refute this new supposition, it is sufficient to observe that bills of credit do not circulate in the same direction as specie or paper money, but that they constantly meet specie and paper money in its circulation. Indeed you create and transmit them, you sell and purchase them always in exchange for specie or paper money, precisely as any other commodity. Bills of credit and paper money therefore do not cover one of the systems of circulation together, or the veins of the body politic. When it happens that you exchange bills of credit for specie and paper money, or with a tangible capital, such an exchange made due to the reciprocal convenience is precisely of the same nature as an act of bartering commodities or immovables which also takes place sometimes. Therefore, it does not so much delay the circulation of specie by taking its place as this capital accelerates it by putting new things of value to exchange in commerce.

Sunday 3 May 2009

Book 1, chapter 6, paragraph 11

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 168-69]

   Mr. Canard pare avoir adopté une nouvelle théorie différente des deux précédentes: je penche à croire qu’il a confondu comme ses prédécesseurs les créances avec le papier-monnoie [monnaie] (2), et qu’il a considéré le tout comme étant non point la représentation, mais au contraire le supplément du numéraire. C’est sans doute sur cette opinion qu’il s’est fondé pour évaluer comme il l’a fait, la somme totale du papier de crédit et de l’argent qui circule, à une somme égale à la masse totale de la richesse du monde commerçant. (§. 64.). Il lui aura paru que les créances qui demeuroient [demeuraient] pendant très long-tem[p]s dans les mêmes mains, faisoient [faisaient] une compensation pour cette partie de la richesse matérielle, dont il voyoit [voyait] que les échanges étoient [étaient] peu fréquen[t]s. Ce n’est pas cependant qu’il ait énoncé expressément cette opinion, mais comme en combattant son ingénieuse supposition de deux circulations en sens inverse, nous nous sommes attachés à faire voir que le papier-monnoie [monnaie] joint au numéraire, étoit [était] fort inférieur pour la valeur, fort supérieur pour l’activité, à la richesse mobiliaire [mobilière] qu’il croisoit [croisait] dans sa circulation, on pourroit [pourrait] croire qu’en unissant au numéraire et au papier-monnoie [monnaie], toute la masse du capital immatériel ou des créances, cet équilibre qu’il annonçoit [annonçait] seroit [serait] rétabli.

[Translation]

   Mr Canard seems to have adopted a new theory different from the two precedent theories. It seems to me that he confused bills of credit with paper money like his precursors (2), and that he viewed both sorts not as representation of but, on the contrary, as supplement to specie. It is undoubtedly from this viewpoint that he attempted to estimate, as he did it, the sum total of paper credit and money in circulation, to be equal to that of the wealth of the commercial world (§ 64). It perhaps seemed to him that bills of credit which remained for a very long time in the same hands counterbalanced that part of the material wealth whose exchanges he thought were infrequent. However, he did not clearly expound this view, but rather we are concerned to show that paper money added to specie was extremely inferior in value, and extremely superior in activity, to the movable wealth it met in its circulation, refuting his ingenious supposition of two calculations in the opposite direction. Therefore you could believe that, adding to specie and to paper money all the amount of intangible capital or credit, that equilibrium he announced would be regained.

Saturday 2 May 2009

Book 1, chapter 6, paragraph 10

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 167-68]

   C’est toujours dans le même système d’un crédit créateur, que l’on a vu des gens assurer que la dette publique enrichissoit [enrichissait] un État, puisque d’une part celui qui recevoit [recevait] un salaire du Gouvernement, vivoit [vivait] de l’argent emprunté, et que de l’autre celui qui l’avoit [avait] prêté, étoit [était] aussi riche qu’auparavant; qu’on a vu des compagnies de particuliers, la compagnie d’Ayr-Bank d’Edimbourg par exemple, entreprendre de prêter des billets de banque à tous ceux qui voudroient [voudraient] faire des entreprises de commerce, de manufactures, et même d’agriculture. Le mauvais succès de toutes les applications de ce système, démontre assez sa fausseté, et fait bien voir qu’il y a dans les créances et dans le capital immatériel quelque chose de positif et de réel, à quoi l’imagination ne peut suppléer.

[Translation]

   It is always in the same system of a credit creator that you have seen people assure that the public debt enriched a state, because he who received wages from the government lived on a loan on one hand, and he who lent it was as rich as before on the other hand; that you have seen some private companies (for example, the company of Ayr Bank of Edinburgh) attempting to lend many bank notes to all those who wanted to undertake enterprises of commerce, manufactures, and even agriculture. The ill success of all the applications of this system sufficiently demonstrates its falsity, and convinces us that there is something positive and real in credit and in intangible capital, for which the imagination can be no substitute.

Friday 1 May 2009

Book 1, chapter 6, paragraph 09

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 166-67]

   Les premiers spéculateurs avoient [avaient] fort contribué à l’invention et au maintien du système mercantile dont nous souffrons encore; les seconds sont les inventeurs du papier-monnoie [monnaie], auquel nous venons d’échapper, après qu’il a eu dissipé presque toute notre fortune; car tel est le malheur de la France, qu’elle emprunte toujours de chaque système de finances ce qu’il a de plus ruineux. C’est d’après les économistes qu’elle a écrasé les campagnes de l’impôt foncier; d’après les mercantiles elle a entravé le commerce de ses douanes, et appauvri le consommateur; d’après les disciples, de Law, elle a dissipé à deux reprises la fortune publique, avec celle des capitalistes, par la création des billets de banque, puis des assignats; le ciel nous préserve des prosélytes de Mrs. Canard d’une part, et Ramel de l’autre, ou nous courons risque de lui voir bientôt rétablir la gabelle du sel, et porter un coup funeste à notre industrie, en faisant renchérir par là les salaires.

[Translation]

   The first sect of speculators had contributed very much to the invention and to the maintenance of the mercantile system from which we still suffer. The second invented paper money, from which we escaped before it had ruined our fortune. This is because France is so miserable that it always adopts from every system of finance the most ruinous recommendation it has. Following the Economistes, it oppressed the campaign for land tax. Following the mercantilists, it discouraged commerce by means of its customs, and tortured consumers. Following the disciples of Law, it destroyed again the public fortune as well as that of capitalists by issuing bank notes, namely assignats. God save us from the proselytes of Mrs Canard on one part, and from Ramel [Dominique-Vincent Ramel de Nogaret, 1760-1829] on the other hand, or we run a risk to see it recover salt tax soon and give a fatal blow to our industry by raising wages due to the tax.