Sunday 22 February 2009

Book 1, chapter 3, paragraphs 24-25

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 77-79]

   On peut bien en général considérer la diminution de l’intérêt comme un signe de prospérité nationale, soit parce qu’elle indique une augmentation de richesse circulante, soit parce qu’elle donne lieu de supposer que le profit mercantile a diminué dans la même proportion, et que dans le partage qui se fait entre l’ouvrier et celui qui l’employe, le premier a gagné ce que le second a perdu, en sorte que la classe la plus nombreuse et la plus intéressante de la société n’est pas réduite à l’absolu nécessaire par le profit des capitalistes. Cependant il peut fort bien arriver aussi que l’intérêt se soutienne au même taux, ou même qu’il augmente, sans que cette altération soit le signe d’une diminution de valeur des capitaux nationaux; elle indique seulement qu’un marché plus étendu, un commerce plus vaste, se sont ouverts à la nation; qu’appelée à une industrie plus active, il lui faut plus de fonds pour la mettre en mouvement et qu’en conséquence le profit a pu augmenter sans que le salaire ait éprouvé de diminution.
   L’intérêt est resté en France pendant plus d’un siècle, et depuis le tem[p]s de Colbert jusqu’à l’époque de la révolution, aux environs de cinq pour cent. Cependant les capitaux françois [français] s’étoient [étaient] considérablement accrus durant cet intervalle, mais ils étoient [étaient] appelés à maintenir une industrie toujours plus étendue, et à donner de l’activité à un commerce toujours plus vaste: pour que l’intérêt des fonds baissât en France, il auroit [aurait] fallu que l’augmentation de sa richesse fût plus rapide que l’extension donnée à son industrie. Mais lorsqu’un État est encore loin d’arriver au faîte de la prospérité il s’ouvre chaque jour pour lui de nouvelles branches d’industrie et de commerce, et bien que ses capitaux aillent en augmentant, ses besoins augmentent quelquefois plus rapidement encore; or les profits du commerce, et l’intérêt des fonds, suivent la progression de ces derniers. C’est ce qui arrive d’une manière bien évidente dans les États-Unis d’Amérique, où l’intérêt et le profit mercantile n’ont subi aucune diminution, malgré la rapidité extrême de l’accroissement de la fortune publique.

[Translation]

   You may well generally consider a fall in interest as a sign of the national prosperity. This is the case, both when it implies the increase of the circulating wealth, and when it suggests that the mercantile profit has fallen in the same proportion, and that in the division made between labourers and their employers the former have gained what the latter have lost. In the latter instance the class which is larger in number and shares more interests with the whole society lives more or less above the absolute subsistence level with some of the profit capitalists give up. However, it is also likely that the interest rate remains the same, or increases, an alteration which is no sign of fall of value of the national capital; it only suggests that a more extensive market and vaster commerce have been opened to the nation; that, called into more active industry, the nation needs more stock to display the industry, and that consequently the profit has possibly increased with no fall in wages.
   In France the interest was around 5% over a century, since the time of Colbert until that of the revolution. Although the French capital considerably increased in this period, it was appropriated for maintenance of an ever extending industry and activation of an ever extending commerce. To lower the interest of money in France, it would have been necessary that the wealth should grow more rapidly than her industry grew. But when a country is still far from the peak of prosperity, some new branches of industry and commerce emerge before her every day, and even though her capital gradually increases, the needs for it sometimes still more rapidly increase; and then the profit of commerce and the interest of money rise at the same time as commerce and monetary stock make progress. This comes about in a way evidenced in the United States of America, where the interest and the mercantile profit have never fallen, in spite of the extreme rapidity with which the public fortune has been growing.